Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

• La petite louve brune trottinait le long de la frontière. Par moment elle y rencontrait des loups d'autres clans, parfois encore elle en croisait des inconnus qui venaient d'arriver en ce monde incroyable qu'était Four Seasons. Les feuilles voletaient un peu partout, se méfiant du sol avant d'atterrir dessus dans un mouvement léger. Les belles feuilles oranges synonymes d'Automne pur. Les belles feuilles oranges si hésitantes. Si délicates. Si timides. Si familières.

• Ita ne revenait pas. Un beau lui avait pris. Elle était partie. La petite louve si mignonne que ses parents avaient couvé dans l'espoir qu'elle deviendrait à son tour la Bêta. Espoir envolé. Dans un souffle, dans une parole.

« Je m'en vais »

A la fois peu à la fois trop, comment auriez-vous réagi si le plus obéissant et le plus sérieux de vos enfants annonçait ceci ? Et bien telle fut la réaction de Léynéa. Mais étant ouverte et souhaitant la plus grande autonomie à ses louveteaux, elle la laissa. Un choix difficile mais nécessaire si Ita en ressentait le besoin.

• Et maintenant la maman automnale en ressentait la douleur. La souffrance. De ne pas voir Ita couchée dans un coin tranquille, fermant les yeux devant ses frères se bagarrant, ou baissant les oreilles avec Mélodie la taquinant. Des petites choses. De si petites choses qui pourtant formaient ce manque de l'être perdu comme à jamais. Ce n'était pas dans l'ordre des choses, un enfant quittant sa mère. Mais Ita lui avait tout de même asséné cette anormale idée. Le coeur serré les idées brouillées, elle permit à ses pas de la diriger d'eux-mêmes, peu décidée. C'est ainsi qu'elle vit une louve. Une louve extrêmement maigre au poil court et marron, et à la mèche bleue...

• Très longtemps, elle resta immobile, la louve si familière mais tellement étrangère. Une louve que Léynéa refusait de reconnaître. Avec une mèche en bataille, une taille de guêpe et des dents aiguisées comme des lames. Elle n'était plus Ita. Peut-être était-ce une hallucination.

« Maman... »

• Avait-elle dit dans un soupir, après s'être avancée de quelques pas et de s'être assise. La Bêta secoua lentement la tête comme pour se persuader que ce n'était pas vrai. Pourquoi est-ce que la timide louve qu'elle affectionnait tant était devenue... Ça ? Léynéa avait le regard dur et impassible d'une mère voyant son petit faire n'importe quoi.

- Quoi ?

• Cracha-t-elle à Ita d'un ton sec et rude. Elle était partie, et osait revenir ainsi, l'apparence rebelle et presque insolente. Elle osait trahir, quitter sa mère, et qui plus est pas pour se fabriquer une belle vie de famille, non, mais pour devenir une sorte de sadique punk. Léynéa pourtant pensait qu'elle serait fière d'elle. Manqué. Mais c'était sa fille malgré tout, elle ne pouvait pas partir en rageant. Lui parler avec l'accueil qu'elle méritait de recevoir, oui.

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« Rien, j'aurais cru que tu serais contente de me revoir... »

Léynéa la dévisagea, l'observa de la tête aux pieds. Qu'est-ce qu'elle imaginait ? Une mère Bêta qui est pour être pacifique, pouvoir admirer une transformation aussi... Agressive ? Une maman aimante qui aura cru en l'avenir de sa petite ne peut pas se retrouver heureuse de la voir ainsi métamorphosée. Elle ne pouvait pas retirer l'amour qu'elle avait pu lui donner. Mais en attendant, Ita devrait se contenter de cet amour déjà acquis...

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- Tu veux que je saute de joie ? Si tu veux. Hourra, Ita, hourra.

L'Automnale gardait le même ton rude et ironique. Sa fille n'avait certainement pas idée de la douleur qu'elle avait pu supporter après son départ. De n'avoir comme seule consolation qu'un jour elle reviendrait, avec une famille, un rang important et une attitude toujours exemplaire. Non, elle n'avait pas idée.

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- Penses-tu réellement que j'ai à être contente ?

Elle plissa les yeux sur un air de reproche qui voulait tout dire. Jamais elle n'aurait imaginé Ita devenir ça. Tout, mais pas ça. Elle ne parvenait par contre pas à être totalement honteuse d'elle. Elle restait sa fille... Envers et contre tous.

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« Tu aurais du être contente de me voir revenir vivante de là-bas. »

La belle affaire. Si elle l'avait seulement informée de là où elle allait. Mais non. Comment se réjouir de quelque chose de passé si on ignore ce dont il s'agit ? Si Léynéa avait su, au moins sa direction, peut-être aurait-elle pu malgré tout. Là, c'était complètement flou. Elle ignorait tout de son « voyage ».

