Four seasons
Tu as posé les pattes sur Four Seasons !

Tu te retrouves dans un monde étrange, peuplé d'animaux désignés comme dangereux...Quel camp choisiras-tu ?
Mais ne t'inquiètes pas : ils sont civilisés et ne te mordront pas au moindre mouvement ! (encore que...)
Viens incarner TON personnage : loup ou chien pour les Survivants, et bien d’autres (félins, ours,...) pour les Insulaires et fais le vivre à travers des aventures nommées RP !

A très bientôt !
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Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !


 
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Our eyes meet, and something dangerous sparks — ft. Herrade [EVENT]
V'hallys
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Sam 30 Mar 2019 - 23:23

Our eyes meet, and
something dangerous sparks
V'hallys x Herrade


V’hallys et Nachtgewalt étaient ressortis bredouilles de leur exploration de l’épave ; l’avance dont ils avaient bénéficié en parvenant à traverser sans encombre les flots, sur l’un des nombreux chemins de glace, semblait proche de se réduire drastiquement au fur et à mesure qu’ils voyaient, au loin, leurs concurrents réussir également leur traversée. Le désespoir n’était néanmoins pas près de gagner le cœur du jeune solitaire ; au contraire, il trouvait galvanisant de se faire ainsi talonner : cela le poussait dans ses retranchements, et l’incitait à puiser dans ses dernières ressources pour trouver une solution. Après la chute spectaculaire de son compagnon Ladh dans les épines des ajoncs, ils avaient décidé de faire une pause ; Outa-Ranos n’était vraisemblablement pas de leur côté sur ce coup-ci, et il avait parfois du bon de se retirer pour mieux revenir plus tard. En outre, le mystérieux Ladh, devenu son camarade de route par le plus grand des hasards, s’était révélé d’une étonnante pertinence et avaient semé quelques doutes dans l’esprit de V’hallys. Ces questions, relatives à Seira, au trône et à ses motivations, l’avaient déjà suffisamment perturbé sur le coup, mais il sentait que ce n’était que la partie émergée de l’iceberg ; s’il tirait plus encore le fil de ces interrogations, il verrait probablement apparaître des dilemmes jusque-là ignorés. Il n’était pas certain de vouloir s’y confronter, mais là où il aurait fui sans hésitations quelques semaines plus tôt, ses différentes rencontres lui avaient démontré que certaines questions reviendraient toujours, qu’importe avec quelle vivacité on cherche à y échapper.

Profitant des dernières ombres de la nuit, ils avaient eu dans l’idée d’aller s’intéresser à une nuée d’oiseaux qui tournoyaient dans l’horizon du ciel, à peine discernable à la lumière de la lune. V’hallys avait été surpris de voir ce qui semblait être des cormorans tournoyer ainsi à ces heures nocturnes, en si grand nombre sur une si petite île, concentrés au-dessus d’un point invisible depuis le corps délabré du navire. Ils n’avaient pas eu trop de mal à se rapprocher d’eux, du moins tant qu’ils restaient en hauteur ; malgré la lande envahissante, ils étaient parvenus à se frayer un chemin et à atteindre une sorte de plateau dégagé. De là, ils distinguaient enfin le centre des cercles concentriques d’oiseaux : c’était un point en contrebas, sur la plage. La falaise sur laquelle ils se tenaient, le vent salé fouettant leurs visages, n’offrait pas de chemin clairement dessiné pour y descendre aisément. En revanche, les mêmes rochers qu’ils avaient déjà rencontrés offraient des prises ; risquées, certes, mais c’était le seul moyen. Leur descente avait pris plus d’une heure, mais avait porté ses fruits : ils avaient découvert sur une sorte de passage sur ce versant de l’île, inaccessible depuis la façade par laquelle ils étaient arrivés, qui semblait mener à une seconde île. Il aurait été aisé pour l’hétéroclite duo de s’y engouffrer, mais la nuit avait été longue et éreintante ; en outre, Ladh avait émis l’étonnant souhait de s’abriter pour la journée. V’hallys n’avait que brièvement hésité, mais lui aussi ressentait le besoin de se reposer – et aussi de retrouver son habituelle solitude.

Il avait seul longé la plage vers le sud, appréciant le fourmillement de ses muscles fatigués. L’aube se levait, parant le ciel de belles couleurs orangées et roses. Le bruit régulier du reflux des vagues sur la plage apaisait son âme ; une fois qu’il eût atteint l’extrémité de la plage et que le sable butait contre la falaise, le solitaire se résolu à emprunter la voix des flots pour trouver une autre plage. Il goutta la mer avec plaisir malgré sa fraîcheur ; heureusement pour lui, bien qu’invisible à cause des hauts rochers, une bande de sable se cachait derrière, à quelques dizaines de mètres seulement à la nage. Une vilaine vague, toutefois, envoya brutalement V’hallys se heurter à un écueil ; il ressentit une vive douleur à l’épaule et immédiatement le déchirement à cause du sel qui mordait la blessure. Serrant les dents, il continua à nager avec plus d’ardeur encore et atteint la plage sans d’autres encombres. Il sortit avec fatigue des flots, se sentant lourd à cause de l’eau salée qui avait imbibé son pelage. Il s’ébroua et avisa un rocher plat illuminé par le soleil matinal de l’est. Il serait parfait pour une sieste à la faveur du cri des mouettes et des cormorans, lesquels feraient peut-être même un repas idéal une fois reposé. V’hallys, plongé dans un sommeil réparateur, trop fatigué pour rester sur le qui-vive, n’entendit ni ne sentit une silhouette pas si inconnue s’approcher.
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Herrade
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Feat Herrade & V'hallys

dancing fire in our glances

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Enfin... Après tant de temps passé sur un chemin de glace, le groupe printanier atteignait enfin la première île. Les trois louves étaient exténuées de la tension et la concentration imposées par le trajet, et la nuit menaçait déjà de les recouvrir sur un territoire inconnu. Ainsi, ordre fut donné de s'installer pour la nuit, afin de récupérer des forces et reprendre la route tôt le lendemain.

Herrade dormit d'un sommeil sans rêves, et d'une traite. Son corps épuisé s'abandonna avec délice dans le confort réparateur du repos, oubliant les quelques douleurs dues au froid et à la courte escalade menée pour trouver un bivouac plus ou moins accueillant. Lorsque la soldate ouvrit les yeux le lendemain, le ciel se teintait doucement de nuances plus claires, et elle en admira le spectacle, se plaisant à rester encore quelques minutes enfouie entre les herbes. Elle entendait le vent s'acharner au-dessus et autour d'elle, faisant ployer les tiges des buissons ras et produisant une sorte de mélodie, plaintive et parfois féroce. L'atmosphère sauvage et inhospitalière de cette île lui plaisait bien, malgré sa constitution majoritaire de roches escarpées. Un beau terrain pour s'entraîner !

Encore fallait-il être en forme... Discrètement, la printanière se leva, et s'étira sans bruit, réchauffant tous ses muscles. Elle posa son regard bicolore sur ses comparses encore endormies, à peine visibles entre les branchages serrés ; elle n'avait pas le cœur à les réveilleur aussi tôt, elles pourraient profiter d'encore une ou deux heures de sommeil avant d'attaquer la grimpette. De son côté, elle mettrait ce temps libre à profit pour explorer un peu le coin...

Enjouée à l'idée d'appréhender le mystère de l'île, Herrade s'éloigna de ses compagnes, s'assurant plusieurs fois qu'elle les laissait en sûreté et hors de vue ; puis elle se lança dans une expédition dans la lande accidentée, longeant le bord qui tombait en falaise. Elle était soulagée de ne pas trop ressentir de tiraillements dans sa patte, qu'elle avait pourtant bien sollicitée la veille ; elle devrait faire preuve de prudence et de sagesse si elle voulait pouvoir continuer à s'en servir, et ne pas être un boulet pour son clan.

Tandis qu'elle avançait à son rythme, le jour se faisait plus présent au-dessus d'elle, et bientôt elle put admirer le panorama de l'île et de l'océan dans toute la splendeur du lever de soleil. Cette vue incroyable lui coupa le souffle, la laissant béate d'admiration et heureuse de pouvoir en profiter. Tous ces efforts en valaient la peine... mais elle n'était pas ici que pour faire du tourisme. Que pouvait lui apprendre d'autre ces rochers ?

Eh bien, pas grand-chose, si ce n'était un chemin - plutôt une faille escarpée - descendant vers une plage. Désireuse de goûter à la fraîcheur de l'eau, la soldate acrobate se lança avec minutie dans la voie quasiment à pic, prenant son temps en mesurant chacun de ses mouvements, pour ne rien se casser avec trop de précipitation. Il lui fallut un bon moment pour enfin toucher le sol caillouteux, mais au moins elle était entière ! Forte de son succès, la voilà qui trottinait maintenant sur la grève, s'approchant des vagues. Elle laissa le ressac mouiller son pelage jusqu'au poitrail, appréciant le froid sur sa peau, puis se tourna pour examiner la paroi.

Au lieu de ça, son regard tomba juste sur un loup endormi non loin, et bien évidemment... pas n'importe lequel. Manquant un battement, son cœur s'emballa, et de surprise elle faillit s'étouffer avec sa salive, retenant de justesse le cri qui voulait lui échapper. V'hallys ! Ici et maintenant !! Était-elle bénie ou maudite des dieux ?? Qui sait... elle ne parvenait même pas à déterminer si elle était contente ou agacée de le voir ; peut-être un peu des deux. Même si elle ne le reconnaîtrait jamais...

