Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

featuring Nehalena

Son frère s’était bien permit de le déranger même lors d’une de ses ballades solitaires à la découverte de nouvelles contrées. Tym, cet affreux petit abruti, s’était encore glissé derrière lui dans l’espoir sans faille de se lier de complicité avec lui, le poussant à jouer avec cet énergumène nuit et jour. Quand est-ce que ses fichues idioties cesseront ? Fjörd ne le savait, et s’était résout à l’amuser quelque peu dans la Vallée des Rennes avant de prendre ses jambes à son cou, remerciant les grâces de sa facilité à se fondre dans le décor hivernal et le silence de ses mouvements presque fantomatique.

Enfin débarrassé de son frère bien trop encombrant, le jeune Hivernal s’était mit en route vers d’autres endroits à découvrir, bien curieux de ce que réservait ce territoire qui avait ouvert ses portes grandioses au monde de Four Seasons. Le loupiot n’avait pas encore le droit de se balader en dehors du territoire de l’Hiver, et s’était vu passé un sacré savon par ses pères lors de la découverte de sa « promenade de santé » au sein des terrifiantes terres de crépuscule. Mais à présent, il était techniquement vrai que la fameuse fête de l’hiver se déroulait non loin de son clan, se mettant ainsi à l’aise d’être toujours chez lui.

La queue haute malgré sa taille lui faisant raser le sol, il parcourait les chemins immaculés de sa blancheur éclatante mythique, comme s’il lui était impossible de salir son manteau nuageux. Le fils de la Lune avait bifurqué vers un endroit caché parmi les sapins engourdi par le poids des flocons, et il s’y faufila avec souplesse.

Derrière les branches épineuses se laissa se dévoiler une bâtisse bien étrange. Fjörd n’avait jamais vu une tanière de la sorte et une curieuse odeur nouvelle venait titiller le bout de sa truffe.  Il ne connaissait pas cette étrange attirance et gourmandise que venaient chatouiller les senteurs de sucre. Son estomac se mit à gronder, mais le jeune immaculé savait pertinemment que ce n’était pas bon de manger entre les repas, et il était encore temps avant que le coup du dîner ne sonne.

S’approchant silencieusement du festin à échelle de géant, il perçut un autre louveteau goûtant aux plaisirs qu’offrait ce lieu. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour reconnaître qui était cette étrange personne : Nehalena ! Cette saleté solitaire qui s’était amusé à empester son entourage lors de leur précédente et première rencontre aux terres de terreur. D’ailleurs, elle s’était retourné à l’arrivée du blanc et la même expression de surprise venait accompagner son visage déformé, fidèle à chaque fois qu’elle voyait le mâle.

Fjörd était amusé de voir l’effet qu’il faisait à cette louve stupide. À chaque instant, elle en perdait tous ses moyens et un sourire narquois se dessinait sur ses fines babines. S’approchant d’elle de la même manière pédante, il fit le tour de son être avant de s’arrêter en face d’elle, gonflant sa crinière majestueuse de petit enfant pourri gâté.

-Eh bien, il faut croire que tu viens fourrer ta monstrueuse tête partout où je vais. Si je t’intrigue tant, tu peux le dire tu sais, je ne suis pas un fils à papa je peux garder un mot secret.

De son intelligence précoce et malsaine, il se mit en tête d’acheter la confiance de la louvette. Après tout, elle devait bien terrifier quelques autres louveteaux et l’avoir à ses côtés pourrait lui être bénéfique. Et puis, il avait bien l’air d’avoir l’avantage sur elle.

featuring Nehalena
Terrible, infâme et immonde horreur que le mollard craché aux pattes  du doux immaculé, choqué. Il retroussa sa truffe de dégoût, retenant un haut de cœur prévisible. Même si n’étant pas la cible première, Fjörd se senti hautement insulté par ce geste, empli d’une profonde répugnance en l’égard de la louvette qui n’était déjà pas doté d’un physique attrayant.

La solitaire semblait parfaitement outrée dans ses paroles envers l’hivernal, qui lui, n’en avait que faire d’être traité de la sorte par une simple louve n’appartenant à aucun clan. Comment un individu  sans foi ni loi pouvait venir se permettre de juger un fils de Librelunes aussi spécial et malin que Fjörd ? Il ne pouvait y répondre, et il trouva cela d’un charme ridicule.

Mais le ridicule tourna au monstrueux, laissant place à une terrifiante expression sur le visage de l’enfant cornu. Elle n’avait plus ce regard figé et ce sourire pétrifié lors de leur première rencontre. À présent, elle n’arborait que mépris et laideur, d’un sarcasme sournois envers l’enfant de la lune. Ce-dernier ne bougea à peine, zieutant son interlocutrice de ses yeux perçant, fronçant à peine son regard et son museau vis-à-vis de la peine éprouvée pour la dépravation de l’enfant solitaire.

-Je ne vois pas pourquoi j’aurais envie de te suivre, toi et tes grosses cornes affreuses. Je suis chez moi, toi t’as pas de maison. Je pourrais même pas te dire d’aller pleurer dans les pattes de ta mère car je suis sûr que tu n’en as pas. Tu vas aller pleurnicher chez qui après hein ?

