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Allons faire un coucou aux Pâquerettes

Le fils de Meneldil avait décidé de se diriger vers les terres printanières. Il ne savait pas vraiment pourquoi à vrai dire. Le vague souvenir d'une louvette verte absolument insupportable le titillait mais il n'arrivait pas à remettre un nom sur cette frimousse. Cette idée avait germée dans son esprit ce matin et c'était certainement ça qui l'avait guidé jusqu'ici. Les odeurs lui étaient parfaitement étrangères et il savait qu'il n'avait absolument rien à faire ici et qu'il n'avait pas intérêt à croiser un patrouille. On ne pouvait pas dire qu'Hiver et Printemps se faisaient ouvertement la guerre mais on était loin de l'entente parfaite. Tout se passait bien du moment que chacun restait chez soit. Ce qui n'était présentemment pas le cas. Malgré tout Elendia n'affichait nulle inquiétude. Sa curiosité naturelle avait rapidement repris le dessus et il furetait. Partout il y avait des senteurs nouvelles, des couleurs si absentes de ses visions habituelles. Mis à part dans l'ancienne tanière de sa mère, où de nombreuses petites fleurs et herbes poussaient, il n'avait eu que rarement l'occasion de voir autant de verts différents. Il était d'ailleurs arrivé dans un champ plus rouge que vert. Il se demandait quelle étrange raison pouvait bien pousser le monde à se parrer de cette couleur si souvent associée au sang.

Elendia s'avança davantage, se mettant à découvert en faisant cela, mais il était tout entier tendu vers les pétales qui jonchaient le sol. Ce n'était pas un rouge carmin finalement. Rien à voir avec le sang, c'était une couleur plus tendre, plus orangée. L'hivernal fronça les sourcils, légèrement perdu. Alors qu'il se perdait en conjectures un bruit se fit entendre. Immédiatemment le jeune adulte s'applatit près du sol et se tourna en direction du bruit. Avec un peu de chance il allait pouvoir rester dissimulé entre les hautes tiges vertes. Si Layla apprenait qu'une patrouille printanière l'avait attrapé en plein coeur de leur territoire... Rien que d'y penser il grimaçait. Mais, le pire, était encore de songer à la réaction de Meneldil. Il avait beau ne plus être un loupiot depuis un certain temps l'avis de sa mère comptait beaucoup pour lui et ses regards pleins de reproches l'avait toujours mis bien plus mal à l'aise que les diverses punitions corporelles. Si les herbes le camouflait plus ou moins à la vue du nouvel arrivant elles lui bloquaient totalement la sienne de vue aussi était-il impossible pour Elendia de savoir à qui il avait affaire. Il jura intérieurement. Vraiment, il était trop bête.

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Allons faire un coucou aux Pâquerettes

Une multitude de bruissements se firent entendre, laissant comprendre à l'hivernal qu'il allait se passer quelque chose. Quel quelque chose ? Ca il n'en savait encore rien mais il pressentait qu'il n'allait pas tarder à le savoir. Et que ça ne risquait pas d'être une bonne nouvelle. Il se retint de grimacer lorsqu'un lupin gris et vert se réceptionna tout en souplesse devant lui. Elendia ne s'était pas redressé aussi le printanier le surmontait-il de toute sa masse. L'hivernal leva ses yeux clairs dans sa direction mais il ne tarda pas à ciller, agressé par la lueur trop vive du ciel. Il ne faisait pas si beau mais le ciel était clair et ses yeux étaient trop bleus pour en supporter davantage. Les mots de son interloccuteur sonnèrent à ses oreilles alors que ses yeux ne se trouvaient plus braqués sur le danger immédiat que représentait le printanier.

-Que fais-tu ici ? Qui es-tu ? Un espion ?

Cette fois-ci Elendia ne retint pas sa grimace. Il sentait que ça allait être la cata. Fallait qu'il désamorce tout ça avant que ça ne tourne au vinaigre et que Meneldil ou Layla en aient vent. Enfin, surtout Layla en fait parce qu'en vrai c'était quand même elle qui régnait sur l'Hiver dorénavant. Il espérait que tout ça pourrait se réfler à l'amiable mais en doutait un peu quand il voyait la mine du Printanier. Il commença à se redresser très lentement, montrant par là qu'il n'était nullement agressif. Ce faisant il commença à répondre aux question du lupin, une à une.

- Alors moi c'est Elendia, enchanté, dit-il dans un sourire contrit, le faisant ressembler à l'enfant qu'il était encore intérieurement. Si je te disais ce que je fais là j'pense que tu me croirais pas.

Il était même certain qu'il ne lui accorderait pas le moindre crédit. Qui le croirait quand il annonçait qu'il était à la recherche d'une loupiote qu'il avait rencontré étant enfant et dont il ne se souvenait même pas du nom ? Personne. C'était la seule réponse sensée qui lui apparaissait. Et la seule réponse tout court en fait. Il prit garde à ne pas trop faire durer son silence de peur que le printanier ne se jette sur lui, pensant qu'il tentait de gagner du temps ou de l'embobiner.

- Et heureusement que je ne suis pas espion. Je serais franchement pas très doué pour ce job de toute évidence.


Il décocha un sourire à celui qui était pour le moment un ennemi. Il savait qu'il passait pour un simplet mais mieux valait être simplet et vivant sans créer d'incident diplomatique que très intelligent et mort. Que cette mort survienne de la patte du printanier ou de celles de sa propre soeur n'entrait pas en ligne de compte pour le moment. Il laissa un petit moment passer avant de renchérir, priant pour que l'autre ait un tant soit peu d'humour sinon il était mal.

- En plus que, pour espionner quelque chose, faut au moins savoir exactement où on est.

Sous-entendant par là que ce n'était pas son cas le gris ne mentait pas le moins du monde. Il était pommé en plein milieu d'un champ de fleurs rouge-orangées dont il ne savait rien. D'ailleurs ce printanier allait peut-être pouvoir le ramener à la frontière. Ca lui éviterait bien de tourner en rond ceci dit.

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