Four seasons
Tu as posé les pattes sur Four Seasons !

Tu te retrouves dans un monde étrange, peuplé d'animaux désignés comme dangereux...Quel camp choisiras-tu ?
Mais ne t'inquiètes pas : ils sont civilisés et ne te mordront pas au moindre mouvement ! (encore que...)
Viens incarner TON personnage : loup ou chien pour les Survivants, et bien d’autres (félins, ours,...) pour les Insulaires et fais le vivre à travers des aventures nommées RP !

A très bientôt !
Four seasons
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Mais ne t'inquiètes pas : ils sont civilisés et ne te mordront pas au moindre mouvement ! (encore que...)
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A très bientôt !


Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !


 
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Akasan
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Sam 14 Juil 2018 - 11:17

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I'm afraid about the past
feat. Glycenne
But the future scares me

L’air se distordit légèrement, répandant dans les lueurs du crépuscule une colonne d’argent; il expira. Il tenta un nouveau pas. Vain cependant, l’engourdissement gagnant finalement ses membres tandis qu’il cheminait encore. Ses prunelles, miroitantes d’un incarnat léger sous les derniers éclats du soleil mourant, parcoururent les lieux du regard. Et il ne décelait plus, désormais, ne décelait plus cette familiarité chaleureuse qu’il s’était finalement vu associer à son nouveau domaine. Dans la chaleur du couchant, alors que des ombres écarlates s’entremêlaient pour répandre sur la neige blême des massifs de roses, il soupira encore. Le monde flambait, se consumait sans relâche, et l’or d’un royaume qu’il s’était obligé, bafouant ses principes, à chérir fondait désormais, entraînant dans ses marées chatoyantes les vestiges d’une terre sacrée. Et il était seul; horriblement seul. Il croisait parfois le regard de ses frères - ceux qui avaient du l’être -, et n’y décelait qu’un semblant confus de haine et de regret. En vérité, et le découvrir dans les yeux mêmes de ses étoiles l’avait poignardé, creusant dans son coeur tapissé de velours une abysse obscure et profonde, il avait choisi d’ignorer leur ressenti; dans les étincelles déçues de leurs prunelles, il n’avait perçu qu’un éclat, plus obsédé encore que la colère : le reproche.
Il souffla encore, balayant de son échine les quelques flocons qui s’y logeaient. Son corps lui pesait; son coeur lui pesait. A chaque geste, chaque mouvement précipité, il lui semblait traîner une masse cliquetante d’ossements qui, si un semblant de volonté les avait encore assemblés, aurait pu paraître vivante. Il avait tenté, peut-être en vain, de paraître plus grand, plus fort qu’il ne l’avait jamais été. La culpabilité l’avait abaissé à de nouvelles résolutions, et il s’était efforcé d’être présent, en chaque instant, pour un clan qu’il n’avait pas choisi. Il n’avait jamais été un roi, jamais été un prince, et davantage encore, jamais été un guide; mais dans l’obscurité, il était le seul à pouvoir tenir une chandelle. Et pour un peuple qu’il avait essayé, outre le dépit, outre le regret qu’il attachait résolument à son ancienne vie, d’idéaliser, il s’était retrouvé à la tête d’une armée. Des soldats, des soldats ! les crocs luisants dans la tourmente hantait sa mémoire, et il ne pouvait s’en débarrasser, comme pourchassé par ces démons de chair et d’os. Mais qu’importait - et il avait tenté de s’en convaincre - ce que l’appel du sang avait fait d’eux ? Il darda l’horizon, tandis que les lueurs rougeoyantes du crépuscule peignait sur son visage des arabesques de feu. La guerre n’avait pas fendu leur royaume. Il soupira. Et combattre avait été vain; la haine, viscérale et dévorante, siégeait déjà parmi leurs rangs.
