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En ballade sur la promenade des vagues.

Findis et Snowflake.

Une silhouette se découpe au beau milieu du manteau sablée qui recouvre le sol en ce lieu, beau manteau de soie sur lequel déborde quelques touches bleutées portées par les eaux marines. Elle semble bien infime et insignifiante lorsqu'elle se trouve comparée à l'immensité de la plage qui couvre une grande superficie. Mais lorsqu'on s'approche, l'on remarque alors quatre longues et fines pattes qui la portent et s'actionnent avec puissance dans le mouvement machinale de la marche. Les pattes de la louve effleurent doucement les grains sablés qui, sous la pression exercée, s'envolent alors en décollant du sol avant de retomber plus loin, pareils à une feuille morte. Elle longe une rangée bien calibrée et délimitée de grands et nobles arbres se dressant fièrement dans les cieux, dissimulés derrière un amas feuillu de longues tiges d'un vert soutenu. Ce sont des palmiers que nous avons-là, arbres tropicaux bien connus de l'estivale qui ne s'attarde plus vraiment à la contemplation des gardiens familiers des lieux.

De toute façon, son esprit est bien trop éloigné du rivage pour faire attention aux habitants des côtes. La louve brune poursuit sa progression en ces lieux familiers, quittant la pénombre dans laquelle les palmiers l'avaient plongé un court instant. Il serait inenvisageable de dire que la douce brise qui soufflait en compagnie d'un zéphyr téméraire qui s'attardait quant à lui dans les hauteurs, apportaient un souffle frais. Les deux vents qui virevoltaient dans les cieux à la façon d'un tas de feuilles valsant tout en suivant la paisible promenade qu'ils empruntaient aujourd'hui, étaient au contraire une source de chaleur considérable qui s'ajoutait aux rayons déterminés de l'astre solaire. L'étoile avait effectivement entamé une ascension vers son point zénith disposé sur la ligne des cieux tracée bien au centre de ce tableau représentant l'immensité bleu. Il inondait pleinement les lieux en laissant libre choix à ses rayons étendus qui se jetaient un peu partout en contre-bas avec un certain malice lorsqu'ils s'attardaient trop longtemps.

Ces petites canailles étaient bien joueurs aujourd'hui, mais l'esprit de la louve était encore une fois trop préoccupé pour que cette envie de jeu soit commune. Elle restait donc semble-il insensible et indifférence face aux rayons qui s'échouaient sur son pelage en lui conférant un éclat plus rayonnant encore. Estivale habituée, là où nous ressentirions une chaleur presque étouffante elle ne voyait qu'une agréable température. Les muscles nerveux qui jouaient avec puissance sous son pelage courant d'un bout à l'autre de l'arène, actionnaient toujours les pattes de la féline. Et lorsque l'une de ses pattes avant s'avançait, son poitrail suivait le mouvement et révélait un peu plus encore à l'étoile solaire le pendentif identique qui se trouvait au bout d'un collier. L'échine de la louve frémit légèrement lorsqu'un souffle de vent plus vif et téméraire la heurta sans ménagement en se glissant à travers ses poils bruns. Elle releva légèrement la tête et posa son regard noisette sur la ligne d'horizon qui délimitait les contours réguliers de l'océan qui s'étendait désormais face à elle.

Elle s'arrêta un instant en faisant face à l'étendue marine, sentant les grains sablées tenter de se glisser entre ses pattes, en vain. Dans son champ de vision entra alors la bien noble silhouette du gardien de tout les océans, le bien noble Phare qui restait immobile face aux attaques répétées des vagues se brisant parfois sur ses rochers qui l'entouraient. Sa douce et bienveillante lumière n'était pour le moment allumée que dans les regards, dans les esprits, dans les âmes mais nul doute qu'elle brillera peut-être à la nuit tombée, et une fois de plus il accomplira sa mission sans perdre de cette bienveillante noblesse. La louve sait les histoires diverses que l'on racontent sur le Phare qui se dresse au loin, à vrai dire, plus d'une fois la curiosité d'aller vérifier si tout cela était vrai l'avait effleuré mais elle avait toujours su la contenir. Peut-être pas par crainte mais simplement par respect envers la bâtisse, aussi surprenant soit-il, de toute façon il en était certainement mieux ainsi.

