L’effervescence de la journée passée était retombée. Artémis était tout de même d’assez bonne humeur aujourd’hui. Sa prise de la veille avait remonté son moral et celui des autres. Elle avait rapporté l’existence de plusieurs terriers vers le nord-est, qui, s’ils étaient bien gérés, pourraient fournir pendant quelque temps de la nourriture plus consistante que les baies, racines, insectes, et autres champignons.

Son estomac restait creux, mais elle prélevait toujours une petite partie sur ses récoltes ce qui rendait la faim un peu plus acceptable que si elle n’avait rien dans le ventre.

Ce jour-là, encore, elle s’était levée tôt. Après sa petite toilette quotidienne, elle s’activait et se dévouait à sa tâche avec détermination. Son rôle était de rapporter de la nourriture à tous et elle s’y employait au mieux, faisant appel à des connaissances botaniques qu’elle avait apprises aux côtés de sa mère, mais aussi de ses propres expériences, et découvertes.

Alors que la brune allait quitter le camp pour une nouvelle journée de chasse/cueillette, une voix derrière elle s’éleva. Un loup l’interpellait. La belle se retourna tranquillement et haussa un sourcil pour dévisager l’individu qui l’appelait.

Il avait facilement une tête de plus qu’elle. C’était un loup imposant, aux yeux d’un bleu perçant. Il présentait une musculature marquée ainsi qu’une carrure assez large, taillée pour les tâches qui demandaient de la force.

Sans un mot elle maintint son regard. Le vert pénétrant des siens plongeant dans celui du mâle et l’écouta. Elle lui accorda un hochement de tête, et lui emboîta le pas sans plus de cérémonie. Elle détestait les paroles inutiles.

« Fort bien. Allons-y ! »

Franche et directe, elle n’allait pas tourner autour du pot pendant 5 ans. Elle marchait d’un pas ferme et volontaire et se dirigea sans hésiter vers leur destination. La jungle défilait sous ses pattes, un rocher, la terre, de la mousse, des herbes hautes, tout cela défilait sous ses pattes. Elle traversait le paysage en restant à l’affût.

Pendant qu’elle avançait, elle pensa s’informer tout de même de l’identité de son comparse. Elle ne le connaissait pas bien, voire pas du tout en fait.

« Et, tu es qui déjà ? »

Lança-t-elle en continuant d’avancer.

Après quelque temps, ils finirent par aboutir à la clairière fleurie. Là, seulement, la femelle fit une pause. Elle étudia l’environnement du regard, huma l’air et tendit l’oreille, puis, tournant sa vision sur son compagnon du jour elle demanda.

« De quel côté suggères-tu qu’on aille ? »

Les anciens clans, cela n’avait plus aucun sens aux yeux de la chasseresse. Elle s’était vite accommodée à passer bien au-delà de tout cela en ces temps de trouble. L’unité faisait la force, il fallait faire fit du passé. Leur survie en dépendait.

Le brun l’accompagna, sans plus de cérémonie, aussi peu loquaces qu’elle. Peu de mots et des actes posé, c’était un comportement que la brune appréciait. Elle accueilli son nom avec un simple hochement de tête et un léger sourire en coin, enregistrant l’information dans un coin de sa tête. Non, elle ne connaissait pas tout le monde, mais elle apprenait au fils des jours à découvrir un peu plus ses compagnons d’infortune, allongeant elle aussi la liste de ses connaissances.

Ils avançaient en silence pour le moment, si bien qu’ils atteignirent rapidement la clairière fleurie. Artémis s’arrêta un instant en arrivant et balaya le paysage du regard. Le silence, pesant, les suivait en permanence, mais il était plus agréable à vivre dans ce lieu.

L’espace dégagé et les innombrables plantes invitaient eu repos, à la cueillette pour les guérisseurs et à la détente. Elle observa alors un instant d’immobilité, et laissa son souffle s’allonger tranquillement. Elle attendait la suggestion de son acolyte qui ne tarda pas à venir. Le nord ? Humm, oui. Cela semblait cohérent c’était déjà vers le nord-est qu’elle avait trouvée les première trace de rongeurs peut-être que la chance leur sourirait à nouveau.

Encore une fois, la louve hocha la tête comme simple et unique réponse. Elle lui emboîta le pas à nouveau se concentrant sur les sons et les différentes odeurs, lorsque soudain, un genre de sifflement strident la stoppa net dans son élan. Hérissant tout son poil, elle lança un regard à son acolyte et lui chuchota rapidement un avertissement.

« Attention ! Nous ne sommes pas seuls ici ! »


Un mouvement fluide et rapide fit bruisser les hautes herbes autour d’eux. Artémis s’éloigna avec prudence cherchant à distinguer ce qui provoquait un tel boucan. Elle aperçut, après quelques instants sans bouger, une peau écailleuse et une gueule remplit de crocs qui claqua non loin d’elle avant de s’enfoncer sous les herbes en produisant encore cet affreux sifflement.
Son esprit lui cria clairement : DANGER ! Elle bondit hors de portée et se rapprocha de Sköll, alors que la créature à la collerette fleurie se dévoilait plus nettement, l’air en colère et parfaitement dangereuse.

