Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Tsume ne savait pas ce qu'il était venu faire sur le territoire automnal. Enfin si, il savait. Il savait mais il ne voulait pas vraiment se l'avouer. Il avait assez mal pris le départ de Melda la dernière fois. Il lui avait montré l'un des plus précieux secrets de la guilde et elle l'avait fuis. Elle était partie sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Enfin, il le soupçonnait mais ne pouvait être sûr de rien. Plus il y pensait plus il se sentait trahi quelque part. Il ne savait pas pourquoi il était revenu. Il savait qu'il ne réagirait probablement pas très bien s'il croisait la guérisseuse. D'autant plus qu'il ne savait pas ce qu'elle même pensait. Que voulait dire cette fuite ? Il voulait mettre au clair cette situation sans pour autant vouloir réellement la rencontrer de nouveau. Il avait peur de ses propres réactions et de ces sentiments qui naissaient en lui. Mais, en même temps, il avait besoin de la revoir. C'était là, en lui. Un désir dont il aurait voulu nier l'existence. Mais il savait qu'il ne pouvait pas le faire alors il arpentait le territoire automnal en quête de la belle. Il allait les oreilles et la queue basse en proie à quelques noires pensées, chose rare pour lui. Il finit par parvenir au niveau du labyrinthe et se demanda s'il n'allait pas y entrer. Il savait qu'un monstre habitait ce dédale. Il songeait qu'un bon combat pourrait le distraire. Peut-être mourrait-il mais qu'elle importance ? La louve qu'il pensait aimer, il n'était pas vraiment encore sûr de ce qu'il ressentait, l'avait fui sans raisons apparentes. Sa guilde se délitait et allait bientôt n'être rien de plus qu'une vague légende. La guilde était toute sa vie mais il ne pouvait rien faire pour la sauver alors à quoi bon ?
Il posa une patte dans le labyrinthe, puis une autre. Il ne pensait pas être faible mais il n'était pas certain de vouloir réellement gagner contre le monstre. Il menait une vie qui n'avait nul sens. Il posa une seconde patte dans le dédale. Il n'avait pas d'ailes sur lesquelles compter pour s'envoler par dessus les murs s'il échouait à trouver son chemin. Peu importe. Il avança encore un peu plus. Il hésita. Il aurait voulu la revoir. Mais il ne l'avait pas trouvée. Elle l'oublierait. Peut-être même penserait-elle seulement l'avoir rêvé après la vision qu'elle avait eu de la Salle du Conseil. Il cessa d'hésiter. Il fit un nouveau pas. Ou peut-être ne l'oublierait-elle pas. Il aurait voulu y croire mais n'y croyait plus. Il allait de nouveau faire un pas. S'enfoncer dans le labyrinthe peut-être à jamais avant d'entendre un bruit. Le LibreLune ne se retourna même pas. Il resta là, immobile. Attendant simplement une réaction de la part du nouveau venu. Il avait peur que ce soit elle tout en l'espérant de toute son âme. Il n'osait pas prononcer le moindre mot. Il était comme tétanisé. Il devait avoir l'air un peu idiot avec une patte ne touchant plus qu'à moitié le sol. Mais qu'importe. Il aurait voulu se retourner pour voir si c'était Melda qui se tenait dans son dos mais il était trop lâche pour ça. Il n'en avait pas le courage.

Je marchais tranquillement à travers le territoire, je me sentais mieux depuis que j'avais parlé à ma mère. Je ne savais toujours pas ce que je ressentais pour le beau LibreLune, mais je savais une chose... je ne voulais pas le perdre. Le labyrinthe et sa brume caractéristique se dessina devant moi, les murs végétals étaient immense et il aurait été facile de se perdre dans un tel lieu, mais je franchi tout de même l'entrée sans vraiment savoir pourquoi.

Je marchais tranquillement à l'affus du moindre bruit, j'étais concentré sur mes pas quand un bruit me vint aux oreilles. Le son provenait de l'autre côté de la ligné d'haie, celle à ma droite. Je me mis à courir jusqu'à contourné la barrière qui me séparait de... lui. Voilà ce qui avait fait du bruit. Il se tenait là, comme prêt à partir, dos à moi. Je l'observais un moment avant de m'approcher quelque peu. J'hésitais quel genre de réaction il aurait après que je sois parti comme une lâche. Je m'arrêtais à quelques pas derrière lui et c'est la voix tremblante que je pris la parole.

- Tsume... pardonne moi d'être parti comme je l'ai fait... j'ai eu peur...

- Tsume... pardonne moi d'être parti comme je l'ai fait... j'ai eu peur...

Oui, c'était bien elle. Son cœur rata un battement avant de repartir un peu plus rapidement qu'à l'accoutumée. Qu'est-ce qu'il se passait ? Non, il ne voulait pas se l'avouer. Pas alors qu'elle était là. Il ne devait pas, il n'avait pas le droit. Entre sentiments et son clan il ne savait pas vraiment ce qu'il devait faire. Il se dit qu'il ferait mieux de profiter de l'instant présent. Qui sait, elle venait de lui dire qu'elle avait eu peur peut-être était-ce de lui et peut-être ne la reverrait-elle jamais. Il ne savait pas et cette incertitude lui nouait le ventre d'appréhension. Il n'avait toujours pas le courage de se retourner. Il ne savait pas ce qu'il ferait s'il la voyait là, juste devant lui. Et, à vrai dire il ne voulait même pas savoir. Il ferait probablement une bêtise. Il chercha à dompter toutes les idées et les sentiments qui dansaient en lui tels des pantins désarticulés dont un membre parvenait toujours à échapper à son contrôle.

- Je suis à ce point terrifiant ? Ou la Salle peut-être. A moins que tu ne crois toujours pas à notre existence. Nous sommes effacés de vos vies depuis bien longtemps. Tu ne serais pas la première à penser que nous ne sommes rien qu'une légende.

Il avait voulu dompter sa voix mais n'y était parvenu qu'à demi. On sentait poindre la tristesse dans ses paroles. Lui aussi avait peur. Mais il avait peur d'autre chose, il avait peur de la perdre sans savoir comment la retenir. Il ne s'était toujours pas retourné. Il avait peur d'affronter ses deux grands yeux bleus. Ces yeux qui semblaient fouiller à en lui à chaque fois qu'il plongeait dedans. Il ne s'y laisserait plus prendre. Il devait rester fidèle à la guilde. C'était ce qu'on lui avait toujours enseigné. L'intérêt de la guilde passait avant celui de l'individu isolé. Ses intérêts étaient de rester auprès d'elle, il le sentait. Mais, pour le bien de la guilde, ils devaient continuer de rester secrets, cachés jusqu'à ce que Four Seasons aient réellement besoin d'eux.

