Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Artémis reprenait du service aujourd’hui. Sa blessure avait eu le temps de se refermer et de bien cicatriser. Elle avait pu se reposer convenablement, et se tenir au fait des dernières nouvelles.

Pour sa plaie, elle avait suivi les recommandations de Keridwen à la lettre et gardé son pansement toute la journée de la veille. En se levant à cette aube-là, elle vit d’ailleurs que la mixture avait bien séchée et s’effritait. Il était temps de retirer le bandage sommaire et les restes de la pâte soignante.

Comme chaque matin, maintenant, elle bailla doucement, s’étira, et se dirigea vers le cours d’eau commun pour réaliser une toilette sommaire. À l’aide d’une poignée de mousse qu’elle plongea dans l’eau fraîche, après avoir retiré la large feuille qui lui servait de pansement, la chasseresse nettoya avec attention son épaule. La coupure s’était bien refermée et la cicatrice était propre. La brune esquissa un mouvement de babine satisfait avant de retrouver son air neutre. Cette besogne accomplie, elle se détourna du cours d’eau et passa par le grand hall voir si on lui avait assigné une mission.

Apparemment, aujourd’hui, elle ferait équipe avec une exploratrice. Damoclès. Elle ne la connaissait pas personnellement, mais elle savait qu’elle faisait partis des protégés du vieux Kuma. Elle avait entendu dire qu’il l’avait prise sous son aile dans sa jeunesse. La curiosité à l’œil et au cœur, elle se demanda qu’elle genre de louve se cachait derrière ce nom et entreprit d’aller la trouver pour aller explorer.

Déambulant parmi les couloirs, elle glana la localisation de sa camarade auprès d’autres explorateurs. Elle se dirigea alors vers la porte ouest, et chercha des yeux sa crinière écarlate dans les branchages. Après quelques minutes à scruter les branches hautes, elle la vit enfin. Perchée sur sa branche. Elle lui adressa un mouvement de tête pour la saluer et parla de façon à se faire entendre.

« Si tu es prête, Damoclès, nous pouvons y aller ! »

Elle attendit que la rousse se mette en mouvement avant de reporter son regard sur le chemin qui les attendait. Le léger « pof ! » d’atterrissage de l’exploratrice, lui signala que la beige l’avait rejointe et marqua, quant à lui, leur départ vers le nord-ouest. Elle commença à marcher en silence, laissant le loisir, à son acolyte du jour, d’initier ou non la conversation.

La brune coula un regard vers son acolyte du jour pour la détailler plus avant. Elle était plus grande qu’elle et aussi élancée. La crinière flamboyante était des plus notables et bien qu’un peu en bataille donnait au dragon un charme certain. Elle aussi avait des yeux assez fascinants, un peu comme ceux de Jenn, avec plusieurs couleurs dedans. Mais ceux-ci étaient rougeoyants comme la braise, brillants d’intelligence et de curiosités. Artémis ne s’attarda que très peu sur les nombreux tatouages et marquages que portait la beige et continua d’avancer en silence.

Elle esquissa un bref sourire un peu amusé en apercevant la bouche de sa comparse s’ouvrir avant de se refermer sans trouver quoi dire. Mais ce n’était pas plus mal pour la chasseresse silencieuse. Le temps passa, le voyage se déroula sans encombre agrémenté par le bruissement des feuilles sur la légère brise qui perçait aujourd’hui.

La brune s’arrêta en même temps que l’exploratrice et l’imita en levant les yeux vers les branchages. Bien sûr, elle avait entendu le décret du conseil, mais elle n’avait pas encore eu le temps de bien s’entraîner à escalader, si bien qu’elle appréhendait un peu cette idée. Adoptant une moue mi-contrariée mi-calculatrice, la gêne s’empara d’elle devant le regard interrogateur de sa comparse et elle se crut obligée de dire ces quelques mots :

« Je ne suis pas encore très à l’aise avec l’escalade contrairement à toi, mais je ferais de mon mieux. Je te priais de ne pas te moquer s’il-te plaît. Oui, le lieu me parait intéressant, allons-y ! »

La survivante n’aimait pas être à la traîne dans le domaine physique, mais tout le monde n’avait pas eu l’entraînement adéquat en matière d’escalade et il n’était pas honteux en réalité de ne pas tout savoir. Simplement se sentir aussi inutile pour le clan à cause de ses lacunes l’agaçait profondément. Il faudrait qu’elle y remédie à les prochains jours.