Il fallait bien se rendre à l'évidence, et l'ex-bourreau connaissait la leçon à présent : en s'écoutant, et en arrêtant surtout de faire la sourde oreille sur certains penchants, elle savait bien quels sentiments remuaient le jeune gaillard en elle. Elle pouvait oser y faire face... mais les avouer, ça certainement pas. Immobile dans la mer, la printanière se questionna sur la marche à suivre ; repartir discrètement, ou..? Ou quoi bon sang, elle n'allait quand même pas aller le réveiller pour tailler une bavette ! C'était une occasion en or pour fuir, il dormait paisiblement, elle n'avait qu'à repartir !

C'était plus fort qu'elle, cependant... il était là, livré à sa merci, et pour une fois qu'elle pouvait l'observer sous toutes ses coutures sans recevoir un regard goguenard en retour, elle pouvait bien en profiter un petit peu... À pas mesurés, la haute louve sortit des flots, poil ruisselant, et marcha vers le rocher sur lequel dormait le jeune dandy. L'émotion et les souvenirs étreignirent le cœur d'Herrade, mais elle y était préparée, et les accueillit avec amertume. Il avait un air angélique et innocent, ainsi livré au sommeil, et malgré la douceur de son visage et ses muscles détendus, elle pouvait voir comme il s'était épaissi depuis l'enfance, suivant du bout des yeux le profil noueux de ses membres. Il était devenu élégant et bien bâti, il fallait le lui reconnaître ; dommage qu'il en soit si conscient, hélas.

Avec un discret soupir, la printanière détourna les yeux du spectacle, se mordant la lèvre. Et dire qu'elle n'avait toujours pas touché un mot à Seira des intentions de V'hallys... Peut-être essaierait-elle de lui en glisser un mot au cours de la journée, à moins que le bref adoucissement de sa meneuse ne soit plus qu'un lointain souvenir, et que toute mention de la descendance ou du nom de Myosotis la mette dans une colère noire.

Bref, il était temps de repartir, aussi silencieusement que possible... Pas question d'être prise en flagrant délit d'espionnage ! En son for intérieur, la dignité d'Herrade était déjà assez malmenée par ce genre de gamineries, pour qu'en plus -

« CROÂÂÂÂK »

Étouffant un juron, la verte s'aplatit au sol à moins de deux pas du rocher, évitant de peu le vol en rase-motte d'un oiseau de mer furieux ; elle ne savait même pas ce qui avait pu lui attirer l'ire du volatile, qui tournait à présent au-dessus d'eux en cercles furieux, ne cessant de lancer vers eux des cris tourmentés ! Mais il avait sacrément ruiné sa sortie de scène... Bon, pour la discrétion, c'était donc raté. Lentement, la soldate se releva, regardant vers le sommet du rocher et son occupant. Elle sentit un profond sentiment de gêne réchauffer tout son visage, et se maudit mille fois de ne pas avoir filé plus tôt.

« ... Salut, génisse. Bien dormi ? »
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V'hallys
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V'hallys x Herrade


Son rêve était des plus délicieux : loin des prairies dans lesquelles il vagabondait habituellement, le ramenant en enfance, il se trouvait au contraire dans une prairie baignée de la lumière d’un soleil de printemps. Il était à vrai dire au centre de cette lumière, auréolé d’un rayon plus scintillant encore que les autres. Il se sentait entouré de chaleur et d’amour, au centre d’une attention bienveillante ; il sentait confusément que la foule réunie en cercle autour de lui était là précisément pour voir quelque chose qui avait rapport avec lui. Il n’en distinguait pas les visages mais savait comme une évidence qu’ils étaient amis et connus. Il était encadré par deux silhouettes ; sa mère était à sa gauche, silhouette rapetissée par les années mais à l’aura plus charismatique que jamais. À sa gauche, une silhouette d’une tête de moins que lui, qui se tenait bien droite, le menton levé comme pour le dépasser, les mêmes dreads que lui et la même hargne qui s’en dégageait. Il ne savait pas qui c’était, mais ce n’était pas grave ; sa présence l’apaisait en même temps qu’elle le poussait à être meilleur ; il se sentait plus brillant, plus valeureux lorsqu’il était baigné dans la chaleur de son aura à elle, comme si être convaincu d’être meilleur en sa présence le poussait à agir comme tel. Pourquoi étaient-ils réunis ici ? Il allait bientôt le savoir : une toute petite silhouette ailée se détachant de la foule anonyme s’approchait, et s’apprêtait à lui dire que…

« CROÂÂÂÂK »

V’hallys s’éveilla en sursaut. Pourquoi Seira croassait-elle comme un oiseau ? Déboussolé, il cligna des yeux à plusieurs reprises, humant l’air autour de lui. Le souvenir de son rêve reflua peu à peu dans les méandres de son cerveau, n’étant bientôt plus qu’un brouillard au milieu d’autres. Baillant aux corneilles – c’était presque le cas de le dire – V’hallys maudit le volatile qui l’avait tiré de sa douce torpeur. Il était inutile à présent de tenter de se replonger dans les bras de Morphée ; quand bien même, il s’était suffisamment reposé, étant d’un naturel peu dormeur. Étirant ses longs membres musclés, il s’ébroua ; il n’y avait personne à l’horizon. Un subit changement dans la direction du vent amena toutefois une odeur familière et fleurie à son nez, odeur rassurante bien qu’il détestât ce sentiment. Une voix s’éleva des fourrés dans son dos ; il tourna la tête vivement :

« ... Salut, génisse. Bien dormi ? »

V’hallys eut une mimique interloquée, probablement assez drôle dans la mesure où ce n’était pas le genre d’expression qu’on voyait souvent sur le visage de celui qui aimait à toujours donner l’impression de contrôler la situation. Son visage se détendit peu à peu tandis qu’il s’imprégnait de la vision qui lui faisait face. C’était Herrade, en chair et en os, ébouriffée par le passage du maudit volatile et aussi parce qu’elle venait de se faire débusquer sans ménagement. Que faisait-elle ici ? Au fur et à mesure de la seule et unique possibilité de sa présence ici, sans qu’elle se soit signalée à lui avant qu’un oiseau ne vienne le réveiller, fit naître un énorme sourire sur le visage angélique du solitaire. Il se mit à rire, dévoilant une dentition charmeuse. Quelle coquine, cette petite araignée…

« Salut, spidy. Sacrée surprise de te croiser ici, dis donc. J’ai bien dormi, merci de demander. Et toi, tu t’es bien rincé l’œil ? »

Lui tirant la langue, il se leva comme s’il s’apprêtait à sauter à bas de son rocher. Il n’en était rien, bien sûr, garder cette position dominante tandis qu’il parlait avec son amie d’enfance était bien trop satisfaisant pour qu’il se risque à la perdre. Elle allait détester, ce qui signifiait qu’il allait adorer. Il n’en revenait toujours pas du toupet dont elle avait fait preuve, à ainsi enterrer toute dignité et se cacher dans des buissons pour l’observer à son insu, profitant de son sommeil pour admirer la jolie vue. Cela ne venait même pas à V’hallys de trouver surprenant qu’elle voulût ainsi l’admirer ; il était normal dans sa conception des choses que le commun des mortels veuille sa part dans l’observation de l’être quasi-divin qu’il était. En revanche, il était estomaqué – et on ne peut plus flatté – qu’elle soit allée jusqu’à se cacher. Il ne se départait pas de son insupportable sourire, qu’il arborait décidément à chaque fois qu’il rencontrait Herrade – lui aurait dit que c’était parce qu’il aimait la taquiner, quelqu’un de plus fin y aurait vu une explication qui l’aurait fait rougir et qu’il aurait immédiatement réfutée. Son sourcil gauche haussé dans une mimique moqueuse il ajouta :

« T’as du sable dans les poils. Tu veux que je vienne te frotter ? Ça te réchauffera, au passage. »

Sur quoi il lui fit un joli clin d’œil. Il aimerait bien la réchauffer, c’était malheureux de ne pas tirer le maximum d’utilité de deux corps jeunes qui se trouvaient comme par hasard seuls sur une jolie plage sous un agréable lever de soleil. Quelque chose lui disait toutefois qu’elle n’était pas près d’accepter pareille proposition… ce qui lui donnait encore plus envie d’insister.
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Herrade
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Un chapelet de jurons fleuris défila dans la tête d'Herrade une fois découverte ; passée la surprise, V'hallys avait retrouvé son panache habituel, la toisant avec un rictus narquois, et elle faisait à nouveau figure de l'idiote. Et quelle idiote, en plus... Le genre qui venait observer les beaux loups pendant leur sommeil. Les pires, donc. Et dire que ça lui ressemblait si peu en temps normal... Affichant une mine consternée, elle laissa le dandy se gausser d'elle, ne cherchant même pas récupérer les quelques onces de dignité qu'il se plaisait à éparpiller aux quatre vents. En revanche, s'il voulait des réponses mordantes, il ne tarderait pas à être servi.