Le souffle léger du glacier hérissa sur son échine quelques perles de givre, qui se dissipèrent en gouttelettes chatoyantes alors qu’il s’ébrouait. Le loup bleu trottina encore, contournant machinalement le lac mouvant. Quelques vaguelettes paresseuses s’étiraient sous l’horizon, semblant défier, dans la teinte opaque de leurs abysses, les nuées incarnat que les cieux répandaient sur leurs flots. Il s’était efforcé, ces derniers temps, d’ignorer les centaines de pensées qui noyaient une conscience trop floue, trop embrouillée pour s’y attarder. Il ne se confiait plus, en parallèle, à ce coeur poignardé et mutilé. Un ressenti seul de culpabilité, d’amertume inondait encore son corps engourdi à chaque nouveau mouvement, comme pour abattre une carcasse déjà échouée. Il ne parlait plus vraiment, n’écoutait plus vraiment. Son regard, terni par le regret, gravait sur les terres gelées de son royaume la culpabilité d’un roi mort sans couronne; ce guide incapable qui, à défaut de chandelles, avait soufflé sur les flammes. Mais l’incendie ne s’était pas ravivé, et la petite flammèche, ridicule dans l’obscurité, s’était éteinte définitivement. Il cligna des yeux, balayant des paupières les images terribles de ce qu’il ne voulait plus voir. Le petit corps, recroquevillé sous les congères, hantait sa vision, ancré dans son esprit. Il se souvenait vaguement des cris, des hurlements, d’une neige molle, rendue moelleuse par la sueur et le sang répandu; il se souvenait vaguement d’un blanc devenu rouge, d’une nuit soudainement embrasée, et de ces frères, ces frères qu’il avait tenté de diriger, sans jamais brandir une arme, et qui, rendus fous par l’attrait de cette haine dévorante, s’étaient élancés, sous les ordres de son plus grand trésor, dépassant le respect de leurs comparses pour proclamer le nom d’un royaume. Ce jour là, cette nuit là, il n’avait rien été. Le roi, le seigneur, le dirigeant, le général; tous ces termes approximatifs, paradoxaux pour la plupart, en avait désigné un autre. Il avait contourné la bataille, contourné les corps, contourné cette facilité des crocs qu’il lui avait semblé reconnaître, pour devenir ce qu’il n’avait été que trop rarement. Mais ce qu’il avait souhaité réconfort, retrouvailles, peut-être, n’avait été qu’un bref interlude dans la tourmente. Prostré sur la silhouette d’un fils, le père n’était, après tout, qu’un corps lâche et sans vie.
Il marqua une pause, s’agenouillant dans la poudreuse. Ses yeux se fichèrent dans les eaux, hésitant un instant, tant la proximité de ce fleuve limpide et glacial le réconfortait. Il aurait été aisé de s’arrêter là, pour ne plus se souvenir, ne plus jamais regarder en arrière. Mais l’âge, et il apprenait progressivement à s’en convaincre, l’avait doté d’un profond ressentiment, qu’il adressait désormais à sa vie passée. Il avait vécu, vécu et parfois, à en mourir, s’en jamais s’arrêter, sans jamais s’effondrer. Et, alors qu’un passé riche et essentiel s’étendait sous ses pas, comme une traînée tissée de sang et d’or, il ne désirait pas renoncer. Son royaume s’écroulait, drainant dans ses vestiges le coeur même d’une étoile; mais il ne pouvait pas, pas encore, pas maintenant. Il n’espérait plus, ne priait plus, mais un bref respect pour le monde qui l’entourait - et, en vérité, il le savait, uniquement les êtres qui lui avait redonné vie - maintenait ce vague sentiment d’espoir. Outre la trahison, outre le dépit, le regret qu’il portait désormais au loupiot, outre cette amertume qu’il ressentait parfois, tout en sachant qu’il n’aurait pu en être autrement, qu’elle avait fait les meilleurs choix - ceux dont il aurait été incapable - en croisant son regard bicolore, il souhaitait s’attarder, fonder dans ses étoiles bafouées la certitude d’une nouvelle aube. Et, il le savait, à défaut de flammes, ils raviveraient les braises.
Le vagabond se courba légèrement, étouffant le tremblement irrépressible de ses membres engourdis. Il avait marché toute la journée, s’éloignant dans les premières lueurs de l’aube d’un lieu qui n’était plus son foyer. Sa gueule s’entrouvrit sur une légère inspiration; il darda les rayons du couchant, soutenant d’un geste insolent la couronne impalpable qui pesait sur son crâne. Et un rictus léger étira ses lèvres, lorsqu’il perçut, presqu’inconsciemment, l’approche mesurée d’un pas qu’il s’était voué à connaître, viscéralement et par nécessité. Il détourna lentement les yeux, pour étreindre ce regard d’or et de givre qu’il chérissait profondément. Un bref sentiment de réconfort perça son coeur, tandis qu’il réalisait enfin qu’il ne portait plus seul ce lourd diadème.


