Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Oxymore se léchait les babines. Babines couvertes de sang tandis qu'entre ses pattes ce qui avait du être un animal ressemblait d'avantage à une pulpe rouge. Si le loup avait pris deux bouchées ce serait bien le bout du monde. Non, il s'était simplement amusé avec. Il aimait le goût du sang. Il ne pourrait se passer de cette odeur charnelle et vaguement métallique. Il eut un petit grognement de plaisir et laissa choir au sol son dernier jouet. Lorsque la proie ne bougeait plus et ne ressentait plus de douleur le jeu n'avait plus aucun intérêt. Il laissa le sang qui maculait ses pattes là où il était. Il se fichait éperdument de l'allure qu'il pouvait avoir. Quoique, non. Plus il faisait peur plus il était satisfait. Il aimait sentir la peur s'insinuer lentement dans ceux qu'il avait choisi pour proies. Il eut un petit rictus sardonique, la souffrance était bien la plus délicieuse des choses se trouvant en ce bas monde.
Le grand loup s'ennuyait dans ses contrées alors il était descendu dans la vallée. Il parvenait toujours à trouver quelque chose d'amusant à faire à Four Seasons. Entre les louveteaux qu'il pouvait malmener à sa guise et les faibles loups qui se croyaient parfaitement à l'abri de tout danger. Il en rirait presque. Vraiment ces loups étaient de parfaits jouets. Manipulables à souhait. Ses griffes cliquetaient contre les galets entourant le lac. Lac dont il ne connaissait absolument pas le nom. Mais qu'elle importance ceci dit ? Aucune. Nommer des lieux était quelque chose de très surfait. De toute manière, lui allait où il voulait quand il voulait. Pas la peine de connaître le nom de lieux dans lesquels on ne lui donnerait pas de rendez-vous.
Mais, cette fois ci, il n'était pas descendu dans le seul but de torturer de pauvres loups innocents. Bien sûr, il le ferait si l'occasion se présentait. Il aimait tant faire le mal. Mais là n'était pas sa quête première. Il était venu chercher une louve. N'importe laquelle ferait l'affaire. Il voulait simplement qu'elle porte ses enfants. Que cela lui plaise ou non, celle sur laquelle il jetterait son dévolu ne pourrait plus s'enfuir. Elle aurait trouvé son maître. Un maître intransigeant et cruel.
Cruel. Ce mot sonnait comme une petite mélodie à ses oreilles. Oui, on lui avait souvent dit qu'il se montrait cruel, trop cruel. Mais il n'en avait que faire. Pour lui la cruauté n'était pas un défaut. C'était la qualité du fort qui n'a pas peur de prendre ses responsabilités. Il était fort et on lui devait le respect et il le savait. Il devait diriger les faibles même si ces derniers ne s'en rendaient pas toujours compte. Alors il fallait les mater. Il aimait beaucoup les rebelles parce qu'il pouvait les tuer sans qu'on ne vienne l'importuner ensuite.

Une odeur vint titiller son museau. Une odeur de femelle. Les chaleurs étaient donc déjà là. Parfait, il aurait moins de mal à repérer ses futures proies. Il se proulècha un dernière fois les babines. Oui, c'était parfait, absolument parfait. Il allait pouvoir rentrer au plus vite chez lui. Il vit une louve de dos. Bien proportionnée et aux senteurs florales elle lui semblait parfaite. La chasse était-elle déjà fini ? Il semblerait que oui. C'était elle qu'il voulait il le savait. Il ne l'aimait pas et ne l'aimerait probablement jamais mais il la voulait. C'était elle qui porterait ses petits. Il se faufila aux côtés de la louve sans s'annoncer. Il se savait discret. Surtout lorsqu'il s'en donnait la peine et, là, il s'en donnait la peine. Il s'arrêta à quelques centimètres de la louve.

- Il ne fait pas bon se promener seule lorsque le monstre sort de sa tanière.

Sa voix aurait donnée des frissons de peur et de dégoût à beaucoup de loups. Il susurrait plus qu'il ne parlait. Sa voix avait ces intonations traînantes et troublantes que l'on attribuait aux assassins. Sa voix était de velours mais coulait sur vous tel un liquide infâme et prêt à brûler vos chaires. Oui, le monstre était de sortie. Le monstre était en chasse. Et le monstre, c'était lui.