La louve détourna alors son regard en levant légèrement le museau au ciel, l'esprit semble-il toujours ailleurs, dans d'inconnues hauteurs. Elle s'était levée aux aurores aujourd'hui, victime d'un sommeil agité qui l'avait plus ébranlé que d'habitude en se glissant en elle avec une pointe de frustration. Elle s'était retrouvée dans un lieu mystérieux aux apparences brumeuses et mystérieuses, dégageant un sombre aspect peu rassurant qui l'avait plongé tout du long dans la pénombre. Elle était certaine d'être retournée en cette lointaine et terrible journée, les fragrances et les sons qu'elle avait décelé étaient en tout cas semblables. Une fois de plus, elle avait revécu cette impuissance face à la scène et cette incompréhension, mais elle avait l'amère sensation d'être passé à côté de quelque chose au court de cette nuit, peut-être l'explication qui mettrait fin à une longue mascarade, un acte qui n'en finissait plus. Chassant ses pensées qui se pressaient contre le rivage de son esprit, elle posa ses prunelles ambrées au niveau de son poitrail où se trouvait le collier qu'elle tenait justement de sa défunte mère.

La louve se redressa alors brusquement et parcourut les quelques foulées qui la séparaient de l'eau, reprenant sa route en longeant cette fois ci l'océan. L'écume lui effleurait désormais les pattes lorsque les vagues la projetaient vers elle avant de la tirer de nouveau vers les abîmes de l'océan. La louve se surprit à prendre l'esquisse d'un sourire amusé lorsqu'une pensée traversa son esprit. Plus jeune, elle se laissait bercer par les paroles de sa mère qui lui contait l'océan, lui racontant la puissance des vagues et la candeur de l'écume. Elle lui avait promit une nuit qu'elle l'emmènerait sur la plage et qu'elle pourrait alors suivre la promenade des vagues en courant avec elles. Promesse qu'elle n'eut jamais l'occasion de tenir, puisqu'elle n'était aujourd'hui plus là. Les foulées de la louve s'allongèrent alors considérablement et presque naturellement, sans qu'elle n'eut besoin d'en donner l'ordre, ses muscles accélèrent le rythme afin de suivre l'allure de la course.

Elle avait hésité un court instant en jetant des regards autour d'elle mais après tout qu'elle gêne avait-il à avoir ? La chasseuse n'était plus loupiote mais cela ne l'empêchait pas de longer la plage dans une longue galopade. Après tout, c'était ainsi plus rapide aussi. Les pattes de la louve battaient la mesure en frappant tantôt sable, tantôt écume lorsqu'elle s'attardait sous ses pattes. Les grains dorés valsaient en décollant du sol tandis que l'eau blanchâtre giclait sans surprise en effleurant parfois le pelage brun de la louve. Dans la cage dans laquelle il se trouvait, son cœur frappait la cadence lui-aussi en tournant en rond dans l'espace réduit, manifestant une certaine impatience dans ses pas pressés et rapides. Les coussinets de la louve rencontraient parfois des coquillages sur lesquels il était moins agréables de passer mais ils franchissaient les pierres marines avec indifférence. Ses pattes semblaient prêtes à poursuivre cette galopade éternellement jusqu'à ce que la route elle-même se fasse absente et qu'elles soient contraintes de s'arrêter.

