Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Bon bah voilà... j'suis le nouvel Alpha mdr 

Son être avait toujours été, foncièrement, rebuté par l’incompréhension.
Et quoi de plus inexplicable que l’évènement qui venait de bouleverser sa vie ?
Pour la première fois, ses pattes immaculées tremblaient sur la surface rocheuse. Il lui semblait qu’il étouffait, tant l’angoisse qui l’enserrait l’oppressait. Il redoutait, avant même d’avoir agi, ce qu’il allait faire. Ce qu’il allait changer. Pour lui. Mais aussi pour ceux qui constituaient désormais sa famille.
La vérité lui semblait le percuter brutalement, l’arrachant à la douceur de la vie qu’il avait finalement obtenue, après tant d’années de lutte. Son coeur se serrait à chaque nouvelle pensée, tandis qu’il se ressassait, en chaque instant, les mots qui avaient ébranlé son esprit.
Le lupin indigo s’arrêta une énième fois, marquant un terme à sa ronde incertaine. Le corps secoué de tremblements, le fil de ses pensées lui paraissait terriblement emmêlé. Ses prunelles de givre se posèrent sur les paroi de la grotte. Si l’endroit se révélait plus confortable que son repaire, sur les bords du Fjord, l’ancien solitaire s’y sentait atrocement oppressé. Il lui semblait que chaque imperfection de la roche menaçait de l’écraser, brisant ses os avec aisance sans même s’inquiéter de sa souffrance.
Que lui avait-il pris ? Accepter ainsi, alors que la liberté constituait l’une de ses ultimes utopies, et l’un de ses plus précieux plaisirs ?
Il s’était piégé, seul, désormais, avec ses tourments. Il ne saurait assumer ce rôle comme d’autres l’avaient fait. Il était né pour délaisser ce Clan, l’abandonner à ses propres erreurs. La rage qu’il avait, cependant, songé ressentir, ne l’avait pas effleurer. Retenant un soupir, le loup azuré constata avec amertume qu’il ne s’avait se rebeller contre ceux qui avait jadis chassé, non pas sa personne, mais sa propre génitrice.
« L’Hiver repose désormais entre nos pattes. Tu es son nouvel Alpha. »
Akasan retint le hurlement qui dévorait son coeur. Il avait à peine cillé devant ces mots, inconscient de leur impact. Il avait été stupide d’afficher un sourire incertain, aveugle devant les conséquences qu’un tel geste engendrerait. S’accordant une nouvelle inspiration, le loup bleu se redressa, tentant, en vain, d’apaiser les tremblements qui ébranlaient sa toison.
La caverne qu’il avait choisie se dressait à quelques kilomètres seulement du campement hivernal. Laissant crisser ses griffes d’obsidienne sur la roche, le nouvel hivernal ravala avec amertume la boule qui se formait dans sa gorge, l’empêchant même de respirer. S’hérissant au possible, tentant de cacher l’angoisse qui parcourait sa toison, il se campa sur ses pattes. Les regrets qui torturaient son coeur paraissaient dans ses prunelles mêmes, mais peu lui importait. Il avait fait tout son possible pour assumer cette responsabilité. Chercher à satisfaire son nouveau Clan par son apparence ne constituait plus qu’un détail. Il n’était pas là pour ça.
Tandis que ses coussinets délaissaient, dans leur sillage, leur profonde empreinte, une futile pensée parcourut l’esprit affolé du lupin azuré. Si seulement elle avait été là. Lui accordant la chaleur glaciale de ses prunelles de saphir, l’accompagnant dans le moindre de ses gestes de ses justes paroles. Si seulement sa toison crème avait su le rassurer, une énième fois, dans ses plus obscures craintes.
Mais Maelia n’était pas là, du moins, pas à ses côtés.
Si la présence, dans le campement hivernal, de Glycenne, le contentait indéniablement, l’affreuse obligation de devoir se présenter aux enfants des neiges comme leur nouvel Alpha le rebutait profondément. Il n’était pas leur chef, pas leur guide. Eux seuls sauraient agir selon leurs propres intuitions, maintenant, si leur esprit leur dictait ainsi, l’unité de leurs coeurs hivernaux. Il n’avait pas à les diriger. Personne ne l’aurait jamais du, mais sa propre personne n’avait, particulièrement, plus rien à voir avec eux. Il était un enfant damné de leur royaume. Pas l’éclatant Seigneur qu’ils désiraient tous admirer.