"Je suis à ce point terrifiant ? Ou la Salle peut-être. A moins que tu ne crois toujours pas à notre existence. Nous sommes effacés de vos vies depuis bien longtemps. Tu ne serais pas la première à penser que nous ne sommes rien qu'une légende."

Tsume n'avait pas bougé d'un poils, si ce n'est qu'il avait reposer toutes ses pattes au sol ce qui lui donnait un air plus sûr de lui. Le LibreLune restait néanmoins dos à moi se qui me peina grandement, j'aurai voulu qu'il se retourne, mais je comprenais le pourquoi de cette immobilité. Non je n'avais pas peur de lui, ni des siens, ni de ce qu'il pouvait être ou faire, cela n'avait aucune importance. La seule chose dont j'avais peur c'était de mes propres sentiments, peur de le perdre à cause de son appartenance à la guilde qui lui interdit de préféré un clan aux autres.

- C'est de te perdre dont j'ai peur, peur que si ce que je crois ressentir pour toi s'avère vrai, je ne doives finir avec le coeur brisé à cause de ta guilde...

- C'est de te perdre dont j'ai peur, peur que si ce que je crois ressentir pour toi s'avère vrai, je ne doive finir avec le cœur brisé à cause de ta guilde...

Tsume eut chaud puis froid puis de nouveau chaud avant d'être encore glacé. Que venait-elle de dire ? Que venait-elle de dire ?! Son cerveau semblait s'être mis sur pause. Comme un disque rayé la phrase passait et repassait en boucle dans son esprit. Elle avait peur de le perdre ? Il avait peur de trop comprendre ce que ces mots voulaient dire. Il n'avait pas le droit ... Il ne devait pas, il ne comprenait pas pourquoi son cœur n'était pas d'accord avec son esprit. Il ne se retourna toujours pas. Il ne savait pas quoi lui répondre et savait que ses yeux le trahiraient. Elle semblait lire si facilement dans son esprit. Il ne pouvait pas permettre qu'elle découvre sa gêne, qu'elle le voit si perdu. Il avait voulu lui montrer le LibreLune sûr de lui, sûr de ce qu'il devait faire et des décisions qu'il prenait. Mais là, il n'était sûr de rien. Tout était embrouillé dans son esprit. Il baissa la tête et fixa le sol d'un regard vide.

- Très sincèrement je ne sais pas vraiment quoi penser de ce que tu viens de m'avouer. Je crois que je ressens aussi quelque chose pour toi mais les sentiments ne sont pas vraiment mon point fort ... Je n'arrive pas vraiment à me comprendre.

Il parlait toujours au vide devant lui plutôt que Melda. Il n'avait pas le courage de la regarder dans les yeux. Il n'était qu'un lâche et il le savait. Mais face à ces grands yeux bleus il savait que sa raison s'envolerait pour de bon.

"Très sincèrement je ne sais pas vraiment quoi penser de ce que tu viens de m'avouer. Je crois que je ressens aussi quelque chose pour toi mais les sentiments ne sont pas vraiment mon point fort ... Je n'arrive pas vraiment à me comprendre."

Il m'avait dit tout ça sans même faire un mouvement, seule sa tête avait baissée et il semblait fixer le sol devant lui. Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il voulait dire... il croyait ressentir quelque chose pour moi... ma mère avait peut-être raison finalement, peut-être que la guilde serait toujours plus forte pour Tsume que ce que je pouvais représenter. Après tout, je n'étais qu'une faible guérisseuse printanière, rien de bien intéressant. Les larmes c'étaient mises à couler sur mes joues, tant de tristesse que de colère, j'étais en colère contre lui, contre moi, mais d'autre part j'étais infiniment triste par que j'aurai du prévoir que cela finira comme ça...

- Je t'aime Tsume, je t'aime... j'aurai dû comprendre que ce ne serait pas réciproque qu'il aurait toujours ta guilde entre nous... et que tu la choisirais toujours.

Ma voix était tremblante et les sanglots qui me parcouraient ne m'aidaient vraiment pas. J'avais pratiquement hurlé les derniers mots. Malgré tout je restai là, immobile, pourquoi... surement parce qu'au fond de moi j'avais toujours de l'espoir, l'espoir que peut-être...

- Je t'aime Tsume, je t'aime...

Ces mots résonnèrent comme une révélation dans son esprit. Non, il ne pouvait pas lui tourner le dos. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas la quitter et retourner simplement à sa vie d'avant sans que ça n'ait de répercussion sur la suite. Comment avait-il simplement pu imaginer pouvoir partir ainsi ? Il ne savait plus. Les arguments qu'il avait monté précédemment dans son esprit refusaient de revenir se soumettre à son examen. Il ne parvenait plus à trouver la moindre raison logique à ne pas obéir à son cœur qui lui faisait presque mal de battre si fort. Il lui semblait qu'il voulait s'échapper de sa cage thoracique pour rejoindre celui de celle qu'il avait choisi. Il fallait qu'il lui dise tout ça. Il le fallait mais il ne parvenait pas à bouger le moindre muscle. Il avait peur, Melda poursuivit sur sa lancée.

- J'aurai dû comprendre que ce ne serait pas réciproque qu'il aurait toujours ta guilde entre nous... et que tu la choisirais toujours.

Tsume ferma les yeux de douleur. Il savait maintenant qu'il ne pourrait pas la quitter. Pas alors que ses mots lui faisaient l'effet d'un tisonnier ardent planté au centre de son être. Il rouvrit doucement les yeux, maintenant certain de sa résolution. Il avait déjà trop donné à la guilde. Il savait que d'autres loups avaient déjà sacrifié leur amour pour elle et que cela n'avait rien donné de bon. Il ne voulait pas chérir un souvenir, il voulait aimer Melda, cette louve bien de chaire et de sang qui l'avait ensorcelé. Il se tourna lentement vers elle. Son cœur bondit une nouvelle fois dans sa poitrine lorsqu'il la vit. Elle était encore plus belle que quelques jours auparavant. A moins que ce ne soit sa vision qui avait changé. Il se sentit triste lorsqu'il vit les traces de larmes sur son pelage crème. C'était de sa faute. Il l'avait faite souffrir avant même de lui avouer son amour. Il fit quelques pas en avant de façon à se retrouver à moins d'un mètre d'elle. Il ne savait pas s'il avait le droit de franchir cette distance. Dans le doute et par peur de la voir s'enfuir de nouveau il en resta là. Lorsque sa voix s'éleva on pouvait sentir toutes les émotions contradictoires qui l'habitaient. L'amour, la tristesse, un poil de colère qu'il ressentait après lui même pour avoir fait pleurer l'élue de son cœur. Mais l'amour était ce qui transparaissait le plus dans sa douce voix grave.