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Jeu 19 Juil 2018 - 18:58

Between Us

Feat Akasan


Encore une nuit passée dans la Grotte aux Cristaux.
Encore une nuit durant laquelle elle avait fuit.
Fuit sa famille, ses enfants qu’elle avait pourtant voulu protéger plus que tout. Fuit son compagnon, dont elle redoutait le regard azuré, la rancœur, la déception qu’elle aurait pu lire dedans, écho de ce qu’elle avait vu dans les yeux d’enfant de son propre fils. Elle n’avait pas voulu cela, elle n’avait pas eu le choix, avait fait ce qui était le plus juste, pour que tout le monde soit satisfait. Ne pouvaient-ils pas comprendre cela ? La louve noire ne demandait qu’à redonner à son fils la place dont il bénéficiait de naissance, qu’à prouver aux autres qu’il n’était pas que le "traître" qu’ils voyaient. Elle ne l’avait pas banni, avait voulu lui donner une chance…
Mais il n’avait pas compris. Elle n’avait lu en lui que de la peine, cette expression blessée qui avait serré son cœur déjà meurtri dans un nouvel étau d’acier froid. Jamais elle n’avait eu l’impression que sa place lui avait été aussi bien attribuée. Reine des glaces… reine de ce royaume où le froid était tout ce qui régnait.
Et même la lumière pulsée de la Grotte aux Cristaux ne la réconfortait plus…

Glycenne se leva, ses griffes traînant mollement sur le sol de pierre froid alors qu’elle faisait demi-tour. Elle n’avait pas revu Liam depuis le jour de l’annonce, n’avait pas eu l’occasion de s’expliquer, de s’excuser… Il allait falloir qu’elle le trouve, elle le savait bien. Et le plus tôt serait le mieux. Son cœur se serrait à cette pensée, cette simple hypothèse, que son fils ne lui pardonnerait peut-être jamais ce geste.
Elle quitta la grotte de l’Hiver avec la ferme résolution de trouver son fils, d’éclaircir avec lui cette sombre situation. De lui expliquer son geste et de se faire pardonner si elle le pouvait encore…
A l’affût de la moindre trace, ses pattes arpentaient le territoires des neiges, inlassablement, sans même une pause ou un repas. Elle n’aurait pu de toute manière, son cœur et son ventre bien trop tordus pour qu’elle ait pu avaler quoi que ce soit ou s’arrêter à un quelconque moment. La noireaude ne remarqua même pas le soleil qui commençait à décliner, parant d’or et de rose un ciel qui n’avait jusque là fait que refléter le blanc de la neige. Elle ne remarqua que lorsque ses pattes commencèrent à se dérober sous son poids, devenues trop capricieuse pour la soulever. Que lorsque le bruit des vagues parvint à ses oreilles bourdonnantes. Elle avait perdu une journée, une fois de plus…
Son regard doré se porta un moment sur les rives du Lac, et un instant, elle se revit en un lieu semblable, étreignant ses enfants dans ses pattes, craignant de ne pas assez les aimer. Un rictus ironique déforma un court moment ses babines alors qu’elle se riait d’elle-même, de sa bêtise. Les oreilles basses, le regard vide, elle entreprit de faire le tour du lac. Peut-être qu’après tout, ce chant familier pouvait apaiser son cœur blessé.

C’est alors qu’elle le vit.
Une toison azurée, défiant l’étendue farouche du Lac Gelé et le soleil qui s’y laissait mourir, une carrure imposante et une crinière indomptable. Ce n’était pas son fils, mais elle se demanda si ce n’était pas pire. Akasan se tenait devant elle, lui tournant le dos et, instinctivement, la louve charbon fit un pas en arrière. Elle savait bien pourtant que c’était inutile, il l’avait sûrement déjà repérée depuis longtemps. Aussi se contenta-t-elle de baisser la tête, repoussant l’affrontement autant qu’il lui en était possible.
Son cœur se serra un peu plus, et, pour la première fois depuis longtemps, tout autour d’eux se figea d’une autre manière.
Ils étaient seuls face à l’immensité du Lac Gelé, protégés du temps en ce lieu si semblable à celui qui les avait réuni autrefois. Pendant un instant, elle ne se trouva plus sur les rives du Lac Gelé, mais loin du territoire de l’Hiver. Loin de l’Alpha assurée qu’elle se devait d’être à présent. Elle redevint la louve apeurée, fuyant son frère et demandant secours à un parfait inconnu sur le Fjord d’Arandur. Elle redevint celle qui hésitait sur tout, incapable de prendre une décision rapidement. Et pourtant…
Pourtant Aksan n’était plus cet inconnu. Il était son compagnon, le père de ses enfants. Celui qui l’avait relevée à tous les moments, avait toujours été à ses côtés et ne l’avait jamais laissée tomber depuis leur rencontre. Il était tout, depuis ce jour et à jamais.
C’était pour cette raison. Cette simple raison, aussi futile soit-elle, qu’elle n’était parvenue à l’affronter depuis l’annonce. Pour cette raison qu’à cet instant même, elle ne pouvait pas relever la tête pour plonger dans son regard, restait paralysée, le museau obstinément dirigé vers le sol. Parce que, si ses yeux à lui reflétaient cette expression qu’elle redoutait, elle aurait définitivement tout perdu.
Alors, par peur de sa déception, par peur de sa colère, elle préférait ne rien voir, ignorant qu’en cet instant même où elle ne pouvait même pas trembler de peur, il lui souriait. Il lui aurait été tellement plus facile de voir cela plutôt, cette chaleur qu’il dégageait, qui avait le pouvoir d’effacer toutes ses craintes en une seconde…
Il ferait le premier pas vers elle, déversant ses reproches et sa colère, elle en était persuadée… Alors… Il fallait qu’elle prenne les devants.
Sans même relever la tête, les muscles tremblants, sa voix s’éleva, forte malgré la faiblesse de son esprit et de son corps.
Je suis désolée, tellement désolée Akasan… J’aurais aimé faire autrement, je te le jure mais… Je n’avais pas le choix. J’ai eu beau cherché, je n’ai pas trouvé d’autre moyen et, si tu ne me pardonnes pas d’avoir agi ainsi, je comprendrai…


Sa voix semblait se briser à chaque mot, comme un écho de la créature tremblante qu’elle montrait alors, et il lui semblait que jamais adresser une parole à quelqu’un ne lui avait paru aussi douloureux.
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Lun 30 Juil 2018 - 1:37

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Somewhere
feat. Glycenne
Only we know