« Salut, spidy. Sacrée surprise de te croiser ici, dis donc. J’ai bien dormi, merci de demander. Et toi, tu t’es bien rincé l’œil ? »

« Pas vraiment, non. Le piaf s'est envolé trop vite avant que j'aie pu bien l'observer. »

Elle gratifia le beige d'un sourire jaune, haussant légèrement les sourcils. Maintenant qu'il était debout, il l'écrasait littéralement sous sa haute stature, et elle détestait devoir se dévisser la tête pour apercevoir son expression. Du coup, elle décida de l'ignorer pour le reste de la conversation, et son regard tomba dans le buisson au milieu duquel elle se trouvait. Voilà qui n'aidait en rien sa réputation, mais elle n'aurait pas pu prévoir qu'un piaf l'attaquerait, et qu'elle aurait à se planquer dans le premier abri venu... Toussotant, elle s'extirpa de sa maigre cachette végétale, en quête d'un vain regain de contenance. Elle sentait toujours le regard de la génisse sur sa nuque, et le malin plaisir qu'il tirait de la situation lui faisait doucement monter la moutarde au nez. Ah, où était sa belle prestance glaciale d'antan...

« T’as du sable dans les poils. Tu veux que je vienne te frotter ? Ça te réchauffera, au passage. »

Stoppée net, Herrade osa un regard par-dessus son épaule, cherchant à voir si le bougre était vraiment sérieux. Le clin d’œil qu'elle reçut en réponse la renseigna assez sur le sujet, et elle laissa échapper un soupir exaspéré, faisant face à la mer. Décidément, il ne changerait jamais... Elle n'avait aucune illusion à se faire, il devait réchauffer ce vieux numéro pour chacune de ses rencontres, mais pas question de manger de ce pain-là. Posant brusquement son fessier au sol, en tournant le dos au joli cœur, la verte entreprit de brosser énergiquement son pelage en grommelant.

« Heureusement, je n'ai pas besoin de toi pour ce genre d'activités. »

Rien de ce qu'elle pourrait ajouter ne rachèterait son image ternie aux yeux de V'hallys, mais ça ne l'empêchait pas de le piquer en retour ; après tout, il s'amusait bien de l'ensevelir sous les taquineries, alors il était de bon ton qu'elle réplique. Son ton se fit plus léger et badin tandis qu'elle reprenait la parole.

« J'aurais peut-être dû laisser cet oiseau te picorer les yeux, ou ce qu'il te reste de cervelle... J'imagine qu'on y aurait pas vu grande différence. »

Fière de son trait d'esprit, la voilà qui retrouvait un sourire innocent, continuant à s'épousseter en ignorant sciemment le beau ténébreux dans son dos. Tiens, si ça ne le titillait pas ça, elle voulait bien se damner !
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V'hallys
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Elle était vexée, la demoiselle, et à raison : il s’était bien fichu d’elle, se jouant de sa position embarrassante pour l’humilier plus encore. Ce n’était absolument pas charitable de la part du beau solitaire, mais rien de plus normal pour lui : ce n’était pas méchant, juste de la taquinerie, puisque dans son esprit, l’attirance d’Herrade envers lui était purement physique. Elle était mortelle elle aussi, après tout…

« Heureusement, je n'ai pas besoin de toi pour ce genre d'activités. »

Elle réussit à le moucher en une phrase. Ouvrant la bouche dans l’optique de lui renvoyer une réplique cinglante à son joli minois, V’hallys se trouva pourtant bien en peine de répondre. Comment ça, ce genre d’activités ? Et si elle n’avait pas besoin de lui, de qui avait-elle besoin ? Qui remplissait le rôle pour lequel V’hallys avait été amené sur cette terre ? Il était inconcevable pour lui que la petite spidy ait une vie, une vraie vie d’adulte. V’hallys s’y connaissait bien en doubles standards ; lui était tout à fait autorisé à aller voir à droite à gauche, mais il se sentait presque insulté personnellement par ce qu’elle venait de lui dire. Rien qui vienne le faire douter, cela dit ; c’était tout simplement un comportement de grand frère, de toute évidence. Elle reprit sur un ton qu’il trouva révoltant par sa légèreté :

« J'aurais peut-être dû laisser cet oiseau te picorer les yeux, ou ce qu'il te reste de cervelle... J'imagine qu'on n’y aurait pas vu grande différence. »

Il plissa les yeux, une moue vexée sur le visage, qu’Herrade ne pouvait heureusement plus voir, toute drapée dans sa dignité qu’elle était, en contrebas, lui tournant le dos avec mesquinerie, s’époussetant en prenant bien soin de faire onduler son corps. Comme si cela pouvait lui faire quelque chose ! Il garda ses yeux vissés sur elle, comme pour la forcer à se retourner sous le poids de son regard. Elle n’en fit rien, bien sûr, la bougresse ; elle semblait se délecter de le faire ainsi languir – croyait-elle ! Il appréciait la beauté des corps, mais attribua le fourmillement dans ses veines à la tension qu’il ressentait de la pique qu’elle lui avait lancée. Il n’était pas du genre à tomber pour un garçon manqué comme elle, ce n’était définitivement pas son genre ! En revanche, et pour cette exacte raison, il serait suspect de ne pas continuer comme il le faisait avec à peu près tout être vivant sur cette planète. Oubliant que c’était lui qui l’avait démarré, il se disait que si elle voulait jouer à ce jeu, elle allait tomber sur un adversaire de taille. Un sourire mesquin sur les lèvres, il lui lança avec froideur avant de sauter à bas de son rocher :

« Ça m’étonnerait que tu n’aies pas besoin de moi pour ce genre d’activités, comme tu dis si pudiquement. Je me demande qui pourrait bien vouloir de toi. »

Il passa volontairement trop près d’elle, laissant sa queue la frôler. Son cœur battait un peu trop fort, sans doute, mais c’était toujours amusant de taquiner une bonne amie. Une question lui brûlait les lèvres, celle de savoir qui elle avait connu. Il ne se l’avouerait jamais, mais il craignait la réponse autant qu’il la désirait. Ses yeux ne riaient pas, en revanche il souriait de nouveau, mais c’était un sourire plus carnassier, celui d’un prédateur qui cherche à croquer sa proie. Il s’était éloigné d’elle, lui tournant autour en cercle ; une fois qu’il fut dans son dos, il s’approcha de nouveau lentement, ralentissant sciemment sa marche, contrôlant à la perfection chaque mouvement et chaque muscle. C’était une danse, ou peut-être un combat.

Il vint placer sa tête presque dans son cou, devant plier la nuque pour compenser leur différence de taille ; il ne se demandait même pas par quel miracle elle ne l’avait pas encore écharpé vif, tout entier concentré qu’il était sur son odeur si apaisante habituellement, mais ici si électrisante. Elle l’agaçait plus que jamais, c’était entièrement sa faute s’il en était là, à devoir lui jouer son petit numéro entièrement artificiel de drague. Il la détestait de tout son cœur, lequel battait encore trop vite. Toujours dans son dos, la bouche à quelques centimètres de ses oreilles, il murmura, conscient que la chaleur de son haleine venait probablement titiller son épiderme :

« Mais ne t’inquiète pas, je t’apprendrai. Ce n’est pas si compliqué, avec le bon maître. »

Il se retira doucement, soufflant au passage dans son cou. Vraiment, Herrade abusait, à le forcer ainsi dans ce simulacre de parade amoureuse. Il doutait presque réussir à être convaincant, tout ennuyé qu’il était par cette rencontre.
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Feat Herrade & V'hallys

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Eh bien, la réponse tardait à venir ; c'est donc qu'elle avait bien tapé là où ça faisait mal ! Bien fait pour lui. Après tout, ce n'était que justice, pour une fois qu'elle parvenait tant bien que mal à marquer des points et mener la danse... Se gorgeant du silence révélateur qui prenait place dans son dos, Herrade en serait presque venue à chantonner, s'affairant mécaniquement sur ses épaules, ses flancs, ses pattes... Bon sang, à quel moment exactement avait-elle réussi à se coller autant de sable ? Et encore, c'était sans parler des petites brindilles récoltées lors de son passage dans le buisson... Au-delà du jeu pour narguer V'hallys, la verte réalisa qu'elle avait quand même pas mal de boulot pour se rendre à nouveau présentable, et s'y attelait lorsque la voix du dandy retentit derrière elle. Elle en sursauta, choquée par le changement de ton, et se tourna à demi vers lui, un sourcil arqué ; à quel moment était-il devenu aussi sérieux, ce couillon ?

« Ça m’étonnerait que tu n’aies pas besoin de moi pour ce genre d’activités, comme tu dis si pudiquement. Je me demande qui pourrait bien vouloir de toi. »

A mesure que le sens des paroles venimeuses de V'hallys la frappaient de plein fouet, la soldate passa par plusieurs stades : d'abord la stupeur, puis la blessure, enfin la fureur. Cette dernière se faisait encore discrète, au nom de leur ancienne amitié, et des souvenirs débiles qu'elle traînait encore de ce temps-là. Mais la digue était fragile, et déjà elle sentait la tempête se déchaîner en elle, prête à l'emporter et à se jeter sur le dadais qui faisait son numéro de prédateur autour d'elle.