- Je suis désolé. Désolé d'avoir été si long à comprendre. A comprendre que la guilde pouvait passer en second pour une fois.

Le loup au pelage gris prit une profonde inspiration avant de continuer, dans un presque murmure, comme s'il lui révélait là le plus précieux des secrets.

- Je t'aime Melda, ma belle automnale.

Il releva enfin les yeux et planta ses prunelles couleur fer dans le bleu des siennes. Il lui sourit avec toute la tendresse du monde sans toutefois oser s'avancer d'avantage. Il ne savait pas comment elle allait réagir. Il avait si peur de la voir se détourner de lui une fois de plus.

Tsume se tourna tranquillement pour se retrouver face à moi, après des secondes qui m'avaient paru des heures tant mon coeur se débattait dans ma poitrine. Il fit quelques pas dans ma direction, mais s'arrêta pour laisser une courte distance entre nous. J'étais tiraillé entre ma raison qui me criait de m'enfuir, qu'il m'avait assez fait souffrir et mon coeur qui ne voulait pas le laisser partir.

- Je suis désolé.

Désolé, il m'avait déjà dit ce mot tant de fois et chaque fois je lui avais aveuglément pardonner, mais cette fois il m'avait trop fait souffrir pour s'en sortir si facilement. Sa voix me troublait, j'avais l'impression qu'il n'avait jamais été aussi tendre... aussi amoureux...

- Désolé d'avoir été si long à comprendre. A comprendre que la guilde pouvait passer en second pour une fois.

Je relevais la tête en entendant ses derniers mots. J'avais eu raison d’espérer, d'attendre qu'il comprenne, même s'il m'avait fallu souffrir pour entendre ces mots si doux à mes oreilles. Tsume inspira profondément avant de continuer en un murmure.

- Je t'aime Melda, ma belle automnale.

Le regard de Tsume se riva au mien sans qu'aucun de nous ne détourne la tête. Le loup me sourit tendrement alors que je restais là immobile, encore en train de me rejouer en boucle ses paroles dans ma tête. Aucune pensée cohérente ne me passait par la tête tandis que je me perdais dans ses yeux. Les larmes coulaient toujours sur mes joues, mais de bonheur cette fois. Je me permis de franchir la distance que Tsume avait laissé entre nous. J'étais si près de lui, plus que je ne l'avais jamais été sans en ressentir aucune gêne, mais plutôt une joie intense.

- Tu es tout pardonné beau LibreLune

Tsume vit des larmes rouler sur ses joues. De l'inquiétude commença à se former dans son esprit. Qu'avait-il dit ? Qu'avait-il encore dit ? Il avait pourtant si bien voulu faire. Il avait tant voulu mettre toute son affection dans ses mots. Mais il avait échoué. Encore ... Il ne savait vraiment pas s'y prendre avec elle. Pourquoi gâchait-il toujours tout ? Il était prêt à tourner les talons lorsqu'elle se décida enfin à parler.

- Tu es tout pardonné beau LibreLune.

Elle avait franchi les quelques centimètres qui les séparait. Le loup gris n'aurait eu qu'à étendre le cou pour la toucher du bout du museau. Elle l'avait retrouvé et s'était avancée. C'était à son tour de faire de même. Il franchit d'un petit pas un peu hésitant la distance qui les séparait encore. Il avait envie de l'embrassait mais n'osait pas. Elle lui avait dit qu'elle l'aimait et il lui avait rendu la pareille mais il ne se sentait pas assez audacieux pour avoir le droit de violer ainsi son intimité. Pas aussi subitement même s'il en aurait eu envie. Il se contenta d'essuyer les larmes qui avaient coulé sur ses joues. Il n'aimait pas la voir pleurer même si c'était ces petites perles salées qui lui permettaient de soigner les autres. Il profita de cette proximité pour humer l'odeur qu'elle portait sur elle. Cette odeur de terre mouillée et une fine senteur de fleur. Il déposa un baiser sur son front tandis qu'il s'éloignait un peu. Non, il ne se sentait pas le droit de l'embrasser. Pas encore, pas alors qu'il l'avait encore faite pleurer. Sa voix était un peu indécise. Il avait toujours peur de la voir s'évaporer comme par magie. Il ne croyait toujours pas que ce bonheur puisse être le sien.

- Je n'aime pas te voir pleurer. Même quand ce n'était que pour soigner les égratignures. Le sourire te va bien mieux que les larmes, c'est ici que sa voix se brisa, une seconde, le temps qu'il se reprenne. Es-tu sûre que tu ne vas pas t'en aller ? Que je ne vais pas me réveiller seul demain ? Que tu ne te seras pas envolée comme un songe trop merveilleux pour qu'il me soit accordé ?

On pouvait sentir une certaine crainte dans sa voix. Il n'avait pas l'habitude de dévoiler ce côté ci de sa personnalité. Le côté maladivement inquiet et sans cesse à la recherche du bonheur, d'un bonheur qu'on ne pourrait lui arracher. Mais à elle il pouvait lui montrer. Il pouvait tout montrer à Melda n'est-ce pas ? Elle était destinée à connaître tous les secrets de son cœur alors pourquoi ne pas commencer maintenant ? Ils n'avaient que trop attendus. Il baissa de nouveau les yeux vers le sol. Pour la première fois depuis bien longtemps il sentait ses paupières le brûler. Il n'allait tout de même pas pleurer. Il cilla pour faire fuir les perles translucides de ses yeux. Ce n'était pas le moment. Il ne pouvait se laisser à être faible. Il l'avait suffisamment été face à elle. Il voulait bien partager toutes ses joies et ses peines mais pas passer pour un moins que rien.
Il releva la tête, effleurant au passage le museau de l'automnale. Il sentit son coeur se mettre à battre plus vite et plus fort. Il allait exploser de bonheur si cela continuait. Il ne savait plus où donner de la tête. Il resta là, son museau à quelques millimètres du sien.