Elle leva à nouveau le regard et étudia un instant les environs. Après quelques minutes d’inspection, la brune choisit sa première prise. S’appuyant contre un large tronc, elle rejoignit la branche plus basse avant de s’accrocher à une prise et de se hisser sur l’une des plus hautes. Se Pliant en deux, elle battit un peu des pattes arrière avant de parvenir sur son perchoir et de continuer son ascension avec prudence. Clairement, ce n’était pas son domaine de prédilection. Plusieurs fois, ses pattes glissèrent contre l’écorce, et elle crut aussi de nombreuse fois trébucher et perdre l’équilibre. Son corps se crispait alors et elle retenait sa respiration pendant un moment avant d’oser se remettre en mouvement.

Après de longues minutes et un effort constant, Artémis passa enfin la tête entre les dernières branches, et, se propulsant sur un plateau de branches elle s’y arrêta. Les muscles encore tendus et douloureux, elle scruta l’horizon et se mis alors à l’affût du moindre bruit.

Elle n'entendit rien, mais aperçut assez proche d'elle de gros fruits encore non identifiés. Intriguée la brune s'approcha doucement et invita sa comparse dans un chuchotement à faire de même.


"Damoclès, viens voir!! Je crois avoir trouvé quelque chose..."

L’exploratrice était plus rapide qu’elle comme elle s’y attendait. Mais elle lui était reconnaissante pour les conseils et les encouragements qu’elle lui donnait de temps en temps. Bien qu’un peu volatile, elle trouva sa compagnie des plus agréable. Mais la brune ne laissa rien paraître d’autre que sa détermination concentrée sur son escalade.

La beige qui était déjà tout en haut lorsqu’elle remarqua les fruits, la rejoignit avec adresse. Son habileté et sa souplesse étaient agréables pour les yeux, c’était indéniable. L’exclamation de sa camarade devant les grappes de fruits lui arracha un demi-sourire sincère. Ainsi, c’étaient des fruits à pain. La survivante en avait déjà entendu parler plusieurs fois par sa mère lorsqu’elle était encore en vie, mais elle n’avait jamais eu l’occasion d’en voir en vrai. Aussi, prit-elle le temps de se pencher un peu plus dessus, pour inspecter un des fruits de plus près.

C’était de gros fruit rond, à la peau verte et rugueuse, grumeleuse même plutôt. Les fruits à pains étaient réputés pour être très nourrissants, plein de vitamine C. Un fruit plein de boost et au bienfait pour la peau et les intestins si elle se souvenait bien. Qu’elle aubaine c’était d’être tombée dessus ! En plus, il y en avait pas mal dans le coin.

La chasseresse opina d’un mouvement de tête.

« Oh oui ça va faire du bien de renflouer un peu les stocks ! »

Elle se pourlécha les babines avec enthousiasme. Sa longue queue touffue se mit à onduler doucement. Finalement, elle était bien pratique pour se déplacer dans les arbres et constituait un bon balancier, mais elle ne contrôlait pas encore le tout très bien. La brune chercha du regard de quoi bricoler un genre de filet, ou de grosse sacoche pour rapporter le plus de fruit possible. Adressant un regard à sa comparse, elle lui dit ceci :

« Attends un petit instant ! »

Elle s’activa sous le regard de feu de son acolyte et décrocha, des bois environnants, deux énormes feuilles. Elle incisa une des feuilles de chaque côté de sa largeur avec ses griffes, pour faire passer l’autre dedans et les tressé ensemble. Elle choisit ensuite quatre lianes régulières et fit des trous dans les larges feuilles pour y insérer les lianes qu’elle noua à l’intérieur. Elle rassembla le reste des lianes ensemble pour former un genre de poignée, constituer un grand panier de fortune et le rapporta devant Damoclès avec fierté.

