Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Evidemment, alors que toute une aventure se profilait à l'horizon, avec bien des trésors à récupérer, le bel albinos se retrouvait coincé en binôme avec...Une gosse. Enfin, une jeune ado' et pas la plus sotte de toute certes, ni la moins gracieuse, mais une mioche quand même. L'hermaphrodite avait tâché de garder le sourire et de rester de marbre lorsqu'on lui avait annoncé, mais il grinçait intérieurement. Tant qu'elle ne restait pas dans les pattes de son avidité grandissante, Viehrs saurait la tolérer. Après tout, l'hermaphrodite ne la connaissait pas encore véritablement ( évitant de trop traîner avec les rejetons automnaux), mais il était au moins sûr d'une chose : elle avait bien plus d'énergie que lui. Ils étaient partis tôt dans la matinée, bien trop tôt pour que la diva n'ait pu récupérer toutes les heures de sommeil nécessaire à sa beauté et sa fraîcheur quotidienne. De sorte que là où Keridwen marchait en tête, fière et déterminée, Viehrs la suivait en traînant légèrement de la patte, la tête haute mais le pas lent et las. Elegant et cérémonieux, comme à son habitude, l'albinos se mouvait en silence, suivant l'excitation grandissante de la louve du regard sans y répondre. Ca n'était pas l'aventure qui l'intéressait lui, se mettre en danger n'était pas du tout son délire, mais plutôt l'appât du gain. Toute cette histoire de climat lui passait complètement au dessus de la tête et tout ce que lui désirait, c'était de trouver tous les trésors le premier et de les ramener fièrement.

Bien sûr, il n'aurait pas pu les garder pour lui, mais ça n'était pas là son but ! Oh non! Si il parvenait à récompenser son clan, alors lui-même serait récompensé et alors peut-être pourrait-il s'extirper de cette phase basse et lasse dans laquelle il demeurait déjà depuis trop longtemps. Le fourbe et pernicieux Viehrs voulait reprendre du service et rien n'aurait su l'en empêcher.

L'arrogant albinos sortit de ses considérations lorsque sa camarade de route accéléra subitement pour rejoindre une autre femelle un peu plus loin. Viehrs la reconnut à son tour avant même qu'elle ne prononce son nom avec le moins d'enthousiasme possible. Où qu'il aille, il finissait toujours par tomber sur elle et cela ne le surprenait même plus! Enfin, il ne la détestait pas parfaitement et trouvait toujours matière à rire d'elle de manière à l'agacer. Ils n'étaient pas amis, mais leur relation convenait à l'érudit qui, vu qu'il n'essayait pas de la manipuler, se fichait d'obtenir ses bonnes faveurs. Une fois qu'il eut rejoins les deux, qui semblaient déjà se connaître, il parla enfin à son tour, sa douce voix mielleuse n'ayant probablement pas manquée à Asmodia :



Dit-il, la voix neutre de toute ironie mais le rictus railleur. Avant même qu'il n'ait pu donner son avis, Keridwen semblait avoir décidé qu'elle les accompagnerait et Viehrs ne fit qu'hausser les épaules sans s'y opposer.




Détournant le regard d'elles, il laissa ses yeux rouges se poser sur le grand chemin de glace, dont il s'approcha doucement. Une détermination nouvelle faisait briller ses prunelles mais l'on aurait su dire si cela était bon ou mauvais, le connaissant. Et il déclara sans gêne, alors qu'il ralentissait la marche depuis le début de leur aventure.

Viehrs n'était pas friand du froid et la glace mordante sous ses coussinets ne l'emplissait en rien de joie. Le précieux était bien plus préoccupé quant à son petit confort. S'il s'était empressé de dépasser les deux louves, dans le seul but d'attirer leur attention et faire cesser tout bavardage, il traîna bien rapidement de la patte lorsque ces dernières se retrouvèrent gelées. D'autant plus que partout où qu'il pose ses beaux yeux carmins, l'hermaphrodite ne vit rien d'autre que de l'eau, de l'eau au dessus de laquelle ils se tenaient, comme tant de funambules sur un unique fil. Cela ne disait rien qui vaille au bel automnal, qui était plus soucieux de s'assurer que sa chevelure ne traîne pas, que de rester avec ses co-équipières du jour. Oh! L'on pouvait bien se gausser de sa personne, et il entendait d'ailleurs à ce sujet, la jeune Keridwen pouffer sans pudeur face à sa situation. Néanmoins, n'importe qui aurait su qu'il était impossible de forcer Viehrs à faire quoi que ce soit.

Malgré ses précautions et ses petites manières, le groupe étrangement formé progressait à un rythme soutenu et ininterrompu. La glace ne se fissura pas, ce que redoutait l'érudit blanc, et elle n'était pas particulièrement glissante : il aurait fallu être sacrément peu agile pour finir dans l'eau ! Puis que rien ne les ralentissait, les trois loups ne tardèrent pas à apercevoir l'horizon se dessiner. La terre promise, enfin ! Quoiqu'en guise de terre promise, celle-ci, au milieu du brouillard, ne ressemblait à rien d'autre qu'un gros rocher difforme autour duquel volaient quelques oiseaux sans intérêt. Mouais, à vue d'oeil, rien qui ait pu avoir beaucoup de valeur à ses beaux yeux, mais il ne fit pas part de sa réflexion aux deux louves. Ils verraient bien une fois arrivés, et ils y étaient presque. Viehrs remonta simplement ses lunettes sur son museau en se renfrognant et continua d'avancer.

Entendant la remarque de Keridwen, l'hermaphrodite leva les yeux au ciel, comme une nounou dépitée. Il laissa échapper un sourire indéchiffrable et accéléra le pas sans ternir sa démarche gracieuse, se décidant non pas à rattraper les deux louves mais plutôt à quitter ce chemin de glace le plus vite possible.



Railla t-il alors que les trois compagnons posaient enfin leurs pattes sur l'île mystérieuse.