L’unique satisfaction qu’il tirait de cet aventure résidait dans le fait qu’il s’agissait de Glycenne, que les précédents meneurs avaient désignée comme Alpha. L’Ange charbon avait simplement quémandé sa présence, et lui n’avait su la refuser. Il lui avait promis de l’accompagner, quelqu’en soit le prix, dans le moindre de ses voyages, le moindre de ses périples. Et en cet ultime élément résidait sa satisfaction. Il marchait aux côtés de sa belle, ne se soustrayant pas à la simple facilité de la délaisser lorsque les épreuves se présentaient.
Akasan eut une nouvelle inspiration tandis qu’il se dévoilait à l’entrée de la grotte. Redressant à peine les épaules, il cligna légèrement des yeux, tentant de voiler les cernes qui les soulignaient, depuis quelques jours déjà. Ses pattes tremblèrent un instant, tandis qu’il entamait son premier pas en tant qu’Alpha Hivernal.
Lui qui avait toujours su se confondre dans la masse, devenir l’ombre que nul ne remarquait, se retrouva brutalement projeté à la place de son observateur. Il lui parut que son entrée avait captivé tout les regards des loups présents dans la caverne. Et il détestait ça.
Ses prunelles cherchèrent un instant son Ange, sans véritablement la remarquer dans les silhouettes qui se dressaient peu à peu dans les ombres.
Il devait parler. Leur dire ce que ses prédécesseurs avaient refusé de leur dévoiler. Leur révéler à quelle horrible contrainte il s’était inconsciemment souscrit. L’angoisse qui retenait ses mots lui parut alors omniprésente. Ses premières paroles le déchirèrent plus qu’il ne l’aurait jamais cru. Elles le brulèrent, marquant son esprit d’une ardeur qui l’ébranla de toute son être.
« Vous… »
L’ancien solitaire dut retenir l’irrépressible désir qui lui dictait de fuir.
« Vous devez probablement… Déjà le savoir, je suppose ? »
Les mots s’entassaient dans son esprit, sans daigner s’aligner convenablement. Ce fut, alors qu’il savourait une nouvelle inspiration, que l’hivernal trouva les justes paroles.
« Je ne suis rien, n’est probablement jamais rien été à vos yeux, durant ces années d’exil, loin de cette famille dont j’ai longuement subi le sang. Nombreux sont ceux qui ne connaîtront jamais mon histoire, et je doute que plus d’un d’entre vous ne puisse véritablement percer mon identité. Vous n’êtes plus, après ces derniers jours, sans savoir que Layla et Lu Shan ont quitté leur royaume, abandonnant leur Clan à ses propres lois. Sachez cependant, que derrière cette lâcheté apparente, les anciens Alphas avaient choisi leurs successeurs… »
Il parcourut la grotte du regard.
« Je ne suis pas ici pour vous dicter le moindre de vos actes. Mon rôle n’a jamais été celui là, et ne le sera jamais. Je n’ai jamais été rien d’autre qu’un vagabond, et le poids qui oppresse aujourd’hui mes épaules se révélera terriblement lourd à porter...
Il serait peut-être utile de vous révéler qui se présente aujourd’hui sous le titre de votre nouvel Alpha, je suppose ?
Peu sont ceux qui m’ont un jour aperçu, errant sur les berges d'Arandur. Apprenez mon nom, et oubliez-le si vous le désirez. Enfant de l’hiver et enfant du Fjord, j’ai toujours répondu à l’appellation d’Akasan. Je sais parfaitement ce que certains d’entre vous songeront. Ce poste n’a pas être mien. Je suis une Alpha illégitime, ne répondant à aucun nom, aucun titre. Je n’ai aucun honneur à revendiquer, aucune action qui me vaille cet honneur. Sachez, que derrière ce rang, je me contente simplement d’accompagner celle qui vous guidera désormais. Je ne suis pas votre chef, votre dirigeant. Seule celle qui peux, véritablement, répondre au trône de l’Hiver assumera réellement ce poste.
Je me fiche, véritablement, de ce que vous pourrez songer. Libre à vous de m’accepter, de me haïr, autant que certains d’entre vous l’auront jadis fait. Je ne suis pas là pour vous dicter vos actes, simplement pour veiller sur ce Royaume comme d’autres avant moi. Glycenne seule, votre véritable Alpha, est en mesure de diriger ce Clan, et saura, j’en suis certain, le faire parfaitement. Ne voyez en moi rien d’autre qu’un veilleur, qui se contentera d'admirer et protéger cette tribu, cette famille, comme les compagnons de ses Alphas avant lui. »

