Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

See the light of stars in the darkness of a cave

Featuring Goriar

Il fait encore sombre, et le soleil est loin de se lever. Pourtant, je ne parviens pas à trouver le sommeil. Ma queue ne cesse de s’agiter dans tous les sens, je garde les oreilles dressées, épiant ce qui m’entoure. Les respirations calmes de mon frère et de ma mère sont censées me calmer, mais il n’en est rien. Pire, je ne supporte pas leur présence cette nuit. Je me lève donc sans bruit, pour ne pas réveiller les deux loups dorés qui dorment à mes côtés. Mon regard se pose sur Goriar. Comment réagira-t-il lorsqu’il saura pour moi et Akasan ? La dernière rencontre entre ces deux là ne s’est pas bien terminée, et j’ai peur d’annoncer la nouvelle à mon frère. Peut-être vaut-il mieux attendre encore un peu… Peut-être vaut-il mieux ne pas lui dire du tout. Je secoue la tête, effaçant ces idées de mon esprit, avant de m’enfoncer dans les boyaux de glace. Je ne lui reparlerait pas de moi, pas après ce qu’il a fait. Il m’a dupée, s’est servi de son pouvoir pour me manipuler… Qui me dit qu’il ne le fera pas à nouveau ? Je ne peux pas lui faire confiance, je ne veux plus lui faire confiance. A chaque fois, ça ne m’a apporté que des ennuis. Qu’il se débrouille désormais, moi je ne m’occuperai plus de lui.
La grotte ne tarde pas à se dénuer de glace, ne laissant que la roche grise et nue tout autour de moi. Habilement, je saute sur un petit promontoire rocheux pour accéder à une galerie de la grotte qui se trouve un peu plus en hauteur. Ce n’est pas le chemin le plus rapide pour aller là où je souhaite me rendre, mais j’espère qu’ainsi personne ne pourra me suivre. Je deviens de plus en plus parano moi… Quoi qu’il en soit, je continue mon chemin, tournant dans les entrailles de la terre, rampant ou sautant parfois pour accéder à certains endroits. Je remercie le ciel de m’avoir fait si petite lorsque je m’arrête devant un tunnel particulièrement étroit.
J’ai bien dû marcher durant une heure lorsque les premières lueurs qui m’indiquent que je suis arrivée apparaissent. Tout autour de moi se trouvent à présent des centaines de petites étoiles bleues, qui clignotent faiblement dans la pénombre de la grotte. Je m’approche lentement de l’une d’entre elle pour poser délicatement la patte dessus. Immédiatement, la lumière faiblit, pour retrouver son éclat magnifique lorsque je la retire. C’est un lieu de paix, un lieu ou aucun combat ne peut s’entamer. De ce que je connais de Four Seasons, ce doit bien être le lieu le plus pur de cette terre. Le seul qui ne soit pas souillé par le sang. Je me souviens que j’y venais souvent étant petite et, aujourd’hui encore, il s’agit pour moi d’un endroit qui parvient à m’apaiser dans les jours difficiles.
Je me laisse glisser contre une paroi lisse, la tête posée sur mes pattes, à observer ces étoiles bleues qui brillent dans le ciel de granit, persuadée qu’ici, rien ne pourra venir me perturber.

Code by Eressëa

I see the lights and they are beautiful

Featurin Glycenne

Ma tête était doucement posée posé sur mes pattes, quand je me réveillai en sursaut. J'avais comme d'habitude fait un cauchemar, on peut dire que j'y étais habitué... Quand j'ouvris les yeux, quelque chose me perturba. Tout semblait normal et pourtant différent. Je fixai ma mère avant de remarquer que ma sœur n'était plus là. Bizarre... C'est plutôt moi qui disparaissais comme ça sans prévenir. En parlant de ma sœur, je sais que depuis que j'ai tué tous ces loups et que j'ai embrouillé son esprit, elle m'en veut et je pouvais le comprendre, ce que j'avais faits n'avait rien de gentil, mais pas au point de partir d'ici .

Bien heureusement, en baissant la tête je vis des empreintes dans la neige, elles devaient être celles de Gly'. Je sortis donc de la caverne et laissai ma mère, qui dormait encore, toute seule.
Le jour venait à peine de se lever. L'air frais de la nuit se faisait ressentir. Je soupirai, les caprices de sa sœur commençaient à m’énerver. Je pouvais comprendre qu'elle ait mal pris le fait de l'avoir manipulé et d'avoir tué tous ces loups, mais partir sans rien dire, il n'y avait que moi pour faire ça ! Je sentis l'odeur de Glycenne dans les parages et me dirigeai vers elle. Je marchai un bon moment, une bonne heure je pense, avant d'arriver à la grotte aux cristaux.

