Difficile d'expliquer le caractère de V'hallys sans le relier intimement à son histoire. Pour ce qui est des traumatismes, l'enfant puis l'adulte en a connus : le premier qu'il dû affronter fut l'exil, le grand, l'honteux exil de sa mère. Au cours de son adolescence, le jeune V'hallys a dû faire face au départ successif de son frère et sa sœur du foyer familial, jusqu'à n'en avoir plus aucune nouvelle aujourd'hui. L'impact psychologique fut moins fort pour lui en réalité que ce qu'on aurait pu attendre, n'ayant jamais été proche de sa fratrie. En revanche, quitter sa mère fut pour lui un déchirement, sans qu'il ne s'en rende réellement compte sur le coup, alors même qu'elle lui avait donné sa bénédiction pour qu'il entame un retour vers Four Seasons. Il pense souvent à elle avec, toujours, un mélange d'amour et de ressentiment ; la pression qu'il ressent face à l'héritage qu'elle lui a laissé se dissout peu à peu avec le temps mais les dégâts qu'elle a fait chez le jeune adolescent puis chez le jeune adulte resteront toujours. De fait, V'hallys en tire une exigence incroyable envers soi-même, doublée d'un inexorable impératif de faire ses preuves aux autres.

À l'origine de retour pour conquérir le trône printanier, V'hallys s'est fait une raison au contact d'Herrade et dans l'accomplissement différent offert par la conquête des nouvelles îles, à laquelle il a excellé. Cette imprévisible aventure – d'autant plus étonnante qu'il s'est retrouvée à la jouer aux côtés de Nachtgewalt avec qui il a tissé de surprenants liens – lui a fait beaucoup de bien. Elle a quelque peu apaisé ses maux et sa soif de gloire, lui offrant un épanouissement et un sentiment de réussite en dehors des clans et, de fait, presque plus grand encore que s'il se fût cantonné au Printemps. Il en tire une grande fierté dont il ne manquera pas, s'il en a l'occasion, de jouer pour faire tourner en bourrique une certaine louve en particulier, qu'il a longtemps devancée sur cette épreuve et avec qui il a eu des confrontations dignes d'être remémorées.

Malgré ce petit baume au cœur meutri de l'enfant banni, V'hallys est et demeurera sans doute toujours très peu confiant. Il y a fort peu de risques que vous aperceviez directement des preuves de ce manque de confiance en lui, cela dit : lui-même n'en a que très diffusément conscience et la couche en apparence très naturelle de bravacherie, d'insolence et de charisme empêche toute faille de transparaître. C'est seulement si vous venez le titiller sur un des sujets sensibles à cœur pour lui que vous pourriez le voir s'agacer, s'énerver, peut-être même crier. Nul n'a réellement atteint ces couches-là avec lui à part peut-être Herrade, ce qui a généré beaucoup de confusion en V'hallys qui ne s'est pas reconnu lors de ces fameux échanges où il n'était "plus lui-même".

C'est donc avec un loup charmant, charmeur et insolent sur les bords que vous aurez le plaisir de vous entretenir si vous n'êtes pas trop intimidé par le côté inaccessible qu'il se plaît à entretenir et dégager. Passez outre les piques, l'insupportable aspect fanfaron de V'hallys et vous aurez en réalité un loup très gentil, peut-être même attentionné avec vous si vous l'attendrissez. Il ne sait simplement pas s'exprimer différemment qu'ainsi, en hâbleur professionnel. Malgré tout, cette constante impertinence n'empêche pas V'hallys de savoir se faire des amis assez facilement lorsqu'il le souhaite, ce qui lui est facilité par son charme naturel.

À l'inverse de ce que ceux qui le fréquentent pourraient croire, il est assez facile de cerner l'honnêteté ou non de V'hallys dans ses relations. En l'absence de contexte le poussant à utiliser son charisme pour manipuler et parvenir à ses fins, V'hallys n'éprouve pas de plaisir particulier à entretenir de faux sentiments envers lui. Non que cela le répugne – il n'hésiterait pas à le faire s'il jugeait cela nécessaire –, c'est plutôt que cela l'indiffère. D'une nature, rappelons-le, assez solitaire – même s'il évite tous les moments de grande introspection qui déterrent en lui des douleurs qu'il préfère ignorer –, il ne cherche jamais la compagnie pour la compagnie. En temps normal, il aura même tendance à tarir l'impertinence s'il ne se sent pas en agréable compagnie, pour couper court à l'échange, plutôt qu'à entretenir la joute.