Elle n'était guère impressionnée par cette nouvelle facette de lui-même qu'il lui montrait, avec force manifestation de supériorité ; à vrai dire, elle essayait tant bien que mal de ne pas faire attention à lui, occupée à contenir la rage qui se déversait en elle. Ses mâchoires étaient contractées, et son regard se perdit vers l'horizon, où le soleil éclatait à présent en rayons d'or. Quel dommage qu'il ait gâché un si beau spectacle par sa bêtise. Par amour, Herrade aurait pu pardonner beaucoup de chose ; mais pas quand on s'attaquait si vilement à son amour-propre.

Il était à présent tout contre elle, et les pupilles resserrées, la printanière ne le percevait que trop bien ; son odeur, son souffle léger contre son oreille, la chaleur de sa présence... Son propre corps y répondait sans la consulter, et elle sentit des vagues chatouiller son estomac, son poil se hérisser au contact de V'hallys. Mais toujours la fureur bouillonnait, et lorsqu'elle l'entendit parler, elle fut proche de l'explosion.

« Mais ne t’inquiète pas, je t’apprendrai. Ce n’est pas si compliqué, avec le bon maître. »

Elle le visualisait très bien reculer lentement, tellement fier de lui et de sa bassesse... Et dire que la dernière fois, il jouait le blanc chevalier prêt à laver son honneur, pérorant sur ses belles valeurs et ses nobles ambitions ! C'en était trop pour Herrade, qui sentit la digue de sa patience céder sous les coups de la colère et de la déception. Quelles que soit ses attentes, V'hallys viendrait toujours piétiner sans vergogne la moindre pousse d'espoir.

En un bond, rapide comme l'éclair, elle avait fait volte-face et s'était jetée sur lui. Sa patte s'abattit sur le solitaire avant même qu'elle ne réalise l'avoir levée, et elle le fixa, pantelante, une rage froide hantant ses yeux durs ; oreilles plaquées contre sa nuque, crocs dévoilés, elle s'était rarement sentie aussi énervée contre quelqu'un.

« Ton ego prend tellement de place que tu dois écraser tout le monde, c'est ça ? Ça ne te dérange donc pas de jouer avec les sentiments des autres, de les broyer avec tes paroles, de faire ressortir le pire chez eux ?? » Elle secoua la tête, écœurée ; la colère faisait vibrer sa voix, mais elle avait réussi à ne pas hurler. « Tu me dégoûtes, V'hallys ! Je croyais que tu avais gardé un peu de celui que tu étais avant ! Je n'ose pas croire que Myosotis t'ait élevé ainsi... Et je n'ose imaginer sa déception à te voir humilier ainsi tes pairs. »

Sa colère épuisée, la tristesse de la déception et des blessures morales revint au grand galop. Herrade détourna le regard, soupirant profondément. Il ne savait même pas de quoi il parlait... Tout de suite, cet obsédé s'était attribué le rôle de chaperon, alors qu'elle n'avait jamais pensé à aborder ce... ce genre d'activités ! Elle qui désignait innocemment le nettoyage de ses poils, voilà qu'elle tombait de haut. C'était ainsi qu'avait viré celui qu'elle avait aimé tout au long de son enfance, et même, à son grand regret, jusqu'à aujourd'hui...

Énervée contre sa propre bêtise, la verte fronça sourcils et babines ; elle avait envie de lui cracher aux pattes, de signifier tout son mépris pour ce qu'il était devenu, mais elle se retint. C'était une attitude puérile, et lui faire la leçon ne rimait à rien si elle s'abaissait à son niveau. Elle n'était même plus capable de le regarder en face, se moquant bien de la gravité de ce qu'elle avait pu lui infliger ; c'était mérité.

Le pire, c'est que ce crétin n'avait pas tort ; elle n'avait personne dans sa vie, et personne qui n'ait jamais manifesté le moindre intérêt, le moindre désir pour elle. Récemment, elle se félicitait d'être entourée d'amis précieux, mais maintenant que son corps réclamait un tout autre genre d'attentions, elle se sentait bien seule et vide, indésirable et grossière. Elle ne s'abaisserait cependant pas à pleurer, pas pour lui, bien que les larmes affluaient dans ses yeux. Une fois de plus, elle lui tourna le dos, faisant face à la mer, et s'assit en gardant la tête haute, cherchant à calmer ses tourments par le rythme régulier du ressac.

« Si tu as quelque chose à apprendre à autrui, c'est bien à être un parfait crétin imbu de soi-même. » furent ses derniers mots, jetés froidement dans le vent.


[HRP : le résultat du dé d'attaque indiquera la gravité de la blessure, de 1 - une égratignure à 6 - une sacrée plaie !]
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Outa-Ranos
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Le membre 'Herrade' a effectué l'action suivante : Lancé de dés


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V'hallys
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Our eyes meet, and
something dangerous sparks
V'hallys x Herrade


« Ton ego prend tellement de place que tu dois écraser tout le monde, c'est ça ? Ça ne te dérange donc pas de jouer avec les sentiments des autres, de les broyer avec tes paroles, de faire ressortir le pire chez eux ?? »

Il sentit le choc et le goût du sang dans sa bouche avant de sentir la douleur ; elle avait jailli comme un guépard en furie, l’entaillant sur le museau, abîmant son joli minois. Lui qui était si soucieux de sa plastique sentit un vent de panique la gagner, mais un passage de sa patte sur sa gueule le rassura. Il avait été grandement épargné par ses réflexes reptiliens et les écailles qui étaient automatiquement venues le recouvrir comme une seconde peau : la coupure était de petite taille et peu profonde. Il poussa un léger soupir de soulagement.

« Si c’est ça le pire chez toi, ma petite Herrade, je signe directement » dit-il d’une voix basse avec une sincère admiration qu’il ne chercha pas à cacher.

Il n’était pas sûr qu’elle l’ait entendu, mais ça n’avait pas trop d’importance. C’était plus une remarque à lui-même qu’autre chose : il se sentait réellement impressionné. La violence de sa tirade et les mots qu’elle avait employés l’avaient laissé pantois, à la fois interloqué, choqué, admiratif devant cet éclatement de colère. Il ne s’attendait pas exactement à un tel déferlement, une petite partie de lui aurait préféré qu’elle continue dans la perfidie de leur flirt et lui réponde avec la même brutalité et sensualité en même temps. Au lieu de quoi elle lui avait balafré le visage – pour le moins curieux, comme parade nuptiale, songea-t-il en riant intérieurement, mais pourquoi pas. Elle en avait dans le ventre, même après toutes ces années ; l’âge n’avait pas affaiblit la vive flamme qui brûlait en elle. Il appréciait cela, que les années et la soumission à une autorité stricte de la nouvelle Alpha n’aient pas affadi le piquant de son caractère. En revanche, les années semblaient avoir fait murir sa sensibilité sur certains sujets ; qui pouvait l’en blâmer ? Lui-même savait que certaines questions le renvoyaient à des insécurités si fortes qu’il se refusait à en parler ; elle venait ainsi d’évoquer le nom de sa mère et il avait senti son cœur se serrer. Elle l’avait fait d'une voix basse et dangereuse, qui avait ébranlé V'hallys plus que toutes les attaques ad personam qu'elle aurait pu monter. Cette dureté avait eu l'effet d'une douche froide sur le jeune solitaire, pour lequel l'évocation de Myosotis avait révélé qu’il avait complètement manqué sa cible en essayant de flirter avec elle sur le ton de la sévérité plus tôt.

« C’est un jeu, Herrade. Juste un jeu, rien de plus qu’un stupide jeu. » Ses yeux doux cherchaient à accrocher les yeux bicolores de la demoiselle, obstinément fixés sur l’horizon. « Mais toi tu me renvoies la balle, tant et si bien que tu viens de me faire une jolie cicatrice là, regarde ! » ajouta-t-il en s’esclaffant.

Son sourire s’affadit progressivement à mesure qu’il s’imprégnait de l’ambiance terrible qui venait de s’abattre sur leur échange qu’il croyait si amical et taquin quelques instants auparavant. En temps normal, il se serait arrêté là, à la fois par fierté et parce que c’était comme ça qu’on faisait, chez lui. Il n’avait pas exactement hérité d’une famille ouverte à la communication de fond, sa mère avait fait du mieux qu’elle avait pu pour les aimer, à son étrange manière ; quand lui, son frère et sa sœur se battaient, cela se réglait dans le silence d’un combat ou au mieux par quelques mots bourrus. Mais Herrade n’était pas sa sœur, et ceci n’était pas une querelle d’enfants. V’hallys était pris de court, sentant confusément que ce n’était pas assez, que le silence qui suspendait le temps dans leur bulle de monde qui se réduisait à eux deux ne pouvait être rompu que par lui, et par autre chose qu’une boutade sur la violence qui avait été le seul moyen d’Herrade, au final, pour exprimer sa blessure. Il se mordit la lèvre, poussé dans ses retranchements par cette louve qu’il cherchait si souvent à dominer par les mots, et qui le maîtrisait cette fois par le silence. C’était dur, pour le fier V’hallys, de s’imposer pareille introspection ; encore plus dur qu’il savait au fond de lui qu’il n’y était pas obligé mais qu’il le voulait. Parce que, pour une fois dans sa vie, sa fierté n’était pas plus importante que l’amitié d’une louve.

« Quand je suis avec toi, c’est comme si j’étais replongé dans cette vie si simple que ma mémoire a presque entièrement effacée. Parfois j’oublie que nous ne sommes plus des enfants, que les règles ont changé. Je n’ai pas réappris à jouer avec toi depuis toutes ces années. »

Il n’ajouta pas la suite, elle était implicite, pour lui du moins. Il était encore un peu trop fier pour ça, et à son sens cela coulait de source : il était évident qu’il serait enchanté de réapprendre à jouer avec elle. Lui-même ne réalisait probablement pas pleinement quelle valeur elle avait à ses yeux : c’était le seul repère de son ancienne vie qui lui restait dorénavant sur Four Seasons, sa fratrie ayant disparu dans les méandres de la nuit et sa mère étant restée loin. Il ne voyait pas combien être avec elle, savoir que la force de leur relation était ancrée dans le temps, était précieux pour un loup apatride en quête d’une famille ; il se sentait simplement confusément bien en sa présence. Cela lui suffisait, comme une évidence. Un sourit renaquit sur ses lèvres alors qu’il tenta de lui faire retrouver le sien par une pique un peu nostalgique :

« Et ne me fais pas croire que tu as des sentiments, voyons. La petite araignée est trop féroce pour ça. »

Il en était convaincu, si Herrade venait de le corriger de la sorte, c’est parce qu’ils avaient perdu leur habituelle manière de se taquiner, que leurs repères avaient changé au fil des ans et que certains sujets se trouvaient maintenant hors-limites. En aucun cas ce ne pouvait être parce qu’elle avait été vraiment heurtée dans des sentiments autres que strictement cordiaux à son égard – c’était une idée bien absurde, un peu comme celle d’une Herrade qui aurait des aventures comme lui. Les deux l’auraient fait bien rire puis absolument trembler si elles avaient été avérées.

Il ne réalisait même pas tout ce qu’il venait de dire, ce qui s’approchait pour lui le plus d’une excuse. Il n’en était pas encore à lui demander ouvertement pardon, cela ne lui traversait pas l’esprit de mettre ces termes sur ce qu’il venait de faire ; s’amender de la sorte était déjà exceptionnel pour celui qui ne connaissait ni maître ni loi à part lui-même et celle qu’il se fixait. Mais avec Herrade, c’était particulier. Et sans qu’il mette de mots dessus, c’était comme si, en sa présence, il était… différent. Meilleur.
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Feat Herrade & V'hallys

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Elle respirait pesamment, peinant à faire entrer et sortir l'air de ses poumons de manière régulière et fluide. Obstinément tournée vers l'est, elle espérait trouver quelque réconfort dans la chaleur du soleil levant, mais se trouvait seulement éblouie par son ardeur, et donc gênée dans ce qu'elle espérait être un temps de méditation ; vaine tentative pour remettre à plat son humeur et ses pensées. Un flot d'idées remuait dans son occiput, s'entrechoquant dans des étincelles, si bien qu'elle ne savait plus trop où en donner de la tête ; assise raide sur la plage de galets, on ne voyait de mouvement que dans son poil, agité par la brise, et dans ses mâchoires, qui se crispaient et remuaient au fil de sa réflexion.

Elle aurait aimé qu'il lui fasse un nouveau caprice, une bonne crise de colère, qu'il hurle aussi et la laisse là ; au moins serait-elle débarrassée de ses tourments une bonne fois pour toutes. Mais il ne semblait pas avoir envie de bouger ; pire, il tentait de renouer un contact.

« C’est un jeu, Herrade. Juste un jeu, rien de plus qu’un stupide jeu. » Elle le sentait dans sa périphérie, mais ne déviait pas d'un iota. « Mais toi tu me renvoies la balle, tant et si bien que tu viens de me faire une jolie cicatrice là, regarde ! »

Herrade cilla faiblement, fronçant un peu plus les sourcils. Une veine palpita sur son front, signe qu'elle était bien loin d'avoir apaisé sa colère. Un jeu, par tous les dieux, un jeu ?? Quel genre de divertissement rendait les individus aussi odieux ? Certes, leurs premiers échanges relevaient de la taquinerie, des piques qu'ils avaient l'habitude de s'échanger quand ils étaient enfants, mais jamais elle n'avait demandé à être aussi bassement moquée par un jeune fat désagréable. Stupide, par contre, elle était bien d'accord, ça l'était.

Bon sang. Une fois de plus, elle passait pour quoi, donc ? L'hystérique ? La susceptible ? L'idiote qui ne comprend pas les règles, qui s'énerve au quart de tour ? Inutile de nier, elle se savait très bien chatouilleuse sur certains points, mais ne parvenait pas à comprendre à quel moment V'hallys était redevenu normal et concerné, lui qui était encore glaçant de mépris à peine quelques minutes auparavant. Était-ce de la manipulation de sa part ? Consciente, inconsciente ? Comment savoir... Elle était perdue. Elle était déboussolée, et lui riait de son éclat, de la blessure qu'elle lui avait faite. S'il savait... Les choses auraient pu être bien pires.

Voilà que maintenant elle allait regretter son geste, alors qu'il était mérité ; ce diable allait finir par lui monter la tête à l'envers sans qu'elle s'en aperçoive ! Au moins avait-il pour le moment l'intelligence de se taire enfin, et, elle l'espérait, de méditer un peu à la situation. De son côté, elle persistait à se brûler la rétine vers l'incandescence du lever de soleil, inspirant et expirant brutalement.

« Quand je suis avec toi, c’est comme si j’étais replongé dans cette vie si simple que ma mémoire a presque entièrement effacée. Parfois j’oublie que nous ne sommes plus des enfants, que les règles ont changé. Je n’ai pas réappris à jouer avec toi depuis toutes ces années. »

Le front de la printanière se décrispa légèrement, et l'une de ses oreilles s'orienta une demi-seconde vers le dandy. Comment, était-il en train d'exprimer des regrets ou de se justifier ? Il était donc capable de recul ? La belle affaire. Quel dommage qu'il s'y prenne si tardivement. Herrade baissa le menton, perdant son regard dans les flots ; elle s'en voulait d'être aussi mauvaise intérieurement, lui attribuant tous les torts, même ceux pour lesquels il n'avait aucune influence. C'était un moyen bien vil de se soulager de la peine qu'il lui avait causée, et cela ne l'amènerait à rien. Surtout qu'il semblait sincère dans son désir de s'expliquer, et peut-être de se repentir.

C'est vrai que la vie était bien plus simple, avant ; elle en gardait de doux souvenirs, mais savait déjà qu'il n'était pas bon de trop s'y référer. Elle avait vécu trop longtemps dans les ombres de son passé pour perdre pied dans le présent, pas après tous les efforts qu'elle avait fait pour se reconstruire. A vrai dire, elle-même n'était pas consciente des règles en vigueur, les règles dans les relations sociales n'avaient jamais été son fort ; mais entendre V'hallys parler de jouer avec elle lui procurait une bouffée de picotements au fond de la gorge et dans son ventre. Malgré tout, il voulait donc toujours jouer ?

Et elle, en avait-elle envie ? La question ne se posait même pas. Elle avait toujours inconsciemment rêvé qu'il revienne au pays, et que tout soit comme avant ; maintenant qu'elle avait grandi et s'était confrontée à cette nouvelle réalité, à leurs changements respectifs, elle comprenait qu'elle avait trop idéalisé le souvenir de V'hallys, et portait sur lui des attentes bien trop élevées. Et si elle réapprenait juste à le connaître ? Après tout, s'il restait à ses côtés si longtemps, si désireux de renouer leurs liens, c'est qu'il avait envie de maintenir leur complicité... non ?

« Et ne me fais pas croire que tu as des sentiments, voyons. La petite araignée est trop féroce pour ça. »

Elle sentit le sourire dans ses paroles, sa légèreté retrouvée ; mais sur son propre visage, une ombre venait de tomber. L'amorce d'apaisement qu'on avait pu y lire s'était envolée, chassée par un courant d'air, qui fit voltiger quelques unes de ses dreads autour de sa tête. Que voulait-il dire par là ? Quel était le sens de cette question ? Pourquoi n'aurait-elle pas des sentiments ? En réalité, il n'avait donc pas envie de découvrir qui se cachait derrière cette carapace ?

Son sentiment de solitude s'accrût ; encore un espoir déçu. Pourquoi donc poursuivait-elle aveuglément sur cette voie, qui ne lui apporterait rien de bon ? Pourquoi donc son cœur si faible voulait à tout prix donner, donner à nouveau une chance à ce fils d'Alpha ingrat, qui pourtant n'avait de cesse de le perforer chaque fois qu'il jouait avec ? Bon sang, était-elle en train de dramatiser, encore ?

Inspirant à fond, Herrade se redressa, visage verrouillé, ne laissant rien transparaître. Elle ne savait pas quoi lui répondre ; il décevait ses propres attentes, et elle ne serait sûrement pas au niveau des siennes. Elle était incapable de lui donner une amitié innocente et sans ambiguïté, telle qu'ils en avaient connu dans leur jeunesse. C'était au-delà de ses forces, et elle préférait autant se renfermer que de montrer à nouveau un signe de faiblesse, morale ou physique.