Et comme un écho, ce qu’il avait lui même proclamé se susurrait à son oreille.
Il reconnaissant sans mal ce désagréable sentiment de perte; l’incertaine sensation que les vestiges de son royaume, à mesure qu’il s’agenouillait enfin, lui glissaient entre les doigts, roulant comme des grains de sable sur ses griffes émaillées. L’océan devenait désert. Le radeau se fissurait, laissant les marées d’or et de satin l’étouffer, laissant ce soleil blafard et moqueur rire encore de ce qu’il n’était plus. L’empire n’était alors plus qu’un souvenir que le vent emportait dans son sillage, enfilant ses rangées de perles craquelées aux lourdes parures de l’Histoire. Et dans les Limbes, dans l’obscurité diaphane des tréfonds de son monde, il était seul roi.
Celui qui portait la couronne; celui qui portait les perles.
Son corps lui pesait : son coeur lui pesait. Il lui semblait qu’il souffrait, sans pouvoir l’assurer néanmoins. Ses muscles endoloris s’étoffaient en frontière, en attache peut-être à cet univers trop réel pour qu’il songe y croire. Cette carcasse, cette enveloppe vide de sens et vide de vie n’était qu’un fardeau et, davantage encore, une brève image de celui qu’on souhaitait voir; peut-être pour espérer encore. Mais, secrètement, l’esprit n’était désormais plus qu’un reflet, un miroir au domaine qu’il avait vu choir. Il s’échinait à paraître fort, à paraître brave et juste. A être enfin ce roi solide et puissant qu’ils avaient toujours voulu voir. Mais l’image lui semblait amère, fade, hypocrite; il n’avait jamais été aussi faible. Son coeur s’émiettait, s’effritant comme une roche rongée par l’écume et la marée. Les fondations s’écrasaient par falaises, glissant en montagnes contre les parois de cette poitrine puissante et assurée. Et pour la seule fois, la seule fois qu’il se tenait là, feintant de peser sans mal ce diadème trop lourd et trop cher, il se reprochait de mentir. Il leur avait fait confiance, leur avait livré ses peurs, ses certitudes. Il s’était présenté en tares et qualités, s’était dépeint comme ce qu’il était et non pas ce que la plupart désirait voir. Et dans la honte, dans la douleur, il les blasphémait, se blasphémait, leur présentant le monstre qu’il avait méprisé. Il leur avait menti. Il leur avait menti. Il s’était menti.
Il lui avait menti.
Le vagabond demeura immobile; l’odeur de la peur répandait sur ses membres une fine pellicule de givre, et le contact même de ce linceul le brûlait. Il ne se détourna pas, ne la regarda pas. Et, dans un léger pincement de coeur, il se surprit à ressentir l’angoisse qui perçait leurs poitrines; oh, qui était-il ? Le menteur, l’hypocrite, le lâche, le condamné, la condamnateur, l’imposteur, l’usurpateur, le roi.
L’égoïste.
Il réprima violemment l’élan désespéré que son coeur pressait contre son poitrail, imposant aux sentiments la fermeté d’une pensée. Il aurait été aisé d’oublier, un instant, l’amertume de ce qu’il était, la rancoeur à sa propre personne et tout ce qu’il ne pouvait lui présenter, tant la terreur d’avoir fauté, la honte de n’avoir jamais été à la hauteur le dépassait. Et jamais il n’avait tant souhaité, alors que leur temps précieux et prisonnier s’égrenait comme un sablier, se retourner enfin, l’embrasser d’un regard et se promettre; lui promettre d’être lui, d’être Akasan. Jurer sur les mots, jurer sur leurs mots qu’il n’en avait cure, que ces erreurs là n’en étaient pas et qu’ils navigueraient, navigueraient jusqu’à terre sur cet horizon grisonnant. Enfin là. Enfin ce qu’ils avaient toujours étés. Libres et sans couronne, libres et épris de vent, épris d’eux-mêmes.
Mais l’océan engloutissait tout. Et il se regardait sombrer, incapable d’esquisser le moindre mot. Lentement, alors que ses paroles, dans un écho brûlant et glacial, lourd et léger, de cette voix puissante qu’il s’ignorait connaître, se lovaient dans son esprit, il courba l’échine. Il se pencha légèrement, étouffant les poids que ses épaules ne supportaient plus. Les paupières closes, il retourna les syllabes, les écouta encore, ressassant discrètement cet assemblage gelant de lettres.
