Le sucre ne remplace pas la viande...
feat. Sai
Dix, neuf. Ses griffes raclaient le sol, la terre s'infiltrant entre ses coussinets. Huit, sept. Ses muscles se crispaient par intermittences, et elle sentait la vague de colère gonfler dans son poitrail. Six, cinq. Ses crocs avaient percé ses babines, et elle sursauta lorsque le goût métallique du sang envahit sa bouche. La tension dans ses membres diminua légèrement. Quatre, trois. Ses paupières se rouvrirent et elle se rendit compte qu'elle avait coupé sa vue quelques secondes plus tôt, pour oublier la présence du loup devant elle. Deux, un. De sa gueule s'échappa un petit soupir, ses pulsions malsaines s'étant calmées. Elle n'allait pas s'énerver contre cet Oméga, non, elle ne
devait pas s'énerver. Il n'avait aucune raison de subir sa fureur passagère, et la louve s'assit face à l'animal que se soumettait devant elle.
Après une courte phrase d'excuse, le loup s'était légèrement redressé, et la tueuse prit quelques instants afin de le détailler. Il avait presque autant d'attributs lupins que reptiliens, des écailles verdâtres parsemant son pelage brun, et ses oreilles bien trop grandes tenaient compagnie à deux petites cornes blanches, tandis que sur son dos se dressaient trois pics osseux plutôt étranges. Sa langue verte attira aussi son attention lorsqu'il se lécha les babines, et elle se releva pour reculer lorsque quelque chose fît son apparition à quelques centimètres de sa tête.
- Pour me faire pardonner ! Oh si vous ne savez pas ce que c’est je vous laisse goûter vous verrez c’est bon ! indiqua-t-il.
La louve plissa les yeux, mais les objets inconnus dégageaient un fumet plutôt appétissant, elle devait bien l'avouer. Sa curiosité l'emporta, et elle se rapprocha de cette nourriture restée sur le sol, attendant que quelqu'un veuille bien la dévorer. Elle se baissa pour en goûter un, gardant cependant un œil méfiant sur son interlocuteur. C'était bon. Oui, Meldy aimait bien ce que lui proposait le lupin, malgré le fait que ce soit sucré et que ça n'aie absolument pas le même goût que la viande qu'elle devait manger. Cependant, elle n'en finit qu'un seul, laissant les autres aux pattes de l'oméga.
- Je préfère la viande. Mais merci tout de même...? elle laissa sa phrase en suspens, avant de continuer : Comment vous appelez-vous ?
S'étant calmée, elle lui parlait désormais avec un respect d'égal à égal, conservant toujours une frustration notable d'avoir dû annuler sa chasse et son repas si délicieux.