C'est d'un pas incertain que Tsume franchi les derniers centimètres nous séparant. Le loup gris essuya doucement mes larmes et je m'efforcais d'arrêter de pleurer, il n'avait pas trop l'air d'apprécier mes larmes, même si s'en étaient de joie. Ses lèvres se posèrent doucement sur mon front en un tendre baiser puis mon LibreLune s'éloigna. Non, reviens. Voilà ce que j'avais envie de lui crier, mais je le regardais impuissante à attendre le prochain mouvement, la prochaine parole de sa part.

- Je n'aime pas te voir pleurer. Même quand ce n'était que pour soigner les égratignures. Le sourire te va bien mieux que les larmes. Es-tu sûre que tu ne vas pas t'en aller ? Que je ne vais pas me réveiller seul demain ? Que tu ne te seras pas envolée comme un songe trop merveilleux pour qu'il me soit accordé ?

Le regard de Tsume se porta à nouveau vers le sol tandis que ses paroles prenaient un sens douleureux dans mon esprit. Comment pouvait-il croire que je pourrai partir, l'abandonner alors que tout ce que je voulais c'était qu'il reste avec moi. Il doutait encore de moi et cela me fendait le coeur. Je n'avais aucune idée comment lui faire comprendre mes sentiments, comment lui faire voir que tout cela est bien plus que des mots, bien plus profond et intense que tout ce que j'aurai pu imaginer vivre. Le loup gris releva la tête, frolant mon museau du sien au passage. Mon coeur rata un battement tandis que mon corps était pris d'un frison d'origine trop bien connu. Il resta là, à me regarder de si près et je ne pus que rester immobile. Ma voix était tendre quand elle s'éleva dans l'air frais du labyrinthe.

- Je resterai tant que tu le voudras, je partirai seulement si tu le désires. Je suis tout à toi et céderai à la moindre de tes volontés... même si cela devait me briser le coeur.

Je respirai calmement, attendant une réaction de sa part. J'étais nerveuse, incertaine, malgré sa déclaration d'amour. J'avais si peur de le perdre, qu'il ne devienne qu'un souvenir qui me ferrai pleurer dans les moments sombres de mon existence. Je n'aspire désormais qu'à une chose : rester près de lui, même si cela devait m'éloigner des miens.

- Je resterai tant que tu le voudras, je partirai seulement si tu le désires. Je suis tout à toi et céderai à la moindre de tes volontés... même si cela devait me briser le coeur.

Sa voix était tendre mais teintée de tristesse. Et voilà, il avait encore gaffé. Il ne savait vraiment rien faire d'autre. La louve n'avait pas détourné le regard. C'était tout de même une bonne chose n'est-ce pas ? Il tentait de se persuader que c'était vrai. Qu'elle était bien réelle et que, non, elle n'allait pas s'envoler et lui laisser un goût amer dans la gueule. Il se força à se calmer. Elle venait de lui assurer que non. Elle venait de lui assurer qu'elle resterait à ses côtés pour toujours. A jamais sienne. A jamais à deux.
Tsume franchit de nouveau la faible distance qui les sépara. Il fourra son museau dans le collier de poils de Melda, humant son parfum à plein poumons. Il ne pourrait plus s'en passer. Plus maintenant. Pas alors qu'il savait à quel point l'amour pouvait être doux. Pas alors qu'elle était avec lui. Il murmura à son oreille. Sa voix était un peu étouffée au vu de sa position.

- Je ne suis pas un tyran. Et ... je ne voulais pas te faire souffrir en te posant ces questions. Tellement de loups sont passés près de moi pour ensuite me quitter. Je ne veux pas qu'il se passe la même chose avec toi.

Il resta ainsi quelque temps. Il se sentait bien pressé ainsi contre elle. Comme si, tant qu'elle restait ainsi prisonnière de son étreinte, jamais elle ne pourrait s'en aller. Il alla jusqu'au bout de sa pensée. Il voulait pouvoir tout lui dire. Être sûr qu'elle pourrait réellement l'accepter tel qu'il était.

- L'abandon me fait si peur depuis la mort de mon mentor. Kaede est partie trop tôt et trop vite. Rester seul était une protection contre la déchirure du départ. Je tente de rester fort mais cette peur m'étouffe parfois.

Il n'osait pas bouger. Peut-être allait-elle le quitter sur ces dernières paroles. Peut-être n'allait-elle voir en lui qu'un être faible, insignifiant et incapable de la protéger contre un avenir pas forcément rose. Mais il devait affronter son regard, il le devait. Il fallait qu'il sache. Il quitta son recoin réconfortant. Il lui offrit un baiser à la commissure des lèvres en se redressa. Il affronta de nouveau les yeux bleus de sa belle. Une lueur incertaine dansant dans ses prunelles grises.

Tsume s'était approché, venant mettre son museau dans mon cou et je cru un instant que mon coeur allait cesser de battre. Je pouvais sentir son odeur si douce aussi près de moi et je fermais les yeux en me laissant emporter par son parfum délectable. Le LibreLune me murmura doucement à l'oreille.

- Je ne suis pas un tyran. Et ... je ne voulais pas te faire souffrir en te posant ces questions. Tellement de loups sont passés près de moi pour ensuite me quitter. Je ne veux pas qu'il se passe la même chose avec toi.

Bien entendu qu'il n'est un tyran, il est seulement ma drogue sans laquelle je ne pourrai vivre. Oh Tsume, si tu savais à quel point tu es loin de me faire souffrir, seule la pensée de te perdre me fait souffrir.

- L'abandon me fait si peur depuis la mort de mon mentor. Kaede est partie trop tôt et trop vite. Rester seul était une protection contre la déchirure du départ. Je tente de rester fort mais cette peur m'étouffe parfois.

J'aimais que Tsume soit si honnête avec moi, qu'il m'avoue ses peurs et cela ne fessait pas de lui un faible, loin de là. J'adorais son côté sensible. Tsume redressa la tête et laissa un petit baiser à la commisure de mes lèvres. Ses yeux plongèrent dans les miens et j'eu à nouveau l'impression de fondre sous son regard grisâtre. J'étais grandement insatisfaite, j'étais là à lui faire toute les promesses du monde pour lui faire comprendre que je n'allais pas l'abandonner, jamais, j'en serai incapable et lui ne semblait pas me croire. Je baissai la tête de déception.