Spoiler:

Code © FieryAmaryllis

J'écrirai l'histoire de ce Clan à vos côtés

Drakan Δ Hivernaux

“ Chaos isn’t a pit. Chaos is a ladder. Many who try to climb it fail, and never get to try again. The fall breaks them. And some are given a chance to climb, but refuse. They cling to the realm, or love, or the gods... Illusions. Only the ladder is real. The climb is all there is. ”

par humdrum sur ninetofive

La Promesse De L'Aube

Feat Akasan & Goriar

Elle se tenait à l'écart, ombre parmi les ombres, observant dans un silence quasi religieux les loups qui animaient les tavernes communes. Elle n'avait cependant pas peur d'eux, du moins pas pour elle et, étrangement, elle se sentait prête à affronter leurs regards, leurs remarques. Elle se sentait prête à calmer les ardeurs des plus réticents et à les protéger, tous autant qu'ils étaient. Ils étaient sous sa responsabilité à présent, c'était à elle de régler leurs affaires et de les diriger et, comme c'était le cas avec les louveteaux avant, elle allait à présent s'occuper d'eux.
Bien hérita de ces nouvelles responsabilité dans un moment des plus cruciaux, elle n'avait aucune appréhension quant à sa capacité à les assumer, à prouver à tous que Layla ne s'était pas trompée dans son choix et n'avait pas laissé sa meute aux pattes d'une incapable. En aucun cas elle ne le laisserait croire, elle mériterait la place que lui avait attribué son ancien Alpha.

Profitant du fait que personne ne la remarquait, elle se replongea dans son examen de la grotte. Elle capta du coin de l'oeil l'éclat flamboyant du pelage de Rubis. La jeune louve était à présent assez vieille pour commencer son apprentissage, et il semblait qu'elle avait une affinité particulière avec les louveteaux. C'était donc tout naturellement qu'elle s'était orientée vers la formation de nourrice, propageant sa joie de vivre aux plus jeunes. La noireaude ne put réprimer un sourire en apercevant la boule de poils bleutée qui se tenait à ses côtés. Evidemment, Shorkan voudrait voir ce que ça donnerait. Ils ne tardèrent pas à rejoindre une louve aux longs cheveux blancs, que la réunion ne semblait pas enchanter.
Glycenne quitta des yeux les trois comparses pour changer de cible. Un loup aux teintes grises, que la jeune Alpha connaissait pour être un tueur, se tenait à l'écart du groupe, semblant s'ennuyer fermement. En soi, elle pouvait comprendre, l'attente n'était par ce qu'il y avait de plus amusant, et il n'y avait sûrement nul besoin de répéter ce que tout le monde savait déjà. Elle y tenait cependant, souhaitant se présenter officiellement aux autres.

Les regards se tournèrent soudainement, comme si un seul loup les contrôlait, vers un point de la grotte. Se tapissant un peu plus dans l'ombre, ses yeux dépareillés luisant faiblement, la noireaude suivit leur regard, découvrant ce qui attirait ainsi leur attention. Akasan était déjà là, malgré l'appréhension que pouvait engendrer en lui l'idée de venir ici, qui plus est pour s'y présenter en tant qu'Alpha. Un sourire léger éclaira ses babines lorsqu'il se décida à prendre la parole. C'était bien son genre, les longs discours pour quelques informations.
Les réactions ne tardèrent pas à fuser, faisant s'activer les pauvres oreilles de la louve soudain malmenées. Il y avait de tout, du hurlement enjoué de la louve grenat aux larmes, en passant par les injures et les faibles sourires. L'une d'elle attira particulièrement son attention. La louve à côté de laquelle s'était installée Rubis. Une haine pure se lisait dans son regard, alors qu'elle crachait son venin sur Akasan.