- Je suis désolée, tellement désolée Akasan… J’aurais aimé faire autrement, je te le jure mais… Je n’avais pas le choix. J’ai eu beau cherché, je n’ai pas trouvé d’autre moyen et, si tu ne me pardonnes pas d’avoir agi ainsi, je comprendrai…
Il se mordit les lèvres, recherchant le goût de son propre sang. Les mâchoires tremblantes, il déglutit lentement, supportant à peine le filet de salive brûlant qui troua sa gorge, s’insinuant dans sa poitrine comme une myriade de flammes. Ses griffes, nerveusement tremblotantes malgré sa volonté, se fichèrent dans la neige molle, émettant un léger crissement tandis qu’il s’y cramponnait. Il voulut répondre, immédiatement, comme pour la rassurer. Ses crocs s’entrouvrirent sur un semblant de souffle; il fut incapable de soulever sa langue, pâteuse et trop lourde pour le poids de sa propre gueule. Et il demeura, immobile, les yeux mi-clos rivés sur le monde qui s’émiettait devant lui, drainant dans ses marées d’écume le bois flotté qu’il avait songé fondation. Il aurait aimé y mêler ses larmes, pleurer pour nourrir cet océan, pleurer pour se noyer, pleurer pour mourir, peut-être. Mais il ne pouvait, ne pouvait encore. L’amertume pesait sur ses lèvres, le brûlait, le transperçait; et, dans les décombres d’un esprit brisé, craquelé et noyé par la mer, noyé par l’océan, il persistait à lutter. Doucement, il inspira, bravant difficilement les frontières que lui imposaient sa gorge nouée. L’air s’engouffra entre ses crocs, circulant dans un souffle d’ouragan contre ses poumons, s’enroulant dans un filet de brume sur ses lèvres et dispersant dans les lueurs du crépuscule sa dernière expiration. Il se pencha encore, avançant une épaule pour se soutenir et se recroquevillant, l’iris terni de ses prunelles rivé sur les ondulations du lac.
Ils se retrouvaient, comme au jour premier, dans leur faiblesse. Démunis, abandonnés là par un destin joueur, leurs vies se mêlaient, s’embrassaient, et indéniablement, il se savait dans la nécessité. Il l’avait fuie, peut-être, l’avait quittée pour rechercher ce qu’il se savait incapable de trouver. Mais elle se tenait là, désormais. Leurs routes se croisaient à nouveau, et ils se faisaient face, dos à dos, se dévisageant sans se voir pour se détailler encore, en inconnus. Il aurait aimé songer qu’ils se découvraient; se redécouvraient. Mais il ne s’agissait là que d’un retour, d’une constatation, d’une obligation. Incapables de s’affronter, ils se retrouvaient finalement, piégés là dans un cercueil d’or et de sang, ombres dansantes sous les cieux tissés d’incarnat. Le temps s’immobilisait pour eux; dans les secondes, ils étaient seuls. En inspirant, il réalisa que leurs coeurs battaient à l’unisson.
Il se retourna légèrement.
Et il n’aurait pu lui mentir, comme il l’avait fait, pour son royaume, pour ses frères, pour sa famille. Elle avait tracé un royaume dans les cendres et, paumes jointes, ils avaient bâti un empire de coeur et d’espoir, fondés de certitudes pour élever des utopies. Il s’était cru seul, délaissé; mais au premier regard, au premier échange, il s’était persuadé du contraire. Elle l’avait épaulé, redressé, élevé pour ce qu’il était aujourd’hui. Elle l’avait cru, l’avait suivi, outre ce qu’il était, outre ce qu’ils seraient. En ce jour, à mesure qu’il retrouvait son regard, dans ce berceau de silence et d’immortalité, il n’était plus vraiment le roi, n’était plus vraiment le père.
Seulement l’amant, le compagnon.
Le guide sans lanterne; et, en vérité, elle l’avait toujours mené. Dans l’obscurité, il croyait en son étoile.
- … Glycenne, je…
Seulement Akasan; seulement ce qu’ils étaient.
Et il ne l’avait jamais tant chéri.
- … Je suis…, il trébucha encore,… je suis désolé.
Il n’osa pas la dévisager à nouveau, comme elle l’évitait aussi. Il était terrifié; mais dans la confiance, la confiance qu’il lui avait vouée, outre l’angoisse, outre la colère, outre la colère, il l’aimait encore, l’aimait plus alors.
- Je sais… Je sais tout ça. Je te le promets, je ne… Il releva légèrement les yeux. Je ne pourrais t’en vouloir.
Et comme un écho, ce qu’il avait lui même proclamé se susurrait à son oreille.
- Et je…
Il la regarda.
- Tout ira bien.