« Voyons, V'hallys. Les araignées n'ont pas de sentiments. »

Elle parla d'une voix blanche, regard toujours perdu dans la mer ; puis elle sembla se réveiller, et se leva, s'ébrouant pour chasser l'humidité des embruns et le froid qui venait de prendre possession de la moindre de ses fibres. Elle allait détester cette journée, les suivantes aussi, peut-être ; puis elle oublierait, elle deviendrait plus forte, et sa vie redeviendrait normale.

« Je crois que c'est ça, ce qui nous différencie ; j'ai arrêté de vivre dans le passé, de chercher tout ce qui faisait le bonheur de mon enfance. J'ai grandi, et imposé mes propres règles. » Elle soupira une dernière fois, puis posa enfin son regard limpide sur V'hallys, le mirant avec un visage impassible où pointait une once de lassitude. « Ma première règle, c'est de refuser les jeux où je me sais perdante. »
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Elle s’était redressée, verrouillant son visage, veillant à éradiquer la moindre trace d’émotion qui aurait pu la trahir. Les plis au coin de ses yeux disparurent en même temps que la lueur animée s’éteignait ; ses lèvres se détendirent, ses sourcils se froncèrent très légèrement avec froideur. V’hallys observait ces changements avec minutie, comme on étudie un phénomène rare et merveilleux, soucieux du moindre détail ; il s’émerveillait de sa capacité à ainsi devenir de marbre. Il se demandait pourquoi elle ressentait ainsi le besoin de porter un masque d’argile après ce qu’il venait de lui dire ; était-ce à voir avec sa dernière pique ? Il semblait en effet que c’était le cas :

« Voyons, V'hallys. Les araignées n'ont pas de sentiments.

Il se sentait rassuré par ce choix d’une figure neutre, il savait au moins comment réagir face à ceci ; alors qu’il était systématiquement désemparé lorsqu’il s’agissait de faire face à une Herrade chamboulée. Eût-il eu plus de jugeote, il aurait su que ce n’était pas de bon augure ; mais aussi imbu de lui-même qu’il pouvait être, il restait un jeune loup fougueux et parfois bourru dans ses sentiments, qui détestait par-dessus tout ne pas maîtriser les situations auxquelles il était confronté ; cela l’amenait donc parfois à préférer des situations connues qu’il pouvait gérer plutôt que d’oser sauter le pas de l’inconnu, surtout lorsqu’il s’agissait de sentiments. Risquer sa vie sur une île étrangère était bien moins paniquant que devoir affronter sa propre sensibilité. Et pourtant, malgré ce sentiment de contrôle rassurant qu’il éprouvait en se disant qu’elle n’allait plus lui exploser à la figure, il se sentait étrangement mal à la voir ainsi se raffermir ; il pataugeait dans un marais entre ses propres émotions, ce qu’il voulait pour lui, ce qu’il voulait pour Herrade, ce qu’elle disait vouloir, ce qu’elle ne disait pas et ce qu’il ne disait pas non plus. Et face à cet amoncellement de choses qu’il ne pouvait contrôler, la peur d’échouer le poussait à refuser d’essayer.

« Je crois que c'est ça, ce qui nous différencie ; j'ai arrêté de vivre dans le passé, de chercher tout ce qui faisait le bonheur de mon enfance. J'ai grandi, et imposé mes propres règles. Ma première règle, c'est de refuser les jeux où je me sais perdante. »

Elle le regardait enfin. Cela fit tilt dans sa tête, elle venait d’utiliser le mot qui venait de lui traverser l’esprit dans sa tentative de vague analyse introspective de ses sentiments ; lui se refusait à essayer par crainte d’échouer, mais elle refusait car elle se savait perdante. Perdante ? V’hallys fronça brièvement les sourcils ; s’il y avait bien un mot qu’il n’aurait pas songé associer à la solide femelle en face de lui, c’était celui-ci. Persévérante, têtue, bornée, mais certainement pas perdante. Elle lui rétorquerait sans doute que si elle se savait perdante d’avance, c’était par expérience, que c’était la sagesse des années qui lui avait amené la connaissance de ses propres capacités, qui faisait qu’elle pouvait reconnaître ces moments où elle allait échouer. V’hallys se demanda s’il était bien placé pour lui faire la leçon sur ce genre de sujet, alors que lui-même venait de s’avouer éviter parfois la confrontation par peur de l’échec ; il se demanda dans un éclair de pensée combien de fois il avait reculé inconsciemment et s’était trouvé une excuse, par simple crainte de la défaite. Peut-être avait-il repoussé sa confrontation à Seira pour cette exacte raison ; il s’était dit que c’était car elle le refuserait certainement s’il n’avait pas son amie d’enfance de son côté, mais était-ce bien vrai ? N’y avait-il pas une forme de courage à tenter malgré les signes allant contre nous, ou bien cela relevait-t-il de la folie ? La sagesse des années, qui poussait à ne plus essayer lorsque l’on sait nos chances d’échecs, n’était-elle pas une douce manière de fuir ?

Sans s’en rendre compte, son regard, qu’il avait ancré avec force dans les yeux bicolores d’Herrade, s’était déporté vers le rivage, se perdant dans le flou du ressac. Il aurait aimé pouvoir partager toutes ces questions avec elle, car il les trouvait intéressantes – et il le pensait avec humilité. Mais il aurait eu l’air sot, à ainsi se questionner ; ils n’étaient plus des enfants, ils venaient de s’entendre là-dessus, ce n’était plus l’heure des questions idiotes à la lune, n’est-ce pas ? Qu’aurait-elle pensé de lui s’il s’était ainsi montré vulnérable alors qu’il voulait persuader le monde entier de la force de ses convictions ? Quelle valeur accorder à ses idées si elle voyait tous les doutes se cachant derrière ? Il cligna des yeux, chassant ces questions absurdes. Elle l’aurait envoyé paître, et il se sentait suffisamment blessé par cette impression qu’il avait de ruiner chacune de leurs rencontres malgré lui.

« Tu n’étais pas sûre de perdre. »

C’était tout ce qu’il osa lui dire. Sa voix basse et grave avait raisonné entre le bruit de deux vagues se brisant sur la plage, rompant le silence du reflux de la mer. Il ne voulait pas en dire plus ; il s’était persuadé que se museler vaudrait mieux pour lui, pour elle et pour leur relation. Elle lui avait bien fait comprendre qu’il l’avait blessée ; il ne voulait pas recommencer, et sachant pertinemment qu’il semblait le faire malgré lui de toutes manières, se taire était probablement le meilleur moyen de couper court à cela. Son regard laissait sourdre cette douleur dont il ne voulait absolument pas parler, celle qu’il ressentait à vouloir infiniment lui parler mais être encore plus fortement convaincu qu’elle ne voudrait pas, que cela lui ferait du mal. Alors qu’au fond, il en était sûr et certain et avait été honnête là-dessus : elle aurait bien pu gagner ce jeu, si elle avait essayé. Mais si refuser de tenter était déjà un échec, ils étaient tous deux voués à n’être que les piètres perdants de la cruelle mécanique de leur relation.
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Voilà qu'ils étaient tous les deux face à face, sûrement aussi mal à l'aise l'un que l'autre, et un silence pesant s'installait entre eux, écrasant petit à petit le cœur d'Herrade. Elle avait l'impression que leur relation était gâchée, que de grandir les avait définitivement séparés, que V'hallys l'avait déçue, mais plus elle le regardait en face d'elle, encaissant ses paroles, plus elle se sentit tout aussi coupable. Clignant des yeux, la printanière se mordit l'intérieur de la joue, sentant le doute suinter à travers les fissures de son armure, dont elle aurait voulu se recouvrir entièrement, dans laquelle elle aurait voulu s'enfermer, s'isoler pour toujours ; avait-elle bien fait de lui répondre ça ? Était-ce le bon choix ? Comment savoir... elle était visiblement bien en peine quand il s'agissait de gérer les relations trop proches, et pourtant, désirait tellement se lier avec quelqu'un... Allait-elle seulement respecter ses propres paroles, survivre au rejet de son ami d'enfance ? Au-delà de son caractère pénible, il avait été l'un des piliers de sa jeunesse, présent ou absent... Serait-elle capable de faire une croix dessus ?

Tandis que les questions s'amoncelaient dans sa tête, elle remarqua que sa respiration s'était réduite à un mince filet d'air, peinant à atteindre ses organes tant elle appréhendait la réaction du beau solitaire ; une réaction qui tardait à venir, aussi chercha-t-elle dans son regard quelque chose, un indice qui put l'éclairer. Le fait qu'il se soit perdu en lui-même, visiblement en proie à une intense réflexion, la fit déjà méditer ; de mémoire, elle lui avait rarement vu un air aussi inspiré et concentré, et se sentit à la fois agréablement surprise et honteuse de susciter un tel remue-ménage dans ses méninges. Ses doux iris d'améthystes s'étaient perdus quelque part derrière elle, lui laissant le loisir d'observer son visage, en proie à l'hésitation. En cet instant, elle aurait tout donné pour avoir la clé de son esprit, pour décrypter ce qui pouvait s'y dérouler, mais lorsqu'elle remarqua qu'elle le fixait intensément depuis de longues minutes, elle eut un léger sursaut et tourna la tête, sentant le rouge monter à ses joues.

Son cœur cognait de plus en plus douloureusement dans sa poitrine, et elle avait l'impression que le temps qui passait, rythmé par le vol des oiseaux et le roulis des vagues, allait la rendre folle. Elle se sentait à la fois embrasée et glacée de s'être plongée dans cette relation, d'avoir à la fois avancé puis reculé, comme si elle avait eu peur de ce qu'elle aurait pu trouver au bout. Et plus les secondes défilaient, plus ses choix, même le plus petit d'entre eux, apparaissaient insatisfaisants à son regard borné.

« Tu n’étais pas sûre de perdre. »

Immobile, Herrade fronça les sourcils, cherchant à comprendre le sens de ces mots. Son pouls qui s'emballaient l'empêchait de réfléchir correctement, comme s'il s'était résolu à remplacer les bruits de la nature par un tambourinement incessant, qui résonnait d'une oreille à l'autre, et jusque dans ses pattes. Elle n'était pas sûre... de perdre ? D'être perdante à ce jeu ? Son regard s'écarquilla tandis qu'elle remettait les pièces du puzzle en place dans sa tête, timidement, n'osant pas y croire, craignant toujours de faire fausse route. Forcément, il devait bien s'étonner de la voir ainsi, lui qui n'avait jamais connu la fille de Rage aussi timorée ! Mais que savait-il de l'amour délicat et apeuré des demoiselles habituées à tout traiter dans la fermeté et la force, de l'image que l'on posait sur elles sans forcément demander leur avis...

S'était-elle trompée ? Avait-elle tout mal interprété ? Son visage reflétait la succession de questions qui s'imposaient à elle, et la difficulté qu'elle avait à y répondre. Avait-elle donc si peur de la finalité, du résultat du jeu ? Et d'où lui venait cette peur ? Elle qui pouvait se jeter contre l'ennemi sans ciller, pourquoi ses membres tremblaient-ils dans une situation où ils auraient dû se contenter de pousser, caresser, enlacer, ne frissonnant que par plaisir ? Baissant le museau, la verte se mordit la babine inférieure, jetant un coup d’œil vers V'hallys. La peine qu'elle lut sur son visage, d'habitude auréolé de confiance, lui transperça les entrailles. Voilà le résultat de ses tergiversions ; à trop vouloir se protéger contre son ombre, elle en avait blessé son ami... Lui qui au contraire, n'avait pas hésité à se livrer, à mettre des mots sur ses sentiments, à lui avouer apprécier sa présence, comme au temps de leurs jeux d'enfance...

Un lourd sentiment de honte s'abattit sur la soldate, et elle leva une patte pour se masser la tempe, posant au passage son arrière-train sur les galets. En réalité, c'est elle qui avait gâché leur complicité, piétiné les petites graines que le jeune loup avait planté entre eux. Elle l'avait sûrement blessé ou dérouté, autant qu'il avait pu être maladroit, et malgré tout, voilà qu'il lui tendait une dernière fleur. Oserait-elle la refuser, faire une croix définitive sur leur entente, sur la possibilité de se redécouvrir, de s'apprivoiser ?

Bien sûr que non. Si en plus, il devait rejoindre le Printemps - et elle voulait qu'il le rejoigne, il ne fallait pas se leurrer - elle ne pouvait pas le traiter comme un inconnu, oublier leur passé commun, le présent qu'ils avaient commencé à réécrire. Un rire bref lui échappa tandis qu'elle faisait l'examen de son comportement depuis l'arrivée de V'hallys sur Four Seasons : une louve guindée, fermée, infecte et blessante... bon, il cherchait parfois à la faire enrager, mais de manière générale, elle s'était montrée odieuse. Et il lui avait fallu tellement de temps pour s'en rendre compte... le retour du jeune prince ne participait-il pas, pourtant, à la guérir de son mal-être de bourreau mal dans sa peau ? À renouer avec celle qu'elle avait été, et qu'elle avait perdue ?

Réalisant qu'elle venait de pouffer apparemment sans raison, et surtout après une déclaration intime du dandy, Herrade se mortifia et releva vivement la tête, plongeant ses prunelles bicolores dans les joyaux brumeux de son vis-à-vis. Gueule entrouverte, elle chercha quelque chose à dire, ne laissant voir qu'une tête de poisson mort pendant quelques secondes, décontenancée. Puis elle ferma son clapet, secoua la tête et tâcha de se ressaisir ; pas question de tout faire foirer à nouveau.

« Je... j'avais réussi à m'en persuader. » Elle haussa les épaules et porta son regard sur la mer ; pour une fois, elle allait arrêter de se prendre la tête et livrer ses pensées simplement, ça la changerait agréablement. « Je n'ai pas de raisons assez valables pour excuser mon manque de courage... mais je suis désolée de t'en avoir fait porter le poids. »

L'attente lui semblait plus douce à présent ; elle avait l'impression d'avoir abandonné un nouveau fardeau, mais regrettait d'avoir dû explorer les bas-fonds de ses sentiments pour enfin le comprendre, d'autant qu'elle avait entraîné V'hallys avec elle dans ce voyage vers la compréhension de soi... Elle ignorait comment il jugerait ses excuses, s'il les accepterait ou non. Quel que soit son choix, elle le respecterait, n'ignorant pas les causes qui pouvaient le motiver.

Un nouveau silence s'installait, qu'elle aurait aimé combler, pour retrouver la joyeuse insouciance avec laquelle ils se chamaillaient avant ; pour réparer ses erreurs et arrêter de maltraiter le brun comme s'il était le mal incarné. Comment faisait-il pour dédramatiser les situations ? Ah oui, tout à l'heure, il avait tenté de la faire rire en lui parlant de la coupure qu'elle lui avait faite... La verte grimaça en repensant à son geste. Bon, en soi, ça lui ressemblait assez bien de s'emporter de la sorte, mais quand même... Hasardant un nouveau regard en biais vers le jeune prince, elle tenta d'estimer les dégâts, qui se révélèrent heureusement assez minimes. Elle resta dans cette position d'observation suspecte et assez peu discrète, préférant terminer sur un ton plus léger - plus bas aussi, n'assumant pas trop son revirement vers une discussion moins sérieuse après la pagaille émotionnelle qu'elle avait causé.

« Tu parles d'une cicatrice, dans deux jours on verra plus rien. »
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V'hallys
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Ven 5 Avr 2019 - 21:10

Our eyes meet, and
something dangerous sparks
V'hallys x Herrade


« Je... j'avais réussi à m'en persuader. Je n'ai pas de raisons assez valables pour excuser mon manque de courage... mais je suis désolée de t'en avoir fait porter le poids. »

V’hallys semblait l’écouter distraitement, ses prunelles améthyste s’étant ancrées dans un horizon lointain par-delà les vagues qui se brisaient en mer avant d’avoir atteint le rivage, tandis qu’Herrade parlait. Ils avaient détourné leur regard l’un de l’autre au même moment, se fixant chacun loin dans l’océan, comme s’ils avaient voulu se détourner l’un de l’autre. Néanmoins, V’hallys écoutait avec une attention certaine ce que la verte avait à dire. Et pourtant, s’il était attentif à ce qui s’apparentait à une tentative d’explication, il ne s’attendait à rien de particulier venant de la part de son amie d’enfance – et c’était peut-être là le plus triste, comme s’il avait renoncé lui aussi ; renoncé à ce qu’elle réponde, à ce qu’elle comprenne ; renoncé à leur amitié ou tout simplement à elle, peut-être. Elle avait ri avant de parler, et diverses émotions étaient passées sur son visage. V’hallys n’avait rien ressenti en voyant cela, du moins il tentait de s’en persuader ; cela vaudrait mieux pour lui. Elle se questionnait, tant mieux pour elle – il se sentait si loin d’elle, à présent, comme si tout ce à quoi il venait de réfléchir avait brisé ce qu’il y avait entre eux bien plus que ce qu’une dispute aurait pu détruire. Une part de lui avait renoncé, et il ne parvenait pas à se raccrocher suffisamment à l’autre partie en lui, ce petit morceau d’inconscience qui attachait encore de l’importance à tout ce qui se déroulait sous ses yeux. V’hallys se sentait comme hors de son corps, simple âme vidée spectatrice de leur pathétique échange – si tant est qu’il y eût encore la moindre chose à échanger entre eux.

« Tu parles d'une cicatrice, dans deux jours on verra plus rien. »

Il sourit doucement à l’horizon, comme avec fatigue. Des pattes d’oie semblaient pointer le bout de leur nez au coin de ses yeux, visible pour les plus attentionnés, contrastant avec la beauté lisse dont il faisait sa fierté. Il ne savait pas exactement ce qu’il ressentait face aux dires d’Herrade ; il trouvait attendrissant son effort de détendre l’atmosphère mais ne pouvait empêcher son esprit d’être obscurci par les nuages de leur rencontre. Il se sentait flottant, incapable de mettre des mots, même de par lui-même, sur ce qu’il ressentait. Et le pire pour lui, dans tout cela, était qu’il ne parvenait même pas à se flageller mentalement : il aurait voulu se fouetter, se frapper en se hurlant dessus ; pourquoi était-il incapable subitement de ressentir quelque chose ? Pourquoi ce vide, cette indifférence, soudain, à celle qui le rendait absolument fou par ses réactions, entre sa plus tendre enfance jusqu’à quelques minutes auparavant ? Mais même cela, il en était incapable, vidé de toute essence émotionnelle qu’il était. Une coquille vide, il n’était rien de plus qu’une coquille vide en cet instant. Il ne comprenait pas, il ne se comprenait pas. Mais depuis quand se comprendre était-il quelque chose d’important pour lui ? Elle chamboulait ses repères, chahutait ses normes, détruisait ses maximes de vie ; et en retour il la blessait. Et malgré cela, même la culpabilité s’évaporait sous ses yeux, ne laissant place qu’à un vide infini, un vide qui le rendait fou mais qu’il ne parvenait pas à évacuer. Comment chasser du vide, de toutes façons ?

