Il leur avait fallut du courage pour regagner le camp hivernal, et beaucoup de bonne volonté de la part de l’enfant des glaces, mais ils étaient parvenus à leur but. Elle était désormais en sécurité, Valkyon en était certain, et c’est le cœur plus léger qu’il avait pu la laisser, s’éclipsant en espérant ne pas faire de vague après s’être assuré qu’elle irait bien. Car c’était le cas, n’est-ce pas ? Elle guérirait tranquillement et irai bien ?
Alors qu’il s’éloignait du cœur des terres hivernales, le brun tourna la tête vers l’endroit d’où il venait. Il s’inquiétait sincèrement pour cette jeune louve, tout comme il s’inquiétait toujours pour ceux qu’il aidait avant qu’ils ne soient totalement rétablis. Et s’il restait un peu ? Il pourrait toujours traîner un peu dans les parages, s’assurer de la voir régulièrement et s’en irait lorsqu’il serait sûr que sa blessure ne s’aggraverait pas...
Le grand mâle secoua la tête. Non, elle était chez elle, sur ses terres, elle irait bien. Il reprit sa route, se convaincant de laisser ici sa protégée d’un jour. Il fallait qu’il apprenne à se détacher plus rapidement de ceux qu’il aidait. Il n’avait cependant pas envie de rentrer immédiatement, ses propres terres ne l’intéressant pas plus que ça. Posant son regard bleu sur la poudreuse qui semblait s’obstiner à lui manger les pattes, il décida donc de rester un peu et de profiter de sa présence sur ces terres pour les visiter.
Il progressait lentement, la tête dans les nuages, sa longue queue balayant le sol derrière lui pour effacer ses traces de pas. Ce n’était pas un nettoyage parfait, mais au moins ne reconnaissait-on pas les empreintes d’un loup dans ce sillage neigeux. Contre toute attente ses pas l’avaient mené au Canyon, là où il avait rencontré la louve blessée. Il ne restait nulle trace de leur passage, pas même un éclat rouge sur la surface immaculée de la poudreuse. Un sourire satisfait éclaira son visage alors qu’il décidait de prendre ça comme un signe de bon rétablissement.
Il remuait l’amas scintillant de flocons lorsqu’une voix le tira de ses pensées, lui faisant redresser la tête.
- Ton odeur te trahis Valkyon…
Il redressa la tête, cherchant l'auteure de ces mots. Au dessus de lui, surplombant les allées de roches, se tenait une jeune louve au beau pelage gris dont la chevelure noire cascadait sur les épaules. Elle avait bien grandit, la petite qu'ils avaient accueillit sur le territoire estival, aussi mit-il un certain temps à la reconnaître. Mais, lorsque ce fut le cas, un sourire sincère se dessina sur le visage de Valkyon avant qu'il ne redresse la tête en se pavanant.
- Il est vrai que ma merveilleuse odeur fruitée fait tâche dans ce décors tout blanc ! Peut-être faudrait-il remplacer toute cette neige par une plage de sable fin afin que le paysage s'accorde mieux avec moi...
Il reprit son sérieux, levant sa tête vers elle et plongeant son regard océan dans le sien.
- Je suis content de te revoir Chyver.
Il se sentait tellement vieux de la voir ainsi, rayonnante de jeunesse et d'assurance, comme si l'été l'avait accueillie plusieurs siècles auparavant déjà. Et il s'était passé tellement de choses depuis...
- Mais dis moi plutôt, comment vas-tu ? Nous ne te manquons pas trop j'espère ? ça me peinerait de savoir que quelqu'un désespère de me voir !