Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

«Hush now, mo storeen. Close your eyes and sleep; Waltzing the waves, diving the deep, stars are shining bright. The wind is on the rise, whispering words of long lost lullabies.»

La montagne de Sang

Les gants de neige qui peignaient délicatement ses doigts fragiles frôlèrent délicatement la poudreuse scintillante. S’opposant au vent furieux qui fouettait son minuscule corps, son pelage hérissé demeurait barrière au souffle glacial.
La louvette se retourna, attendant patiemment ses comparses.
Aranwë n’avait su retenir cette excitation qui fourmillait dans ses muscles élancés, faisant alors défaut à sa nature calme et placide. Cédant place à la curiosité, son esprit contemplatif semblait s’en être allé. Préoccupée par cet insatiable désir de conquête, d’exploration, la princesse des glaces avait abandonné toute trace de maturité pour libérer le passage à sa puérile excitation. Pour la première fois, elle ne renia pas ce comportement qu’elle méprisait, se contentant d’agir comme tout loupiot de sa condition l’aurait fait.
Ses petites pattes constellée d’étoiles lavande projetèrent quelques mottes de neige autour de son corps, signalant son passage d’un délicat sillage dans les étendues immaculées. Sautillant dans l’épais manteau de poudreuse, l’enfant des glaces s’acclimatait peu à peu à ce nouvel environnement que son géniteur lui avait, non sans amusement, cédé à la conquête, à elle ainsi que son frère, Liam. Si l’effroyable idée de se retrouver livrée aux griffes d’une terre inconnu l’avait, en premier lieu, et en reflet à sa nature, terrifiée, l’excitation de Liam ne lui avait cependant pas échappé. En effet, et sans surprise, c’était le loupiot azuré qui avait quêté auprès d’Akasan le droit d’explorer ce monde qui n’attendait plus qu’eux. D’abord surpris, le lupin indigo avait acquiescé, incitant Aranwë à rejoindre son frère dans cette aventureuse d’apparence périlleuse.
Les tourments de la loupiote s’étaient finalement apaisés lorsqu’une guerrière de l’hiver s’était finalement présentée à leurs côtés, envoyée par l’un des deux Alphas afin de veiller sur leur progéniture. Si l’apparence menaçante de la louve n’avait pas manqué, en premier lieu, d’attiser la méfiance de l’enfant lavande, ses craintes avait été balayées lorsque le père de la fille de l’Hiver lui avait adressé un sourire encourageant et rassurant lorsqu’ils avaient quitté le repaire des fils du froid.
Désormais, la curiosité dominait l’être de la jeune enfant, la livrant à ses plus secrets plaisirs de découverte. Ils étaient venus pour affronter ce nouveau domaine que la nature semblait leur offrir. Si la terre hostile que la petite troupe avait osé affronter se révélait plus dangereuse qu’elle n’aurait pu le croire, il semblait à Aranwë que ce lieu saurait captiver ses sens, plus encore que son domaine hivernal.
Escaladant maladroitement une butte surplombant l’endroit, la loupiote se cramponna à la roche pour se hisser au sommet, et ainsi constater la nature de son environnement. Lorsque ses yeux de braise se posèrent sur cette terre déchirée par les vents, un frisson d’émerveillement naquit en son coeur.
La montagne s’étendait, noble et fière de puissance, défiant quiconque tenterait de la laisser choir du trône qu’elle avait vaillamment conquis. Parant ses défenses de roche d’un délicat manteau étincelant, la neige avait étendu son domaine sur les flancs rocailleux du mont. Si tout semblait semblable, à quelques détails près, au domaine qui avait vu naître l’enfant, un unique élément captivait cependant son regard. Dardant leurs reflets écarlates sur la poudreuse semblant alors tâchée de sang, des cristaux carmins saillaient sur la surface dévorée par les glaces, lames rubis pointées vers le ciel, en mise en garde pour tout être osant braver ces terres hostiles. Les prunelles embrasées d’Aranwë se promenèrent lentement sur cet environnement surprenant, admirant les nombreuses proliférations des cristaux de sang. Si l’effroi s’immisçait partiellement en son coeur, à la vue d’un rubis émergeant de la surface même d’un arbre affaissé, la contemplation demeurait son sentiment le plus manifesté.
La loupiote fit volte-face, se tournant ainsi vers les silhouettes qui progressaient sur ses propres empreintes. Se laissant lentement glisser au bas du surplomb de poudreuse, Aranwë les rejoignit en quelques bonds, affichant un sourire ravi. Sa voix se fit légère, teintée d’une excitation non voilée alors que le vent menaçait d’emporter ses paroles à jamais.
- Peut-être ai-je tort de croire qu’une telle chose est possible, mais le spectacle en vaut la peine !
Incitant son frère turbulent à la rejoindre, la fille des glaces reprit rapidement son fief initial, contemplant à nouveau cette terre jusque lors inexplorée.

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia