Four seasons
Tu as posé les pattes sur Four Seasons !

Tu te retrouves dans un monde étrange, peuplé d'animaux désignés comme dangereux...Quel camp choisiras-tu ?
Mais ne t'inquiètes pas : ils sont civilisés et ne te mordront pas au moindre mouvement ! (encore que...)
Viens incarner TON personnage : loup ou chien pour les Survivants, et bien d’autres (félins, ours,...) pour les Insulaires et fais le vivre à travers des aventures nommées RP !

A très bientôt !
Four seasons
Tu as posé les pattes sur Four Seasons !

Tu te retrouves dans un monde étrange, peuplé d'animaux désignés comme dangereux...Quel camp choisiras-tu ?
Mais ne t'inquiètes pas : ils sont civilisés et ne te mordront pas au moindre mouvement ! (encore que...)
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A très bientôt !


Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !


 
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High in the halls of the kings who are gone [PV Herrade ~]
Achéran
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Lun 20 Avr 2020 - 23:56


❧ Achéran


Achéran s’était éloignée à longues enjambées du château. Le jour se levait tout juste et le rapace qui la suivait fauchait presque les herbes hautes couvertes de brume humide. L’Assassin n’était pas encore habituée aux subtilités du climat insulaire mais cette journée était particulièrement humide, et même si la lourdeur de l’air l’importunait, la brume matinale serait à son avantage pour la chasse.
Elle n’avait – à vrai dire – pas de grands espoirs pour cela. Dire qu’elle n’avait pas vu beaucoup de gibier aurait été un doux euphémisme. Elle n’avait pas vu grand-chose de vivant hormis des loups ces dernières semaines. Quelques insectes pouvaient bien contenter les estomacs un temps mais les bouches des plus jeunes hurlaient famine. Il leur fallait des proies, et elle comptait sur la vue perçante de son ami pour l’y aider. Le duo avait affiné ses techniques de chasse au cours des mois et ils étaient désormais armés d’une tactique à toute épreuve… En temps normal. Ario repérait une proie et la désignait en esquissant des cercles au-dessus d’elle dans les airs. Cette technique plutôt commune chez les buses et autres charognards avait pour avantage de ne pas éveiller les soupçons des grosses proies que Achéran pouvait prendre par surprise. L’aigle héritait toujours d’une belle part de leur trophée, condition sine qua non de leur fructueuse coopération. Cependant depuis quelques jours Ario ne revenait pas souvent la voir. Achéran soupçonnait qu’il avait lui aussi beaucoup de mal à se sustenter et était contraint à aller chercher sa pitance loin des ruines. Dans tous les cas, il l’avait finalement rejointe et semblait coopératif.


« Allez mon vieux trouve moi au moins un mulot, prouve-moi qu’on n’est pas condamnés à crever de faim sur cette île de malheur. »

Le rapace volait à hauteur régulière, semblant scruter les herbes.
L’assassin était comme seul au monde, une petite comète au milieu d’un univers froid et vide de vie. Un bilan assez déprimant si on y ajoutait la perte de tous ses proches ou presque. Elle se demandait si ses frères assassins avaient trouvé refuge ou s’ils avaient tous fini noyés. Elle eut une pensée nostalgique et distraite pour son mentor, qui lui avait laissé sa lame de poignet quelques jours avant le drame pour prendre sa retraite. Si seulement elle avait eu le temps de courir à leur rescousse. Un bruissement de feuilles retentit dans les buissons, elle pivota lentement. Il lui sembla reconnaître cette odeur. Elle rappela Ario d’une voix ferme mais néanmoins calme, et sans oser établir le contact visuel elle lança
« -Bonjour Cheffe, je constate que je ne suis pas la seule matinale aujourd’hui. »
C’est comme si l’absence de contact lupin lui avait ôté toute sa loquacité et ses capacités de communication. Sa mère lui aurait certainement dit qu’elle finissait par ressembler à son père.
« -Je ne sais pas si l’heure est à exposer mes plans pour aujourd’hui mais visiblement mon oiseau a trouvé de quoi manger au nord de l’île, il avait les plumes pleines de sable donc il a dû au moins découvrir quelques crustacés. Je crois que des protéines feraient le plus grand bien à certains loups… »
Elle se sentait comme une complète étrangère dans sa façon de de monologuer, mais elle avait appris à accepter cette sensation désagréable. Et puis avec un peu de chance le leader lui accorderait quelques compagnons de route, ce qui ne serait pas du luxe.

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Herrade
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Mar 21 Avr 2020 - 18:13

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High in the lost kings halls
Herrade & Achéran
Herrade sortit du château, et inspira à plein poumons l'odeur intense et lourde de la jungle. Le camp commençait à peine à s'éveiller, mais certains membres s'étaient déjà dispersés, s'attaquant à leurs tâches avec l'énergie du désespoir. Une légère collation au creux de l'estomac, la verte prit également la route vers le nord de l'île, suivant la piste qui menait dans la clairière fleurie. Une voie qui apparaissait de plus en plus clairement au fur et à mesure des jours, piétinées par de nombreuses pattes ; pour le moment, on y trouvait quelques baies et des racines intéressantes, mais pour combien de temps encore ? Il leur fallait plus, toujours plus, et cette idée tournait en boucle dans la tête du leader, qui sentait la folie gagner.

