Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

En quête d'un nouveau départ.

Un silence permanent, un silence troublant, qui semblait presque rendre sourd les loups. Bien étrange pour une jungle de révéler son hostilité inquiétante sans abriter de faune, rendant les lieux mystérieux et pesant. L’air lourd mais humide venait étouffer le moindre individu qui venait traîner ses pattes entre la folle flore locale.

Et Fjörd était venu y jeter ses pensées. Un mois s’était écoulé depuis cet immense tournent dans sa vie, et plus rien ne serait jamais pareil. L’ancien hivernal ne s’était pas encore habitué à ce climat si...tropical, trop acclimaté aux neiges éternelles de son ancien clan, qu’il chérit encore dans son cœur. Était-il seulement capable de neiger sur cet archipel maudit ? Et pourquoi tout cela devait arriver maintenant ? Pourquoi la colère de la nature a choisi de se montrer au moment opportun de la vie de Fjörd, qui maintenant rechigne des souvenirs à oublier.

Le bel éphèbe a mûri durant ces dures semaines à braver cette solitude nouvelle. Certes, petit il était habitué à errer seul, loin des autres. Mais même si la peine peinte sur le visage des autres survivants ne lui faisait ni chaud ni froid, il se sentit terriblement seul à ne voir aucun visage familier de son ancien clan, son ancienne maison. A quoi bon de ne plus avoir d’endroit à appeler son chez-soi, plus de famille à rendre fière. Mais dans sa fierté maladive, il dut admettre avoir coupé les ponts avec son sang volontairement. Se mettre à l’écart de ceux qui l’auraient retenu dans sa montée était le mieux qu’il avait trouvé à faire, sans se rendre compte de sa bêtise et de sa faute. Il ne restait fidèle qu’à sa sœur, Aspjah, qui était pour l’instant une des rares dernières personnes envers qui il pouvait éprouver du respect.

Elle, et Herrade. C’est elle qui mène les troupes en ce moment, en attendant d’autres chefs pour être à ses côtés. L’ancien hivernal admit une grande admiration envers cette louve aux allures militaires, et fut plus qu’honoré en ayant été nommé Bêta Diplomate. Un rôle qu’il s’était promit de remplir en donnant le meilleur de soi-même, son nouveau but, sa renommée. Bientôt il sera l’égal de l’ancienne printanière, et il obtiendra le respect de tous en les menant vers un futur plus sûr. Cet objectif était uniquement ce qu’occupait l’esprit de Fjörd, qui avait choisi de renoncer à toute son ancienne vie et de ce qui le liait à elle.

Mais avec tous les tumultes des dernières semaines, personne n’a pu prendre le temps de se poser et de parler simplement, et cela arrangeait Fjörd. Les choses futiles ne méritent pas d’être discutées. Cependant, le moral ambiant était déprimant, et malgré les efforts pour garder la tête hors de l’eau, le jeune savait qu’au fond de lui, il finira pas sombrer aussi. Il n’était pas question d’abandonner, pas lorsqu’on lui permettait une nouvelle chance.

Tombant dans cette jungle qui faisait pestiférer Fjörd, il finit par se résoudre à chercher des plantes quelconques, histoire de se rendre utile. Lors de son enfance, il fut souvent gardé par l’ancienne guérisseuse du clan, Mahuna, et le blanc appréciait fortement leurs séances régulières. Il fut chanceux de pouvoir connaître deux ou trois végétaux pouvant se rendre utile grâce aux doux moments passés avec elle. Paix à son âme, murmura-t-il dans un élan presque surprenant d’émotion, sans que son visage ne change d’un trait. Beaucoup de vies furent perdu et si chacun devait tout abandonner pour pleurer le moindre être, il faudrait que le temps s’arrête.

En faisant bien attention à ne pas se salir, le bêta posa ses pattes le plus prudemment possible entre les feuillages, d’une élégance inutile en ce genre de situation. À présent, Fjörd ne pouvait plus se fondre dans l’horizon immaculé de l’Hiver, et il se sentait presque mis à nu pour être aussi visible dans cet environnement aux couleurs si ternes et sauvages. Réfléchissant trop, comme à son habitude, il finit par remarquer une autre présence sur son chemin. Les odeurs des saisons se dissipant avec les nouveaux parfums des îles, tout le monde partageait cette même senteur sale, mais tout de moins reconnaissable pour ne pas être confondu avec une bête inconnue.

