Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Retour au camp. Le chemin s’est bien passé en compagnie de Jenn, mais elles n’ont pas pu échapper à quelques gouttes avant de rentrer. Au moins, elles ont évité le déluge qui tombe à présent au-dehors.

Retrouvant le couvert du château, elle s’ébroue pour chasser l’eau de son pelage et de son corps amaigris par le régime végétal que cette île leur impose. Elle salut la petite exploratrice et la laisse aller se reposer. Sa journée à elle n’est pas complètement finie. Elle a de bonnes nouvelles à rapporter, et fière de sa trouvaille, elle trépigne d’impatience. Il faut qu’elle partage ça au plus vite.

Elle n’attend donc pas, et se dirige prestement vers le garde-manger, pour y déposer ses collectes quotidiennes.

Là se trouve, Titania. C’est l’une des bêtas du clan, elle gère les réserves et veille au bon fonctionnement de tout ce petit monde avec ses collègues. Elle supervise et répertorie.

La chasseresse attend son tour, pour faire son rapport.

Il semble que la blonde comprend aisément et surtout rapidement qu’elle ramène de bonnes nouvelles. S’avançant avec un léger sourire, elle incline la tête pour saluer sa supérieure. Elle étale alors son butin devant elle, et laisse prendre conscience de l’ampleur de l’espoir qu’elle apporte. Autour, quelques loups affamés se retournent et murmurent.

La blanche, quant à elle, s’approche d’avantage alors que l’émotion la traverse. Elle remarque de petites larmes qui perlent au coin de ses yeux. La réaction est peut-être un peu disproportionnée, mais Artémis ne dit rien et savoure la joie qui se partage en silence.

Parmi ce qu’elle a rapporté, il y a bien entendu, des baies, des racines, et des champignons. Il y en a des connus et des inconnus. Il y a une bonne part d’oreilles de Judas les fameux champignons noirs et caoutchouteux qu’elle a trouvés, mais surtout, il y a ce gros rongeur de la taille d’un lièvre qui trône au beau milieu attirant tous les regards.

La brune attend quelques instants que tout le monde se remette avant de prendre la parole pour faire son rapport :

« Oui. Aujourd’hui la chasse a été fructueuse. Enfin, si l’on peut dire. Avec Jenn, qui est exploratrice, nous avons découvert au nord-est d’ici ce petit rongeur que j’ai attrapé. J’espère qu’il pourra être utile aux mères qui viennent de mettre bas. En plus de cela, j’ai pu localiser leur terrier. Je n’ai pas trouvé d’autres rongeurs que celui-là, mais je pense qu’il doit y en avoir d’autres ainsi que d’autres terriers aux alentours de celui que j’ai découvert. Normalement ce genre de proies à des taux de reproduction assez fort, j’espère que cela présage l’apparition d’autres de ses lapins dans la région, et pourra nous faire une première rentrée de chair fraîche depuis bien longtemps. Il faudra aller vérifier sur place. Ma récolte se complète avec les habituelles récoltes de champignons et de racines. »

Elle se tait, elle a fini d’exposer les découvertes de la journée. Son regard brille, sa queue remue de contentement. Elle attend des réactions et d’éventuelles recommandation pour les prochains jours, avant de pouvoir se retirer et se reposer.

La proie éveilla les appétits, c’était inévitable. Depuis plus d’un mois, c’était le premier morceau de viande qu’ils trouvaient en même temps. La bêta n’y échappa pas non plus, mais elle était responsable, et fini, après un instant, après avoir profité de l’odeur et de la vue de la viande, par se reprendre et remettre les autres à leur place. Artémis comprenait l’engouement que cela suscitait, mais n’aurait pas permis que d’autres que les enfants bénéficient de cette prise.

La brune accepta les mots de la blonde. Elle lui répondit avec un hochement de tête et un regard brillant. Elle ne revint pas sur les louanges, mais les accepta humblement. Seul un sourire, plein de fierté, étira doucement ses babines et fit briller davantage son regard vert si perçant. Heureuse d’entendre les mots que sa camarade prononçait. Elle n’oublia pas la participation de Jenn et répondit à cette attention par ces quelques mots brefs et concis.