Le soleil pointait le bout de son nez et je le regardai d'un seul œil ce spectacle, avant de tourner définitivement la tête vers la grotte. L'odeur de ma sœur était très forte et je paierais n'importe quoi qu'elle se trouvait là-dedans.

Je me décidai à entrer. Je n'avais pas l'habitude d'aller ici, comparé à Gly', mais je me souviens qu'étant petit je passais beaucoup de temps ici. C'est là que je vis une forme noire dos au mur: Glycenne. Je m'approchai doucement d'elle, j'allais essayer de ne pas aggraver notre relation. Elle était en train de fixer de petites lumières. Je vins m’asseoir près d'elle et me forçai à lui sourire. Je laissai s'échapper un petit "salut" à peine audible et finis par demander.

- Pourquoi es-tu venu ici ?

J'attendis ma réponse en regardant les petites lumières, qui étaient au passage, magnifiques.

Code by Eressëa

See the light of stars in the darkness of a cave

Featuring Goriar

J’ai à peine fermé les yeux pour m’endormir que des bruits de pas se font entendre dans la grotte. Je soupire, plaquant les oreilles sur mon crâne et me déplaçant légèrement pour me trouver dos au loup qui vient d’arriver. Je sens son pelage doré frôler le mien, son regard lourd posé sur moi. Je ne veux pas le voir. Il n’a pas compris ça ? Peut-être devrais-je lui faire un dessin pour que ça lui rentre enfin dans la tête. Son bonjour n’est pas convaincant, et je n’ai pas envie de lui rendre la pareille. La fourrure de mon cou se hérisse lorsque sa voix me parvient.


Je tourne un court instant la tête vers lui, le regard froid, avant de reprendre ma contemplation des petites lucioles bleues. Il sourit… Je sais que son sourire est faux, forcé. Sourire n’est pas dans la nature de Goriar. Mais il sourit tout de même, après ce qu’il a fait, les horreurs qu’il a commises malgré mon non consentement. Je serre les dents, me forçant à garder le grognement qui voudrait pourtant bien sortir de ma gorge.


Mon ton est dur, mais je n’ai aucune envie d’être gentille avec le loup doré ce soir. Je suis fatiguée d’être toujours gentille, qu’on me prenne pour une cruche. Maintenant, si on me prend pour une conne une fois, ce sera la seule.
Je me lève pour m’écarter de mon frère et aller m’allonger contre une paroi voisine, le scrutant avec méfiance. Que va-t-il encore trouver pour tout gâcher cette fois ? De mon ton toujours froid et presque agressif, je lui lance :


Mon regard bicolore est aussi froid que mes paroles alors que je fixe sans broncher le mâle imposant qui me fait face. Je m’attends à tout avec lui, surtout au pire. Je sais parfaitement ce qu'il est capable de faire, que ce soit aux autres ou à mon esprit, et j'en ai assez. J'en ai marre de souffrir tout le temps par sa faute. Et je n'ai pas envie de revivre ça.

Code by Eressëa

I see the lights and they are beautiful

Featurin Glycenne

La louve, comme je m’y attendais, ne me fit pas une fête quand je m’assis près d’elle. Celle-ci se leva pour s’éloigner de moi et se coucha une fois de plus contre la paroi. Elle m’épiait, d’un regard froid et méfiant, qui signifiait qu’elle avait envie que je parte et pourtant je restai exactement à l’endroit où j’étais.

- Et toi ? Pourquoi m’as-tu suivie ? Tu compte foutre ma vie en l’air une nouvelle fois ?

Mes oreilles se baissèrent en arrière. « Foutre sa vie en l’air ? » Je ne souhaitais pas ça, juste qu’elle arrête de me voir comme notre père, qu’elle arrête d’être trop gentille avec tout le monde et d’avoir pitié. Mais je savais que ceci était impossible pour elle. Chaque fois que moi je faisais des efforts pour paraître agréable, elle le prenait mal.

Un grognement sortit de ma gorge, un grognement que Glycenne ne voulait pas faire sortir de la sienne. Mon regard devint dur et je me levai. Je vins me placer juste devant Gly’, qui me fixait toujours de son regard méfiant.

- Glycenne ! Je me fiche de ta vie, je veux juste que tu me laisses vivre la mienne. Que tu arrêtes de te mêler de tout et surtout de mes affaires !