- Quand comprendras-tu que je partirai pas? Jamais je ne pourrai partir... jamais je ne pourrai t'abandonner. Quand comprendras-tu que je t'aime sans condition, de manière inconditionelle pour toujours et que seule la mort pourra me séparer de toi..

Je m'étais remis à pleurer alors qu'il venait de me demander de ne plus le faire, mais j'étais incapable de garder toutes les émotions en moi. La joie, la peur, la tristesse, la colère, tout ce mêlait dans mon esprit, mais l'amour était le plus fort de tout les sentiments qui m'habitaient.

- Quand comprendras-tu que je partirai pas? Jamais je ne pourrai partir... jamais je ne pourrai t'abandonner.

Il ne savait pas. Il ne parvenait tout simplement pas à comprendre comment lui pouvait parvenir à avoir droit à sa parcelle de bonheur, à son bout d'amour et de ciel bleu. Il avait si longtemps cru qu'il finirait sa vie seul. Il ne voyait pas d'autres solutions pour rester totalement impartial. Mais il savait maintenant qu'aimer Melda ne voulait pas dire que le clan automnal était celui qu'il aimait le plus. Il aimait une louve, pas une saison. Il vit les yeux de cette dernière s'emplir de larmes. Non non non ! Il ne fallait pas qu'elle pleure.

- Quand comprendras-tu que je t'aime sans condition, de manière inconditionnelle pour toujours et que seul la mort pourra me séparer de toi...

Les larmes roulaient sur les joues de sa belle automnale. Tsume sentit son cœur se serrer. Que l'amour pouvait être douloureux. Voir ainsi les larmes brouiller ses yeux l'emplissait lui même de peine. Ne pouvait-il pas se taire un peu ? Ne pouvait-il pas cesser de dire des choses qui la faisait invariablement souffrir ou pleurer ? La tristesse de Melda devenait la sienne tandis qu'il mourrait d'amour pour elle. Il ne savait plus quoi dire. Il ne savait que la faire pleurer ... Quoique ... Il se pencha vers elle est déposa ses lèvres sur les siennes. Ce baiser n'était presque qu'un effleurement. Un baiser aux ailes aussi délicates que les ailes d'un papillon. Il était porteur de tant de choses, de tant de promesses, mais surtout d'amour. Non, il le savait. Il savait qu'elle ne le quitterait pas. Pas maintenant. Il le savait, il fallait simplement qu'il se fasse à cet état de faits. Son cœur battait la chamade. Incertain de la réaction qu'aurait sa douce Melda. Il savait que son cœur ne battrait plus que pour elle. Tout se mélangeait en lui. Ses sentiments tourbillonnaient, enivrants. Il se recula de nouveau mais resta assez près d'elle pour que leurs museaux se touchent. Il eut un sourire empli de tendresse pour la louve.

- Je sais tout ça. Laisse moi juste le temps de m'habituer. J'ai vécu seul si longtemps. J'avais oublié que l'amour pouvait nous libérer de bien des chaînes.

Lui, l'amour l'avait libéré des LibresLunes. Il aimait sa guilde mais savait qu'elle pouvait passer en second. Qu'il pouvait l'oublier quelques temps sans que personne ne lui en tienne rigueur. Il pouvait presque percevoir la voix appréciatrice de Kaede. Elle lui aurait dit qu'il avait bien fait. Elle le laissait toujours vivre comme il l'entendait. Ne cherchant que son bonheur. Le bonheur, il l'avait trouvé.

Tsume déposa un baiser doux comme un nuage sur mes lèvres, un baiser qui voulait tout dire et tout promettre à la fois. Le loup se recula en gardant son museau contre le mien, tandis que j'essayais de calmer les battements de mon coeur, mais c'était peine perdue. La sensation de ses lèvres sur les miennes m'était restée en tête et me faisait littéralement fondre. Une amoureuse pleurnicharde, voilà exactement ce que j'étais en ce moment.

- Je sais tout ça. Laisse moi juste le temps de m'habituer. J'ai vécu seul si longtemps. J'avais oublié que l'amour pouvait nous libérer de bien des chaînes.

Je souris franchement à Tsume, je lui laisserai tout le temps dont il aurait besoin, tant qu'il ne prenait pas la fuite. Je penchais la tête pour déposer à mon tour un baiser sur ses lèvres, une promesse d'éternité, une promesse d'amour, voilà ce que ce simple geste représentait pour moi. J'enfouis ma tête dans son cou et je restais là à respirer son odeur apaisante. Je levais finalement la tête pour capturer le regard de mon beau LibreLune.

- Allez viens...

Je m'éloignais rapidement en jetant un coup d'oeil derrière moi pour voir si Tsume allait bien me suivre. Quand j'en eus la certitude, je me remis à marcher, peignant les feuilles des murs du labyrinthe sur mon passage pour laisser une piste colorée à mon loup.

Ce fut au tour de Melda de l'embrasser. Tsume aurait voulu répondre mieux qu'il ne le faisait à l'affection de la belle louve. Mais il s'en sentait incapable. Il ne savait comment faire. Alors il la laissa enfouir sa tête dans les poils de son collier. Il sentait son odeur qui l'embaumait. Il savait que s'il rencontrait ensuite d'autres loups de la guilde ils ne manqueraient pas de sentir son odeur sur lui. Avant cela l'aurait affolé mais, maintenant, cela importait peu. Il savait qu'il pourrait y avoir des conséquences néfastes pour lui mais qui avait-il de plus important que les douces lèvres de Melda et de son cœur qui battait si fort pour elle ? En cet instant rien. Rien n'importait plus qu'elle. Sa belle louve se détacha finalement de lui et le regarda, une étincelle malicieuse dans ses yeux bleus. Qu'allait-il se passer maintenant ?

- Allez viens...

Le LibreLune était surpris. Tellement surpris qu'il commença par ne pas bouger un muscle. Il la regarda s'enfoncer un peu plus dans le labyrinthe. Il avait un mauvais pressentiment. Il ne fallait pas s'enfoncer dans cet enchevêtrement de branches et de buissons. Il aurait voulu l'arrêter mais elle lui jeta une regard lui demandant s'il était prêt à la suivre. Il lui emboîta le pas. Tous les dangers du monde pouvaient bien se dresser devant eux ce n'était plus important. Elle seule importait. Le LibreLune suivit la louve qui disparaissait et réapparaissait au grès des tournants du labyrinthe. Tsume suivait parfois simplement les feuilles aux couleurs changeantes qui ne pouvaient être que son fait. Le loup gris aimait bien ce pouvoir même si son aimée disait qu'il ne servait à rien. Il allongea ses foulées. Se retrouvant maintenant à ses côtés. Ils avançaient épaule contre épaule. Ils ne faisaient qu'un. La voix du LibreLune brisa le silence qui les enveloppait.