Depuis son arrivée parmi les Insulaires, V'hallys a appris à tamiser ses côtés exhubérants et charmeurs, leur préférant un profil bas qu'il juge plus sécurisant. Tentant de se montrer le plus serviable possible – sans faire de zèle non plus, le tout étant d'atteindre un juste milieu qui lui épargnerait tout soupçon –, il reste pour l'instant dans son coin, faisant sa juste part du travail et, pour le reste, attendant sur ses gardes la prochaine péripétie.

V'hallys a, de sa mère, hérité une caractéristique de reptile : une peau de serpent. Ces écailles recouvrent son corps à volonté, totalement ou seulement en partie. Leur intérêt ? La protection non négligeable qu'elles représentent. Elles sont en effet bien plus dures que des écailles normales, et on pourrait donc facilement les comparer à une armure naturelle contre les coups. Toutefois, V'hallys se doit de prendre garde à ces écailles, car toute blessure — écailles arrachées, par exemple — demeure, même une fois sa peau normale retrouvée.

De carrure haute et relativement imposante, V'hallys est un loup bien bâti. Des muscles bien dessinés roulent sous sa peau claire couverte de poils d'un rose pâle ; il a défait ses dreadlocks pour laisser ses cheveux naturels, d'un violet sombre, retomber devant ses yeux en une coupe décoiffée qui cache parfois ses sourcils moqueurs.

V'hallys a assurément un air assez détendu et sympathique, même si cela n'efface pas l'aura d'assurance qui se dégage de lui. Il est beau, et il le sait : il adore faire usage de ce charme de jeune voyou qu'il dégage. Ses pattes avant sont sans doute ce qu'il préfère chez lui, avec leurs tatouages bien dessinés aux motifs fascinants. En fait, V'hallys ressemble peu à ses parents. Le bleu de sa mère et le brun de son père ne le prédestinaient pas ce pourpre assez inhabituel. Il a toutefois hérité des chaussettes blanches de sa mère et de ses petits bouts d'oreilles presque noirs.

Né pour être un prince et déchu tout aussi vite, V'hallys connut une enfance compliquée. Sa mère cacha toujours leurs origines à ses trois enfants légitimes, et tut le fait qu'il y en avait deux autres. Grandissant loin de toute sphère clanique, il n'eut que Myosotis comme modèle et Rh'llor et Cersei pour proches – et ils l'étaient fort peu. Grandissant toutefois avec, pour se bercer le soir, les histoires de sa mère lorsqu'elle dirigeait encore un certain clan printanier, V'hallys en vint à tisser des rêves de grandeur pour atténuer la peine de ce qu'on lui avait retiré dans sa tendre enfance. Ce qui lui manquait en réalité, et qui était à l'origine de sa peine, était simplement un clan, une famille pour l'entourer. Nul ne sut si Myosotis aimait sincèrement ses enfants, mais V'hallys, lui, l'aimait et l'admirait plus que tout. Quitter ce foyer était aussi douloureux que nécessaire pour lui, mais après de longues semaines d'intense réflexion, il s'y décida finalement, poussé par sa mère.

Son retour sur Four Seasons ne fut pas vraiment ce à quoi il s'était préparé. De la haine, de la surprise, peut-être même de l'excitation : voilà ce qu'il croyait que son retour en fanfare allait provoquer. Il n'obtint peu ou prou qu'une indifférence teintée d'une vague inquiétude de la part du Printemps. En fait, la réaction la plus intense fut celle d'une louve qu'il n'avait pas reconnue au premier abord, mais qui elle l'avait bien reconnu. C'était Herrade, et c'était aujourd'hui la seule à pouvoir affirmer avoir connu V'hallys avant et après l'exil. Les souvenirs lui revenaient peu à peu, un peu plus à chaque fois qu'il la voyait, qu'il lui parlait, et dieu sait qu'il brûlait de ces contacts avec elle, sans même savoir pourquoi.