Il s’agissait de sa supérieure, Herrade, et Fjörd s’arrêta brusquement dans ses discrètes foulées. Surprit, il ne fit qu’une infime révérence à son égard. Tu en fais toujours trop haha ! Ses pères lui avaient-il dit quand il se cognait la tête contre le sol à chaque fois qu’il se présentait à un haut rang. L’immaculé finit par se tenir droit et fière, prêt à faire un rapport à tout instant si sa chef lui demande.

- Belle journée, chef Herrade. Je n’ai rien d’anormal à vous signaler pour l’instant. Les environs sont toujours aussi calmes. Un peu trop calme à mon humble avis.

En quête d'un nouveau départ.

Fjörd n’eut pas le temps de répondre à la proposition d’Herrade avant qu’elle ne se mette en route. Sur ses talons, il garda une certaine distance entre les deux par simple politesse, suivant tout de même d’assez près pour entendre les paroles de la louve. En effet il s’était sustenté avant de partir un peu plus tôt dans la journée, mais les ressources disponibles au camp ne donnaient à personne l’occasion d’être repu et satisfait. L’estomac de chacun criait famine, et une plainte n’apporterait rien de nouveau à la situation déplaisante.

"- Qu’est-ce qui te motives à être bêta diplomate ?"

Partir en exploration avec la membre du conseil était une excellente opportunité pour le blanc de montrer son ambition et son dévouement, encore plus quand elle-même engageait la conversation sur ce sujet. Fjörd n’avait pas besoin de réfléchir très longuement : il savait que ses objectifs et raisons étaient justes, et qu’il n’avait pas à cacher son envie de vouloir toujours plus. Après tout, le jeune loup a toujours été nourri à la petite cuillère sur ce propos : jamais n’avait-il envisagé une autre voie que celle qu’il suivait présentement.

Et malgré les mésaventures rencontrées, ce n’est pas un peu d’eau recouvrant ses terres natales qui allait le stopper dans sa quête. Si on l’avait préparé pour gouverner un clan, alors il pourrait le diriger dans n’importe quel type de milieu. Neige ou non, rien n’allait arrêter ses longues foulées vers le pouvoir qu’il se proclamait mérité tant. Bien sûr, selon lui, il était bien mieux qualifié que les autres de son âge. Jamais un loup aussi jeune n’avait été prouvé aussi lucide et éclairé à sa connaissance, et il comptait bien en tirer de grandes choses.

- Le devoir, tout simplement, chef Herrade.

Il prit une pause, incertain de s’il devait élaborer ou non. Mais les mots venaient conquérir sa langue et il dut se maîtriser pour ne pas tout dévaler à tout bout de champ. Sa réponse était claire et concise, annonçant cette vérité où il se devait de rendre service aux autres avec des capacités pareilles. Pour lui, il était indispensable. Une inspiration silencieuse le fit continuer :

- Le monde attend de moi de guider les autres, et je ne me vois pas prendre une autre place. À part celle de la dernière marche qu’il me reste à gravir : devenir membre du conseil. Le peuple a besoin d’une tête pensante qui les mènera à bien, et je suis prêt à tout pour obtenir ce qui m’a toujours été du. Bien sûr, chef Herrade, je suis presque comblé de mon poste actuel et mes responsabilités sont pour l’instant tout à fait dignes, et je me sens apte à compléter les tâches que vous m’ordonnez. Mais je suis prêt à faire plus, bien plus, et j’y arriverai.

Son discours était énoncé dans ce timbre solennel qui devenait de plus en plus grave au fil des semaines. Une voix presque étonnante pour un canin de sa carrure, mais cette ferme douceur étonnante se mariait à merveille avec son éloquence presque parfaite. Si Fjörd n’est pas un grand bavard en temps normal, évoquer son ambition pouvait l’entraîner dans de longs monologues, comme s’il s’était déjà préparé à prouver son dévouement à n’importe quel moment.

De son angle, il ne pouvait pas voir le visage de la verte, mais il ne l’avait pourtant presque pas lâché de son regard glacial, comme s’il pouvait espérer percer la moindre réaction chez elle de cette manière. Ils arriveraient bientôt leur but, voyant les arbres se dissiper de plus en plus, dévoilant l’horizon marin.