Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Alors que les deux grandes bêtes se battaient contre les parois rocheuses de l’Île sauvage, un passage se dessinait vers un phénomène bien curieux, et loin d’être naturel. Sur un relief tranchait dans le ciel un immense pic de bois. Cet objet bien étrange n’avait rien à faire là et semblait vouloir atteindre le point le plus haut dans le ciel. Certain de ne rien avoir à voir sur le banc de roches, Hjalmar fit signe à son bien-aimé d’aller voir de plus près ce qu’il se passait à cet endroit.

Reprenant sa forme d’origine, le bleu vint inspecter l’entité de plus près. Une fois qu’il ait atteint l’objet non identifié, il se rendit compte que l’immense structure de bois avait une forme particulière et semblait pouvoir contenir des choses, ou même des individus. Était-ce un lieu de vie autrefois ? Quel est le but d’une architecture aussi particulière ? Qui aurait bien pu bâtir une pareille chose, y-avait-il une autre tribu, d’autres espèces, d’autres clans sur cet archipel bien spécial ?

- Prêt à aller voir ce qu’on peut y trouver de  nouveau, Kuma ? Lança le lourd lion à l’égard du blanc, trépignant d'impatience d’y trouver des réponses.

S’approchant de la carcasse déchue à moitié enfoui sous le sol sableux, quelques planches se laissaient se démarquer du reste, malgré la faible végétation qui peinait à s’y terrer. Soulevant cette plaque moisie, le LibreLune découvrit l’entrée de cette bâtisse sombre. Une multitude d’odeurs s’échappèrent de cette trappe, faisant plisser la truffe de Hjalmar. Le passage dans l’obscurité ne lui plaisait pas énormément, ne sachant pas quoi y trouver à l’intérieur.

Alors que le couple s’avançait dans la pénombre légendaire, Hjalmar faillit sursauter au bruit tonitruant qu’avait provoqué son compagnon. Très vite, le bleu espéra que personne d’autre ne se trouvait en ces lieux, sinon les ennuis arriveront très vite car leur présence était désormais connue. Le lion partagea le fin rire de son compagnon et ne tarda pas à sentir sa truffe le démanger. Avec tous les efforts du monde, il parvint à ne pas éternuer. L’impression qu’une couche de pellicules de poussières sur ses yeux était fort désagréable, et Hjalmar lutta pour les plisser afin d’essayer de percevoir un minimum d’éléments dans le décor.

- Cette ruine n’est pas ici par hasard, on pourrait s’en servir pour avancer. Fouillons les lieux malgré cet air suffocant !

Lorsque son bien aimé lui fit part des odeurs senties, le léonin ne put qu’acquiescer avec lui. Beaucoup d’odeurs vinrent se mêler à la poussière des naseaux. L’effluve plus faible marquait un passage plus ancien, seulement cette odeur si particulière mit la puce à l’oreille à Hjalmar de qui il pourrait bien s’agir, et savoir que ce genre d’individus avait pu parcourir un bout de chemin plus long qu’eux embêtait le grand mâle, inquiet que son conjoint ne s’en aperçoive. Les autres parfums trahissaient plus la présence de claniques, un vrai cocktail fruité entre ces odeurs qui se battaient. Décidément il leur faudra le soutien d’Oropher pour ne pas tomber sur eux. Se doutant bien que certains d’entre eux ne seraient pas enclin à une confrontation, d’autres pourraient très vite monter en température. Pas directement envers les LibresLunes, non, mais les tensions entre les clans pourraient bien éclater en ce lieu confiné. Le printemps et l’automne, ensemble dans un endroit fermé, transformeraient cette épave en véritable tombeau.

- Oui, et les odeurs ne me disent rien qui vaillent. Tâchons de ne pas nous mêler à ça, l’ambition voile souvent les yeux des confrères claniques.

