Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

La nuit venait de tomber. Son voile noir chassait les quelques brides du jour, rappelant que son empire nocturne était en train de s’installer. C’était ce spectacle que le guerrier blanc admirait depuis un promontoire. Il attendait, sagement et avec patience que l’apogée noire soit installée pour se mettre en marche. Rag’valdsklag se souvenait des paroles de la créature hideuse rencontrée des jours plus tôt. Il avait une mission qu’elle lui avait donné. Un travail loin du sang. Un travail si différent de l’habitude que le mercenaire n’avait pu refuser. Ce n’était pas toutes les décennies qu’on lui proposait un kidnapping. Il avait fini par accepter malgré le caractère de ce maudit Nachtgewalt. Il était aussi sournois que son physique le laissait voir, aussi pourri à l’intérieur qu’à l’extérieur. Un monstre qui aurait convenu à Likevelt, elle aurait adoré jouer avec ce Corbac.

Soupirant, le blanc continua de regarde l’ascension de la nuit. Il serait bientôt l’heure de descendre et filer vers les terres automnales. Il les connaissait, ayant déjà voyagé dessus. Oh parfois il s’était fait mettre à la porte, d’autres fois il avait échappé aux patrouilles. Comme tout professionnel, il avait tâté le terrain, observé. Il savait où passer pour ne pas être repéré, où aller pour brouiller son odeur et ses traces. Il avait pris toutes les dispositions qu’il fallait. Lançant un regard au petit sac accroché à sa fourrure d’ours, il se permit un sourire. Il avait tout prévu. Cette mission semblait déjà être une véritable réussite. Il fallait simplement bien s’organiser pour que les automnaux croient au mensonge demandé par son employeur … C’était la seule ombre au tableau, la seule chose dont il ne pourrait être sûr de réussir avec brio. Mais qu’importe, il ramènerait le butin voulu à la créature nocturne. La déesse de l’Equilibre chantait dans son esprit. Elle était si heureuse de voir que les choses allaient changer, ou plus précisément, de voir son Champion sur le devant de la scène pour un événement bien plus dangereux qu’un combat. Une erreur et tout basculerait en défaveur pour le blanc. C’était un jeu de funambule marchant sur son fil au-dessus du vide. Un jeu palpitant. Excitant.

La lune pleine n’était là que pour rappeler la rencontre avec le Corbeau. Magnifique sphère brillante, elle éclairait tout autour de lui mais ce n’était elle que Rag’valdsklag attendait. Non il devait encore patienter. Cette attente allait bientôt prendre fin, le vent commençant à souffler. Les perturbations souhaitées arrivaient au grand galop comme elles repartiraient aussi vite qu’elles étaient venues. Voyant les sombres nuages chargés de pluie couvrir l’horizon, le loup sauta de son promontoire. Il s’ébroua rapidement et le voilà qui partait vers les territoires automnaux.
Ses pas furent rapides et sa discrétion silencieuse. Il se faufila sur le chemin qui séparait deux terres. Comme il l’avait constaté, il était en pleine période de vide. Les Veilleurs étaient prêts à faire leur roulement soit le moment le plus propice pour passer tranquillement. Les sens aux aguets, il se dépêcha d’aller dans les fourrés et il prit l’itinéraire qu’il s’était construit. Il enchaînait les grandes enjambées, les petites courses pour finir par ramper. Il savait parfaitement quel rythme adopter à chaque endroit qu’il franchissait avec une aisance à en faire pâlir les habitants de la saison des feuilles mortes.

Comme convenu, il parvint à son nouveau point d’attente. Lançant un regard sur le ciel, il se mit à sourire. Pile à l’heure. Les nuages commencèrent à pleurer, doucement puis plus violemment. Une bonne averse qui lui servirait. Regardant la terre qu’il avait amoncelé en retrait des jours plus tôts, il constata avec joie qu’elle devenait une bonne mare boueuse. Il s’y glissa, se roulant dedans jusqu’à ce qu’aucune parcelle de son pelage blanc ne se voit. Rag’valdsklag s’était si souvent fait avoir par cette teinte que désormais il acceptait de l’entacher pour se camoufler. Il en avait besoin, d’autant plus lorsqu’il allait se faufiler parmi tout un clan … Bien recouvert, il se cacha sous un fourré. La pluie cessa son premier assaut. Le loup fit rouler ses muscles sous sa peau. La partie la plus dangereuse allait commencer. Sortant de sa cachette, il se mit à courir dans la plaine volcanique. Il savait qu’il ne serait guère vu. Personne ne venait surveiller à cette heure-ci. C’était une heure de battement, une heure où tout était permis pour les Silencieux et une heure bénite pour les Assassins … Et ce soir pour le kidnappeur. Il remercierait jamais assez sa longue vie pour lui avoir tant appris.

Arrivant enfin à la fin de sa course, il se stoppa, se cachant derrière un dune de roche noire. Il s’accorda une petite pause, le temps de reprendre son souffle. Redevenant calme, sa respiration devint plus discrète, presque inaudible. Les choses allaient se corser. Si jusqu’à présent il avait pu tout prévoir, il ne savait rien de l’intérieur de la tanière qui s’ouvrait à quelques mètres de lui. Il ignorait même jusqu’à ce qu’il puisse y pénétrer. Daeron, malgré une carrure carrée, demeurait petit. Sa compagne n’était pas plus grande que lui. Ils étaient des nains pour le mercenaire et s’ils avaient adapté leur antre à leur taille, il se retrouverait coincé. Et puis, il était possible que l’intérieur soit gardé. Tellement d’ignorance qui ne purent retenir la détermination du loup blanc. Il savait seulement que la chance avait été avec lui pour faire de cet antre un endroit éloigné du reste du Clan. Les Automnaux allaient risqué de s’en mordre les coussinets ...

