Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

C'est avec énergie que Mercury passa la frontière Automnale pour la première fois, heureux de découvrir ce nouveau territoire, à fortiori pendant sa saison dominante, il n'avait encore jamais pu y mettre les pattes depuis son arrivée sur Fours-Seasons, tout comme le territoire Hivernal (bien que ce dernier n'ait pas pu l'accueillir pour des raisons différentes, il ne chassait aucunement de son esprit l'envie d'aller le visiter un jour) et aujourd'hui serait donc une grande découverte!
Cette affirmation le mit en joie, il n'avait pas le moral ces derniers temps, se trouvant souvent pensif, le regard pointé vers l'horizon et avec comme du vague l'âme... Il savait que cela était principalement dû au poison qui s'écoulait dans ses veines, car ces derniers temps, ses nombreux soucis à effectuer des actions banales s'étaient multipliées, signe de la déchéance progressive de son propre corps et malgré lui et son optimisme permanent, cela lui avait fait quelque chose... Un petit... Au final il ignorait lui-même toutes les multitudes de sensations désagréables que cela avait fait naitre au fond de son coeur, mais une chose était certaine: Il était perturbé, plus qu'il ne l'aurait cru.
Un rire rauque le sortit soudainement de ses réflexions, un rire grave, épuisé... Dément, comme il n'en avait jamais entendu.
Bien sûr il avait déjà eu affaire à des fous au cour de ses voyage, mais celui-ci était étrange.. Il avait l'impression de reconnaitre la voix du propriétaire et pourtant, s'il avait déjà dû rencontrer un dégénéré mental au rire si paradoxal, il s'en serait souvenu!
Non?
Continuant son chemin tout en suivant le rire, une odeur âcre vint soudain lui brûler la trachée... Autant qu'une ambiance malsaine vint lui titiller l'esprit, comme une petite voix dans sa tête lui soufflait que là, tout proche, se tenait quelque chose de terrible.
Et il devait savoir.
Tendant le cou pour essayer de distinguer la provenance de cette odeur si puissante et soudain, une silhouette apparu devant ses yeux:
De carrure très frêle, même de loin, il devinait la maigreur du loup qui semblait avoir des difficultés à marcher, sa fourrure, bien que masquées par les teintes orangées que prenaient les feuilles des arbres, était d'un blanc immaculé que Mercury eut de prime abord du mal à distinguer... Mais...
Ce qui le frappa le plus fut son visage, une sorte d'étrange forme, qui ne ressemblait pas vraiment à un museau lupin...
Non...
Il fallait qu'il en soit sûr.
Il ne pouvait pas se permettre de douter, pas avec cette probabilité dans sa tête qui ne cessait de grandir.
Tirant sur ses muscles, Mercury poussa un couinement de douleur lorsqu'il accélera son pas, le poison n'étant jamais bien loin de lui.
Pourtant, il ne s'en formalisa pas, au contraire même, il le trouvait bien dérisoire à côté de la douleur qui émanait du loup qui venait de s'écrouler contre un tronc d'arbre.
Lorsqu'enfin, ses traits se dessinèrent plus clairement sous ses yeux, Mercury marqua un temps dans un hoquet, incapable de croire en ce qu'il voyait.
Plague? Sa... Enfin son... Plague?
Qu'est-ce qui pouvait l'avoir mise dans un tel état?
Il eut la réponse bien vite lorsqu'il vit que l'écorce où elle s'était appuyée commençait à noircir, comme si elle pourissait... Sous l'effet d'un poison mortel.
Sous la peste.
L'évidence se fit pour le solitaire: Nous étions en automne, les pouvoirs des loups de la saison étaient donc multipliés et connaissant le pouvoir de la jeune louve, il n'y avait pas à chercher bien loin pour comprendre que c'était son maudit pouvoir qui devait l'avoir mise dans un état aussi désastreux... Elle devait tellement souffrir!
S'approchant plus lentement, comme pour ne pas la brusquer, Mercury franchit les quelques mètres le séparant d'elle, tentant de ne pas la brusquer pour ne pas lui faire peur, sachant qu'avec une telle souffrance, la jeune louve au masque d'oiseau devait certainement être en transe... Son rire précédent ne le confirmait que trop bien.
Se couchant doucement à côté d'elle, il l'appela à travers son masque:

-Plague?