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Mar 28 Aoû 2018 - 12:21

Between Us

Feat Akasan


Son corps, son cœur même lui faisaient mal, dans l’attente incertaine d’une réponse qui ne semblait vouloir venir. Il avait été, il était tout et, pourtant, elle ne sentait plus cette union que les amants du Fjord avaient pu partager par le passé. Qu’avait-il bien pu leur arriver ? Une couronne de plomb, un fardeau trop lourd pour ce couple qui pourtant aurait pu sembler à l’épreuve de tout. La noireaude se mordit les lèvres, incapable de prononcer un mot alors que sa gorge se nouait de cette attente si douloureuse, de ce remord qui lui transperçait les côtes.
Et soudain une odeur, un parfum familier et pourtant inconnu, lui fit desserrer les crocs, ouvrit son regard dépareillé sur le sol de givre comme s’il le découvrait pour la première fois. La peur d’Akasan. Lui qui lui avait parut si sûr de lui, si plein de courage même devant les crocs d’ivoire de son frère, se trouvait à présent devant elle, aussi démunit qu’un enfant, aussi nu qu’elle avait osé l’être devant lui. Alors, lentement, elle releva les yeux, découvrant pour la première fois ce corps tremblant, cette masse azuré prostrée que présentait son compagnon. Il lui sembla que la douleur redoubla à cette vision, que sa tête élevait des accusations affreuse contre elle. Elle l’avait ignoré, l’avait laissé livré à lui-même trop longtemps. Ce fardeau, cette couronne qu’elle pensait porter comme il le fallait s’écroula finalement sur le sol, délaissée par la tête penchée qui avait osé vouloir la porter. Elle s’était oubliée dans sa tâche, avait préféré le clan à sa famille…
Egoïste.
Cette accusation l’accabla, et elle baissa de nouveau la tête, incapable de soutenir la vision de cet être aimé qu’elle avait osé oublier. Comment pouvait-elle mériter encore son pardon ? L’image du Fjord vola pour elle en éclat, les minutes recommencèrent à s’égrenner au rythme des larmes silencieuse qui roulaient sur ses joues de suie. Comment pouvait-il alors lui pardonner..
Sans un écho, sa voix parvenant parfaitement claire à celle qui partageait son cœur, la voix d’Akasan s’éleva.
… Glycenne, je… Je suis… je suis désolé.


Ses bris de voix transpercèrent encore les côtes de l’enfant des neiges. La culpabilité, c’était bien la seule chose qu’elle pensait être capable de ressentir en ce moment. La terrible accusation de son esprit, les crocs de givre qui enserraient son cœur ne semblaient pas vouloir la lâcher, s’enfonçant plus profondément encore en elle. Pourquoi s’excuserait-il sinon pour lui annoncer ensuite une mauvaise nouvelle ?
Je sais… Je sais tout ça. Je te le promets, je ne… Je ne pourrais t’en vouloir.


Elle releva lentement la tête, croisant le regard timide de son compagnon. Le voir ainsi lui brisait le cœur et pourtant, il sembla qu’à cet instant, à ces quelques mots, le poids qui lui voûtait les épaules, l’empêchait de respirer, s’allégeait jusqu’à ne plus se faire sentir. Elle restait là, incrédule, sans pouvoir même laisser échapper un mot de sa gueule entrouverte. Les larmes s’étaient figées aux coins de ses yeux, ne laissant que quelques traînées humides sur les joues de l’ange noir.
Et je...


Elle esquissa un geste et, alors qu’il butait une nouvelle fois sur les mots, elle parvint enfin à se rapprocher de lui, lentement, une expression sincèrement désolée sur le visage. Elle aurait voulu lui éviter tout ça, le maintenir loin de cette couronne qui lui répugnait. Mais elle n’avait pas pu. Le regard d’Akasan se porta enfin vraiment sur elle, alors qu’elle ne se trouvait plus qu’à quelques pas de lui, et elle se laissa happer par ces prunelles tant chéries.
Tout ira bien.


C’était à elle de dire ça. C’était elle la mère, celle qui portait sur ses épaules de le sort de la famille. Pas seulement Akasan, mais chacun des petits êtres qu’elle avait osé oublier pour son rôle de meneuse. Sans un mot, Glycenne s’arrêta en face de son compagnon, sa truffe frôlant la sienne et, relevant légèrement la tête, la plaça sur celle d’Akasan, enfouissant le museau du mâle dans son cou noir. Ce n’était plus à elle de se faire rassurer, elle avait senti sa peur, son incertitude. Elle n’était pas la seule ici à avoir besoin de réconfort. Léchant doucement le cou de son compagnon, elle finit par s’immobiliser, le regard rivé sur le lac derrière lui.
Akasan, j’aimerais retrouver notre enfant…


C’était à lui qu’elle rêvait de dire ces mots, qu’elle brûlait d’envie de dire tout irait bien s’il montrait sa bonne volonté aux autres. Elle l’avait blessé, elle le savait parfaitement, et s’excuser auprès d’Akasan ne suffirait pas à le faire revenir.
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Outa-Ranos
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Ven 6 Sep 2019 - 19:47

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