« Voilà ! On pourra en ramener plein avec ça. Je peux en faire un deuxième peut-être. Qu’en penses-tu ? »

Elle n’attendit pas la réponse de l’exploratrice en restant inactive, se dirigeant à nouveau vers les fruits, elle en décrocha un avec délicatesse d’un coup de griffe minutieux. Elle l’attrapa dans sa gueule tout aussi doucement et alla le placer dans son panier improvisé. Où, elle releva un regard satisfait vers l’autre louve.

L’exploratrice la regarda faire son panier avec attention. L’air ravi qu’elle affichât, face à ce petit bricolage, étira les babines de la brune en un sourire satisfait et empreint d’une certaine fierté. Ses prunelles de Jade brillaient doucement et alors que sa comparse approuvait son invention et suggérait d’en faire d’autre la chasseresse opina derechef avec enthousiasme.

« Pas de problème, je m’en occupe »

Elle n’attendit pas plus avant de repartir, aussi sec, fouiller dans les branchages alentours pour dénicher les matériaux qui lui seraient nécessaire à la confection d’autres récipients tressés. Elle trouva six grandes feuilles sans trop de difficultés, elles étaient au bon endroit pour ça en même temps. Pour les lianes, il y en avait littéralement partout, autour d’elles, elle n’eut donc pas plus de difficulté que cela à trouver ce dont elle avait besoin. Elle s’empara de celles qui étaient le plus proche et commença à réaliser son ouvrage avec attention et concentration. Elle prêta une oreille attentive aux idées de la rouge et ne put que hocher la tête pour approuver ces dires.

« Je vois ce que tu veux dire. C’est une bonne idée ! »

Elle commençait à fabriquer le quatrième panier lorsque la rouge revint, après un instant vers elle, pour lui signifier qu’il serait plus facile de tout rassembler en bas, avant d’utiliser de quoi porter des paniers deux par deux. La brune se stoppa un instant pour observer le chemin. Elle prit quelques minutes pour inspecter et calculer la trajectoire et opina de nouveau.

« Oui, ce sera plus facile de remplir les quatre et de les descendre un par un. On pourra les attacher ensemble en bas avec des lianes pour les transporter plus facilement sur le dos comme tu le suggérais. Mais ce sera plus facile une fois que tout sera en bas, oui. »

Finir son panier lui prit encore quelques minutes. Une fois cela fait, elle aida la beige à remplir de fruits mûrs les contenants improvisés. Elle choisit les fruits avec soin, sous les recommandations avisées de l’exploratrice, veillant à laisser de quoi rapporter d’autres réserves un peu plus tard quand les moins mûrs auraient fini de mûrir.

Elle fit ensuite la navette, et suivit le chemin que lui avait trouvé Damoclès en faisant attention de ne rien perdre de leur récolte pour les déposer sur la plateforme transitoire. Une fois la dernière corbeille déposée, elle chercha le meilleur moyen de descendre pour rejoindre sa comparse en emportant d’autres câbles végétaux avec elle pour attacher les bannettes deux par deux.

Dès qu’elle rejoignit le plancher des vaches, stable et rassurant, elle s’attela à sa dernière création. Se servant des lianes pour relier deux paniers entre eux, elle vérifia la solidité des nœuds et attrapa une des deux cordes qu’elle leva à l’aide de son museau et présenta à la survivante.

« Là comme cha ! Mets cha chur tes épaules et dis mois che que tu en penches ! »

Elle attendit un instant que sa camarade se prête au jeu et soit bien harnachée. Puis, elle se glissa elle aussi sous la liane qui restait pour hisser les deux autres récipients de chaque côté de ses épaules. Le système de transport mis au point et vérifié, elle échangea un regard pétillant à la beige et finit par dire.

« Si tu es prête, nous pouvons y aller ! »

Elle attendit le signal de son acolyte et se mit en marche doucement.