Rampant hors de sa cachette, les sens en alerte, Rag’valdsklag se dirigea vers la tanière qui accueillait l’une des proies qu’il venait chercher. S’arrêtant presque de respirer, il passa lentement à côté du garde qui dormait. Le mercenaire avait déjà aperçu sa haute stature ailée. Il devait donc être vigilant à ne pas le réveiller … A pas de velours, il entra dans le tunnel qui descendait. Il passait, ne touchant pas les parois terreuses. A croire que la tanière avait été étudiée pour accueillir un possible géant. Sans doute pour permettre au grand ailé automnal chien de garde d’y entrer. Quoiqu’il en fut, le blanc parvint à sa destination. Il déboucha dans une grande alvéole. Un léger ronflement lui vint et il avisa la mère, Asha, qui dormait seule. Où était donc le père ? Inquiet de le trouver réveiller, le solitaire recula dans le tunnel et scruta la tanière, à la recherche du loup à la fourrure d’un lion. Après un instant à ne percevoir aucun mouvement, le coeur battant, il pénétra de nouveau entièrement dans la demeure alpha. La louve blanche était toujours plongée dans son sommeil mais le solitaire la lâcha bien vite du regard. Un petit bruit lui indiqua où se trouvait ce que voulait son client. Posant ses yeux ambres sur les adorables petites boules endormies, il esquiva un sourire. Il aurait tant voulu des enfants … Il secoua la tête lentement, chassant cette pesée. Ce n’était pas le moment de songer à sa fibre paternelle. Il avait à faire.

Le blanc détacha avec douceur le petit sac accroché à sa fourrure d’ours. Il l’ouvrit et il fit le tour de la tanière, manquant de tomber en trébuchant sur des objets qui traînaient. Il déposait des poils de printaniers un peu partout. Il se lécha les coussinets pleins de terres sèches et il fit des pas, marquant le sol. Chose réussie, il espéra que le fumet du Printemps soit bien répandu. Loups et fleurs semblaient flotter dans l’air avec une odeur de sang … Il restait à voir si cela prendrait ou si les odeurs se dissiperait plus vite que prévues. Décidé à vite prendre la poudre d’escampette, il se pencha sur le berceau de mousse des bébés. Lequel prendre ? Nachtgewalt n’avait eu aucune demande particulière. Il se pencha pour attraper l’unique femelle mais le cri mental aigu de la Déesse Likevelt l’en empêcha. Retenant un grognement, il écouta ce qu’elle avait à dire, à défaut de pouvoir l’envoyer voir ailleurs. Un enfant … Plusieurs queues. Il fronça les sourcils et il aperçut la petite boule de poils. Quel étrange phénomène de posséder plusieurs queues. Rag’valdsklag décida de céder au caprice de la maudite déité et avec une délicatesse qu’on lui croirait impossible, il attrapa l’enfant qui gigota un peu mais fort heureusement, ne se réveilla pas. Se retournant et se dirigeant vers la sortie, les pas du grand loup se firent lents. Il devait pas réveiller le petit qui pendouillait de sa gueule. S’il devait marcher ainsi jusqu’à la frontière, ça craignait.

Retenant un soupir de soulagement, il parvint à sortir de la tanière après des minutes de pas incroyablement lents. Argh ! Il avait oublié le garde ! Il se maudit en silence et il continua d’avancer à son rythme lent … Son coeur battait à tout rompre. Il désirait partir en détalant comme un lapin mais il ne le pouvait pas. Si l’enfant se réveillait, il ne faudra pas longtemps pour que le géant ailé les rattrape par la voie des airs. Il fallait donc continuer ainsi jusqu’à trouver l’abri des arbres. Lorsqu’il en fut près, il perdit patience et s’élança pour de bon. Sans doute que cela attirera les regards mais la pluie arrivait et qu’importe si l’enfant se mettait à japper, le mercenaire allait être couvert par le brouhaha de cette dernière. Lorsqu’elle vint, le prince automnal glapissait dans la gueule de son ravisseur mais malheureusement pour lui, il ne serait entendu que par les loups les plus proches. Ses parents ne se rendraient compte de sa disparition que bien trop tard …

Pour le moment, il devait trouver un abri pour s’occuper du petit avant de le donner à Nachtgewalt. Mais ses pensées allaient vers la tanière. Avait-il réussi à tromper le clan de l’Automne ?
La frontière approchait, son timing était-il bon pour partir sans risquer d’être vu et/ou intercepté ?

Lancé de dé chance quant aux pistes laissées dans la tanière de Daeron :
1 - 2 = Une odeur forte de loup et de sang se fait sentir, Faïryna ou Viehrs sera capable d’identifier cette odeur
3 - 4 = Un léger fumet de printaniers se fait sentir ainsi qu’un autre de sang qui diffère du clan des fleurs. L’incompréhension règne, une nouvelle affaire à démêler
5 - 6 = Aucun doute !! Le Printemps a kidnappé Dyani !


Lancé d’espionnage pour interception ou non de Rag' à la frontière :
1 = Un Automnal l’intercepte
2 = Aïe, on l’a vu mais il parvient à filer avec Dyani
3 = Non repéré, il passe sans problème la frontière avec le petit Dyani