Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Quand l'aube s'éteint, dansent les lucioles

Feat Rubis

Quelques gouttes d'argent se déposèrent sur les berges tandis que la petite louve crème se jetait dans l'eau de la cascade. Qu'était-elle, que valait-elle, seulement, face aux mythiques nymphes de la chute de Nienor ? Pouvait-elle espérer rivaliser avec leur subtile grâce, leur élégance soudaine, cet infime beauté qui naissait aussi vite qu'une fleur pour faner à nouveau. Splendeur éphémère, diurne lueur dans les reflets de la lune, qui brillait pour s'éteindre aussitôt.
Qu'était cette monstrueuse bête aux dents d'ivoire et aux griffes identiques au plus tranchant des couteau ? Qu'était cet animal, misérable furie aux yeux de braise émeraude, face au rythme délicat et sensuel des nymphes, fruit des illusions dont été doté chaque être de ce monde ? Ce spectre des nuits, maître des bois, chasseur de pauvres vies perdues à jamais ? Ce cruel prédateur, pourfendeur de la vie, pouvait-il égaler ces légères beautés, oiseaux prisonniers de leurs propres ailes, tant leurs magnificence les privait de la vie, tant leur propre poison se retournait contre elles ?
Kileen ne se souciait pas de tels sujets. Enfant de l'Eté, elle valsait dans l'eau avec la subtilité d'un hippopotame affamé et gobait les mouches comme une splendide grenouille.
- Regarde ce que je sais faiiiire, Paquereeeette !
Bondissant, la louvette effectua un saut périlleux avant de retomber, tête la première dans l'eau turquoise. Lorsqu'elle émergea, à la surface, ses yeux pomme pétillaient de joie et d'excitation. Mais lorsque ses prunelles comprirent peu à peu que la printanière préférait chercher les plantes nécessaire à leur potion de sorcière, Kileen retint son grognement déçu et rejoint la rive. S'ébrouant, sans prendre garde à son entourage, elle se rapprocha de la belle louve gazon et sautilla devant elle.
- Ah ouuuiiiii ! La fleuuuur ! La valérie... Ou un truc comme ça ! Je crois que je sais où y en a !
Dans un mouvement fluide, la loupiote fit volte face et s'enfonça dans l'herbe, vers la cascade. Lorsqu'elle se redressa enfin, parmi les plantes trop hautes pour sa minuscule taille, son pelage trempé avait accroché la moitié de la végétation sur son sillage. Une feuille sur le nez, la langue pendante, Kileen indiqua un petit affleurement rocheux. Elle s'y percha et colla sa truffe contre le sol. Relevant alors les oreilles, elle bondit en avant.
- LAAAA ! Là, là, là, regaaarde ! Y en a plein plein pleiiiiin !
La petite estivale sauta à côté des fleurs blanches et en saisit un bouquet entre ses petits crocs.

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Bouquets du soleil teintés de reflets étincelants

Haënymae était toujours en quête des ingrédients qui composeraient sa potion de sorcière. Aujourd'hui, l'ingrédient recherché était la valériane et elle et sa comparse avaient décidé de chercher cette fleur à la cascade de Niénor, en terres estivales. Ce lieu avait pour réputation d'être magnifique, un véritable paradis toujours baigné de soleil. 

Cette expédition allait être la première fois que la louve mettrait la patte sur le territoire estival. Après avoir traversé les calmes forêts printanières et la frontière de l'été, elle arriva enfin à la cascade de Niénor. La louve fut éblouie par la splendeur et la beauté que dégageait ce lieu. Le soleil se reflétait dans l'eau cristalline du bassin où se jetait la cascade.

Ellle aperçut sa comparse estivale qui se baignait dans l'eau. Celle-ci essayait d'attirer son attention mais la louve au pelage émeraude était occupée à chercher la valériane. Quand soudain, sa comparse Kileen s'écria :
- "LAAAA ! Là, là, là, regaaarde ! Y en a plein plein pleiiiiin !"
En effet, il y avait devant les deux louves un champ abondant en valérianes. Haënymae prit donc l'initiative de cueillir le nombre de fleurs nécessaires à la préparation de la potion, c'est-à-dire deux valérianes. Elle répliqua donc à sa comparse :
- "Je crois qu'on a fini pour les valérianes, on ferait mieux d'y aller, non ?"
Elles partirent donc satisfaites mais comme tout ne pouvait pas se dérouler parfaitement, la louve au pelage émeraude se prit les pattes dans un trou et tomba la tête la première dans le champ de fleurs.

Souffle de verre sur les miroirs de fleurs

Feat Rubis

Un minuscule cri horrifié s'échappa de la gueule mouchetée de la loupiote lorsque sa compagne s'effondra dans les fleurs. Tournant autour de sa comparse, semblable, durant quelques secondes, à un vautour fondant sur sa proie, elle murmura quelques mots de soutien.
- Paquerette ? PAQUERETTE TU VAS BIEN ?
Fourrant sa petite truffe dans l'épaisse fourrure, elle aida sa compagne de sorcellerie à se rétablir sur ses pattes. Ses jolis yeux d'émeraudes luisirent un instant d'un éclat vorace tandis que la grande louve se relevait délicatement. Il y avait une proie sous ses yeux, un être de chair et de vie. Une victime de plus. Un simple coup de croc, et tout signe de vie s'éteindrait de ses yeux. Quelles impulsions furieuses saisissaient brusquement le coeur sauvage de la loupiote ? Quel amer désir de sang, de revanche, de mort ?
D'un mouvement de la tête, Kileen chassa ces sombres pensées. Une fleur dans la gueule, elle repartit vers l'horizon, quittant les terres qu'elle choyait tant, cette cascade. Ses terres, sa cascade. Bientôt viendrait la préparation de leur immonde mixture, et l'enfant de l'Eté trépignait déjà à l'idée de maudire ses concurents.

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