Vint alors le temps des îles, le distrayant de sa soif de reconquête, ouvrant de nouveaux horizons pour tous sur Four Seasons. Le petit nouveau, l'arriviste, le renégat comme certains l'appelaient trouva en la personne de Nachtgewalt un suprenant allié. V'hallys n'était pas au jour de ses agissements et celui-ci se garda bien de les lui révéler ; alors, baignant tous deux dans un non-dit confortable entre eux concernant leurs origines respectives, ils progressèrent, vite et bien, toujours plus en avant dans la conquête des îles. Tous deux se laissèrent même aller à quelques confidences sur leurs histoires et partagèrent quelques moments de complicité. La trève fut rompue lorsqu'ils furent confrontés à Herrade et un automnal sur la dernière île. V'hallys, durant tout le temps que dura la confrontation, la poursuite, les combats, se sentait comme flotter, incapable de saisir ce qui l'entourait, d'assembler les pièces du puzzle. Avant qu'il n'ait pu reprendre ses esprits, un déferlement de bruit et des trombes d'eau s'étaient abbatus sur eux, séparant les belligérants et les alliés, refermant leurs horizons dans une chappe de noirceur.

V'hallys ne comprit pas immédiatement le lieu de son réveil, ni la temporalité dans laquelle il se trouvait à présent. Difficile d'estimer combien de temps s'était écoulé depuis que tout s'était effondré, que son maigre univers constitué de Nachtgewalt et Herrade avait volé en éclats. Une sourde angoisse avait alors envahi son esprit, bourdonnant dans ses oreilles et submergeant son espace de pensée ; une vraie crise de panique l'avait immobilisé à même l'herbe boueuse et détrempée pendant ce qui lui avait semblé des heures. Il n'en sortit que lorsqu'il entendit au loin des bruits animaux et qu'une poussée d'adrénaline envahit ses veines. Il s'était caché dans des fourrés, tremblotant encore – de froid ou d'angoisse, il ne savait plus faire la part des choses mais peu importait en cet instant. Il n'avait pas non plus compris, au premier abord, la nature de ceux qui s'approchaient : leurs silhouettes étaient loin de tout ce qu'il avait pu connaître jusqu'à présent. Éberlué, confus, encore sous le choc de la violence de ce qu'il venait de vivre, les yeux de V'hallys se détachèrent peu à peu de ces nouveaux carnivores et se mirent à dériver vers l'horizon. Le bleu au loin était profond pour un ciel ; comme si sa vue ne parvenait pas à faire la mise au point, le cerveau de V'hallys mit du temps à connecter ce qu'il voyait avec sa signification. Ce n'était pas le ciel qui avait cette couleur, c'était de l'eau. Une immense, profonde, infinie étendue d'eau. Dans le déni absolu de ce qu'il voyait, V'hallys cherchait des explications rationnelles à cette soudaine montée des eaux et cherchait à savoir quand elles reflueraient. Au bout de quelques jours d'errance en solitaire, amaigri par la faim et l'angoisse, V'hallys se rendit douloureusement à l'évidence que rien ne serait plus comme avant. De toutes les questions qui flottaient dans son esprit, deux le tenaillaient : sa mère avait-elle pu se mettre en sécurité en regagnant des hauteurs, et qu'était-il advenu d'Herrade ?

Sans réponse à ces questions, le mâle violet dû faire face à la nécessité de survivre. Il avait fini par repérer plusieurs individus d'espèces variées qui semblaient être organisés en ce qu'il croyait être une bande, puis en ce qu'il déduisit être en fait un clan. Qui étaient-ils ? Il eut sa réponse lorsqu'il se présenta à eux, propre et soigné, comme un loup arrivé sur cette île par un des nombreux portails encore égarés sur ces terres. Ils étaient les Insulaires, et occupaient ces terres depuis bien plus longtemps que ceux uqui avaient cru pouvoir les conquérir. Taisant prudemment ce qu'il savait de cette épopée, V'hallys parvint à négocier le fait de s'intégrer à leur clan. Évoluant discrètement au cœur de celui-ci, offrant sa force de travail au service de l'intérêt général, il était connu comme le loup qui parlait peu, et bien qu'il jurait toujours le contraire lorsqu'on lui posait la question, on sentait qu'une ombre de tristesse et d'angoisse le suivait partout où il allait et quoi qu'il fisse. Il avait tissé trop liens avec ceux qui avaient partagé son aventure, finalement, pour faire à nouveau table rase du passé.