•

- Ça par exemple. Parlons-en, de ton "là-bas". Où c'est ? Je ne sais pas. Ce que tu as pu y faire, idem. Ce serait peut-être le moment de me dire ce que tu as fichu pendant que j'étais là à m'inquiéter, juste pour... Ça.

En disant ce dernier mot elle passa ses yeux sur la nouvelle apparence de sa fille. C'était comme ça qu'on récompensait le travail des parents ? En devenant le contraire de ce qu'ils espéraient ? La Bêta aurait plutôt parlé d'ingratitude et d'égoïsme, plus que de récompense. S'acharner à éduquer un louveteau pour le voir ainsi, c'était pitoyable. Plus d'un an de vie gâchée. Du n'importe quoi. De la part de son propre enfant, pour couronner le tout.

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« J'ai été traquée durant des jours... on m'a attaqué sans relâche de si nombreuses fois... j'ai été tenaillé par la faim durant des mois... et tu aurais préféré que je reste comme avant? J'ai du me battre pour ma vie à chaque secondes passées loin de ses terres en m'inquiètant à chaque instant à savoir quel loup allait me tomber dessus... »

Ita avait haussé le ton. Sa mère ne comprit pas pourquoi elle était partie. Pourquoi elle préférait rester "là-bas", dans cet endroit où elle avait été traquée. Par qui, pourquoi, comment. Incapable de raisonner pour trouver une excuse potentiellement crédible, elle continua de regarder Ita, tout en se posant des questions. Celle-ci secoua la tête, faisant s'écarter ses mèches, et Léynéa put voir qu'elle avait les yeux mouillés. Elle se sentit mal de l'avoir mal reçue mais sans pour autant comprendre ce qui pouvait bien s'être déroulé.

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« Alors ne me reproche pas d'avoir changé, mais sois plutôt heureuse que je sois revenue... »

Avait continué sa fille avec un regard sombre et presque accusateur. Ce qu'elle disait restait extrêmement vague pour l'Automnale. Elle ne s'inquiétait pourtant pas plus qu'elle n'avait pu le faire pendant son absence ; justement parce qu'elle n'était pas morte et que sa mère s'était, elle, imaginé le pire. La seule chose incompréhensible...

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- Pourquoi tu es partie ? D'après ce que tu dis, tu as vécu l'enfer, alors pourquoi y être allée ? Et d'abord, c'était où exactement ? Tu aurais pu revenir, ou tout simplement ne pas partir...

Au tour de Léynéa d'accuser un regard qui parlait de lui-même. Peut-être était-elle obstinée à penser qu'Ita restait fautive, mais ce n'était plus Léynéa la Bêta à cet instant, mais la maman inquiète.

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« Je n'avais pas l'intention de quitter les terres de Four Seasons, uniquement de devenir neutre, mais j'ai traversé les montagnes des terres du Sud et je suis arrivé là-bas. Il n'y rien là-bas, que douleur et souffrance, mais il était trop tard pour revenir... ils m'avaient déjà trouvé et la traque a commencée... »

Plus Ita se bornait à expliquer son périple, moins Léynéa ne discernait de sens dans cette histoire. "Ils" ? Qui étaient-ils ? Des loups ? D'autres espèces inconnues ? L'incompréhension régnait en maître dans cette discussion, décidément. A croire qu'elle n'aurait servie à rien si ce n'est qu'à inquiéter la louve brune... La voix de sa fille se fit plus serrée et incertaine.

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« ... tu aurais voulu que je reviennes avec eux suivants mes traces, non impossible il aurait été irresponsable de mener ces choses jusqu'à nos terres.. je n'aurai pas voulu mettre tout le monde en danger pour mon erreur. »

Ces choses ? La Bêta ne pouvait empêcher des tremblements circulant dans ses pattes. Ita voulait se donner la mort ou quoi ? Pourquoi partir plus loin que limites de leurs terres ? C'était dangereux et insensé, sans parler du fait que personne n'avait jamais su ce qui se trouvait derrière Four Seasons. Vraiment, Léynéa ne pouvait pas assimiler ces actes indignes de ce qu'avait pu être Ita. Elle laissa ses épaules s'affaisser lentement.

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Je n'ai pas le courage d'essayer de comprendre. J'attendrais que ma Ita revienne.

Elle haussa la tête dans une grande inspiration, et tourna les talons. Un autre jour elle essayerait d'éplucher ces vagues explications et de donner raison à sa fille. Un autre jour. Pour l'instant, elle devait continuer sa ronde et tâcher de reposer son esprit suite à cette rencontre.