- Est-il vrai qu'un monstre habite par ici ? Je n'ai jamais vérifié si cette affirmation était vraie. Et, pour tout te dire, je ne suis pas vraiment pressé de le savoir.

Il la regarda du coin de l’œil tout en surveillant tout de même le chemin qui s'étalait devant lui. Il ne voulait pas risquer de se prendre les pattes dans une racine. Sa voix grave était emplie de tendresse lorsqu'il lui parla de nouveau. Il ne parvenait pas à se faire à l'idée qu'elle était là, avec lui. Pour lui. Ensemble à jamais.

- Où veux-tu que nous allions comme ça ?

Tsume me suivait tandis que je disparaîssait derrière les buissons tout en laissant ma trace sur mon passage. Chaque fois mon loup me retrouvait et il vint finalement marcher à mes côtés. Nous marchions côte à côte en silence, je me sentais bien avec lui. Sa voix grave et envoutante brisa le silence.

- Est-il vrai qu'un monstre habite par ici ? Je n'ai jamais vérifié si cette affirmation était vraie. Et, pour tout te dire, je ne suis pas vraiment pressé de le savoir.

J'avais attendu parler de cette légende, mais je ne savais pas à quel point elle était réelle. Quelle partie du mythe était vérité et qu'est ce qui n'était que pure mensonge. Je n'avais jamais croisé de réelle menace en ce lieu, alors je me disais qu'il ne devait pas avoir grand chose de dangereux par ici ou bien s'est que je parrais si innoncensive que les monstres me trouvent sans intérêt.

- Où veux-tu que nous allions comme ça ?

Secret mon cher, tu le sauras quand nous arriverons et pas avant. J'avais arpenté souvent ses lieux jusqu'à en découvrir des endroits merveilleux bien que cela puisse parraître innusité, ce labyrinthe renferme des trésors innestimables. Je tournais la tête vers Tsume et lui souris tendrement avant de briser le silence.

- J'ignore s'il y a vraiment des monstres dans le labyrinthe, du moins j'en ai jamais croisé durant mes visites par ici. Alors, j'estime qu'il ne doit pas en avoir ou qu'ils n'avaient rien contre moi.

Je continuais à marcher, accélérant le pas pour finir par tourner vers la droite. Cet endroit était le mien, si l'on peut vraiment dire qu'un lieu nous appartient. J'y avais passé tellement de temps étant plus jeune, je venais ici chaque fois que j'avais besoin de m'isoler pour réfléchir, j'avais beaucoup pensé à mes origines ici. Chaqu'un de mes passages étaient marqué par un bouquet de feuilles colorées, si bien que pratiquement tout le périmètre était peint de couleurs flamboyantes. Ce lieu était pour moi une magnifique représentation de mes origines : un parterre de fleur odorante, les feuilles aux couleur de l'automne qui ornaient l'arbre assurément centenaire tronant fièrement au centre de ce lieu, le petit étang glacé en permance même durant les chaleurs de l'été et la température toujours agréable de ce lieu. Voilà ce que je voulais montrer à Tsume. Je savais d'où il vient, du moins ce qu'il avait bien voulu me dire, mais jamais nous avions parlé de mes origines à moi. Je m'avancais pour aller m'asseoir sous l'arbre, là où je m'étais si souvent assise par le passé. Je laissais à Tsume le temps d'observer l'endroit avant de dire quoique se soit, me préparant à ses questions.

- J'ignore s'il y a vraiment des monstres dans le labyrinthe, du moins j'en ai jamais croisé durant mes visites par ici. Alors, j'estime qu'il ne doit pas en avoir ou qu'ils n'avaient rien contre moi.

Tsume remarqua qu'elle ne lui avait pas répondu quant au "où" mais il n'insista pas. Son sourire malicieux annonçait une surprise. Si elle lui avait demandé comment était la Salle du Conseil lui aussi aurait gardé le silence pour lui garder toute la surprise de la découverte. Il attendit donc et se tut. Le silence qui était entre eux n'était plus pesant. Ce n'était pas ce silence qui avait était entre eux au début.

Ils tournèrent une dernière fois à droite et il put ouvrir de grands yeux émerveillés. Heureusement que Melda ne lui avait rien dit. Il ne l'aurait pas cru si elle lui avait parlé de ce petit étang gelé alors même qu'il faisait assez chaud et du joli bouquet de fleurs qui se trouvait à côté. Des feuilles sur le grand arbre qui surplombait le tout étaient colorées de jaune et d'orange. Le LibreLune regarda sa belle louve qui était partie s'assoir dans un endroit qui lui semblait parfaitement habituel. Tsume alla se placer près d'elle, l'embrassant doucement au passage. Il s'assit juste à côté d'elle. Leurs poils s'emmêlant en un étrange mélange de gris fer et de crème. Il avait besoin de la sentir aussi proche de lui. Comme pour se persuader que c'était bien vrai. Que c'était bien pour lui ce bonheur. Pas pour quelqu'un d'autre.

- Cet endroit est beau. On dirait que l'hiver, l'automne et le printemps se mêlent. Merci de me l'avoir montré. Je ne l'aurai jamais découvert sans toi.

Il aurait presque voulu ajouter : J'ai découvert bien des choses grâce à toi. Mais il s'abstint. Il ne voulait pas être pénible pour elle en tombant dans un amour mielleux. Il la voulait simplement elle. Il ne voulait pas la perdre pour simplement quelques paroles mal dites ou mal interprétées. Il commença à chantonner un air sans paroles. Il ne savait même pas vraiment d'où il venait. Il se souvenait juste que c'était Kaede qui le lui chantonnait lorsqu'il était triste ou lorsqu'elle était contente. Elle n'avait jamais voulu lui dire d'où elle tenait cet air. Cela faisait partie des quelques secrets qu'elle conservait.

Tsume vint me rejoindre sous l'arbre après avoir regarder le décor inhabituel. Au passage, il déposa un baiser sur mes lèvres qui me fit de nouveau frissonner. Je le sentais désormais tout près de moi, assis juste là à mes côtés.