La folie, ou peut-être le désespoir, elle n'aurait su le dire ; comment était-ce possible de trouver si peu de proies avec un clan qui grossissait de jour en jour, qui accueillait de nombreux chasseurs et explorateurs ? Vraiment, il y avait de quoi devenir fou sur cet archipel maudit ; la belle était bien placée pour le savoir.

Herrade émergea dans la clairière toute à ses sombres pensées, et accusa un sursaut lorsqu'une voix la salua soudain. Elle appartenait à une jeune louve grise encapuchonnée, que la cheffe avait déjà aperçue, mais rarement, et toujours de loin. La demoiselle semblait être assez solitaire dans l'âme, ce qui ne favorisait pas la rencontre. Malgré son air guindé, elle ne parut pas rebutée par la présence de la verte, qui fit donc quelques pas dans sa direction.

« Je ne sais pas si l’heure est à exposer mes plans pour aujourd’hui mais visiblement mon oiseau a trouvé de quoi manger au nord de l’île, il avait les plumes pleines de sable donc il a dû au moins découvrir quelques crustacés. Je crois que des protéines feraient le plus grand bien à certains loups… »

Un oiseau apprivoisé... c'était un allié indiscutable pour la recherche de gibier, songea Herrade en posant son regard bicolore sur l'intéressé. Les araignées étaient bien moins utiles dans ce domaine, mais l'ex-printanière ne désespérait pas d'aboutir à quelque chose de productif avec elles malgré tout.

« Si on pouvait tous voler, la situation serait peut-être plus simple. » Cette étrange remarque, prononcée par une meneuse songeuse, avait de quoi surprendre. La verte secoua la tête, reportant son attention sur la jeune exploratrice. « J'ai déjà entendu parler de cette plage, mais jusqu'à présent personne n'a réussi à en trouver l'accès. Peut-être qu'avec ton aigle, nous aurons plus de chance. »

Faisant volte-face, elle se mit en route vers l'orée de la clairière, avec l'ordre silencieux pour son interlocutrice de lui emboîter le pas. Cette plage invisible était d'ailleurs une autre des contrariétés régulières du leader ; comment pouvait-on ne pas trouver une lande de sable au sortir d'une forêt ? L'absence de chemins aisément praticables jouait, bien sûr, la végétation se faisant de plus en plus dense vers le nord, mais tout de même... Elle espérait vivement qu'à elles deux, elles pourraient dénicher un accès.

« Quel est ton nom, exploratrice ? »

Difficile de prétendre connaître tous les membres de son clan, surtout quand il en venait de toutes les anciennes saisons. Herrade ne parvenait même pas à distinguer correctement le visage qui se dissimulait sous la capuche, d'autant que l'autre fuyait son regard, et elle était plutôt embêtée de ne rien savoir de celle avec qui elle cheminait. Surtout si elles étaient amenées à se défendre côte-à-côte ; on ne savait jamais ce que cette satanée île pouvait réserver.

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Achéran
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Mer 22 Avr 2020 - 19:40


❧ Achéran


L’Assassin eut un instant de flottement avant de la rejoindre promptement. Elle n’était pas habituée à recevoir des ordres et encore moins à y obéir. Mais soit, elle s’y plia consciencieusement. Elle avait rapidement compris que si elle faisait passer ses petites convictions avant le bien commun elle menait à son expulsion et plus largement à une mort assurée. Elle lança une œillade à l’oiseau qui les suivait de loin depuis les cieux. La tirade de sa supérieure la ramena à la raison ; elle se reconnecta à la réalité et lâcha tranquillement :
« - Je suis Achéran, née de l’automne. Enfin ce qu’il en reste.
Elle réfléchit rapidement et se dit qu’aux vues de la légère différence générationnelle il était plus qu’improbable qu’Herrade de la connaisse. Ses parents en revanche, peut-être. Elle ajouta tout de même, à tout hasard
« -… Fille de Faïryna et Lathraíos, sœur de Zeïrop et Nephtys. »
Elle avait peut-être rencontré son frère ou sa sœur dans les ruines, si c’était le cas cela faciliterait le contact entre les deux louves. Elle n’aimait pas s’exposer ainsi mais il valait mieux montrer patte blanche tout de suite pour gagner sa confiance.
Elle détailla la leader d’un œil circonspect. Elle avait tout d’une meneuse. La démarche, la carrure, l’expression. Elle ne semblait pas énormément plus âgée qu’elle. D’un an ou deux tout au plus peut être. Et elle portait l’odeur des printaniers. Ceux qui en principe devaient être des ennemis coopéraient avec d’anciens automnaux et hivernaux. Elle se dit qu’ils vivaient dans une époque bien étrange, tout de même. Elle haussa distraitement les épaules, elle se fichait royalement des querelles claniques. En grandissant elle avait perdu toute trace de fierté ou de sentiment d’appartenance à quoi que ce soit. Elle était voyageuse et se revendiquait de nulle part, et de partout en même temps. Les idées et le crédo n’avaient pas de frontières.

Elles se déplaçaient suffisamment énergiquement pour que l’humidité commence à lui peser. Le capuchon était confortable par son aspect sécurisant mais elle s’en délesta rapidement comme s’il l’étouffait soudain. Elle jetait parfois des coups d’œil dans les airs afin de vérifier que le rapace était toujours au-dessus d’elle. La tête de l’oiseau bougeait de droite à gauche comme une boussole démagnétisée.
Une époque bizarre donc. Qu’importe, il indiquait toujours le nord. Le duo était sur la bonne route.