Cependant, lorsque ses flancs se contractèrent brutalement en se pressant contre son corps, elle ralentit l'allure jusqu'à s'immobiliser complètement. Outre les rires habituels des mouettes, elle venait d'entendre un froissement qui indiquait la venue de quelqu'un. Elle n'était pas inquiète car elle avait repéré la fragrance familière d'un membre de son clan et de toute façon, elle était ici en son territoire et elle ne voyait pas quel ennemi la menacerait ici. La louve tourna légèrement la tête afin de poser son regard vers les fourrés qui bordaient la plage et d'où elle était certaine d'avoir entendu le bruissement. Confirmant ses doutes, la silhouette d'une louve blanche comme la plus pure des neiges apparut alors en se glissant entre les palmiers. Le regard ambré de la louve brune croisa les prunelles bleues de l'arrivante, qu'elle reconnut sans peine et s'empressa de saluer.

- Snowflake.

© Le Havre

En ballade sur la promenade des vagues.

Findis et Snowflake.

L'eau marine caressait doucement ses pattes lorsqu'elle s'échouait contre les grains dorés du sable avant de se retirer dans son habituel mouvement. Le soleil dardait ses rayons sur la plage, offrant au lieu la lumière qu'il abordait fièrement lorsque comme à cette heure il trônait fièrement dans des cieux azurés. Seuls quelques nuages y vagabondaient, semblant être dessinés dans des formes que plus jeunes on s'amusait à lire lorsqu'on levait le regard vers ce ciel estival. Cela remonte à loin, dans des souvenirs qui semblable à ces vagues viennent et repartent mais qui lorsqu'ils arrivent nous effleurent obligatoirement. Certains sont plus agréables, d'autres le sont moins, généralement ceux là demeurent dans les plus profondes abîmes, bien rangés là-bas où on a décidé de les exiler pour les oublier. Mais il arrive parfois qu'ils se libèrent tout de même de ces chaînes alors trop fragiles et qu'ils remontent vers la surface comme des ombres que l'on abandonne jamais vraiment. Mais ils sont éphémères et voyagent en vagabondant, ne s'arrêtant jamais bien longtemps lorsque de beaux souvenirs reprennent place. Findis observa calmement son amie au pelage immaculé qui s'approchait désormais d'elle, la saluant également.

« Oh ! Findis ! »

La chasseresse estivale esquissa un sourire et elle vint également s'arrêter à côté d'elle. Le rire d'une mouette s'éleva dans les cieux, se mêlant au chant de l'océan qui poursuivait tranquillement sa route, entraînant toujours ses vagues avec le même calme qu'il abordait aujourd'hui. La plage était vraiment un endroit agréable que la louve appréciait beaucoup et où elle aimait se rendre. Elle passait parfois de longs moments à s'attarder à la contemplation de cet océan qui soulignait une ligne parfaite d'horizon. Parfois, les vagues s'agitaient, s'élevaient bien plus haut, se brisaient contre les récifs bien plus fort, heurtaient les rochers bien plus sauvagement, grondaient bien plus colériques. Il arrivait que les eaux soient dignes de celles du lac le plus dormant et que le lendemain, elles soient plus tempétueuses et agitées que le vent qui soufflait généralement ces jours là. Mais quel que soit son attitude, c'était toujours agréable de venir observer cette mer parce qu'elle faisait toujours ce qu'elle avait à faire sans se soucier du reste. On avait l'impression qu'elle était éternelle, que même si le plus dévastateur cyclone s’abattait, elle resterait impassible et continuerait d'évoluer avec indifférence. Que le monde tourne rond ou non lui importe peu, rien ne la trouble lorsqu'elle ne l'a pas décidé. Qu'on lui jette des pierres, qu'on lui envoie nos souvenirs, qu'on lui confie notre colère, qu'on offre des fleurs à ses vagues, tout cela lui importe peu. On s'amuse parfois à prédire l'attitude prochaine qu'elle aura mais en réalité, elle est seule reine de son propre royaume et ses propres sujets. Findis prit alors la parole, souriante :

- Je suis heureuse de te voir ici, commença-t-elle. Tu es venue profiter du soleil toi aussi ?

© Le Havre