- Cet endroit est beau. On dirait que l'hiver, l'automne et le printemps se mêlent. Merci de me l'avoir montré. Je ne l'aurai jamais découvert sans toi.

Il avait bien raison, personne n'avait découvert mon secret pour le moment. Tsume m'avait fait confiance en me montrant la salle de sa guilde alors à mon tour de lui faire confiance et de lui montrer une partie de ma vie en un lieu. Mon loup entreprit de chantonner une mélodie, c'était... indescriptible, beau tout simplement pourrait-on dire, mais c'était plus que ca. Je restais là un moment, perdu dans mes pensées à écouter le LibreLune chantonner tout près de mon oreille. Je levais les yeux vers lui avec tendresse avant d'interompre sa mélodie.

- C'est un air magnifique, même ma petite soeur Mélodie, qui pourtant chante très bien ne m'a jamais fait entendre quelque chose d'aussi...

Il n'y avait pas de mot pour dire tout ce que j'aurai voulu dire. Je me contentais de me blottir un peu plus près de Tsume, je ne pouvais peut-être pas mettre de mot sur mes pensées, mais je pouvais lui faire sentir ce que je ressentais, à tout de moins essayer. Je fermais les yeux, me laissant emporter par la mélodie qu'il s'était un instant remis à chantonner. Les souvenirs me revenaient en tête et je me revoyais gamine en très de glisser sur l'étang gelé, peingnant les murs feuillus du labyrinthe ou bien en train de grimper aux branches de l'arbre.

- Je venais souvent ici quand j'étais plus jeune, c'était en quelque sorte mon refuge contre les problèmes de ma vie, le seul lieu où je peux être entièrement moi-même sans avoir à me soucier du jugement des autres.

- C'est un air magnifique, même ma petite soeur Mélodie, qui pourtant chante très bien ne m'a jamais fait entendre quelque chose d'aussi...

La voix de Melda l'avait interrompu dans sa mélodie mais il ne s'en offusqua pas, au contraire. Sa voix à elle seule était une musique. L'amour rendait terriblement niais, se dit-il. Mais il ne fit pas part de sa réflexion à son aimée. Il ne voulait pas gâcher de si bons moments par un cynisme mal placé. D'autant plus que cela pouvait tout aussi bien passer pour du romantisme. L'automnale se blottit contre lui, coupant court à ses pensées, faisant battre son cœur à tout rompre. Il se remit à chantonner ce que Kaede appelait le chant de la Lune sans qu'il ne sache réellement pourquoi. Il regarda du coin de l’œil sa belle louve clore les paupières. Elle semblait se laisser porter par ce qu'il chantonnait. Elle finit pourtant par prendre de nouveau la parole tandis que lui refaisait silence. Il ne voulait pas noyer ses mots sous une chanson chantonnée moi bien que ne le faisait son mentor.

- Je venais souvent ici quand j'étais plus jeune, c'était en quelque sorte mon refuge contre les problèmes de ma vie, le seul lieu où je peux être entièrement moi-même sans avoir à me soucier du jugement des autres.

Tsume enfouit sa tête contre l'épaule de sa belle. Il ne savait pas vraiment ce que c'était que de subir le jugement des autres. Kaede avait tout fait pour le tenir à l'écart des intrigues de la guilde. Et tous les membres gardaient pour eux leurs pensées, que leur jugement pour quelqu'un soit bon ou mauvais cela n'avait aucune importance puisqu'ils n'en parlaient jamais. Il se redressa, simplement heureux d'être là, sans porter ni masque ni carapace. Il n'était rien d'autre que lui. Ni LibreLune, nu gardien, ni quoique ce soit. Il n'était que Tsume.

- Moi je t'aime pour ce que tu es. Les autres ont bien tort de te juger. Et qu'ils s'avisent de venir te chercher des ennuis. Maintenant que je suis là tu n'as plus rien à craindre.

Il lui lança un petit regard entendu. Un peu trop protecteur ? Peut-être bien. Mais il comptait bien à ce que son entraînement lui soit un minimum utile pour conserver en bonne santé sa compagne. Il n'hésiterait pas une seule seconde à faire la peau à quiconque voulant la lui enlever. Il n'était pas violent d'ordinaire mais il savait que cette situation était inédite. Inédite et totalement différente. Il laissa quelques secondes de silence planer entre eux, pleines de non-dits et de sous-entendus.

- Kaede m'a dit un jour qu'il n'y avait qu'un seul combat qui en vaille vraiment la peine : la protection de ceux qui nous sont chers.

Spoiler:

Tsume déposa sa tête sur mon épaule en un douce étreinte, je respirais calmement son odeur fraîche comme les rayons de la lune. Mon loup releva la tête et j'attendis patiemment que ça voix s'élève dans le silence.

- Moi je t'aime pour ce que tu es. Les autres ont bien tort de te juger. Et qu'ils s'avisent de venir te chercher des ennuis. Maintenant que je suis là tu n'as plus rien à craindre.

Je souris au dernière parole de mon... amoureux. Bien entendu que je n'avais rien à craindre en sa présence, il avait été entraîné pour protéger les autres après tout. Le silence s'installa un moment, un silence agréable contrairement à ceux qui avaient été notre condition au début de notre rencontre.

- Kaede m'a dit un jour qu'il n'y avait qu'un seul combat qui en vaille vraiment la peine : la protection de ceux qui nous sont chers.

Je levais la tête pour déposer un baiser sur ses lèvres si douces qui semblaient m'attendre juste là tout près. Je m'appuyais fortement contre lui un moment avant de me relever en souplesse pour me planter juste devant lui. Je mis montre nez contre le sien avant de murmurer tout bas.

- Alors je te protégerai aussi, même si tu t'y opposes.

Un sourire franc se dessina sur mon visage, Tsume me rendait heureuse comme rien ne m'avait rendu heureuse avant aujourd'hui. Je reculais d'un pas pour mieux le regarder, erreur bête de ma part... Je posais par accident la patte sur l'étang glacé ce qui eut pour effet de me faire perdre l'équilibre et je m'étendis sans aucune grâce sur la glace.

Sa belle louve lui déposa un baiser sur les lèvres. Aussi léger qu'un ange, encore une fois. Il sourit de contentement. Il aimait bien cette sensation même si elle n'était pas semblable à ce que devait être un fougueux baiser. Il savait que cela existait mais n'était pas vraiment prêt à tester. Il se contenterait de ces doux effleurement encore quelques temps. Melda se recula un tout petit peu, leurs museaux continuant de se toucher, ne rompant pas le contact.

