Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

NOTE : En l'absence d'actuel Juste, le Staff se permet de le jouer dans le cadre de missions diplomatiques. Merci de votre compréhension.

La brume flottait comme à son habitude au sommet des Pics Brumeux, empêchant presque la lumière de la lune de percer à travers son manteau blanc. La pente était abrupte, entravée par de nombreux arbres aux troncs centenaires, mais le Juste avait l'habitude, ce n'était pas sa première ascension. Il était sorti loin du clan, pour une fois, en quête d'un de ses Exécuteurs envoyés quelques jours plus tôt en mission, mais qui n'était jamais revenu. Le Juste s'inquiétait qu'une avalanche l'ait avalé, ou qu'un des membres des clans nouvellement arrivés ne s'en soit pris à lui. Il n'était pas dans ses habitudes de se soucier outre mesure de ses Exécuteurs, mais il tenait à eux et n'avait autorisé aucune opposition à son départ. Même le Terrible ne s'y était pas opposé.

Partir de nuit était plus sensé que cela en avait l'air, car le Juste ne craignait pas d'être dérangé. Il se savait assez puissant pour se défendre, et ne comptait pas s'éloigner assez pour être exposé. Son corps de purs muscles se mouvait avec aisance sur la pente, et silencieusement il gravissait le Pic, espérant croiser son Exécuteur, ou au moins son cadavre. Il n'y a rien de pire que l'incertitude de la mort.

Malgré tout, il ne s'attendait pas à croiser une Printanière au sommet, et encore moins Seira, l'alpha du clan. Cette dernière s'était révélée une alliée enthousiaste et aux allures fidèles, malgré son apparence des plus farfelues. Le Juste était toujours méfiant, mais Seira respectait ses avis et sa justice et cela lui suffisait. Il laissait la surveillance armée à son confrère Terrible.

Ralentissant, surpris, il croisa son regard et avant qu'il ne puisse s'exprimer elle déclara :

-Oh ! Excusez-moi, Juste, je ne vous avez pas entendu approcher.

Le Juste vint se placer à sa hauteur, se souvenant que l'Honorable était également rentrée tard d'une leçon avec la printanière. Il se rasséréna, mais conserva son habituel regard indéchiffrable pour lequel il était si questionné.

-Alpha Printanière...la salua-t-il. J'ignorais encore vous trouver sur nos terres. Ce n'est guère prudent : un Guerrier aurait tôt fait de vous confondre avec un espion nocturne.

Ce n'était pas une menace, juste une remarque, mais rien dans le ton ne permettait de distinguer ce
qu'il pensait réellement. S'asseyant près d'elle sous la voûte étoilée, il lui jeta un regard.

-Vous semblez préoccupée. Auriez-vous une affaire à discuter ? Je n'ai pour ma part peu de temps à consacrer, ayant un Exécuteur mort ou vivant à retrouver, mais je ne laisserais pas une alliée de côté. La montagne est certes cruelle, elle n'en est pas moins à l'écoute.

Seira faisait preuve d'une grande bienveillance envers le Solstice, et c'était tout à son honneur. La Juste savait que sa tribu était fort exotique par rapport à ce dont l'alpha était habituée, et il espérait que son affection à l'égard de sa faction n'était pas juste un effet de mode.

Je songeais à mon clan, mais ils sauront survivre un jour de plus sans moi. Depuis quand avez-vous appris sa disparition ? Voulez-vous de l’aide ?

Elle ajouta d'un air déterminé :

- A l’instar de la montagne, le printemps sait se montrer généreux, mais il ne saurait redonner la vie. Mes soucis ne valent rien si l’un des vôtres à besoin d’aide. Il y a d’autres priorités à mes yeux.

Le Juste arqua un sourcil, révélant une once de surprise malgré son habituel masque d'indifférence. La printanière, prompte à réagir, s'était déjà relevée et faisait face à la direction que le Solstien avait choisi, prête à partir. Un sourire froid étira les babines du troisième chef. A défaut de faire preuve de confiance, il ne pouvait qu'admirer la détermination de Seira. Son sourire s'effaça rapidement, comme une neige poudreuse chassée par le vent, tandis qu'il s'avançait d'un pas svelte et décidé.

-Votre décision semble être déjà prise. Une paire de pattes supplémentaire n'est jamais de refus en ces monts enneigés, mais tâchez de ne pas ralentir notre pas : vous autres Four Seasonniens n'êtes point des montagnards.

Ce n'était pas une insulte, juste une constatation. Le Juste rechignait à l'idée de voir la louve surveiller ses arrières, un coup bas étant si vite arrivé, mais l'Honorable n'avait témoigné que de compliments devant l'opiniâtreté et la loyauté de Seira, et le Juste devait reconnaitre qu'elle ne faisait preuve que de fascination et de bonne volonté à l'égard des Solstiens.

Et puis il fallait mieux éviter un accident diplomatique.

-Le nom du loup que nous recherchons est Ari'Lien. C'est un Solstien assez petit mais puissant, au pelage gris et aux antérieurs couverts de tatouages. Si vous voyez quelque chose qui ressemble à son pelage, prévenez-moi mais ne l'appelez pas : s'il n'accoure pas de lui-même, c'est qu'il est mort.

Le Juste avait prononcé ces derniers mots d'une voix sans âme, comme s'il s'agissait d'une banalité. Mais son regard était plus froid qu'à l'ordinaire.

Il reprit sa marche, avançant vite et à grande amplitude. Il ne cherchait pas à ralentir le pas pour son invitée, conscient que cela ne plairait à aucun des deux de toute façon.  De temps en temps, il s'arrêtait renifler l'air, guettant l'odeur de son Exécuteur. La flagrance était ancienne, et le troisième chef se faisait peu d'illusion à son sujet. Il soupira discrètement, peiné en son for intérieur bien qu'il n'en montre rien. Ari'Lien était un de ses plus anciens Exécuteurs, qui avait grandi avec le Juste. Sa disparition allait lourdement peser sur le moral des autres membres de l'Exécution, de même que sur celui du Juste.

Les deux loups finirent par arriver à une petite corniche plongée dans la brume. Les rochers étaient couverts d'une fine pellicule de glace, et l'air était plus froid qu'ailleurs. Le Juste s'arrêta, les muscles tendus.

Délicatement, il s'avança sur la surface glissante, ses griffes crissant contre la glace. Un odeur de mort vint se faufiler à ses narines tandis qu'il faisait face au vide.

Une silhouette se distingua en contrebas parmi les ombres de la brume.

Le Juste plissa les yeux, retroussant ses babines en une expression indéchiffrable.

-Que Mel ait pitié de toi, Ari'...lâcha-t-il entre ses crocs.

Il en oublia presque la présence de l'alpha.

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