« Je lui transmettrais. »

Artémis était heureuse de savoir que les enfants, par l’intermédiaire de leurs mères, seraient des premiers à bénéficier des premières prises. Ce n’était que pure logique pour la survie de chacun. De plus, cette première capture annonçait peut-être la venue d’autres proies. Elle aimait à l’espérer en tout cas.

La blonde dispersa l’attroupement qui finit par obtempérer les laissant tous un peu mieux respirer. Il n’y avait rien d’autre à faire et c’était la meilleure décision quoi qu’on en dise. Mais alors que la chasseuse pensait aller se reposer, à présent ; Titania l’interpella et l’invita à venir elle-même présenter la viande fraîche aux deux mères et à leurs nouveaux nés. Elle avait quelques personnes à faire passer d’abord.

L’ex printanière hocha de nouveau la tête face à cette demande et se posta à l’écart. Elle avait assez parlé pour sa part, le blabla, c’était bien l’adage des diplomates après tout. Dans le calme retrouvé, elle décida de s’allonger un instant et attendit que les derniers chasseurs déposent leurs récoltes.
Elle ferma les yeux pendant quelques minutes profitant de la nouvelle accalmie. La fatigue se faisait sentir maintenant, mais rien n’enlevait la joie et l’espoir qui trônait ce soir en son cœur. Cela lui apportait une sérénité renouvelée, et agréable dont elle profita tranquillement.

Le temps passa. Les derniers finissaient de déposer leurs trouvailles. Elle entendit le pas de la blonde revenir vers elle, et, doucement, elle ouvrit les yeux. Elle porta son regard sur la dame aux fées, et se releva en silence pour l’accompagner voir les deux mères dès à présent.

« J’espère que je ne vais pas les déranger. »

Souffla-t-elle alors plus pour elle-même que pour sa comparse.

Le temps passa, la chasseresse eut le temps de se reposer un peu, peut-être trop peu, mais le vrai sommeil viendrait bientôt. Elle essayait d’optimiser son temps au mieux pour venir en aide au plus de loup possible. Les yeux fermés, elle écouta le remue ménage qu’occasionnait le dépôt des dernières ressources. Elle entendit la voix de la blonde et le grincement du bois qui mettait fin à la récolte du jour. Ainsi, la répartition des denrées attendrait un peu aujourd’hui. C’était un peu sa faute, mais à dire vrai, c’était plutôt un moindre mal pour la sauvegarde des petits.

Les mots de la bêta lui arrachèrent un léger sourire en coin et elle se leva en silence pour suivre sa camarade. Au passage, elle reprit le pauvre rongeur entre ses crocs. On lui laissait l’honneur d’aller elle-même donner la première viande aux deux mères, et un soupçon de fierté faisait briller son regard vert et lumineux.

Les couloirs sombres et poussiéreux défilèrent sous leurs pattes, et heureusement que la blonde la guidait, car Artémis avait encore un peu de mal à s’y retrouver des fois, même si elle connaissait les directions globales de chaque boyau. Elles passèrent devant différentes salles, où différents matériaux s’entassait, l’une offrant des couches douillettes, l’autre un genre de débarras. La chasseuse y glissait un œil sans s’y arrêter. Elle poursuivait son chemin, les longues oreilles du rongeur bien calées entre ses crocs.

Le pas de la louve devant elle ralentit, la brune en conclut qu’elles arrivaient à l’abri des deux mères. La blonde la présenta avec une certaine allégresse tandis que ses oreilles pivotaient vers l’avant. Ayant la gueule prise, elle salua d’un mouvement de tête respectueux les deux femelles contre lesquelles se seraient les petits corps encore duveteux de leurs progénitures.

Une pointe de tendresse s’invita dans le regard d’Artémis qui déposa humblement la première proie devant les deux louves. Elle leur adressa ces quelques mots avant de reculer d’un pas et de leur laisser de l‘espace.

« Le premier rongeur depuis des semaines, j’espère qu’il vous donnera force et vigueur ainsi qu’à vos tous petits. Je repasserai vous voir, si vous le voulez bien. »

Elle inclina la tête, puis les invita, d’un mouvement de queue, à manger. Elle adressa un fin sourire satisfait à celle qui l’avait accompagnée. Qu’il était agréable de voir une famille se nourrir et être en bonne santé. Elle espérait en les regardant ainsi que d’autres proies arriveraient, et que la santé continuerait à prospérer pour les petits. Elle espérait aussi que le reste du clan puisse manger lui aussi un peu de viande.