La noireaude ne releva pas, préférant attendre d'autres réactions affirmée pour réagir. Elle tiqua cependant sur sa réponse. Non, Layla était loin d'être une lâche et, en cela, son compagnon avait été maladroit, voilà une chose qu'il faudrait qu'elle éclaircisse aux yeux des autres.
Un autre loup attira son attention. Ce fut le tueur, cette fois, qui pris la parole, comme un défi à celle qui venait de s'exprimer.


Un sourire se dessina faiblement sur les babines de Glycenne. Au moins, il n'y avait pas que leurs détracteurs qui s'exprimaient aujourd'hui. Une réaction plus vive lui fit subitement se tourner la tête de la noireaude.


Elle toisait les autres, fière et sûre de ses mots, faisant mourir les objections dans la gorge même de ceux qui auraient oser l'affronter. Glycenne prêta tout particulièrement attention à celle-ci, certaine qu'elle pourrait les aider dans leur tâche nouvelle et que son aide leur seraient salvatrice. C'est alors que la belle grise se tourna vers Akasan, son regard ardent planté sur lui.


C'était sans doute le moment d'agir, afin de calmer un peu le jeu. Glycenne avança lentement une patte, maîtrisant ses gestes face aux autres. Elle avait toujours fait attention à la manière dont elle se présentait, mais, à présent, c'était devenu une nécessité. Sa voix résonna, chaleureuse comme à son habitude.


Elle se déplaçait avec aisance entre les loups, les saluant avec respect au passage. Au moment d'arriver à côté de la louve bleutée qui s'était exprimée avec tant de ferveur un peu plus tôt, la noireaude s'attarda, lui glissant à l'oreille.


Elle lui adressa un sourire en s'éloignant. Glycenne ne tarda pas à rejoindre son compagnon, se plaçant à ses côtés, bien qu'un peu avancée par rapport à lui pour s'adresser à la foule qui lui faisait face. Elle cru un instant qu'elle allait perdre pied, intimidée par tant de regards posés sur elle, mais, lorsqu'elle s'exprima, ce fut d'une voix claire et forte.


Elle quitta son sourire chaleureux, s'attaquant alors au sujet fâcheux qui avait attiré tant de foudre sur le lupin bleu.

HRP:

