La nuit infinie s'étendait sur les terres brunes et grisâtres. A peine quelques buissons emplissaient la plaine, sombres comme s'ils avaient cramé. J'avais avancé à travers quelques instants de brume et la majorité dans un climat apte à l'attention des sens éveillés, silencieuse comme une ombre. Mon pelage foncé se fondant dans le paysage, seuls le bleu et le jaune auraient pu se dénoter ici-bas dans le funèbre palace aussi vide de sérénité que de fleurs.
J'étais toujours à la recherche de Dyani et de son kidnappeur, car je ne lâche jamais l'os quand je le mords, teigneuse et déterminée. J'avais déjà inspecté il y a peu le territoire neutre, pour ne tomber pas sur les disparus, mais sur l'un des suspects que mon esprit avait pris en compte: Drakan, le tueur hivernal. Suite à cette rencontre, je n'avais pas trouvé de traces nettes du passage du duo, mais j'avais beaucoup réfléchi. De un, l'odeur du kidnappeur que j'avais réussie à intercepter lorsque je lui avais couru après, m'avait rappelé quelqu'un mais je n'avais pas su directement qui. Petit à petit j'arrivais à mettre en place l'image du coupable dans mon tableau de chasse.
Enfin, c'était une éventualité à prendre en compte, mais ce n'était pas cette identité qui m'avait poussée à aller sur ces terres éphémères, non. Comme dit plus haut, j'ai beaucoup réfléchi, et je suis parvenue à cette supposition: si j'étais pourchassé et que je devais planquer un gosse, où me cacherais-je? Certainement pas dans le territoire de l'Automne, ni dans celui du Printemps qui est assez à cran aussi avec tous ces événements. L'hiver aurait été franchement rude pour un petit louveteau récemment né, il en serait certainement mort. Ainsi en options reste-t-il l'été même si, sans refouler cette hypothèse, ne me convainc pas réellement; le territoire neutre dans lequel il reste énormément de lieux remplis de cachettes.
Et enfin, j'en vins à cette nouvelle idée.
Si je ne voulais pas qu'on me retrouve... Qu'est-ce qu'un endroit n'apparaissant qu'une fois par an et encore serait pratique!
C'est cette éventualité qui m'amena en ces lieux.
Je ne sais pas exactement, enfin personne encore ne sait précisément quelle est la raison de cet enlèvement, et tout ce que ça cache, mais il faut chercher, et trouver cet enfant de l'Automne pour le ramener avant tout à ses parents, en sécurité.
Et déjà, si je trouve le malfaiteur, ce sera un grand pas.
Alors, au bout d'un moment, j'arrivai à une grande maison branlante que je reconnus sans peine, en ayant écouté les histoires dessus. La Maison du Vampire. Franchement il abuse, il pourrait faire un peu d'entretien, elle est toute crado avec toute cette poussière. Les vampires si ça existe ça a besoin de respirer? Non parce qu'avec tout ces moutons et pelotons de poussière, je vois mal comment ses alvéoles pulmonaires ne se bouchent pas dans la seconde.
Bon j'exagère.
J'entrai, silencieuse et discrète. Si mes pas glissaient légèrement sur le parquet grinçant, je parvenais à fondre mes sons dans ceux de la maison qui elle-même grinçait toute seule comme une grande.
Je sniffai un coup, et me lançai à l'exploration des couloirs et des pièces.
Mais...
Une odeur lupine m'arriva à la truffe, et rapidement je me cachai derrière une encornure avant de l'analyser.
Tiens mais... je connais ce fumet.
Et, en effet, une silhouette massive et touffue de bleue fit son entrée dans la demeure, le poids de ses pattes ne se faisant pas du tout respecter par le plancher en bois qui n'hésita pas aussitôt à couiner de mécontentement.
Je me détendis un coup, voyant qu'il ne s'agissait pas d'un ennemi ou d'un nuisible. Peu à peu, une expression espiègle prit place sur mon visage, et...
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WOUH! , fis-je en murmurant, sautant en face de ce bon vieux Hjalmar. Puis, après deux trois courtes secondes, je fis avec un sourire taquin:
Bah alors, ça vient se frotter aux vampires? FieryAmaryllis