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Herrade
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Jeu 23 Avr 2020 - 12:47

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High in the lost kings halls
Herrade & Achéran
Les deux louves traversaient la clairière, se dirigeant vers l'orée de la forêt, au nord. Une oreille tendue en arrière, Herrade écouta la réponse de son gamma, enregistrant les informations qu'elle lui donnait. Achéran, ancienne automnale... La mention du nom ne lui évoquait rien, mais un rictus plissa un instant sa babine quand elle entendit le nom de la saison. La cheffe se força à expirer calmement pour chasser les souvenirs désagréables qui remontaient à la surface de sa mémoire ; des conflits vains, déjà à l'époque, et encore plus maintenant. Tout ce qui l'intéressait à présent, c'était l'efficacité de la jeune louve au service des survivants.

« ... Fille de Faïryna et Lathraíos, sœur de Zeïrop et Nephtys. »

Cette dernière continuait sa présentation, et presque distraitement, Herrade hocha la tête, avant de se redresser brusquement, s'immobilisant une patte en l'air. Lathraíos... un nom très ancien qui la ramena quelques années en arrière, à une époque qu'elle avait perdu de vue depuis bien longtemps déjà. Tournant son regard bicolore vers la fille de cette vieille rencontre, elle observa le poil gris qui dépassait de sous son manteau.

« Lathraíos..! » Une étincelle de curiosité traversa ses prunelles, et pendant un moment elle eut l'air très concentrée, avant de retrouver son calme habituel. Calme, mais un brin plus détendue, cependant. « Voilà un nom qui me ramène loin en arrière ; je ne l'ai rencontré qu'une fois, mais j'en garde un très bon souvenir. »

Elle se remit en route d'un pas plus léger, quoi que toujours aussi rapide. Elle n'avait pas envie de bassiner la grise avec ses mémoires d'enfant, mais se sentait un peu troublée de leur rencontre. Une automnale ? Le solitaire avait donc rejoint le clan ? Elle avait aussi mentionné une fratrie, mais les noms ne lui parlaient pas. Herrade secoua légèrement la tête, tâchant de se reconcentrer sur leur mission actuelle. Remuer le passé ne la mènerait nulle part. Tandis qu'en retrait, Achéran ôtait sa capuche, elle lui jeta malgré tout un regard en biais, cherchant les traits de son ancien ami. Elle aurait voulu poser quelques questions à sa fille, mais celle-ci paraissait trop refermée sur elle-même pour que le leader saute le pas.

La forêt au nord de la clairière était quasiment impraticable ; on avait l'impression que des siècles s'étaient passé sans que personne ne vienne jamais piétiner le sol des bois, qui avaient pris leurs aises. Partout, branches basses, buissons épais, troncs effondrés, lianes obstruaient la voie, et il fallait sans cesse les contourner ou bondir par-dessus pour espérer progresser. Du coup, Herrade avait l'impression qu'elles ne progressaient pas d'un iota, et l'humidité oppressante mêlée à sa sueur la faisaient étouffer. Elle se sentait poisseuse, et surtout impuissante à franchir la barrière végétale ; elle n'arrivait même plus à distinguer l'oiseau d'Achéran à travers les frondaisons, bien que son cri perçant lui arrivât jusqu'aux oreilles de temps à autres.

Bref, cette situation commençait à lui peser, et le silence lui faisait encore plus perdre patience. Au bout de plusieurs heures de marche infructueuse, la verte explosa, déchirant une liane épaisse d'un coup de griffes rageur.

« La peste soit de cette île maudite et de sa jungle ! »

Son éclat de colère ne sembla déranger personne, ce qui était encore plus frustrant, mais aussi assez inquiétant. L'absence de vie sur ce caillou pourri était un réel problème, et tout à coup, la cheffe se sentit découragée, reprenant son souffle la tête basse. Il lui semblait vain de s'acharner dans cette direction, elles devaient déjà se coltiner toute la route du retour ; mais elle ne ployait pas face à cette difficulté. Elle franchirait la forêt, dut-elle abattra chacun de ses arbres.

« Je vais vraiment finir par regretter de ne pas avoir d'ailes... » Elle s'ébroua, et fit face à Achéran, appréciant l'endurance de la jeune louve qui l'avait suivie jusqu'ici sans jamais rechigner. « Je ne crois pas que nous l'atteindrons aujourd'hui ; je vais rentrer au clan, je dois passer voir les patrouilles avant la nuit. »

Au moins, la voie du retour serait facile à suivre, à travers le passage qu'elles avaient forcé. Herrade s'arrêta aux côtés de la grise, songeuse.

« Tu es libre de m'accompagner si tu le souhaites, ou de rentrer par tes propres moyens. Mais si tu veux persister ici, fais attention à toi ; je ne me fais pas trop de soucis, d'autant que tu es bien accompagnée, mais ce territoire nous reste inconnu sur bien des points. »

Bien trop de points à son goût, d'ailleurs, et elle comptait bien y remédier.