Code by Eressëa

Bon bah voilà... j'suis le nouvel Alpha mdr 

Il n’avait jamais rien eu d’un membre clanique.
Et encore moins du titre auquel il prétendait aujourd’hui.
L’infâme désir de leur dévoiler les plus obscurs méandres de sa pensée le dévorait. Jamais il n’avait souhaité cet ignoble tour du destin, qui l’oppressait alors. Il n’était pas né pour les diriger. Leur sang ne coulait que partiellement dans ses veines. Et il se présentait, en cet instant, sous le nom de leur souverain. De leur Seigneur, de leur Guide. De leur Alpha. Peut-être aurait-il rit, en remarquant, à la tête de ses ancestraux ennemis, l’utopiste ermite qu’il était alors, s’il n’avait su être ce dernier. Nul rictus n’avait ébranlé ses lèvres tandis qu’il observait chaque individu qui se présentait à son regard.
Le lupin indigo les détailla longuement, tandis que le silence s’imposait lentement alors que ses dernières paroles vibraient encore dans l’air chargé d’électricité. Peu de figures lui étaient familières, ainsi donc ne s’attarda-t’il pas sur la majorité des visages.
Ce fut le loupiot azuré qu’il aperçut le premier. Il aurait aimé lui sourire, lui lancer une quelconque salutation, lui signifiant ainsi et une énième fois, l’adoration qu’il lui portait. Si la présence de Shorkan l’apaisait partiellement, elle céda rapidement place à un tout autre sentiment; une inquiétude, plus précisément. Que faisait-il ici ? Qui l’avait donc mené au sein de cette caverne hantée par les potentiels futurs adversaire de son père même ? Un frisson naquit brutalement sur l’échine de l’ancien solitaire.
Et se fit plus brutal encore lorsque ses yeux cillèrent sur le silhouette campée à ses côtés.
Raidie par une rage qu’il lui semblait reconnaître, elle se tenait, dardant ses prunelles d’or glacial sur son visage crispé par l’angoisse. Ses griffes raclaient le sol, tandis que ses crocs se dévoilaient peu à peu. Elle fulminait, accumulant sa haine pour la lui recracher, de toutes ses forces, aux pattes. Les traits d’Akasan se déformèrent alors, laissant place à une impassibilité qu’il n’avait su recouvrir depuis longtemps. Elle était membre de sa Tribu. Il la respecterait.
Il ne prit pas la peine de reculer face à sa brutale offensive.
- Akasan ! Tu n'es pas le digne successeur de Layla !! Tu le dis toi-même ! Tu auras droit à ma soumission à condition que tu prouve vailles autant qu'elle ! Et retire ce que tu as dit ! Layla n'est pas une lâche !!
Le loup bleu l’écouta avec attention, retenant chacun de ses mots. S’il devait la blesser, ses propres paroles seraient son arme. Il ne s’acharnerait pas à combattre le feu par le feu. Pas s’il avait l’eau à proximité.
Il inspira profondément, tandis que l’hivernale reculait lentement, voûtée dans un ultime souffle de haine. Ses muscles se relâchèrent, tandis qu’il se redressait légèrement, plongeant ses prunelles de givre dans l’abysse tapissée d’or des yeux de braise. Ce fut, alors qu’il s’apprêtait à entamer une nouvelle tirade, qu’il fut froidement interrompu.
- Mes crocs et mes griffes t'appartiennent.
Ses mots le gelèrent sur place, laissant germer en son coeur un sentiment qu’il se serait cru capable d’ignorer. Cet être, plus que tout autre, avait capté son attention, attisant sa curiosité tandis qu’une glaciale émotion parcourait ses veines. Ses yeux le cherchèrent, en vain, dans la foule. Jusqu’à ce qu’il perçoive les deux flèches glaciales qui guidaient son regard. Sans même accorder plus d’importance au ton de sa voix, il sut, par instinct, que c’était lui.
Le monde lui parut s’écrouler alors, tandis que les murmures serpentaient entre les différentes gueules et oreilles, laissant s’écouler devant lui un flot de secrets qu’il ne pouvait percer. Il était cette proie aux spéculations, cette silhouette dont tous se moquaient en silence, et nul ne saurait jamais l’arracher à ces imperceptibles tourments. Il les observa, tentant de voiler cette brutale angoisse sous le masque de l’impassibilité. Il ne contrôlait plus les mots. Les siens, comme les leurs.
- Ils ne sont peut-être pas les digne successeur de ma sœur !!
Akasan se retourna, en quête de cette voix cristalline qui avait à nouveau capté ses sens. Il s’y rattacha, la considérant comme cette unique issue dans le chaos de ses pensées. Ses yeux se posèrent sur une hivernale d’ardoise. Elancée, sa carrure témoignait de sa beauté, et ses prunelles de saphir reflétaient de leur unique éclat la puissance de sa Tribu. Elle le toisait, simple fille des glaces. Tandis qu’il la détaillait longuement, tentant en vain de raviver en son esprit ses derniers mots, la louve d’argent reprit la parole.
