Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

La Cage du Corbeau [Bourreau&Alpha]

Marcher sous le soleil avait été très douloureux pour Nachtgewalt, protégé de son ennemi solaire que par certaines couches de toiles qui le recouvraient ici et là. Mais il n'était qu'un prisonnier, il n'avait son mot à dire. Qu'aurait-il dit ? "Oh non, ne m'amenez pas au Printemps, le soleil me brûle" ? Herrade n'était pas vraiment du genre causante ou du genre à se laisser manipuler, surtout qu'elle connaissait la nature manipulatrice du démon noir. Ce dernier avait donc dû se contenter de souffrir en silence, grinçant des crocs quand le soleil le mordait vicieusement, laissant sur lui des traces comme imprimées au fer rouge. Il pouvait sentir la douleur parcourir sa colonne vertébrale, réveiller ses cicatrices, les vieilles comme les nouvelles. Son regard lunaire affaibli passait souvent sur la printanière avec une intensité meurtrière.

" Wenn ich fliehe, wirst du tausendmal schlechter leiden" se promettait-il alors, retenant de justesse son amertume et sa fureur.

Pour s'occuper, il entreprit de ronger les liens lui entravant le bec, en les usant par des mouvements répétés. De toute façon, il n'avait rien de mieux à faire, puisque le bourreau printanier ne lui laissait aucun autre répit. Frissonnant de douleur, le noiraud ne put s'empêcher de soupirer de soulagement en arrivant au couvert des arbres du printemps, qui lui offraient un minimum de protection. Cela lui rappela sa rencontre avec Kérès et il songea que ce dernier allait probablement être ravi de le revoir. Nacht soupira à nouveau, de frustration cette fois-ci : Herrade, Kérès, les NuitsTernes félons, les LibresLunes insolents...Sa liste noire devenait de plus en plus longue. S'il parvenait à négocier sa survie jusqu'à la tombée de la nuit, il allait devoir organiser ses prochains meurtres.

En effet, survivre jusqu'à la tombée de la nuit était l'unique espoir de Nacht. Personne ne savait qu'il n'avait pas ses pouvoirs la journée. Seira allait probablement être confuse à ce sujet, mais il était impossible qu'elle fasse la corrélation. Et pour négocier sa survie...Eh bien. Nacht n'était pas un Exauceur de Souhaits pour rien !

En arrivant près du camp, tous les regards se plongèrent sur Nachtgewalt, ébahis. Ce dernier s'ébroua, inquiété malgré lui par la haine qu'il lisait chez certains. En apparence, il s'efforça à faire preuve d'une méprisante indifférence, conscient que son habituelle lâcheté ne lui serait d'aucun recours. Seira n'était pas du genre à être apitoyée, surtout après tout ce qu'il lui avait fait subir. En revanche, elle respectait la force, même si dans la situation actuelle, elle était celle qui la contrôlait.  

Herrade aboya quelques ordres, et Nacht acheva de retirer son baillon. Il se tourna alors vers la printanière, et lui murmura juste avant que Seira ne débarque :

-Je n'ai pas eu l'occasion de t'en parler, mais Viehrs te passe le bonjour. J'espère que la blessure qu'il t'a infligé ne te fait pas trop mal : si tu ne peux pas supporter ça, comment pourras-tu supporter la suite...?

C'était gratuit - quoique pas inutile. Certes, l'intention de frustrer Herrade était présente, mais mentionner Viehrs pouvait également lui rappeler qu'il détenait de très importantes informations à son sujet.

Et maintenant que l'altière - et abîmée, nota avec satisfaction Nachtgewalt - alpha était arrivée, tout allait se jouer sur ce qu'il savait.

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La Cage du Corbeau [Bourreau&Alpha]

Seira, toujours aussi éclatante de ses couleurs bariolées, se tenait fièrement devant Nachtgewalt, droite comme un i, le regard glacial. Le démon noir se rappela que quelques mois auparavant, c'était lui qui était dans cette position, après avoir entravé la blondinette pour l'empêcher de l'attaquer. Cette pensée lui laissa un fin sentiment de satisfaction cruelle mêlée d'amertume.