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Outa-Ranos
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Le membre 'Herrade' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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Achéran
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Sam 25 Avr 2020 - 23:06


❧ Herrade


Elle opina nerveusement, l’humidité et les insectes tirant sur ses nerfs bien plus que prévu. L’impatience de son acolyte elle aussi, se transmettait à l’Assassin. Elle s’ébrouait régulièrement en marchant. La piste restait épaisse et les feuilles faisaient office de couvercle qui étouffait le soleil en conservant la chaleur.
Elle ne s’attendait -à vrai dire- pas à une réaction de la part de la verte. Elle fût néanmoins surprise de découvrir que le nom de son père évoquait quelque chose chez le leader.

« Voilà un nom qui me ramène loin en arrière ; je ne l'ai rencontré qu'une fois, mais j'en garde un très bon souvenir. »

L’Assassin eut un sourire léger. Elle aurait aimé connaître son père. Mais d’une certaine façon elle se demandait s’il aurait pu les aimer. Il semblait si froid et distant.

« - C’est une coïncidence amusante… J’aurais aimé le connaitre. Tous ceux qui l’ont rencontré m’en ont dit beaucoup de bien. » Lâcha t’elle, distraitement.

Leur marche se prolongea sans que la concentration des exploratrices ne soit brisée. La piste qu’elles tentaient vaguement de dégager était trop impraticable pour que leur route ne soit propice à la conversation légère. Achéran s’inquiéta un peu de ce que l’autre pouvait penser de son mutisme, elle passait souvent pour une associable silencieuse. Cependant entre la chaleur et les insectes, elle avait plus envie de grogner sur les scarabées et les tiques qui cherchaient un chemin dans sa fourrure que de que de parler météo. Pas que cette dernière soit très changeante de toute façon.

« La peste soit de cette île maudite et de sa jungle ! »
A vrai dire elle n’était pas surprise, elle s’attendait à ce que la tension pesante que la situation occasionnait éclate à un moment ou à un autre. Elle aurait bien lâché quelques mots pour l’encourager mais elle préféra ne pas s’attirer ses foudres pour catalyser sa rage. Elle se tût et avança docilement, arrachant une liane ça et là pour clarifier le chemin. Elle aurait pu créer une sorte de machette rien qu’avec les petites plaies que les mouches plates avaient creusées sur ses flancs et son dos, mais il était risqué de manquer de finir en état d’anémie alors qu’ils n’avaient aucune proie à disposition. Elle ne serait pas bien utile si Herrade devait trainer son cadavre pendant quatre heures.

« Je vais vraiment finir par regretter de ne pas avoir d'ailes... »
Achéran opina et eut un sourire triste. Si seulement elle avait pu récupérer ce gène…
« Je ne crois pas que nous l'atteindrons aujourd'hui ; je vais rentrer au clan, je dois passer voir les patrouilles avant la nuit. »
Elle hésita un instant, lors de son entrainement on lui avait toujours enseigné à envisager plusieurs options pour se tirer des problèmes. Si elle ne pouvait pas marcher, il fallait ramper, grimper , voler, nager… Ramper ne paraissait pas la meilleure option dans le cas présent sauf si elle voulait amasser une colonie entière de fourmis dans sa fourrure, mais grimper…


« Tu es libre de m'accompagner si tu le souhaites, ou de rentrer par tes propres moyens. Mais si tu veux persister ici, fais attention à toi ; je ne me fais pas trop de soucis, d'autant que tu es bien accompagnée, mais ce territoire nous reste inconnu sur bien des points. »
Achéran eut un sourire entendu.

« -Il est vrai que cette foutue jungle est impraticable d’ici. Mais je pense qu’il faut voir les choses avec une autre perspective. »

Elle se posta au pied d’un tronc biscornu et contempla la lame secrète qui lui servait habituellement de piolet lorsqu’elle escaladait des arbres ou des rochers.

« – Je n’ai pas une grande expertise des jungles tropicales ou des cailloux inhospitaliers comme celui que nous foulons. Mais j’ai appris une chose importante : ce n’est pas parce que l’on n’a pas d’ailes… » Elle pris son souffle, banda sa chaine postérieure et se propulsa sur une aspérité du tronc imposant, avec un peu de peine. « Que l’on ne peut pas monter. »
Elle jeta une œillade amusée à sa comparse en se hissant plus haut sur le tronc. Il est vrai, sa capacité à grimper aux arbres était un talent assez inhabituel chez ses pairs et elle n’avait que peu l’occasion de faire ses preuves. Elle grimpa comme elle put, se hissant tant bien que mal au-dessus de la végétation épaisse.  Quand elle atteint une hauteur suffisante, elle remarqua que d’ici les arbres étaient tellement densément semés qu’il semblait presque simple de se déplacer de branche en branche. A condition de ne pas avoir le vertige, il n’y avait pas de racines partout ou de feuilles qui cachaient la vue. Ni d’horripilants moustiques d’ailleurs. Cependant elle ne voyait pas cette lumière au bout du tunnel, la fameuse plage que tous cherchaient. Elle jura à voix haute. C’était donc encore loin. Mais en empruntant la route du ciel elle avait peut-être une chance de l’atteindre.
Elle remarqua un autre atout de cette partie dense de la forêt : Les oiseaux, peu accoutumés à voir des prédateurs, foisonnaient dans la canopée. Ils étaient petits et colorés mais la tentation en attraper un était tout à fait irrésistible. Achéran repéra un nid à proximité, fit quelques pas et… Clac. Ses crocs se fermèrent brutalement sur une boule de plumes. Le gout du sang fut une sensation délicieuse dont elle ne profita pas longtemps. Il fallait faire part de ses découvertes à sa supérieure. Elle se laissa glisser le long du tronc et déposa sa trouvaille aux pattes de la verte.