- Mais si elle les a choisis, c’est peut être pour une bonne raison, elle avait confiance en eux, elle savait qu’avec l’hiver deviendrait encore plus fort qu’il ne l’est maintenant 
Veillant à imprimer dans son esprit la justesse de ses mots, le loup bleu l’écouta patiemment, soucieux de découvrir la sagesse de cet être inconnu.
- Certes, elle aurait pu demander à Iveana, Elendia ou Yael de reprendre les rênes du clan, mais il faut croire que la lignée de Kiba doit donner sa place à de nouvelle tête
Ses mots le heurtèrent, confirmant l’inconcevable doute qui rongeait son esprit. Il n’était, n’avait jamais été voué à régner. Il ne saurait les diriger, constatant simplement son absence de noblesse, d’un sang qui assurerait son titre de Seigneur des Glaces.
- Ne dites pas que ma sœur est une lâche, si elle a décidé de quitter le clan, c’est pour une bonne raison… Elle vous a fait cadeau d’un clan, de terres à vous et vôtres compagne, pour vous ce cadeau est peut-être un cadeau empoisonné, mais pour nous peuple hivernal, c’est un cadeau qui vos beaucoup, elle aurait pu partir sans rien dire, nous laissant à notre propre destin, à nous battre pour savoir qui allait devenir le prochain alpha… Alors ne fuyait pas votre responsabilité et diriger au côté de votre compagne… Vous êtes notre alpha à présent, prouvait nous que nous pouvons vous faire confiance.
Répondant à l’humble salut qu’elle lui adressa alors d’un délicat mouvement de la tête, le précédent solitaire détailla à nouveau la foule. Ils ne croyaient pas en lui. Et peut-être avaient-ils, sûrement même, raison. Il ne saurait affirmer sa vaillance, sa détermination à assumer ce rôle.
Car jamais, de toute son existence, il n’avait souhaité cela.
Mais pouvait-il oser les abandonner à leur sort, constatant simplement dans ce nouvel abandon la déchéance de l’hiver ? Pouvait-il trahir leur confiance, alors que leurs précédents meneurs avaient osé croire en lui ?
Ses prunelles de givre se posèrent sur l’ombre qui approchait, dans une délicatesse qu’il chérissait. Pouvait-il la trahir, elle ?
- Eh bien, il faut croire que mon compagnon n'a pas été très malin pour le coup. Veuillez excuser la maladresse de ses mots, il semblerait que vous l'intimidiez beaucoup.
Peut-être aurait-il sourit, si l’angoisse de ne pas être celui que tous attendait n’avait su assaillir son coeur.
- Merci de ton intervention Chyver, ton soutien nous est précieux et j'ose espérer que tu seras présente à nos côtés pour nous aider, car il ne fait aucun doute que tu nous seras d'un grand secours.
Akasan se décala lentement, laissant place à sa belle, tandis que celle-ci s’opposait à la foule. Un bref sentiment de réconfort parcourut alors le lupin azuré, alors qu’il constatait avec soulagement qu’il n’était pas seul dans cet infâme devoir que lui présentait alors le destin.
- Layla n'était pas une lâche, loin de là. Jamais nous n'oserions prétendre le contraire. Elle était juste, appréciée des membres de la meute, et digne successeur de sa mère. Il n'y a rien de lâche dans le fait d'aspirer au bonheur, et j'espère sincèrement qu'elle l'aura atteint en partant. Je comprends votre incompréhension face à son choix. Qu'est-ce qu'une ancienne nourrice et un solitaire font donc à la tête de l'hiver ? J'aurais sans doute réagi pareillement. Mais je vous prouverai, à tous, que Layla ne s'est pas trompée dans son choix, que nous sauront nous montrer dignes de ce qu'elle nous a offert et que nous pourrons diriger l'hiver tout aussi bien qu'elle l'aurait fait.
Le nouvel hivernal cilla, tandis que son âme s’abandonnait à la brûlure de ses paroles. Il ne pouvait assumer ce destin, ce fardeau supplémentaire dont le futur le chargeait.
Les mots brûlaient ses lèvres, alors qu’il les contenait vainement. Contournant l’Ange dans un mouvement feutré, imperceptible, il s’exposa au regard de l’Hiver, le visage glacial. En cet instant, cette ultime seconde, il lui parut qu’il serait invincible.
Que nul mot ne pourrait jamais l’ébranler. Qu’il parlerait jusqu’à ce que sa gorge s’assèche, et que nul ne saurait contester ses convictions. Faisant face à ceux qu’il redoutait, Akasan leur dévoila la nature de ses pensées.
- Ecoutez-moi.
En un unique mot.
Le silence berça longuement ses paroles, alors qu’il les toisait de ses prunelles de gel, laissant le vide obscurcir son esprit. Esquissant un peu, l’ancien solitaire s’avança face à la dénommée Chyver, dardant les flèches de ses prunelles sur la silhouette cyan voûtée aux côtés de Shorkan.
