Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Le temps que le Librelune et le Solitaire discutaient, les nuages avaient commencé à déverser leurs larmes d'ange. Cela faisait un moment qu'ils avaient entamé leur conversation, non pas inutile, mais pauvre en nouvelles informations intéressantes sur la guerre. A la fin des dernières paroles échangées, Hjalmar remarqua une très jeune louve courir dans la vallée. Elle les avait remarqué et avait sans doute prit peur, de part leur non appartenance à l'Automne.

Le bleu fit un bref salut de tête à sa dernière rencontre avant de se diriger vers là où la petite avait fuit. Il décida d'aller voir ce qu'il se tracassait, sans savoir pourquoi. Malgré son manque de raisons apparentes, il ne vit pas pourquoi il n'irait pas aider une petite fille aux airs inquiétants. Ainsi, Hjalmar prit la direction de là où la louve avait prit la fuite.

Le Librelune perdu sa trace, avant de remarquer des mouvements dans les hautes herbes. Une petite boule beige tremblait au milieu de la végétation. Sans doute de froid par cette pluie, mais de ce que Hjalmar entendit en se rapprochant silencieusement, il pourrait s'agir de sanglots. Les cheveux de la petites flottaient dans les airs comme par magie. Malgré les gouttes de pluie qui les attaquaient, les mèches semblaient virevolter, envoûtant le regard du bleu qui se demanda si cette touffe n'était pas une entité à part entière de la jeune louve. Drôle de question.

Ce qui surprit le lion, c'est que ce n'était pas la première fois qu'il avait affaire à ce genre de situation. Il avait comme une impression de déjà vu. Remémorant les souvenirs lors de sa rencontre avec le petite estival, il commença vraiment à croire que c'était bien sa veine et que peut-être sa vraie mission était de sauver des enfants de leurs chagrins. Et bien, si ses Ancêtres l'avaient vraiment envoyer pour ça, il n'en vit pas le moindre inconvénient.

Il chercha le visage de l'Automnale, qu'il reconnu à l'odeur, mais elle s'était entièrement recroquevillé sur elle-même. Hjalmar sourit et décida de se rapprocher de plus en plus. Volontairement, il fit du bruit en se faufilant entre les hautes herbes pour signaler sa présence. Après tout, il ne lui voulait aucun mal et ne voulait surtout pas l'effrayer.

Enfin arrivé à bonne distance, évitant de se rapprocher trop près pour lui permettre la fuite si elle le désirait, il prit son habituelle voix douce et rassurante :

-Est-ce que tu vas bien petite ? Tu m'as l'air toute triste... Tu dois avoir froid sous la pluie, ne veux-tu pas un peu d'aide pour gagner un abris sec et chaleureux ? Je ne veux pas te déranger, tu as l'air d'avoir beaucoup de tracas pour une louvette de ton âge...

Peut-être qu'elle avait envie d'être seule et que Hjalmar se mêlait de ce qu'il ne le regardait pas. Mais qu'est-ce qu'une petite fille peut avoir comme soucis si énorme qu'un Librelune ne pourrait même pas s'y confronter ?

Se baissant un peu plus pour ne pas paraître comme un géant imposant à la petite, il scruta les deux prunelles roses qui osèrent enfin se montrer à lui. Il sourit en regardant l'enfant coopérer , toujours entourée par les mèches de cheveux enchantées. Le bleu guettait la curiosité de l'Automnale comme une habitude. Le monde dit que le plus grand défaut serait la curiosité, mais la soif de savoir d'un être serait si mal que ça ?

Elle avait l'air de se calmer un peu face au grand loup, mais son état n'en fut pas tout aussi stable. Ses yeux brillèrent encore sous la noyade des larmes et son pelage était entièrement trempé par la pluie. Il n'attendait que son accord afin de la transporter dans un endroit sec avant qu'elle ne commence à grelotter pour de bon.

En voyant que l'Automnale lui accordait son attention, il décida de se présenter :

-Je m'appelle Hjalmar et je suis là pour être ton ami. Je n'appartient à aucun clan mais tu peux me faire tout aussi confiance que si j'étais l'un des tiens. Mon devoir est de garder la paix, alors je ne veux que ton bien petite.

Il ne voulait pas trop en dire. Certes, beaucoup était au courant de l’identité de sa Guilde à présent, mais à quoi bon devoir tout déballer au premier venu ? Même si, pour une petite fille, rien n'était dangereux et pas grand monde ne l'aurait écoutée raconter des histoires. Cependant, elle avait raison de se méfier d'un tel étranger mais Hjalmar dégageait un aura calmant et rassurant. Son attitude rassurait les gens qu'il croisait.

Le vent se déchaînait de plus en plus, une véritable tempête risquait d'éclater à tout moment. Le crachin s'était transformé en des dizaines de sceau d'eau qui se déversaient sur le rubis éclatant qui ornait le visage du Librelune. Il ne voulait pas que la petite ne tombe malade ou ne se blesse dans la gadoue, même si le guérisseur Automnal devait sans doute très bien faire son travail, il ne souhaitait pas envoyer une si jeune enfant entre ses pattes.