- S'il... S'il vous plait, ne me faite pas de mal, je vous en serais reconnaissante.

Oxymore commença par avoir un sourire plein de dents, ravi de sentir la peur dans les muscles crispés de la louve. Il huma l'air pour sentir cette peur. Mais il ne sentit rien. La belle jouait-elle la comédie ? Le grand loup sombre vit de petites ronces ramper jusqu'à ses pattes. La prenait-elle pour un imbécile ? Il retint le grondement de fureur qu'il sentait monter dans sa gorge. Elle voulait jouer à ce petit jeu avec lui ? Elle voulait réellement jouer à "qui sera le plus méchant" ? Elle allait être servie. Il eut un sourire empli d'une joie malsaine. Il allait pouvoir faire le mal. Faire souffrir était tellement délicieux, il en avait l'eau à la bouche par avance. Elle ne savait pas à qui elle venait se frotter mais elle allait l'apprendre et elle retiendrait. On ne jouait pas avec Oxymore, ou alors, on finissait immanquablement par perdre.
La louve se retourna et planta ses yeux dans ceux du grand loup. Oxymore ne quitta pas son sourire empli de cruauté. Il savait qu'il allait la faire souffrir en en ressentait un plaisir presque charnel. Du coin de l'oeil il vit que les plantes de la louve entouraient maintenant ses pattes. Il ne les avaient pas senties grimper. Elle était maligne la petite proie. Le jeu n'en serait que plus intéressant. Son sourire s'accentua encore un peu plus. Bientôt, oui bientôt il allait passer à l'action.

- Qui es-tu, et que viens-tu faire ici ?

Oxymore laissa un petit rire passer entre ses lèvres. Un rire dépourvu de toute joie, juste d'un plaisir anticipé. Elle voulait vraiment savoir ce qu'il était venu faire ici ? Devait-il lui répondre ou non ? Il avait envie de jouer. Lui laisser l'illusion qu'elle avait le pouvoir et qu'il ne se rendait compte de rien. Oui, il allait faire ça. Puis il passerait à l'attaque. Elle ne verrait probablement rien venir. Pouvait-il faire croire qu'il était inoffensif ? Il ne pensait pas. On lui avait si souvent dit que le mal se peignait sur sa face. Il daigna répondre à la louve. Sa voix était toujours aussi mauvaise même s'il parlait maintenant à voix haute. Sa voix basse soulait comme un poison dans l'air, comme quelque chose de malsain qu'il aurait fallut éradiquer.

- Je suis Oxymore et je suis venu chercher une louve pour porter mes futurs petits.

Lui, sans cœur ? Peut-être bien que oui, sûrement même. Mais il le vivait bien. Pire, il aimait ça. Les liens du cœur n'étaient que de multiples chaînes dont on s'entourait petit à petit. Il ne parlait pas d'amour. Bien sûr que non, il n'aimait personne d'autre que lui même. Il voulait simplement que son sang de fort puisse circuler dans d'autres veines que les siennes. Qu'il survive sur cette terre même après sa mort. Il envoya un nouveau sourire à la louve. Un sourire qui en aurait fait trembler plus d'un par la promesse d'inéluctabilité qu'il contenait.

- Et je peux t'annoncer que j'ai d'ores et déjà fait mon choix.

Oxymore vit avec un plaisir non dissimulé l'horreur et la surprise se peindre sur le visage de la louve. Et cette fois ci elle ne jouait pas la comédie. Le loup était assez fier de son petit effet. Il en aurait presque rit si la louve n'avait pas émis un étrange sifflement. Au même instant, les feuilles des arbres frémirent puis se jeter sur lui tels d'étranges oiseaux désarticulés. Oxymore fit alors ce qu'il préparait depuis quelques temps déjà : il fit imploser les branches qui s'étaient agrippées à ses pattes. Il n'eut que le temps de voir dans quelle direction elle allait avant de lacérer les feuilles dans le grands mouvements de pattes. Maintenant il était en colère. Il voulait bien jouait mais, maintenant, elle l'avait blessé. Il grogna sourdement. Elle ne devait pas pouvoir l'entendre. Il suivit sans difficulté son odeur florale. Il l'aperçut, au centre d'une clairière le cherchant manifestement du regard. Et s'il jouait encore un peu avec la petite proie ? Cette idée était tout à fait alléchante. Elle lui en faisait presque oublié la honte des griffures qu'elle lui avait infligé. Il lécha l'une de ses pattes. La goût métallique du sang en bouche il commença son petit jeu. Faire imploser des cellules végétales lui demandait moins d'effort que de le faire sur un corps de chaire et de sang mais il devrait faire attention à ne jouer trop longtemps.