-Nous t’avons retrouvé, Nachtgewalt, lui dit-elle d'un ton impérieux.

Le noiraud la fixa, souriant toujours. Si ce sourire cauchemardesque ressemblait à son habituel sourire narquois, un oeil avisé aurait pu y remarquer la légère crispation. Nacht était en effet inquiet de sa situation : il savait que Seira était impulsive, et il aimerait éviter d'être décapiter sur le champs, sans avoir eu le temps de voir la nuit arriver. Bien sûr, quand la Lune allait se lever, personne n'allait pouvoir se tenir sur le chemin du corbeau, mais en attendant, il était aussi inoffensif qu'un louveteau.

Une brise tiède se leva et ébouriffa les plumes de Nachtgewalt, tandis qu'il se remémorait son plan. Il n'était pas stupide, il avait prévu l'éventualité d'une capture. Lui qui aimait tout planifier à l'avance allait pouvoir tester ses capacités de prévoyance.

- Grâce à Herrade, c’est le printemps qui aura l’honneur de faire sonner la cloche du jugement, continua alors Seira. Tu as quelques choses à dire pour ta défense ?

Nacht jeta un regard à Herrade, qui semblait peu ravie de ce qu'il lui avait dit précédemment, mais n'avait d'yeux que pour son alpha. "Gutes Hündchen" songea-t-il avec un rictus méprisant en coin, avant de tourner à nouveau son attention vers Seira. La tension était palpable. Le noiraud allait devoir choisir ses mots avec attention.

-Gutentag, kleine Prinzessin!! finit-il par dire de son habituelle voix criarde, hésitant entre une malice mauvaise et un miel hypocrite. Inutile de te montrer si solennelle, ce n'est pas comme si tes chers subordonnés allaient s'opposer à tes envies de meurtres...

Ses derniers mots étaient plus acides et amers que les autres, comme un reproche sous-jacent qui n'avait pourtant pas lieu d'être.

-Mais je ne devrais pas trop m'égarer, ou la petite araignée va encore me bâillonner...continua Nacht en jetant un regard indéchiffrable à Herrade de ses yeux lunaires. Alors je serais bref : je ne chercherais pas à me défendre. Je ne regrette rien, absolument rien : ni tes délicieuses blessures, ni celles de tous tes petits moutons, ni la trahison de Gauner - pardon, Viehrs. D'ailleurs...Je me demande où le bougre se trouve... Oh !...

Il fit mine de réfléchir, puis offrit son plus grand (et horrible) sourire à l'alpha, conscient que ses mots à venir allaient probablement sauver toute la colère que ses paroles précédentes avaient pu soulever.

-...Où avais-je la tête. Evidemment que je le sais.

Jeter Viehrs en pâture à l'alpha ne le dérangeait pas plus que ça. De toute façon, l'albinos aurait fait de même, et aucun des deux n'était connu pour leur loyauté à toute épreuve...

Nacht jouait à un jeu dangereureux. Il allait probablement souffrir pour ses mots, mais il savait supporter la douleur en se disant que dès que la nuit arriverait, il allait pouvoir se venger au centuple.

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La Cage du Corbeau [Bourreau&Alpha]

Nachtgewalt restait un fin stratège, à sa grande satisfaction. Il sentit bien qu'il venait de frôler la mort de si près qu'il pouvait encore en sentir le souffle électrique sur sa nuque, tandis que Seira vibrait d'éclairs, sous un accès de colère que le noiraud jugea tellement prévisible et indigne d'un meneur. Mais bon, cela servait ses intérêts, alors qu'elle garde son impulsivité ! Une tête brûlée en guise d'alpha, voilà sa seule carte de survie pour le moment.