Hjalmar scruta les environs, à la recherche d'un quelconque abri. Mais la vallée n'était recouverte que de végétation à perte de vue, de temps en temps accompagnée d'un rocher perdu. Au loin, une bâtisse bien étrange qui intriguait son attention. Mais l'endroit n'avait pas l'air sûr et il ne préférait pas mettre en danger la petite. Se retournant vers le visage de cette-dernière, il lui dit :

-Connaîtrais-tu un endroit où tu serais à l'abri ? D'ailleurs, c'est ton tour maintenant, comment t'appelles-tu ?

Keridwen, c’est un très joli prénom que Hjalmar n’avait jamais entendu. Malgré sa faible voix, les larmes avaient séché et elle avait l’air d’écouter le Librelune. Sa petite patte blanche désignait la forêt qui à une petite trotte d'eux. Quelques arbres les mettraient sûrement à l’abris, le bleu s’en convint. Enfin, la petite se mit enfin sur ses petits membres frêles et dévisagea le grand. Ce-dernier sourit, amusé par la curiosité qu’elle avait envers ses joyaux rouges.

Son intérêt piqua lorsqu’elle lui posa une question sur la taille. Incongru, il n’aurait jamais pensé qu’après avoir considéré aussi longtemps son visage elle aurait été tracassée par sa taille, mais plutôt par les étranges pierres étincelantes qui couronnaient son front. Il aurait bien aimé utiliser leurs pouvoirs pour amuser l’enfant, mais ce n’était ni le temps ni le lieu.

-Si je suis grand c’est parce que je viens d’un peuple de géants des montagnes ! Heureusement que nous étions tous très grand car nous pouvions faire de grandes choses !

Il lui fit un doux sourire avant de reprendre ses esprits, se souvenant des enjeux dans lesquels ils étaient.

-Blottis toi entre mes pattes et contre ma fourrure pour te tenir chaud et rester à l’abris de ces gouttes.

Hjalmar se contenta de se diriger doucement vers les arbres, faisant attention à sa protégée. C’est là que quelque chose le frappa. Ce n’était pas la première fois qu’il était confronté au sauvetage d’un enfant et il aimait bien passer du temps avec les louveteaux. On pourrait dire qu’il était assez doué avec eux. Mais ce n’était que maintenant qu’il réalisa à quel point fonder une famille était important pour lui.

En voyant tout ces louveteaux, ça ne lui donnait que de plus en plus envie d’en avoir lui-même. Cependant, génétiquement parlant il savait que c’était impossible puisque la manière d’en obtenir était différente de là d’où il venait… Une vague de de mélancolie le submergea soudainement, se disant qu’il ne pourra jamais en avoir. Maintenant qu’il entamait ce genre de relation proche avec Kuma, il se demandait si le blanc serait du même avis que lui. Malheureusement, Mère Nature n’était pas d’accord avec eux…

Se concentrant à nouveau sur Keridwen, il reprit ses esprits et chassa les tristes pensées de son esprit. Son fidèle sourire reprit sa familière place sur son visage calmant :

-Pourquoi es-tu venu ici toute seule ?

L'attitude de la petite attendrit Hjalmar. Il avait été sorti de ses pensées par les mèches magiques de sa chevelures qui venaient le chatouiller le poitrail et le cou. Il laissa échapper un petit rire amusé à l'Automnale, ravi d'avoir gagner sa confiance et de la voir retrouver son sourire joyeux d'enfant insouciant. Ses paroles le rassura, se disant qu'il devrait bientôt recevoir une médaille pour avoir sauver tous les enfants de Four-Seasons de leur période triste.

Keridwen sortit en courant de la cachette cotonneuse avant de se réfugier rapidement sous le plafond végétal des arbres. Elle paraissait bien plus à l'aise pour lui parler désormais, ayant définitivement abandonné sa moue boudeuse d'auparavant. Hjalmar la rejoignit au sec sans se faire attendre, réjouit de la brillance des yeux roses de sa nouvelle amie. Il s'allongea confortablement sur le parterre sec, auprès de l'Automnale tout en guettant la pluie. Balayant son regard de cristal vers la petite, il écouta sa question.

-Des choses d'adulte, ce serait bien trop compliqué pour une petite tête comme la tienne ! Mais tout devrait être réglé maintenant, et ta maison est en sécurité. C'est mon travail de m'assurer de la sérénité de chacun.

Lui souriant paisiblement, il en avait déduit que les problèmes de l'enfant devaient être moindre puisqu'elle n'avait pas jugé bon de lui répondre de manière précise. Des troubles à son âge ne devraient pas être très graves après tout. Et ce n'est qu'après avoir prononcé ces paroles qu'il se rendit compte de l'espoir qu'il portait envers les propos tenus avec le Solitaire quelques instants plus tôt. Il n'aimerait pas qu'un conflit éclate et mette ce genre de bouille adorable en danger.

Le temps semblait se calmer relativement, toujours réticent à vouloir laisser la moindre timide éclaircie. Cependant, même si il se disait posséder tout le temps du monde pour aider Keridwen, il se souvint qu'il devra faire un rapport aux Librelunes, et plus précisément à son proche Kuma. En effet, si il prenait trop de temps durant sa mission, son compagne allait sévèrement s'inquiéter et pourrait même rappliquer à n'importe quel instant ! Réticent à ce que Hjalmar parte gérer les tensions, le Librelune blanc était inquiet du possible danger que son amant courrait, et le bleu comprenait cela.

Le Librelune se redressa et baissa sa tête vers la petite :

-Dis-moi, tu veux que je te raccompagne à ta maison ? Tu pourras même monter sur mon dos si tu veux !