Si une véritable compétition se jouaient entre eux, la Guilde devrait habituer les conflits éclatants sur les îles. Seulement, les deux LibreLunes n’en avaient pas la moindre envie. Ils étaient deux et seuls et si leurs apprenties courraient un danger à cause de ça, il ne valait pas s’y risquer. Hjalmar prit la décision de rester à distance des claniques, bien que calmer les tentions n’étaient pas peine perdue, contacter l’alpha automnal semblait hors de portée. Tandis que du côté printanier, tenter de rationaliser Seira ressemblait plus à une tentative de suicide. L’autre parfum perceptible était celui de l’été, et le bleu espéra intérieurement qu’ils ne tomberont pas entre les griffes corrosifs des autres. Si seulement leurs disputes pouvaient cesser ne seraient-ce que quelques heures, Hjalmar pourrait en prendre des vacances. Il pensa à sa conversation avec le sage ambassadeur printanier, et il semblait être le seul de ces deux clans à prendre un recul sage sur cette histoire.

L’intérieur de l’épave était jonché de babioles plus ou moins utiles. Du moins, rien ne semblait pouvoir les aider selon Hjalmar. Des caisses empilées étaient surplombées d’outils de voyage, tous couverts de moisissures ou de poussières. Quelques ombres de rats tranchaient la faible pénombre qui se faufilait entre les lattes du plafond. Le grand soupira, à la recherche d’un quelconque indice pour sortir de ce foutu lieu. Il était cependant hors de question qu’ils ressortent par leur porte d’entrée, il fallait qu’ils trouvent un passage.

- Tu penses pouvoir décaler ces caisses pour trouver un passage ? J’aurais bien ouvert tous ces coffres et étuis, mais ils semblent tous fermés pour de bon. Murmura presque Hjalmar, concentré dans ses recherches.

Hjalmar s’arrêta d’inspecter les environs pour écouter son compagnon, qui après avoir décaler une des caisses, peina à pousser la plus grosse.

- Pfff...je manque de force pour celle-ci apparemment. Peut-être qu’à deux on pourra l’avoir ?

Le bleu acquiesça aux paroles du blanc. Après tout, il serait sans doute plus apte pour ce genre d’activités physiques grâce à sa puissante carrure musclée. Accompagné des grincements du vieux plancher sous ses lourdes pattes, le lion s’approcha de Kuma et se positionna comme lui, se dressant sur ses membres arrières et posant les deux autres dans un son étouffé sur l’objet à pousser. Il était du même côté que le blanc, et avec un peu de chance, sa force en plus sera suffisante pour parvenir à leur objectif.

- Bien, à trois, on pousse ! S'exclama Hjalmar en s’efforçant de souffler ses paroles, ils faisaient assez de grabuge comme ça. Après un regard à son compagnon, il s’assura qu’il était prêt, avant de commencer le compte à rebours. Une...deux……...trois !

Le géant exerça toute la pression de son corps sur la caisse de bois dans un grommellement sourd, escorté par le borgne qui donnait toute sa ferveur. L’objet se mit à glisser avec difficulté sur le plancher criant de souffrance, et après quelques secondes de lutte, les deux compagnons lâchèrent prise. Hjalmar s’essouffla pendant un moment, et s’assura des conséquences de l’effort de Kuma.

- Tout va bien ? Prends un moment pour souffler un peu...attends, je crois entendre quelque chose.

Après avoir plongé son regard limpide dans celui si spécial du blanc, il détourna son visage vers un léger bruit saccadé qui avait attiré son attention. C’était comme un bruit de métal agité et le géant perçu que cela venait de derrière la grosse caisse qu’ils venaient de décaler. Celle-ci avait dévoilé un passage encore plus profond dans la cale obscure, et après un vif regard à Kuma, il lui fit signe qu’il était prêt à s’enfoncer dans les ombres.

Ses saphirs pâles scruta le sombre environnement, cherchant à se rapprocher du bruit. Enfin, Hjalmar tomba sur l’objet plein de mystères. Rond et métallique, il n’avait jamais vu pareil instrument. Une fine aiguille s’affolait à l’intérieur, sous une couche presque détruite d’une matière transparente. Le bleu prit l’objet dans sa gueule et vint le poser devant l’autre LibreLune, ne sachant pas quoi en penser, son ton devenait tout de suite moins confiant.

- J’ai trouvé ceci, tu penses que cet objet pourrait nous aider ? Ce n’est peut-être qu’un objet futile mais ne sous-estimons pas son importance en ces lieux...