«- J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. » Elle reprit son souffle. « La mauvaise c’est que même de là-haut je n’ai pas réussi à voir cette maudite plage. La bonne c’est qu’à condition d’avoir de bons grimpeurs se déplacer dans les arbres est beaucoup plus simple qu’à terre. Ce qui expliquerait peut-être pourquoi on ne trouve jamais d’autres formes de vie que nous ici. Si le terrain n’est pas propice à la marche terrestre il semble plausible que les animaux vivent ailleurs, notamment dans la canopée, comme cette espèce d’oiseau. On n’a pas l’impression d’en bas mais ils foisonnent dans les cimes. Ça n’est pas du luxe mais si on en attrape assez ça pourra faire plaisir à certains loups. »


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Herrade
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Dim 26 Avr 2020 - 12:28

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Herrade & Achéran
Intriguée par les propos de l'exploratrice, Herrade stoppa son élan de retour vers le camp et posa sur elle des yeux curieux. La grise semblait savoir ce qu'elle disait, aussi sa meneuse attendit qu'elle en fit la démonstration. Un sursaut d'espoir et d'intérêt fit palpiter un peu plus vite son pouls.

« Je n’ai pas une grande expertise des jungles tropicales ou des cailloux inhospitaliers comme celui que nous foulons. Mais j’ai appris une chose importante : ce n’est pas parce que l’on n’a pas d’ailes… » Déterminée, Achéran entama l'ascension d'un arbre, sous l'examen attentif du leader. « Que l’on ne peut pas monter. »

La combattante suivit son ascension la gueule entrouverte, faisant quelques pas vers le tronc pour mieux la distinguer. Elle savait y faire, visiblement, ce n'était pas son coup d'essai ; si Herrade avait déjà tenté pareille chose dans sa vie, elle n'en avait pour sa part plus le souvenir. La surface verticale des arbres ne lui inspirait pas forcément l'envie de les prendre d'assaut, mais il est vrai que dans cette section de la jungle, leurs formes torturées et leurs larges branches entremêlées pouvaient offrir des prises plus confortables...

La grise quitta son champ de vision, se perdant parmi les feuillages épais qui coiffaient la forêt. D'en bas, la meneuse la suivit au son, cillant lorsqu'elle entendit un juron étouffé lui parvenir. Une mauvaise nouvelle, ou un faux pas ? La réponse ne tarderait sûrement pas à lui parvenir, un mouvement agita quelques branches, et bientôt la jeune louve fut de retour devant sa cheffe médusée dans une glissade contrôlée.

« J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise c’est que même de là-haut je n’ai pas réussi à voir cette maudite plage. » Herrade grimaça, mais laissa sa comparse poursuivre sans l'interrompre. « La bonne c’est qu’à condition d’avoir de bons grimpeurs se déplacer dans les arbres est beaucoup plus simple qu’à terre. Ce qui expliquerait peut-être pourquoi on ne trouve jamais d’autres formes de vie que nous ici. Si le terrain n’est pas propice à la marche terrestre il semble plausible que les animaux vivent ailleurs, notamment dans la canopée, comme cette espèce d’oiseau. On n’a pas l’impression d’en bas mais ils foisonnent dans les cimes. Ça n’est pas du luxe mais si on en attrape assez ça pourra faire plaisir à certains loups. »

La louve verte observa le petit cadavre à ses pieds, sûrement plus fait de plumes que de chairs, mais un petit reliquat de protéines malgré tout. La nouvelle était excellente, il s'agissait effectivement d'une nouvelle perspective à exploiter pour eux. Des loups grimpeurs... une drôle d'idée, mais si elle pouvait leur sauver la vie, Herrade était prête à ne plus se déplacer que de troncs en troncs.

« Un brin d'espoir, enfin ! »

Les prunelles bicolores de la cheffe quittèrent le sol pour se planter dans les yeux incisifs d'Achéran. Enfin, elle pouvait profiter pleinement de son visage et de son regard ! Cette escapade n'aurait pas été vaine sur plusieurs points. Un sourire apparut sur le faciès dur de l'ancien bourreau, et ses épaules se détendirent quelque peu sous l'effet d'un soulagement succinct. Les paroles de la jeune louve concernant son père lui revinrent en mémoire, et son ton se fit sensiblement plus doux.

« Je ne crois pas me tromper en disant que ton père aurait été fier de te voir te débrouiller comme ça... c'était un adepte des changement de perspectives ! »

Elle se revoyait enfant, fermant les yeux et faisant appel à ses autres sens sous la houlette de son ami, expérimentant une toute nouvelle façon d'appréhender le monde... Sa fille venait de faire exactement la même chose, et la verte lui en était reconnaissante. Herrade leva les yeux vers cette nouvelle partie du territoire qui n'attendait que d'être explorée.

« Quand je pense que c'était sous nos yeux... enfin, au-dessus. La faune de cette jungle est particulièrement étrange, mais tu as raison, c'est à nous de nous adapter. Je crois que de nouveaux entraînements s'imposent pour les patrouilles. »

D'un geste de patte, elle désigna le corps encore chaud de l'oiseau, le laissant à son exploratrice ; elle l'avait amplement mérité. La guerrière comptait bien tenter d'aller chercher elle-même sa récompense, s'approchant du tronc avec un air déterminé.