Ce n’était clairement pas une proie, mais un prédateur. Les temps étaient durs de toute façon, tout était bon à prendre, et là, c’est le ventre qui parla. S’ils parvenaient à tuer cette chose, ils pourraient ramener au camp une bonne dose de viande. Cela serait une bonne chose. Laissant cette idée s’infiltrer en elle, la chasseresse prit une position d’attaque et coula à nouveau quelques mots à son comparse.


« Si on arrive à le tuer ça nous ferait pas mal de viande ! Tu es avec moi ? »


Les yeux brillant d’un espoir nouveau et de détermination, elle lui laissait l’initiative et le suivrait s’il décidait d’attaquer la bête. Cela s’annonçait difficile, mais ça valait le coup d’essayer selon elle.

La créature était rapide et difficile à distinguer dans les hautes herbes. Artémis se retrouva dos à dos avec le grand mâle, leurs queues se frôlaient, leur indiquant leurs positions respectives à défaut d’avoir celle du reptile mécontent en visuel. Le corps tendu et plein d’adrénaline, elle ne put que hocher la tête aux mots du brun. Au moins, ils étaient d’accord pour tenter leur chance tout en restant prudent.

La brune essaya de deviner d’après le mouvement des herbes où le dragon attaquerai, mais ce n’était pas une mince affaire, et ça restait compliqué. Les hautes herbes dansaient dans tous les sens autour d’eux et, se faisant, masquaient les véritables mouvements du prédateur. La lecture de ces mouvements s’en retrouvait vite faussée et brouillée. La chasseuse se mordit les babines indécises attendant que la bête réapparaisse pour attaquer.

C’est vers son camarade qu’elle réapparut une première fois. Du coin de l’œil, elle le vit attaquer. Il lui sembla qu’il la toucha, car un cri perçant s’éleva dans la plaine avant qu’elle ne disparaisse pour réapparaître presqu'aussitôt auprès de son acolyte, furieuse. Elle contre-attaqua et atteignit son compagnon sur l’échine dans un bond impressionnant. Le varan reparti alors aussi sec sous le couvert des herbes, ce qui n’empêcha pas l’ex-printanière de partir à sa poursuite.  La belle agissait, autant pour laisser le temps à Sköll de se remettre du coup qu’il venait de prendre, que pour empêcher la créature de disparaître à nouveau dans les graminées et de les feinter.

L’odeur du sang comme son alliée, la chasseresse se dirigea à la vue et à l’odeur puis, s’élança toutes griffes et tous crocs dehors. Elle espérait simplement que les crocs ou les griffes de la bête ne soient pas empoisonnées.

Pas de chance. Elle ne sentit entre ses pattes que la queue glissante du reptile lui échapper, et ne lui provoqua que de frêles égratignures.  Enfin, au moins, elle avait pu peut-être détourner son attention de Sköll, et il pourrait reprendre l'attaque sans être inquiété par la bête pour l'instant.

Artémis recula alors prestement pour se remettre en position.

- Sköll : 8 12 pv
- Artémis : 12 pv
- Créature : 13 14 pv

La brune jura en loupant sa prise, mais elle ne se décontenança pas d’avantage. Au moins, sa manœuvre avait distrait la créature et Sköll avait pu contre-attaquer de façon, une fois encore, magistrale. La louve resta concentrée et sur le qui-vive grâce à l’adrénaline qui parcourrait ses veines veillant à garder en visuel le vilain reptile. Sa collerette et certes très impressionnante, mais ne suffit pas à faire fléchir la détermination d’Artémis, du moins cette fois-ci

La bête ouvrit une nouvelle fois sa collerette de fleur, il semble que de petites particules s’en échappent provoquant un bref mouvement de recul chez les deux canidés. Mouvement réflexe. Les spores ont pourtant bien atteint leur cible. Ce moment de flottement, engendré par l’action du monstre, a laissé la brune vulnérable un court instant. Le varan profita de l’occasion suffisante pour lui laisser une longue estafilade sanglante sur l’épaule.

La chasseresse grinça des dents devant sa chair à vif et resserra les mâchoires. Ce n’était qu’une blessure superficielle et finalement, elle devait remercier intérieurement l’écailleuse, car cette blessure lui permis de rester présente à la réalité. Plantant bien ses pattes dans le sol, elle commença à se ramasser sur elle-même. Cependant, alors qu’elle s’apprêtait à bondir, tout d’un coup son environnement commença à onduler et les couleurs à clignoter brouillant sa perception. Elle ne put s’empêcher un petit éternuement et remarqua malgré les changements de couleurs autour d’elle que quelque chose bougeait. C’était le dragon ! Il voulait s’échapper. Elle ne le permettrait pas. Elle y était bien déterminée. Retenant un nouveau juron elle s’exclama en jaillissant vers la bête pour lui barrer la route.