-Où est-il ? Dis moi où il est ! hurla l'alpha avec violence, se retenant visiblement d'étriper le démon noir sur place.

Nacht se contenta de lui sourire, perdant son habituelle lâcheté diurne devant son assurance nocturne malgré l'heure de la journée. Tant qu'il contrôlait la situation, il pouvait se permettre d'agir avec insolence. Malgré tout, le noiraud savait que cette situation en question était comme un sable fin qu'il cherchait à tenir entre ses pattes : si l'étau se resserrait, il pouvait espérer en conserver de nombreux grains, mais dans le cas contraire, le sable allait lui échapper avec une facilité déconcertante.

Et malheureusement, Herrade semblait déterminée à jouer les sables mouvants.

- Seira ! Tu sais ce qu'il est ; ne rentre pas dans son jeu, sermonna-t-elle vivement.

Nacht lui jeta un regard sombre, conscient qu'elle lisait mieux dans son jeu que l'alpha. Ce bourreau allait s'avérer problématique, tout d'abord parce qu'elle semblait bien connaitre son alpha et parvenir à cerner une partie de Nacht, mais également, en moindre mesure, parce qu'elle était d'une loyauté sans faille. Le corbeau se doutait que si on en venait à la torture, Herrade serait l'exécutrice de la colère de son alpha. Mais torture y aurait-il ? Les Four Seasonniens étaient parfois si "compatissants".

- Nous sommes sur la piste de Vierhs et je ne me fais aucun doute quant à sa prochaine capture, continua-t-elle. Mais je suis certaine que le corbeau a d'autres informations tout aussi intéressantes... plus personnelles peut-être.

Ah. Voilà qui était fâcheux. Herrade reprenait les fils de la conversation, la guidant sur une piste plus stable pour son alpha. C'était malin, et Nacht se surprit à songer qu'il avait sous-estimé cette gamine aux allures de brute. Il ne serait pas surpris de la voir devenir un pion précieux sur l'échiquier du Printemps. Mais en attendant, cela n'aidait pas ses affaires.

Le noiraud se reprit. Si la printanière pensait pouvoir le prendre à son propre jeu, elle se trompait.

-Des informations...gloussa Nacht. Ma chérie, tu n'as pas idée de ce que je sais. Sur moi, sur Viehrs, sur toi, ou sur ce cher Printemps. R'hollr, le Solstice, les évènements passés, les surprises futures...Vos espions se ridiculisent à côté de mes connaissances.

Il marqua une hésitation, légère mais cruciale. Il pesait le pour et le contre de chaque mot, et pour une fois, il regrettait que sa langue maternelle ne soit pas connue de tous, puisqu'il trouvait plus de justesse et de précision dans l'allemand que dans n'importe quelle langue. En particuliers, Nacht cherchait à tput prix à éloigner les printaniers du sujet de ses propres pouvoirs, qu'Herrade semblait chercher à percer. Elle était pour l'instant la seule avec la clairvoyance nécessaire à se douter que quelque chose clochait.

Le démon noir songea qu'il avait suffisamment attisé l'intérêt et la fureur de Seira, et asséna finalement :

-Nous avons eu nos différends, Seira. Mais malgré tout ce que j'ai pu faire, je considère que tu es l'alpha la moins faibles de ta génération. Alors, juste pour agacer le petit bourreau ici présente, je vais t'indiquer comment trouver Viehrs.

Il se racla la gorge, fit durer le suspense.

- Es gibt in diesen Ländern einen Wolf namens Faïryna. Finde sie und du wirst Viehrs finden...

Ces mots avaient été prononcés d'un ton presque solennel, insistant sur les noms avec une certaine malice. Il eut alors un air faussement surpris.

-Ah ! C'est vrai. Vous ne parlez pas cette langue...Quel dommaaaage !

C'était un jeu dangereux auquel jouait Nachtgewalt, mais quitte à jouer avec le feu, autant que celui-ci soit le plus magistral possible !

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