J’avais presque hurlé tellement que j’étais furax. Je griffai le sol pour m’empêcher de blesser ma sœur. Quand je remarquai, que je venais de crier, je me stoppai net. Si je n’avais pas repris mes esprits, j’aurais été capable de faire du mal à ma sœur. Je reculai en jappant, les oreilles toujours en arrière. A ce moment un simple « pardon » ne serait pas suffisant.

Je tournai la tête en direction de lucioles, comme pour me calmer, mais même ces magnifiques êtres ne pouvaient plus apaiser ce sentiment de rage et de tristesse qui s’était logé dans mon cœur. Je tremblais, j’avais peur, peur que cette rage domine mon être, peur de blesser quelqu’un qui m’ait chère, peur probablement, de finir comme mon père.

Je me précipitai à la sortie de la grotte, ignorant ce que pourrait me dire Glycenne et fixa le paysage. Il était toujours aussi blanc et froid. Je n’avais jamais eu aussi peur. Je regardai la grotte de nouveau. Quand j’étais petit cette grotte fut un endroit de bonheur et de calme, mais aujourd’hui, il fit souiller par mes paroles et mes actes.  

Code by Eressëa

See the light of stars in the darkness of a cave

Featuring Goriar

Je me redresse rapidement sur mes pattes avant, à moitié couchée, et reste un moment ainsi, bouche bée, incapable de parler et pouvant seulement regarder mon frère partir. Je finis par soupirer et achève de me lever, délaissant avec regret ce lieu qui m'apportait autrefois tant de réconfort. Il ne comprend pas, il ne comprend jamais ce que je ressens, ce que les autres autour de lui ressentent. Il m'est souvent arrivé de me demander s'il en était seulement capable.
Tout comme moi, mon frère, avec son beau pelage doré, n'est pas très difficile à trouver. Debout à l'entrée de la grotte, il me domine largement, bien qu'il ne soit pas beaucoup plus haut sur pattes que moi. Mais il a ce truc que moi je n'ai pas, cette force brute qui en impose et vous intime de la fermer quand il prend la parole. Je le connais cependant, malheureusement pour lui, trop bien pour en être affectée. Bien que ma voix soit toujours froide et tranchante, elle se révèle cependant plus douce que tout à l'heure, dans la grotte, lorsque je reprends la parole.


Je marque une pause, observant le paysage nimbé de blanc qui se dévoile à perte de vue devant moi. Depuis quand est-ce que je ne remarque plus la beauté de la neige, la perfection des flocons minuscules ? Bien trop longtemps sûrement...


Sur ces mots, je me relève, l'abandonnant à sa contemplation de la poudreuse. Je veux retrouver les lucioles bleues, et les parois froides de la grotte, et le calme qui y règne... Je veux retourner longtemps en arrière, quand tout allait encore bien...

Code by Eressëa

I see the lights and they are beautiful

Featurin Glycenne

La voix de ma sœur me parvint, elle semblait plus calme mais toujours avec ce ton froid.

- Si je m'occupe de ta vie, Goriar, c'est que je m'inquiète pour toi, non d'un chien ! Bien sûre que ta vie me regarde, tu es mon frère et tu passes ton temps à te battre avec de parfaits inconnus, sans te soucier du jour où tu perdra !

Moi ? Perdre ? Qui pourrait me faire perdre ? Malgré le fait que j'essayais de me convaincre au fond de moi, je savais qu'elle n'avait pas tort. Il y a toujours quelqu'un au-dessus de nous et je ne faisais pas exception. Les paroles de Glycenne m'avaient un peu touché. Je prenais beaucoup de risques et je savais pertinemment que ma sœur avait peur, mais je les prenais quand même, j'étais un peu égoïste dans le fond...

Mon regard se posa sur Glycenne. Elle fixait le paysage, presque émerveillée. Je nous revis enfants, à cette époque, elle ne me faisait pas la tête sans arrêt, à quel moment cela à changer ? A quel moment elle a arrêtée d'être gentille avec moi ? Je ne savais pas, car je ne voyais pas ce que pouvait ressentir ma sœur.

- Je vais t'apprendre une chose, Goriar. La vie, c'est la chose la plus précieuse qu'on a, mais on s'en fout, parce que c'est la seule dont on ne se rend pas compte qu'on la perd. Les seuls touchés, ce sont ceux qui restent, parce qu'alors, ta vie se transforme en bombe, qui souffle tous ceux qui se trouvaient proches de toi, tous ceux qui t'aimaient. Moi je t'aime Goriar, mais je ne suis pas la seule. Plutôt que de penser à moi, puisque je ne suis qu'un poids qui te gêne, pense à Iris.