- Je sais que tu es là !

Elle savait ? Oh non, elle ne savait pas vraiment sinon il serait sûrement en train de se débattre avec une fleur quelconque. Dans peu de temps, elle saurait encore moins où il se trouvait. Un sourire sardonique étira une nouvelle fois ses lèvres lorsqu'il fit craquer une branche dans le dos de la louve, puis une à sa droite, et une autre à sa gauche, et une autre encore derrière. Il ne la voyait pas distinctement mais supposait qu'elle se tournait en tout sens pour chercher l'origine de ces bruits. Il éclata d'un rire mauvais avant de se montrer, un sourire carnassier toujours plaqué sur son visage. Elle avait voulu jouer ? Parfait, le jeu avait commencé et il n'allait pas tarder à prendre l'avantage.

- Si tu le sais attaque moi.

A cette parole, il usa de son pouvoir. Comme toujours, il eut l'impression d'observer de quarante fois plus près les cellules qu'il visait. Comme si c'était un grossissement à vitesse grand V. Il fit exploser une part d'épiderme et de poils avant de faire le mouvement inverse. Le monde défilant à la périphérie de sa vision. Il l'avait touchée au niveau de la patte avant droite. Sur son épaule de se découpait maintenant une tâche sanguinolente sans poils, sans peau. Avant qu'elle n'ait eu le temps de s'en rendre compte il déclara :

_ Enfin, si tu en es encore capable, petite proie.

Son rire froid, presque celui d'un fou, s'éleva une nouvelle fois. Cette louve l'amusait beaucoup. Il fallait qu'il parvienne à la garder.

Son rugissement de rage et de douleur mêlées étaient une vraie symphonie aux oreilles d'Oxymore. Vraiment, c'était elle qu'il voulait. Elle et seulement elle. Il en était maintenant certain. Le jeu ne s'arrêterait pas là c'était sûr et certain, il n'aurait plus la force de s'arrêter. Soudain, alors qu'il ne s'y attendait pas, happé qu'il avait été par le feu de rage brûlant dans les prunelles de sa petite proie, il fut pris au piège. Il s'était fait avoir comme un enfant. Il se retrouvait pendu par une patte comme un louveteau. Il grogna après la louve mais cette dernière se détourna en boitant. Il l'avait pas mal amoché mais elle pouvait encore marcher. C'était fait exprès. Il voulait pouvoir encore s'amuser avant d'en faire sa compagne. Une louve estropiée ne l'intéressait pas. Il finit par se résoudre à faire imploser la racine qui le tenait suspendu à quelques mètres du sol. La chute fut douloureuse. Il n'avait rien eu pour se rattraper. Il n'était pas comme ces saloperies de félins qui retombaient toujours sur leurs quatre pattes. Il lança un long hurlement. La louve l'entendrait probablement. Ce hurlement était un avertissement. Elle ne lui échapperait pas. Elle ne pouvait pas lui échapper. Pas après la blessure qu'il lui avait infligé. Le sang qu'elle perdait était la meilleure des pistes. Il n'avait plus qu'à humer le doux fumet du sang frais pour la retrouver. Elle devait s'affaiblir d'instant en instant.