« À commencer par moi... j'imagine qu'étant enfant, j'ai dû tenter l'expérience, mais mon corps a visiblement oublié ce genre d'acrobaties. » Elle eut un petit rire, amusée par la situation. « Eh bien, heureusement que le ridicule ne tue pas. N'hésite pas à commenter si je m'y prends mal. »

La meneuse posa ses pattes avant sur le tronc, puis se ramassa sur elle-même, gardant une branche assez haute en objectif visuel. Vu d'ici, l'arbre semblait beaucoup plus à la verticale, et elle se demanda comment elle pourrait se projeter assez fort pour espérer gravir l'espace qui la séparait du premier palier... Certes, elle n'avait pas le même poids qu'avant, mais plus la même force non plus...

Laissant de côté ses inquiétudes, Herrade se focalisa uniquement sur ses sensations et ses muscles, s'aplatit un peu plus, recula de quelques pas ; puis solide sur ses pattes, elle s'élança et partit à l'assaut du tronc, parvenant à faire deux bonds avant de manquer d'impulsion. Sa patte avant accrocha heureusement la branche espérée, mais elle dut battre furieusement des griffes pour s'y hisser, et se retrouva pantelante, à quelques mètres du sol. Un rire inattendu la secoua, et elle s'essuya le front pour en chasser la sueur.

« Oh dieux, mais qu'est-ce que je fais..! » plaisanta-t-elle comme pour elle-même, se plaisant à oublier un instant les tensions et responsabilités qui pesaient sur son dos pour juste profiter de cette nouvelle expérience.

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❧ Herrade


« Je ne crois pas me tromper en disant que ton père aurait été fier de te voir te débrouiller comme ça... c'était un adepte des changements de perspectives ! »

Achéran eut un rictus flatté. Elle aimait cela, résoudre les problèmes. Et si sa petite tête avait effectivement permis de partiellement « débroussailler » la situation elle n’en n’était que plus fière. Elle ne connaissait pas vraiment son paternel mais elle ressentit une pointe de satisfaction à l’idée que ceci puisse être un trait de caractère héréditaire qui se trouvait chez elle aussi.

« Quand je pense que c'était sous nos yeux... enfin, au-dessus. La faune de cette jungle est particulièrement étrange, mais tu as raison, c'est à nous de nous adapter. Je crois que de nouveaux entraînements s'imposent pour les patrouilles. »

S’adapter était le mot d’ordre pour l’Assassin. Elle était l’ombre fluctuante dans l’obscurité, une paire d’yeux sous son capuchon. Quand elle ne marchait pas, elle volait, elle grimpait. Elle se sentait stupide de ne pas y avoir pensé avant. Nouveau monde, nouveaux impératifs. Ils ne pouvaient pas partir du principe que tout allait être identique à leur terre natale. Tant d’explorateurs, de noms qu’elle avait entendus scandés dans des chansons ou des histoires avaient touché terre sur des contrées inconnues et finissaient tragiquement morts de faim ou de soif, empoisonnés ou agressés par les populations locales. Les histoires qu’elle avait entendues n’étaient pas les histoires communes qu’on contait aux louveteaux pour les endormir.

« À commencer par moi... j'imagine qu'étant enfant, j'ai dû tenter l'expérience, mais mon corps a visiblement oublié ce genre d'acrobaties. Eh bien, heureusement que le ridicule ne tue pas. N'hésite pas à commenter si je m'y prends mal. »
Achéran eut un sourire amusé avant de croquer sa proie tout rond. Elle ne prêta pas attention au goût étrange qu’avait sa chair mais savoura le poids qu’elle constituait sur son estomac recroquevillé. Son repas ingéré elle observa le leader qui se propulsait le long du tronc. Elle se souvenait de ses années d’entrainement avec son mentor, et cela la rendit légèrement nostalgique. Elle avait rapidement dépassé le maître de par sa légèreté et sa jeunesse mais ce dernier lui avait enseigné le B-A BA du bon grimpeur : trouver les meilleures prises, épargner ses forces, anticiper les zones plus compliquées ou éviter les prises fragiles, si bien qu’Achéran se réputait plus à l’aise dans les airs que sur terre. Elle ne pouvait mesurer la chance qu’elle avait eu de rencontrer les assassins.
« Oh dieux, mais qu'est-ce que je fais..! »
Aché émit une risette, ainsi elle devenait mentor pour quelques minutes, un rôle inattendu de sa part. Elle recula de quelques pas afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble et scruta la paroi avec attention, cherchant les meilleures prises.
« -Tu t’en sors plutôt bien » Dit-elle sur un ton enjoué « Tiens tu as une belle prise à ta gauche, au niveau de ta cuisse. Je n’ai pas à proprement parler de conseils parce que tu es déjà physiquement apte à faire ça, le tout c’est de repérer le meilleur chemin. Et ça vient avec pas mal d’entrainement.»
Elle aurait aimé que tout soit simple mais malheureusement elle avait fait les frais de sa formation, quand bien même on lui avait beaucoup enseigné.
Elle continua à l’observer d’en bas, lui conseillant de temps à autre une liane à agripper ou une prise simple d’accès, scrutant le tronc de son œil perçant.