Aucune émotion de fierté ne se lisait sur son visage, et pourtant l’imbécile égoïste qu’il était n’avait que faire si ses dires pourraient heurter qui que ce soit. Pour lui, cette enfant n’avait même plus d’âme, la voyant comme une moins que rien jamais il ne pourrait imaginer que cela la touche. En conclusion, il n’y pensait même pas.  Jaugeant de ses prunelles éclatantes l’entité en face de lui, il remarqua la maigreur alertante de la louve et se dit qu’elle finira bien par mourir de faim avant de se rendre compte de l’aberrance de son existence.

featuring Nehalena
Le comportement de la solitaire commençait fortement à impatienter Fjörd, tout bonnement parce qu’elle tirait du plaisir à cet agacement. Alors que l’hivernal était pédant à son habitude, la louve à la chevelure d’obsidienne semblait bien s’amuser à étirer un faramineux sourire dans le but d’effrayer le petit. Ce-dernier ne comprenait tout bonnement pas à ce qu’il voyait, ou même ce qui était détraqué chez elle.

L’histoire que conta Nehalena avec un gourmand plaisir fut bien glauque pour les oreilles du louveteau, qui n’avait jamais eu l’habitude de ce genre de récits. Et malgré tout, il avait été bien plus curieux qu’effrayé. Restant même bouche bée, truffe en l’air vers la louvette, son air de flatté avait disparu pour laisser place à une étonnante fascination. Jamais ses pères n’avaient parlé de ce genre de phénomènes, jamais il n’avait rencontré de loups de ce genre. Cela était sûrement une déviance mental due au fait que ces crétins de solitaire vivaient seuls et totalement hors de la société, ce ne sont que des barbares sans cervelle aux fantasmes laids à jamais inassouvis.

Mais l’immaculé continuait à l’écouter, sans froncer un sourcil ni même bouger un poil. La solitaire le prenait sûrement pour un fils à papa, stupide petit enfant pur qu’il laissait apparaître. Mais Fjörd, dans son intelligente idiotie habituelle, n’avait qu’une envie à présent : découvrir qui était réellement cette étrange personne, et si il y en a d’autres comme elle. Ses pères lui disent toujours que quand il sera plus grand il viendra à l’encontre des loups les plus spéciaux qu’il n’ait jamais été lieu d’être. Mais l’enfant de lune ne pensait pas en avoir la preuve de leur existence de si tôt, du moins encore moins en un territoire si proche de chez lui. Et puis, pour être honnête, son interlocutrice était la deuxième solitaire qu’il croisait et la première était tout aussi moche…

La question que lui posa la cornue chamboula quelque peu l’hivernal, qui n’avait pas quoi répondre et surtout si il avait vraiment le droit de faire part de ses origines. Mais sans même peser le pour et le contre très longtemps, il se dit que la louvette avait fait la maline depuis un moment déjà et répondit presque aussitôt, laissant percevoir une vulnérabilité qu’il n’avait pas avant :

-Personne ne sait réellement d’où je viens. Mes pères racontent que c’est la lune qui m’a envoyé ici et qu’elle me prévoit de grands pouvoirs. Parfois la nuit, je l’entends me parler dans mes rêves.

Il se dit que révéler l’identité de ses pères étaient peut-être une mauvaise idée même s’ils ne lui ont jamais directement parlé des récents conflits les impliquant, Fjörd a déjà surprit une conversation ou deux…

featuring Nehalena
La solitaire s’en était allée jeter un coup d’œil à l’intérieur de la curieuse maison, puis revint, sans doute peu satisfaite de ce qu’elle avait vu. Elle avait continué à laisser couler un flot de paroles, menant sa réflexion à ce qu’avait avoué Fjörd quelques instants plus tôt, secret plutôt énorme pour réussir à le poser dans une conversation lambda. Mais la louve avait l’air bien plus qu’intéressé dans ce qu’il lui avait dit, voir même très concernée.

L’immaculé broncha en l’appelant comme un « enfant maudit ». L’hivernal n’était sûrement pas une malédiction, le pauvre louveteau en fut déboussolé de voir pareille enfant juger son existence et sa provenance. Mais lui-même en savait très peu sur ses propres origines, tout comme ses parents qui n’avaient pas l’air très certains eux-mêmes de la situation. Le jeune enfant n’était même pas encore au courant de son pouvoir, qui était prédit comme un puissant don.

La jeune femelle avait l’air plus au courant que lui sur d’où il venait, et cela interpela le jeune. Sa voix s’était adoucie, prenant même un ton avisé lors de sa dernière réplique. Était-ce un conseil qu’elle lui donnait . Qu’avait-il à attendre de l’astre nocturne ? Qui était cette...Luën ? Ses pères n’avaient jamais parlé de tel Dieu, se référant plutôt aux croyances des terres. Même si papa Hjalmar lui racontait souvent d’étranges histoires liés à son peuple, rien ne se rapprochait de proche ou de loin à ce que lui racontait la grise.

-Qu’est-ce que tu entends par là ? De quoi parles-tu ? Tu en sais quelque chose toi à cette histoire ?

Jamais ne s’était-il posé la question de son berceau et voilà que moult questionnements tergiversèrent son esprit engourdi. Il aura sûrement beaucoup de choses à demander à ses parents à son retour...