La truffe au ras du sol il finit par retrouver la louve. Elle boitait bas et semblait avoir mal. Des traces de pleurs s'étalaient sur son pelage. Tsss... Les larmes étaient bonnes pour les faibles pas pour les forts. Il aurai pensé qu'elle tiendrait mieux que cela. Sa petite proie baissait un petit peu dans son estime. Quoique, son sang sentait divinement bon. S'il n'avait pas senti cette odeur il l'aurait probablement achevé. Mais il avait envie d'elle. Elle était sa proie. La sienne et celle de personne d'autre. Elle porterait ses enfants qu'elle soit d'accord ou non. Mais, avant cela, sa petite proie devrait faire ses preuves. Il se coula juste derrière elle. Il susurra encore quelques mots à son oreille, de la même qu'il l'avait fait la première fois qu'il s'était adressé à elle. Il voulait jouer encore un peu. Maintenant, il allait se méfier de ce qui pourrait se faufiler vers ses pattes. Elle ne l'aurait pas encore une fois avec les même subterfuge. Elle en avait déjà usé deux fois. Il n'y aurait pas de troisième. Pas qui puisse réussir ceci dit. Sa voix de velours liquide coula dans l'air :

- Je t'avais bien dis qu'il ne faisait pas bon sortir lorsque le monstre quittait sa tanière. Tu as joué avec moi et je crois que tu as perdu.

Il n'allait pas la tuer. Pas maintenant, il avait encore besoin d'elle. Mais elle ne le savait pas. Il voulait laisser planer le doute dans son esprit. Il recula d'un pas. Lui laissant le loisir de se retourner si elle le voulait. Il ne chercherait pas à lui faire d'avantage de mal. Tout du moins, pas aujourd'hui et seulement si elle se tenait convenablement. Au moindre coup fourré elle perdrait encore une parcelle de peau. Plus ou moins étendue, il n'en savait encore rien. Ce qu'il savait cependant, c'était qu'il le ferait sans hésiter une seule seconde.

La louve inspira un grand coup, elle semblait perturbée, presque abattue. Il sourit de plus belle. Il aimait tant sentir qu'il avait le pouvoir, la toute puissance sur autrui. Cependant, il se méfiait de la belle. Elle l'avait eu la dernière fois et avait failli y arriver avec ses "feuilles-oiseaux". Une beauté féroce dont il avait compris qu'il devait se méfier. Mais il l'avait eu. Le monstre avait gagné. Son sourire s'étira encore un peu plus.

- Pour… Pourquoi fais-tu cela, pourquoi Moi, hun ?!

Elle n'avait donc pas encore compris que, pour lui, tout cela n'était qu'un jeu ? Un jeu certes macabre mais un jeu tout de même. Un jeu captivant auquel il ne s'était pas livré depuis longtemps. D'autant plus qu'il s'était trouvé une petite proie de toute beauté et pleine de combativité il n'allait pas la lâcher maintenant qu'il la tenait. Quoique, il voulait faire durer le plaisir. Il allait la laisser partir. Mais, pour l'instant. Il jouait encore un peu. Il ne savait pas quelle réponse il allait lui donner. Allait-il être aussi direct que la fois précédente, lorsqu'il avait parlé du but de sa venue ici ? Oui, peut-être bien.

- Et… Mais quel est ton pouvoir ? D’où viens tu ? Comment ce fait il que je n'ai jamais eu vent de ton existence ?!

Pensait-elle réellement qu'il allait répondre ? Apparemment oui. Elle était peut-être très appétissante et combative mais un peu bête. Il n'allait pas lui donner des armes contre lui alors qu'il venait de la vaincre.

- Tu n'as pas besoin de savoir tout ça, petite proie. Si tu n'as jamais entendu parler de moi c'est parce que tous ceux qui m'ont croisé ici ne sont plus de ce monde pour en parler.

Un sourire sadique s'étira une fois de plus. Il aimait à dire qu'il tuait. Il prenait tant de plaisir à le faire. Il ne voyait pas pourquoi il ne s'en vanterait pas. Il aimait cette terreur qui s'insinuait dans le corps de ses vis à vis lorsqu'il prononçait ce genre de paroles. Il allait répondre à sa première question. Mais peut-être pas de la manière de laquelle elle s'attendait.

- Et je te l'ai déjà dit : je t'ai choisi. Fait en sorte de ne pas mourir avant que je n'en ai décidé autrement ma petite proie. Ma délicieuse petite proie.

Sur ces macabres mots, il tourna les talons. Il se coula dans les taillis lestement. Faisant le moins de bruit possible. Il ne tarda pas à se fondre dans la nuit qui arrivait. Il n'était plus qu'une ombre parmi les ombres.