Oui Iris, elle tenait à nous et je ne pouvais pas me permettre de mourir, car c'est ma mère, celle qui a toujours été près de moi, qui m'a aimé, ma mort serrait un trop gros poids à porter pour elle.  

Le pelage noir de ma sœur s'agita signifiant qu'elle se levait. Même sans la regarder, je pouvais savoir ses mouvements, elle se dirigeait vers la grotte.

Je fis exactement comme elle, je me relevai et marchai dans sa direction, le regard fixé sur son beau pelage sombre. Arrivé à sa hauteur, je posai ma patte sur son épaule, comme pour l'arrêter....

- Glycenne, tu n'es pas un poids, tu es ma sœur et... je t'aime. J'ai pris des risques en tuant ces personnes, mais je les assume, je me suis surestimé, mais je le sais parfaitement. Toi et Iris vous êtes important à mes yeux et je vous protège du mieux que je peux.

Code by Eressëa

See the light of stars in the darkness of a cave

Featuring Goriar

Je sens les yeux dorés de mon frère plantés de mon dos, mais les ignore royalement, fais mine de ne pas remarquer qu’il s’est levé à son tour pour me suivre. Je veux redevenir petite et ignorer tout ce qui m’entoure, ne pas connaître la nature sombre de la vie.
La patte de Goriar qui vient se poser sur mon épaule me ramène à ma réalité, me fait sortir de ce jeu inutile que je mène. À quoi bon revenir en arrière ? Tout reviendrais alors et je devrais encaisser une nouvelle fois. Je me tourne alors vers le mâle pour affronter ses yeux dorés, sans pour autant rompre le contact de sa patte froide sur ma fourrure. Je pense pouvoir au moins lui laisser cela.


Je le sais… je sais parfaitement qu’il ne veut rien d’autre que notre protection, il me l’a fait comprendre de nombreuses fois. Et pourquoi, si ce n’était pas le cas, épargnerait-il à Iris le motif de ses escapades nocturnes ? Je soupire, reprend mon examen silencieux des parois de la grotte. Que répondre à ça ? Après tout, je ne peux pas le blâmer pour avoir voulu nous protéger.  Cependant, je ne peux pas non plus m’avouer vaincue aussi vite. Il l’a tout de même réellement tuée, cette jeune louve au regard de diamant.
Je dégage vivement la patte de mon frère de sur mon épaule et reprends mon chemin, sans même lui adresser un mot ou tourner la tête de son côté. Je ne sais pas s’il me suit. Si oui tant mieux, si non, tant pis. Ma progression se fait en silence, seul le léger grésillement des cristaux lumineux venant irriter mes oreilles. Les tunnels et les crevasses de cette grotte n’ont plus aucun secret pour moi depuis le temps que j’y ai trouvé refuge. Je n’ai aucun mal à me faufiler dans les passages les plus étroits, à éviter les cul-de-sac et les terrains fragiles. Je déambule longtemps dans cette succession de tournants, l’esprit de nombreuses années en arrière, lorsque tout était encore en ordre dans ma vie. La seule étincelle de joie que j’ai eu depuis longtemps a été Akasan, et même de ça, je ne peux m’en réjouir à temps complet, ôter la peur qui y est associée. Cette peur que mon frère fait planer comme une ombre au-dessus de moi. Je veux bien, cependant, lui accorder une chance.
À moitié perdue dans mes pensées, je déboule enfin dans la salle que je cherchais. Ici, la lumière est bien plus puissante, de par la grosseur des cristaux, mais aussi à cause de leur abondance sur l’une des parois. Cette dernière semble submergée par les pierres colorées, noyée sous leur masse impressionnante. Ce spectacle est à la fois impressionnant et effrayant pour moi, il représente toutes ces petites choses de la vie, toutes ces joies qui ne tardent pas à se faire engloutir par le reste, par la solitude, la tristesse, ou même la routine. Toutes ces choses que l’on voudrait préserver pour l’éternité mais que l’on sait qu’elle ne résisteront pas au temps.
Je ne tourne même pas la tête pour voir si mon frère m’a suivie, garde le regard fixé sur la paroi luminescente.


Ma voix est nettement moins affirmée que je ne l’aurait voulu. Elle tremble, noyée, tout comme la paroi en face de moi, par des émotions qu’elle ne contrôle pas, infimes cristaux qui la submergeront si elle ne se rebelle pas.


Je ne suis parvenue qu'à murmurer ces mots, incapable de contrôler cette peur qui sourdait en moi depuis un moment déjà, cette peur que Goriar ne se transforme en ce monstre entrevu par notre géniteur. Et, comme la grotte, je me retrouve submergée par mes cristaux...

Code by Eressëa