« Oh non ! Tu restes ici toi ! »

Elle plongea sans plus attendre ses crocs vers la gorge dégagée du monstre et serra fort la mâchoire. Le sang dégoulina dans sa gueule et jusqu'au fond de sa propre gorge, mais elle ne lâcha pas. Ses pattes s'appuyaient sur le flanc de la créature pour la maintenir immobile. C'est griffes s'enfonçaient tout doucement dans la peau dure et écailleuse, jusqu’à ce que de minces filets rougeâtres apparaissent sur les écailles luisantes.

Enfin elle avait pu se montrer utile. La bête n'était pas tout à fait morte et se débattait maintenant faiblement sous ses pattes.  Elle pouvait le sentir plus que le voir.

Artémis chercha du regard son compagnon d'arme, se demandant s'il allait bien, et s'il voudrait avoir l'honneur d'achever le dragon, mais elle ne vit qu'un décors multicolore et bouillonnant devant elle. Ses yeux se plissèrent mais cela ne changea rien. Elle décida de parler pour guider son acolyte au son de sa voix. Si jamais il se retrouvait dans le même état qu'elle ce ne serait pas inutile.

"Sköll! Par là, je la tien!"

Elle attendit sans bouger, se concentrant pour maintenir la bête a ses pattes. Se demandant si le mâle arriverait à la rejoindre.


- Sköll :  7 8 pv
- Artémis : 912 pv
- Créature : 3 9 pv

HRP:

Le cri d’agonie de la bête vrilla les tympans de la chasseresse qui grinça des dents tandis que le paysage continuait de danser sous ses yeux. Elle se mordit la babine espérant que cela n’attirerait pas l’un ou l‘autre de ses congénères, espérant aussi que l’état de leur prise du jour les dissuaderait peut-être d’attaquer. Elle ne pouvait qu’espérer.

Le grand loup brun devait lui aussi faire les frais des hallucinations. Il lui sembla qu’il mettait un temps infini à arriver et surtout elle mit un temps fou à comprendre que la forme lumineuse qui approchait et se tenait sous ses yeux, c’était lui. Tendant l’oreille à défaut de pouvoir se reposer sur sa vue, elle attendait de voir si le brun avait réussi son coup, mais les gémissements plaintifs, les cris, le coup de queue écailleuse et surtout le juron de son comparse lui indiquèrent rapidement que non.

La brune attendit un court instant, maintenant toujours le reptile entre ses pattes. Sa vue commençait à se stabiliser et les couleurs à moins clignoter. Baissant le regard vers la créature, elle attendit le moment opportun.Attendant l'instant ou elle pourrait la distinguer entre les lumières clignotantes de sa vision pour enfin mettre fin à ses souffrances.

Elle la prit à nouveau entre ses crocs et lui trancha définitivement la gorge avec expertise. Le corps sans vie s’étala inerte au sol. Plus aucuns bruits ne provenait de la bête et ce n’était pas déplaisant de retrouver un peu de silence après toute cette agitation.

Quelques minutes passèrent encore, avant que l’effet des spores de la créature ne commence à s’estomper véritablement. Elle espérait que la vue revenait aussi à son compagnon. Ils avaient eu de la chance que ceux-ci ne soient pas empoisonné en y repensant. Elle posa un instant son regard sur le corps ensanglanté, ça n’avait pas été une mince affaire que de le mettre à terre.

La survivante lâcha un soupir profond, elle était plutôt contente de voir le fruit de leur labeur enfin achevé, ou presque, il faudrait encore rapporter le corps au camp. Elle sentait la fatigue pointer un peu maintenant que l’adrénaline avait quitté ses veines.

Le manque de pratique et le ventre creux n’aidant pas à maintenir l’énergie dans son propre corps. Il y avait maintenant longtemps qu’elle n’avait plus fait d’exercice physique d’une telle intensité. Si bien que ses muscles lui faisaient mal, et la rendaient tremblante. Mais l’effort à fournir n’était pas complètement fini. Elle n’avait essuyé qu’une vilaine griffure contrairement au mâle, aussi, échangea-t-elle un regard brillant de satisfaction avec Sköll avant de s’inquiéter de son état pour la suite.

« Ça ira pour la transporter ? La blessure ne te fait pas trop mal ? »

La louve chercha dans sa sacoche un de ses fameux en cas énergétiques et en tendit un à son acolyte avant d’en avaler un elle-même.

« Prends ça au moins ! Ça nous aidera à tenir sur le retour. »

Elle ne put s’empêcher d’exprimer un petit éclat de joie. Oubliant un court instant de surveiller si d’autres créatures n’allaient pas arriver.

« C’est le clan qui va être content ! »

Elle se remit alors bien vite sur ses gardes en se remémorant le dernier cri du varan, et échangea un regard entendu avec le brun exprimant la suite de ses pensées.


« Dépêchons-nous, des fois qu’il y en ait d’autres on ne pourra pas tous les combattre, et on pensera nos blessures au calme ainsi. »

Elle se posta près de la créature essayant de définir la meilleure manière de la transporter en attendant que le Goliath soit prêt lui aussi.


- Sköll : 7 pv
- Artémis : 8 9 pv
- Créature : 0 2 pv