L'ex louve estivale lappa la surface de l'eau d'un air distrait.
Oui, ex-estivale. Cette appellation n'avait plus de sens pour Malia. Son père venait de quitter ce monde à un âge avancé sans avoir jamais pu réaliser son rêve impossible. Sa mère était décédée lorsqu'elle était loupiote. Canaan ... Elle l'avait retrouvée. Et enterrée. Ses parents, son amie. Tous n'éxistaient plus. Plus rien ne la retenait en ces lieux divisés. Elle aspirait à une vie libre, sans conflit ni prise de tête.
Elle n'avait pas besoin de se receuillir une dernière fois sur leurs tombes, elle savait qu'ils étaient là, dans son coeur.
Alors pour les années de vie qu'il lui restait, elle voulait découvrir d'autres mondes, faire de nouvelles connaissances, vivre un rêve. Puisque son père n'avait pu atteindre le sien, puisque Canaan n'en avait jamais eu. Malia voulait vivre un rêve éveillé. Un rêve de liberté et de voyage. Un rêve de découverte jusqu'au jour où elle serait trop vieille et fatiguée. Et ce jour là, elle n'aurait qu'à s'arrêter dans un endroit tranquille et s'abandonner.
Puisqu'elle était tout ce qu'il restait de vivant de deux famille de loups estivaux, elle considérait comme son devoir de les libérer de leurs entraves douloureuses de mort et de desespoir que les clans et la maladie leur avaient infligés en vivant quelque chose de plus frais et vivant que jamais. Oui, elle allait vivre plus fort puisqu'elle voulait vivre pour six.
Comment quitter ce monde là ? Elle n'en savait rien, mais elle sentait qu'elle y parviendrait. Comme tout ceux qui n'avaient plus d'attache en ce monde, elle était comme un balon de bodruche lâché dans le vent des dimensions.
Un drôle de chatouillis s'empara de son corps. Ce n'était pas désagréable et elle n'eut pas peur. Elle ferma les yeux, sentant son corps de désintégrer et voler comme des particules de gaz. Elle sentit un léger picottement quand elle sentit son corps de matérialiser et ouvrit les yeux.