Et, tandis qu’elle les observait en silence, un bâillement inopportun se présenta à sa gueule. Elle mit la patte devant sa bouche, car c’est ainsi qu’on l’avait élevée et songea qu’elle ne resterait pas bien longtemps. Il faudrait maintenant se reposer pour continuer la chasse, la cueillette, et l’exploration le lendemain.

Artémis accepta les différents compliments en silence, mais avec un sourire sincère. La scène du repas des deux mères avait quelque chose de touchant et cela lui fit chaud au cœur. Sa lourde et longue queue remua même de contentement à un moment. Oui, c’était gratifiant de voir le bienfait de son travail. Elle échangea un regard heureux et un sourire avec la bêta satisfaite de cet instant. Elle avait évidemment laissé son ventre grogner son mécontentement en l’ignorant de façon la plus stricte possible devant les deux mamans. Elle ne laisserait pas la jalousie ni la faim dicter ses actions son cœur se montrerait plus fort. Cela lui fit plaisir en tous les cas.

Après quelques minutes, Titania l’invita à s’esquiver. La brune accepta l’invitation avec grand plaisir, il était vrai que la fatigue lui retombait maintenant dessus et qu’il faudrait qu’elle aussi se nourrisse avant d’aller rejoindre les réconfortants bras de Morphée. Elles laissèrent les deux mères à leur intimité et retrouvèrent les couloirs tortueux des ruines. Elle suivit docilement sa camarade, un peu gênée par les paroles de la blonde. Elle ne laisserait pas la jalousie ni la faim dicter ses actions son cœur se montrerait plus fort. Elle la laissa parler ce pendant et hocha la tête machinalement.

Elle se reposerait, ça oui, mais elle ne se relâcherai pas pour autant les prochains jours. Cette première prise lui redonnait confiance et renouvelait son énergie pour s’activer pour la survie du clan. Elle reprit cependant les dires de la blonde mal à l’aise d’être ainsi mise sur un genre de piédestal.

« Je… Hum, … C’est gentil de m’avoir mis quelque chose de côté, mais je ne pense pas être plus talentueuse qu’un autre Titania. Je fais mon travail, c’est tout. »

Elle préférait que les choses soient bien à leur place, et ne souhaitait pas bénéficier davantage par rapport aux autres. Elle décida cependant d’accepter le présent. Elle ne courrait pas spécialement après la reconnaissance, mais aspirait à ce que le clan soit prospère. Et pour ça son travail était essentiel. Et puis, ils étaient tous dans le même panier après tout, non ?

Elles arrivaient de nouveau au garde-manger, elles s’arrêtèrent dans un bel ensemble. La diplomate posa sa truffe contre sa joue et Artémis sursauta, surprise et peu habituée à un tel contact. Elle n’était pas très tactile de base et n’avait pas l’habitude qu’on la chouchoute comme cela. Encore moins par les temps qui courraient. Elle dévisagea sa comparse incrédule pendant un instant et souffla doucement. Elle reprit ses esprits et oubliant un instant le geste de la blonde et capitula.

« Je… Merci. J’y compte bien. »

Lâcha-t-elle assez sincèrement. Car pour mieux pouvoir servir les survivant, elle prenait effectivement soin d’elle, et s’autorisait aussi quelques collations pendant ses cueillettes pour rester en forme et trouver de la nourriture pour les autres. Sur ces mots, elle mit les racines que Titania lui avait gardé en bouche et mâcha doucement avant d’engloutir le tout dans un petit bruit de déglutis. Elle voyait mal comment refuser ce petit présent aussi, l’accepta-t-elle. Elle coula un regard neutre sur la blonde et ajouta :

« Je sais prendre soin de moi ne t’en fait pas. »

Elle lui fit un genre de clin d’œil pour la forme, puis s’avança alors vers la sortie.

« Je vais te laisser, le repos que tu me recommandes m’appelle, bonne nuit et à demain. »

Elle s’éclipsa, en sortant d’un pas tranquille, et alla retrouver sa couche pour une bonne nuit de sommeil, avant de reprendre la chasse avec fraîcheur dès le lendemain.

HRP: