Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

For the devil has no power...
except in the dark

V'hallys x Nachtgewalt

Ils avaient pénétré dans l’antre sombre et poussiéreuse sans tergiverser, une fois que Ladh les eût téléportés en hauteur. De près, la haute tour semblait encore plus menaçante, les noyant dans son ombre ; étrangement, on n’entendait pas un seul oiseau dans le ciel nocturne, et on ne distinguait aucun nid non plus. V’hallys fut pris d’un mauvais pressentiment mais n’en laissa rien voir tandis qu’ils foulaient le sol presque poisseux du bâtiment. À peine rentré, il fut pris au nez par une odeur bestiale, lourde et désagréable, même pour un loup. Son compagnon de route avait lui aussi capté cette senteur agressive :

« Tu sens cette odeur, » murmura-t-il. « On dirait bien que nous ne sommes pas seuls ici. J'espère bien qu'il s'agit de la Chimère : mes pattes commencent à fatiguer. »

V’hallys hocha la tête, son approbation se perdant dans l’obscurité de la pièce. Il y régnait une ambiance de danger, accentuée par le manque de luminosité. Le chatoiement de la lune parvenait à peine dans le bâtiment par l’entrée qu’ils avaient dégagée et quelques interstices dans les murs ; du reste, ils devraient s’aider de leur vision nyctalope pour progresser. Il espérait lui aussi que cette odeur prenante était celle de leur convoitée Chimère, autant pour la récompense dont elle était synonyme que pour éviter de s’attirer les foudres de l’énorme bête qui sécrétait probablement un tel musc. Mais une petite partie du jeune solitaire espérait discrètement que ce ne soit pas non plus le cas ; il aimait cette aventure et ne voulait pas – pas encore – en voir le bout.

Lorsque Ladh désigna du bout de son museau un escalier à moitié dissimulé derrière un angle de mur, V’hallys sentit un afflux d’adrénaline l’envahir. La pièce avait eu quelque chose d’inquiétant au premier abord, ainsi vide et porteuse seulement de cette odeur de mauvais augure, mais demeurer ainsi au rez-de chaussée de ce bâtiment qu’ils avaient eu tant de mal à atteindre était hors de question. Laissant son habituel sourire fleurir sur ses lèvres, il s’engagea, malgré tout avec prudence, dans l’escalier de pierre. Certaines marches étaient encombrées de roches tombées des murs, quand elles n’étaient pas totalement effondrées ; un pas de travers et c’était une patte qu’il perdrait. Et en l’absence de guérisseur à proximité, il était exclu de se blesser, surtout si une bête – qu’il se figurait de plus en plus comme un monstre aux aguets de la moindre proie – venait à flairer une odeur de sang. Évitant agilement les zones de danger, il ne s’arrêta dans son ascension que lorsqu’il eût atteint l’étage supérieur. Un brin de désespoir le gagna lorsqu’il constata la montagne d’éboulements qui se tenait en travers de son chemin. Soufflant bruyamment, à la fois de fatigue et d’agacement, il se tourna vers Ladh :

« Quand y’en a plus, y’en a encore… Si jamais on choppe cette chimère, il faudra me retenir pour ne pas gaspiller mes vœux en destruction de cailloux. Je n’en peux plus de la roche. »

Levant les yeux au ciel, il s’avança plus en avant, évaluant à la faveur d’un rayon lunaire l’état de l’éboulement. C’était moins catastrophique que ce qu’il avait cru, il s’était laissé emporter par sa fatigue. Que ce soit l’œuvre du temps ou de quelque chose de plus vivant, animal et puant, les pierres s’étaient en partie effritées et bon nombre avaient dévalé le monticule, laissant apercevoir un gouffre en hauteur. En somme, rien d’inaccessible s’ils se donnaient la peine de creuser un peu. Mais le duo pouvait aussi choisir de contourner cet éboulement pour voir ailleurs – les étages semblaient vastes et il n’était pas exclu que certaines pièces soient accessibles. Il se tourna vers le corbeau pour le consulter, le regard interrogateur, le museau froncé. Bon présage ou non, l’odeur musquée s’était alourdie à cet étage, renforçant l’impression pesante d’être en sursis dans ce territoire inconnu.