- Jamais je n’ai, et n’oserai prétendre que Layla s’est révélée lâche. J’ai moi même choisi une voie plus facile autrefois, et le bonheur m’a été permis malgré tout. Je ne critique pas, ne conteste pas ses choix. Elle pouvait décider de sa vie; et c’est ce qu’elle a fait. Elle s’était imposée un infâme dilemme. Son Clan, ses frères et soeurs de coeur, ou sa propre vie, son ultime amour ? Elle a choisi ce qui lui paraissait juste, et probablement ce qui l’était. Je n’ai pas à lui reprocher ce choix. Et je ne l’ai pas fait, comme certains pensent le prétendre. Je respecte votre tribu autant que ses membres. Si, jadis, il m’avait semblé juste de vous haïr pour l’acte d’un seul de vos frère, je sais aujourd’hui que vos causes sont justes. Et je souhaite aujourd’hui les défendre, non pas contre celui que certains osent appeler, encore aujourd’hui, mon géniteur, mais pour vous. Et Layla. Je respecterais sa décision, et ce lourd fardeau qu’elle m’a imposé. Même si je n’ai jamais su le désirer.
Relâchant ses derniers mots dans un souffle glacial, il se tourna alors vers le glacial lupin qui lui avait précédemment offert sa combativité. Campé sur ses membres endurcis par le froid, Akasan le dévisagea, perçant sans l’ombre d’une hésitation l’obscurité de ses prunelles.
- Sachez, enfants de l’hiver, que je ne serais jamais Layla. Ni Meneldil; ni Kiba. Je ne serais d’ailleurs, et probablement jamais, ceux que tous s’amusent à qualifier d’Alpha.
Ses mots se firent amers, teintés, cependant, d’une douceur qu’il n’avait jamais su reconnaître alors.
- Je ne vous demanderais qu’une chose, et s’il faut vous en supplier, jamais je n’hésiterais. Vous avez toujours juré sur vos crocs, vos griffes, promettant à ceux qui vous mènerait au combat la victoire et l’honneur, parfois terni, de cette puissante saison qu’est l’hiver. Il est une chose que je vous faire savoir.
Akasan inspira profondément.
- Je me fiche de ces batailles que vous avez vainement gagné. Jamais vous ne redorerez votre blason par le sang, la satisfaction d’un trophée gagné dans les entrailles de vos ennemis. Vos griffes; vos crocs m’importent peu.
Les paroles qui suivirent se firent venimeuses, chargées d’une fureur qu’il avait alors contenue.
- Dites moi, pour qui croyez vous vaincre ? Qui pensez vous être, pour ainsi répondre, aveugles pantins, aux ordres d’un chef de guerre, quel qu’il soit ? Je n’accuse personne, ne menace personne. Mais sachez une chose. Si vous désirez vous ranger sous ce que je me refuserais à appeler ma coupe, vos griffes et vos crocs ne vous serons d’aucune utilité. Je ne vous demanderais pas le sang, ni la guerre. Vos victoires ne se feront pas dans l’ardeur des combats. Il n’est qu’une chose que je souhaite vous voir promettre, non par pour moi, mais pour vous.
Son ton se fit brutalement implorant, chargé de ses utopies les plus secrètes.
- Je ne veux pas des guerriers, des impassibles soldats, tous identiques, ni des assassins, indissociables figures de la nuit. Vous n’êtes pas des pions à la solde d’une faction dont vous croyez tout savoir, mais dont vous ignorez tout. Vous êtes plus que cela. Et avant de constituer une armée, un bataillon, vous êtes ce que tous ont, à l’heure même, oublier de se rappeler. Des loups. Des êtres dont le coeur s’anime sous l’afflux des sentiments, des individus doté d’une raison, liées par le même but.
Ses prunelles parcoururent l’assemblée attroupée face à lui.
- Vous êtes un Clan, de par votre nature, de par votre sang. Mais aussi de par ce coeur qui, quelqu’en soit les frontières, vous unit à vos frères. Vous vivez au même instant, perpétuant dans vos êtres les mémoires oubliées de vos aïeux, et les transmettaient à vos enfants par le lien de votre amour. Vous ne vivez pas seul. L’incassable lien qui vous lie est gravé dans vos veines, et jamais vous ne saurez vous en séparer. Alors promettez moi. Promettez-moi qu’au delà de vos griffes, qu’au delà de vos crocs, c’est votre coeur que vous me confiez. Pour que tous, nous animions cet unique ardeur que signifie l’hiver, et qu’ensemble, nos coeurs demeurent le fruit de notre véritable valeur. Que nous soyons hivernaux par le sang, mais aussi par l’âme.
Lançant dans l’air sa dernière tirade, il les admira.
- Triomphez dans la gloire de vos frères et soeurs, par ce coeur qui bat à l’unisson, et non plus par le sang prétendu ennemi qui tâche vos pattes. Vivez pour vous, pour votre famille, et non plus pour cette insensée guerre que certains persisteront malgré tout à nourrir.

Code © FieryAmaryllis