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« Tu t’en sors plutôt bien. » Herrade se pencha légèrement par-dessus sa branche, avisant sa conseillère en contrebas. Elle était heureuse de l'utilisation du "tu" par Achéran, qui cassait enfin un peu les barrières protocolaires et hiérarchiques autour de la verte. « Tiens tu as une belle prise à ta gauche, au niveau de ta cuisse. Je n’ai pas à proprement parler de conseils parce que tu es déjà physiquement apte à faire ça, le tout c’est de repérer le meilleur chemin. Et ça vient avec pas mal d’entrainement. »

Orientant ses prunelles d'après les remarques de la grise, la meneuse repéra rapidement la fameuse prise, puis leva le museau pour appréhender la suite. La route était encore longue et accidentée jusqu'à la canopée, mais au moins elle avait plus de relief pour s’agripper que sur la première portion. Elle aurait donc moins besoin d'élan, ce qui était salutaire, car après leur longue expédition et son arrivée sur la branche, elle commençait à manquer de carburant.

Sous les bons conseils d'Achéran, Herrade progressa vers le sommet du tronc, s'y reprenant à deux fois lorsqu'elle posait ses pattes sur des branches trop souples pour pleinement supporter son poids. L'ascension lui sembla durer des plombes, mais enfin, un souffle d'air un peu plus frais sur son visage lui apporta un brin de réconfort. Pantelante et en sueur, elle émergea des feuillages, promenant son regard acéré sur la mer végétale qui l'entourait, cernée plusieurs kilomètres plus loin par l'océan. À l'ouest, le soleil couchant semblait incendier les eaux, et le spectacle était proprement stupéfiant - en plus de rappeler au leader que le temps passait plus vite qu'elle ne l'aurait cru.

Effarouchés par l'irruption de l'exploratrice, les petits oiseaux avaient fui vers d'autres cachettes, aussi le silence accueillit la verte lorsqu'elle lorgna les plus hautes branches. Ce n'était que partie remise, les chasseurs cueilleurs auraient tôt fait de les dénicher où qu'ils soient. Pour l'heure, la combattante se contenta de deux œufs minuscules abandonnés dans un nid - minuscules, mais malgré tout assez nourrissants pour apaiser son estomac pour un temps.

« Eh bien, on dirait qu'on progresse finalement un peu. »

Après un dernier regard sur le panorama, Herrade entreprit de redescendre, et se trouva bien vite confrontée à une nouvelle difficulté. Comment retrouver le plancher des loups sans se rompre le cou sur toutes les branches qui jalonnaient son parcours ? Elle avança avec prudence sur le premier mètre, puis commença à glisser ; son arrière-train, entraîné par la gravité, se déporta, et elle se retrouva à tourner le dos à la pente. Sans jamais avoir vu de félin à l’œuvre, la verte comprit que cet angle était le plus à-même de la ramener au sol sans encombres - du moins, avec un peu plus de facilité et un peu moins de risques.

Déplaçant ses pattes l'une après l'autre, la verte fut de retour dans le champ de vision de la gamma, et fit une pause sur la large branche qu'elle avait quitté quelques minutes plus tôt - celle qui marquait la dernière étape avant d'atterrir.

« Sacrée vue là-haut ! On pourra même optimiser les postes des veilleurs avec un peu d'aménagement. »

Pour la dernière ligne droite, la meneuse se ramassa sur elle-même, appréhendant avec prudence la pente ; puis elle se laissa entraîner par le poids de son corps, dévalant le tronc au pas de course avant de se réceptionner souplement au milieu des herbes. Faisant rouler ses épaules bien réquisitionnées par l'exercice, Herrade retourna auprès de l'exploratrice.

« Je serais curieuse de savoir comment tu as appris à t'élever ainsi ! Tu as une sacrée technique. »

Un sourire fin soulevait ses babines tandis qu'elle se plaçait à côté d'Achéran. La question pouvait rester rhétorique si la grise n'avait pas envie d'y répondre, mais l'intérêt était sincère de la part de la meneuse ; son acolyte semblait très bien entraînée, et naturellement, elle avait envie de connaître un peu mieux ses méthodes.

« La nuit apportera un repos mérité ; demain, de nouvelles session d'entraînement vont voir le jour pour tester ces méthodes de chasse inédites. Accepterais-tu de superviser quelques unes de ces sessions ? »