Se forçant à lâcher des yeux l’horizon lointain qu’il trouvait si apaisant par son calme, il se refixa sur Herrade. La chape de douleur qui avait embrumé ses yeux s’en était allée, seule la lassitude s’y lisait encore, et une forme de tendresse fatiguée. Ses lèvres étaient toujours étirées en un doux sourire fané, qui rappelait celui des grands-pères qui ont vécu beaucoup et raconté peu. Il ne savait même pas quoi lui répondre – voulait-il seulement encore parler ? Il aurait tout donné quelques instants plus tôt pour pouvoir parler avec elle des doutes qui emmêlaient ses pensées, pour poser des questions sur le monde comme des enfants. La seule chose qui lui semblait souhaitable à présent, ç’aurait été une télépathie venue du ciel pour lui transmettre ses émotions, ou plutôt le vide qu’il ressentait ; car comment dire à sa seule amie qu’on se sent vide en la voyant ? Et même ça, il ne parvenait pas à s’en sentir triste ; qu’avait-il donc raté à ce point pour être réduit à un légume atone et atrophié du cœur ? Était-il donc si faible que son subconscient avait préféré éradiquer toute forme de sensibilité pour le préserver du moindre traumatisme ? Même cela, il ne parvenait pas à se le dire avec colère. Réalisant qu’il avait probablement fixé Herrade de longs instants avec cette mélancolie pathétique au fond des yeux, il inspira profondément l’air marin, brûlant ses poumons et asséchant sa gorge.

« Ce sera rapide à guérir, c’est sûr. Je n’aurai même pas le privilège de porter à vie une de tes cicatrices. »

Le tragi-comique de sa situation ne lui sautait pas aux yeux ; il croyait dur comme fer à cette partie de lui, nue de toute sensation, qui lui disait, résignée, qu’il n’y avait rien à tirer de cet échange, qu’il en sortirait vidé mais indemne puisque leur relation ne signifiait plus rien – avait-elle déjà seulement signifié quelque chose ?

Son sourire s’évanouit ; il n’était pas sûr que ses mots aient très bien résonné, lui-même les ayant dits plus pour répondre à Herrade, et ne pas laisser le silence durer plus longtemps, que par réel entrain à continuer leur échange. Il songea brièvement à toutes ces fois où, enfant, il avait continué à la titiller, à la provoquer alors qu’elle était à bout de nerfs, à deux doigts de lui entailler le visage. Comme il désirait son attention, à l’époque ! Ces souvenirs-là n’éveillaient même plus une once de nostalgie en lui. À l’agonie de cette situation qu’il ne comprenait pas, de ces sentiments partis en cendre et dont il pouvait encore pourtant sentir l’odeur de fumée, il sentit sa gorge se nouer une dernière fois brièvement, inexplicablement. Il s’avança doucement vers elle, et l’embrassa délicatement sur la joue, sans ambiguïté ; il sentait bon la mer, les fleurs et le sel.

« À la prochaine, Herrade », lui glissa-t-il à l’oreille.

Il se détourna d'elle, se détourna d'eux, retournant de là où il était venu, ses pattes s’enfonçant dans le sable. Ses pensées étaient déjà ailleurs, fixées à présent sur un seul objectif : le passage, la prochaine île, l’île suivante et l’île encore après, et enfin la Chimère. Cela au moins aurait le mérite de l’exalter, de lui donner un but clair, sans embuches autres que physiques, matérielles, palpables, contre lesquelles il aurait tout loisir de s’acharner ; aucun cruel jeu du cœur pour venir le mettre à bas. Ce n’était pas si dur, finalement, de ressentir quelque chose, pour peu que cela n’ait rien à voir avec le cœur…
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Feat Herrade & V'hallys

dancing fire in our glances

Our eyes meet, and something dangerous sparks — ft. Herrade [EVENT] Gaml

La maigre tentative d'enthousiasme d'Herrade retomba bien vite, roulant comme une pierre au fond de son estomac. V'hallys, qu'elle avait perçu immobile et distant tout au long de ses réflexions et enfin de son aveu, accorda un maigre sourire à sa tirade, ce qui en soi était presque pire que n'importe quelle autre réaction, car en cet instant, la verte devina qu'elle l'avait perdu. C'était comme si un parfait inconnu se tenait à côté d'elle, comme s'ils étaient devenus étrangers l'un à l'autre. Quelle était sa part de responsabilité dans cette situation ? Elle n'osait même pas y réfléchir, et choisit plutôt d'accepter les faits tels qu'ils étaient. Après tout, grandir, c'était aussi d'assumer les conséquences de ses actes et de voir au-delà des problèmes.

Déçue, elle l'était, bien sûr ; mais elle n'était peut-être pas si étonnée que ça, pas après tout ce qui s'était passé sur cette plage. Et alors qu'enfin le beau solitaire reposait ses yeux graves sur elle, elle lut cette lassitude qui l'entraînait elle-même loin d'ici, loin de leurs problèmes d'adultes incapables de se comprendre, et elle se résigna de même à l'échec de leur relation. Voilà donc ce que l'on ressentait à fixer quelqu'un qui n'exprimait plus rien, qui restait silencieux ; le retour de bâton était juste, mais la printanière ne savait ce qui était le plus douloureux. Se trouver emprisonnée dans un regard vide d'émotion, ou découvrir le visage terne de son ami, qu'elle avait toujours connu optimiste et enjoué ?

« Ce sera rapide à guérir, c’est sûr. Je n’aurai même pas le privilège de porter à vie une de tes cicatrices. »

Elle eut un petit rire intérieur, à peine plus que de l'air soufflé par le museau. Il n'y avait même pas d'illusion à se faire sur une probable relance ; la réponse de V'hallys était sûrement aussi creuse que ses sentiments à l'instant, et comment pourrait-elle l'en blâmer ? Ils avaient tous deux l'air de pantins malhabiles, échoués sur cette plage. Et dire qu'elle avait souhaité, pendant un moment, en arriver là... Cette conclusion avait un goût amer dans sa gueule. Elle avait envie de grogner de dépit, de sortir de cette transe paralysante, de réagir et se révolter contre le destin, mais elle était soudée au regard du grand beige, incapable de détourner ou baisser les yeux. Des yeux si beaux, mais si cruellement absents, comme s'ils ne faisaient que la traverser... c'était bien pire que du mépris ou de l'ignorance. Et elle faillit rompre le lien et partir en courant, mais il bougea avant elle. Lentement, elle vit son visage se rapprocher, et crut d'abord rêver, écarquillant les yeux plus le brun-violet parvenait jusqu'à elle. Elle resta parfaitement immobile, incapable du moindre mouvement, sentant presque son sang se figer dans ses veines, son cœur s'arrêter de battre. Et lorsqu'il déposa un baiser sur sa joue, un baiser tout ce qu'il y avait d'innocent et de chaste, comme entre deux amis, elle sentit quelque chose exploser en elle, et tout son sang afflua dans son visage.

« À la prochaine, Herrade. »

Pour toute réponse, elle ne put que déglutir, luttant déjà pour ne pas suffoquer. La voix et les mots de V'hallys s'ancrèrent en elle, s'imprimèrent en lettres de feu dans ses entrailles. Elle n'esquissa pas un mouvement tandis qu'il s'éloignait, impuissante, vissée au sol. Ses prunelles bicolores le suivirent un long moment, jusqu'à ce qu'il soit hors de vue, et alors, elle fut seule sur la plage baignée de soleil.

À la prochaine... elle s'interdit d'y réfléchir, de décortiquer son intention, d'en percer le secret. A la place, elle accueillit simplement la joie enfantine qui s'épanouit comme une fleur à l'entente de cette promesse de renouveau ; aurait-elle une autre chance de réparer ses erreurs ? Peut-être. Et dans ce cas, elle ferait tout en son pouvoir pour ne rien gâcher, pour se contenter de vivre et apprécier les moments futurs, sans prise de tête.

Herrade ferma les yeux, un sourire soulevant ses babines. Tout n'était pas rose, mais elle sentait de nouveau le soleil sur sa peau, et dans le vent flottait encore un peu de l'odeur du solitaire, qu'elle huma avec une sorte de tendresse. Quel beau duo d'idiots... Enfin, plus qu'à espérer qu'ils soient rattrapables. La printanière se redressa, engourdie, et s'ébroua longuement. Le temps filait, et elle avait encore de l'escalade à faire avant de retrouver son groupe d'explorateurs, mieux valait ne plus tarder. Avec un regain d'énergie, la belle retrouva la voie escarpée menant au sommet de la falaise ; à présent, il valait mieux ne plus penser qu'à son ascension, sans quoi elle n'aurait sûrement plus jamais la chance d'apercevoir V'hallys.
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