- Alors je te protégerai aussi, même si tu t'y opposes.

Il répondit sans retenue au sourire radieux qu'elle lui offrait. Le futur leur dirait bien qui serait supposé protéger qui. Il espérait que ce serait à lui de prendre les risques. Il ne voulait pas qu'il arrive quoi que ce soit à son aimée. Il la vit reculer encore et voulut la prévenir que juste derrière elle se trouvait le petit lac gelé. Mais il n'eut pas le temps de prononcer une parole que Melda s'affala au sol. Elle semblait bien moins gracieuse en cet instant que lorsqu'elle s'était redressée pour lui faire face. Tsume ne put s'empêcher de rire devant la mine défaite de sa compagne. Elle était si semblable à un louveteau en cet instant ! Il la trouvait tout simplement adorable. Il ne voulait pas qu'elle se vexe aussi ajouta-t-il entre deux gloussements :

- Excuse moi, vraiment mais tu verrai la tête que tu fais.

Cessant de rire il se pencha pour l'aider à se relever. Il n'allait pas la laisser ainsi étalée sur le sol tout de même. Il ferait un bien pitoyable chevalier servant sinon. Il s'approcha doucement prenant garde à ne pas poser la patte sur la glace. Mais, ce qui devait arriver arriva, et il ne trouva à son tour la truffe sur la glace. Museau à museau avec sa douce. Il rit encore. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas amusé comme ça. Même si ce n'était pas pour grand chose. Il soupçonnait son rire d'être un tant soit peu nerveux. Il avait eu si peur de ne jamais la revoir. Il relâchait un peu la pression.

- Voilà, maintenant tu dois avoir un assez bonne idée de la tête que tu as faite en tombant.

Il tenta de se relever sans que ce soit très fructueux. Il retomba en avant, manquant s'assommer par la même occasion. Sûr qu'il avait l'air malin le grand LibreLune. Mais cela ne lui faisait pas perdre la bonne humeur. Il eut alors une idée. Il allait faire une utilisation inédite de sa greffe. Il transforma ses coussinets en diamant. C'était plus difficile de transformer ainsi sa peau que ses poils mais faisable. Il put ainsi se redresser sans difficulté. Les petites irrégularités de ses pattes adhérant parfaitement à la glace maintenant qu'elles étaient solidifiées. Il sourit à Melda.

- Tu peux t'agripper à moi si tu as besoin pour te relever.

Tsume me rendit mon sourire avant d'éclater de rire au moment où je m’étalais sur la glace. Je ne fus pas vexée loin de là, mais plutôt heureuse d'avoir réussit à faire rire mon LibreLune si sérieux à l'habitude.

- Excuse moi, vraiment mais tu verrai la tête que tu fais.

J'imaginais très bien ma tête, je devais avoir l'air d'une petite louve qui s'amuse. Tsume cessa de rire pour se pencher afin de m'aider à me relever, mais une de ses pattes se posa sur la glace et il tomba à son tour sur l'étang gelé. Le museau de mon loup vint se poser tout près du mien et il rit de nouveau. J'adorais le rire de Tsume, j'arrivais si facilement à retomber en enfance avec lui.


- Voilà, maintenant tu dois avoir un assez bonne idée de la tête que tu as faite en tombant.

Une sourire illumina mon visage suite aux paroles de Tsume. Il tenta en vain de se relever, mais il tomba à nouveau en avant manquant de se cogner la tête au passage. Les coussinets du LibreLune s'illuminèrent soudain, devenant argentés comme son pelage sous la lune. Mon loup se redressa ensuite facilement, ses pattes ne se dérobant plus sur la glace. Une sourire traversa son visage avant que sa voix grave s'élève.

- Tu peux t'agripper à moi si tu as besoin pour te relever.

Je lui souris avant de me redresser pour me retrouver assise sur la glace. J’étais si souvent tombé sur la glace que m'en sortir était désormais chose facile, mais je ne voulais pas décliner l'offre de Tsume. Si bien que je pris appui sur lui pour me redresser en souplesse. J'effleurai ses lèvres des miennes avant de me donner un élan pour me laisser glisser en douceur sur les fesses pour atteindre la berge de l'étang.

Il me suffit d'un pas pour quitter la surface glissante et reprendre contact avec la stabilité qu'offre le sol du labyrinthe. Je restais un moment à observer Tsume, toujours immobile sur la glace. J'avais du mal à croire que son coeur était mien, tant cela était nouveau. Après tout, jamais je n'avais été si proche d'un loup de sexe opposé.

- Je t'aime

Ma voix n'avait été qu'un murmure, mais j'étais sur qu'il l'avait entendu.

Sa belle louve s'assit sur la glace, bien moins pataude que lui sur cette étendue glacée. Elle ne semblait pas vraiment avoir besoin de son aide mais elle s'appuya tout de même contre lui. Tsume sentit son cœur s'emballer. Son état ne s'arrangea pas lorsqu'elle l'embrassa doucement. Il ne pouvait plus bouger ou, tout du moins, il ne voulait plus bouger. Il voulait que cet instant dure toujours. Que jamais Melda ne s'éloigne de lui. Mais elle s'éloigna, pas très loin mais tout de même. Il la regarda avec amour, sentant toute la tendresse qu'il ressentait pour elle monter par vague en lui. Il l'aimait tant. Ce sentiment tout nouveau pour lui fut encore amplifié lorsque le vent porta les paroles de son aimée :

- Je t'aime

Un sourire lui barra le visage et il se mit à trottiner vers sa louve. C'était moins élégant que la glissade qu'elle avait fait mais il ne voulait pas tomber et être de nouveau ridicule. Même si le ridicule n'était pas très grave lorsqu'il était avec Melda. Il alla se coucher dans sur un coin d'herbe. Il n'était pas vraiment fatigué mais il voulait sentir le corps de sa belle tout contre lui. Sentir toute la réalité de cette nouvelle affection. Il l'invita à le rejoindre d'un regard. Elle vint vers lui sans se faire prier. La chaleur de son corps contre le sien lui apporta encore de nouvelles bouffées de bonheur. Tsume posa sa tête juste à côté de celle de sa belle.

- Moi aussi je t'aime, murmura-t-il.

Ils restèrent ainsi quelque temps avant que le LibreLune ne sente le sommeil alourdir ses paupières. Il se laissa emporter par ses rêves qui ne manqueraient pas d'être doux et peuplés par un certaine louve crème.