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❧ Herrade


« Eh bien, on dirait qu'on progresse finalement un peu. »
Elle l’observait vaguement, plissant les yeux à travers quelques trouées dans la canopée. La capacité d’adaptation et la force physique du leader impressionnaient Achéran, qui ne s’attendait pas à la voir s’en sortir si bien. Elle avait eu vent de l’extrême opiniâtreté d’Herrade et de ses talents de meneuse mais elle ne pensait pas qu’elles étaient aussi fondées.
« Sacrée vue là-haut ! On pourra même optimiser les postes des veilleurs avec un peu d'aménagement. »
L’idée de postes en nid d’aigle fit presque regretter son rôle à Achéran. Elle n’appréciait pas demeurer statique, mais la perspective de s’offrir des nuits de veille tranquille dans les arbres pour observer les étoiles était assez séduisante. L’assassin se reprit cependant, si sa truffe était tournée vers le ciel elle ferait assurément une excessivement mauvaise veilleuse. Elle se demanda si Aranwë cautionnerait cela… Elle acquiesça énergiquement, approuvant l’idée de la meneuse.  
«Ca me parait une bonne idée, surtout si l’on peut voir les ennemis sans qu’ils ne nous voient.
Une pointe d’excitation la saisit alors qu’elle se remémorait ses dernières chasses sur Four seasons, lorsqu’elle tombait du ciel sur les chevreuils comme un aigle fond sur ses proies.
« Je serais curieuse de savoir comment tu as appris à t'élever ainsi ! Tu as une sacrée technique. »
Elle gloussa légèrement un sourire rêveur sur les babines. Sur le continent son rôle était celui d’une ombre et elle n’avait pas le droit de trahir son groupe. Mais elle avait avant tout -avant d’être une gardienne des libertés- appris à être une protectrice des foules et des plus faibles. Son mentor lui avait raconté comment, avant d’être une confrérie, son groupe était épars et chacun travaillait dans son coin à rendre le monde meilleur. Ils étaient mercenaires, protecteurs et gardiens. Ils avaient eu plusieurs noms avant d’être des assassins. Les sociétés de développant et un système hiérarchique visant à la protection des loups s’instaurant, les individus avaient moins besoin de ces gardiens qui s’étaient regroupés et avaient fondé la confrérie. Mais en ce temps de trouble qui était-elle vraiment ? L’assassin égoïste qui sert son idéal au détriment du bien-être de ses pairs ; ou la protectrice des plus faibles ? Achéran avait beaucoup réfléchi à la question. Elle n’était pas sociable, ni même foncièrement gentille, mais elle était la digne repreneuse de son ordre, comme elle en était l’unique représentant. Peut être un jour formerait elle des jeunes à son tour. Mais aujourd’hui, elle avait décidé qu’elle serait une protectrice, elle sortait dans la lumière.
« C’est une appellation étrange mais je suis de ceux qu’on appelait assassins. Je doute que vous ayez eu vent de ce nom car nous travaillions dans l’ombre. Fût un temps, l’évoquer était proscrit, mais maintenant que l’ordre a surement été décimé je suppose qu’on ne m’en voudra pas si je le divulgue. » Elle expectora un soupir discret. « Pour la faire courte nous étions entrainés depuis notre plus jeune âge pour intégrer la confrérie. C’est avec mon mentor que j’ai appris cela. » Déclara t’elle avec une parfaite neutralité, désignant le tronc de l’arbre.
Lui parler de cela lui coûtait énormément, mais c’était son premier pas vers la lumière.
« La nuit apportera un repos mérité ; demain, de nouvelles sessions d'entraînement vont voir le jour pour tester ces méthodes de chasse inédites. Accepterais-tu de superviser quelques-unes de ces sessions ? »
Elle sourit placidement. Elle ne se considérait pas comme bonne pédagogue mais pourquoi pas, et puis, ça ne l’engageait à rien, si elle était si mauvaise les patrouilles auraient tôt fait de la jeter dehors.
« Si ça peut rendre service à la communauté, je le ferai volontiers. »
Ses yeux gris parcoururent l’horizon, elles devraient se hâter si elles voulaient arriver avant la nuit noire.



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Mar 5 Mai 2020 - 16:30

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Herrade ne croyait pas les survivants encore assez aguerris pour détecter leurs ennemis avant d'être surpris, mais constituer un nouvel angle d'approche ne pouvait que les aider, surtout si la plupart des bestioles de cette île avait élu domicile dans les frondaisons. Un pas de plus vers l'adaptation, voilà ce à quoi elle pensait au fond d'elle. Un jour, ils parviendraient à apprivoiser ces terres et leurs ressources...

Elle fut tirée de ses réflexions par le rire léger et discret d'Achéran, qui semblait en bonne phase pour assouvir sa curiosité. Face à ses révélations, la verte ouvrit des yeux effarés, surprise d'apprendre l'existence d'un autre groupe secret sur Four Seasons. Elle connaissait le rang d'assassin, mais pas cette confrérie ; quel était le but de ces loups surentraînés ? La paix, à l'instar des LibreLunes ?

« Je n'en avait effectivement jamais eu vent. » Elle jeta un œil à l'arbre, un brin circonspecte. « Si j'en juge par son nom, je serais tentée de dire que votre confrérie ne menait pas sa lutte avec autant de pacifisme que les anciens gardiens de la paix ! »

Tout un pan de ses anciennes terres apparaissait à l'ancienne printanière comme tissé de brume. Il y avait eu donc bien plus de secrets qu'elle ne l'aurait jamais cru, au-delà des combines entre les saisons... Plusieurs questions brûlaient ses babines à propos des assassins - leur nombre ? leur mode de fonctionnement ? d'entraînement ? de recrutement ? - mais voyant l'effort de la grise à s'être un peu livrée, la meneuse renonça. Elles auraient sûrement une autre occasion pour reparler de tout ça, si l'exploratrice y était disposée.

« Si ça peut rendre service à la communauté, je le ferai volontiers.
- Exactement ce que je voulais entendre ! »

Herrade adressa un sourire malicieux à sa jeune recrue, satisfaite de la tournure des événements. Même si Achéran avait un peu de mal à sortir de son mutisme, ses conseils et remarques pourraient s'avérer précieux auprès de quelques élèves. Jetant un dernier regard vers la canopée, la verte prit le chemin du retour, fatiguée mais heureuse.

« Eh bien, ce n'est qu'un au revoir, la plage. »

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