Pas de réponse, seul son souffle hératique lui répondit, elle ne devait peut-être même pas avoir remarqué son arrivée...
Mercury sentit un étau de peine se serrer autour de son coeur, Plague... Il avait promi de la protéger contre tout ce qui pourrait lui faire du mal... Mais comment l'aider face à cet ennemi invisible? Face à elle-même?
Il ne savait que trop bien que cela était impossible, à son grand désespoir.
S'approchant encore et sachant qu'avec elle, son souffle toxique n'aurait pas d'effet, il murmura à son oreille le plus tendrement possible:

-Plague... C'est moi, Mercury...

Doucement, tendrement, il avança sa patte pour toucher la sienne.

La voir aussi mal en point, si désespérée, lui retournait le coeur.
Là, devant ses yeux, Plague était en souffrance! Aussi bien physique que mentale, elle devait devenir folle de douleur si cela n'était pas déjà fait... Et Mercury ne pouvait supporter une telle vision face à cette louve à laquelle il s'était pourtant si fortement attaché.
Il avait l'impression de ressentir sa douleur, la folie qui s'infiltrait lentement dans sa tête... Comme si la peste avait temporairement remplacé le mercure dans ses veines, qui venait petit à petit gangréner son cerveau déjà tellement empoisonné...
Dans son esprit intoxiqué, il ne pensait plus à rien, ne voyait qu'ele: Cette louve à la fourrure blanche, aux os saillants, portant un masque étrange et avec des prunelles écarlates... Elle seule occupait toutes ses pensées...
Elle... Rien qu'elle... Plague.
Mercury se maudissait de ne rien pouvoir faire pour la soulager de sa souffrance, s'il avait pu... Il aurait supporté toutes les douleurs du monde pour ne plus la voir dans une telle souffrance!
Il avait essayé comme il le pouvait de la rassurer e murmurant son prénom et en posant sa patte sur la sienne, mais sa réaction lui tira un frisson d'horreur:

"Je..je suis désolé..je veux dire...je crois que tu m'as confondu avec quelqu'un d'autre.."

A l'entente de ces mots, prononcés entre deux gémissements de souffrance, Mercury sentit son coeur s'arrêter de battre.
Il voulait se raccrocher à l'espor de la folie qui devait ronger son cerveau, pourtant, quelque chose au fond de lui lui soufflait que non... Elle avait détourné le regard et ses tremblements continuaient mais il percevait dans son attitude une insécurité, comme si ce contact physique la gênait, comme si elle avait affaire à un inconnu.
Non... Elle ne pouvait pas... L'avoir oublié, c'était impossible...
Le loup gris secoua la tête et cracha son éternelle fumée atroce comme pour évacuer son stress et la tension qui avait prit possession de son maigre corps... C'était certainement la peste... Oui c'était ça, ça ne pouvait qu'être ça!
Elle ne pouvait pas l'avoir oublié... Pas lui, pas le moments étrange mais si fort qu'ils avaient partagés ensembles, pas leur promesse... Pas la sienne.
Pas lui.
Reportant son regard sur elle, il la vit poser ses prunelles brûlantes sur lui, puis murmurer d'un ton gêné:

"Tu ferais d'ailleurs mieux de partir avant que les sentinelles te voient ...tu pourrais avoir des problèmes...et je te serais d'aucune aide..."

Un instant, Mercury resta amorphe, incapable de bouger et encore moins de parler devant une telle révélation, il se sentait déconnecté, abbatu... Le moment merveilleux qu'ils avaient partagés il y a quelque temps semblait s'être évaporé dans un nuage de fumée...
Mais lorsqu'il la vit se relever puis lui tourner le dos, son corps frêle transi de convulsion et de fièvre, il se ressaisit et vint se poster près d'elle:

-Plague écoute-moi.. La peste doit certainement te monter à la tête c'est pour ça que tu ne me reconnais pas...

Un instant, fugace, le loup gris se demande s'il ne tentait pas plutôt de s'en convaincre lui-même en lui murmurant ces mots, mais il se reprit, Plague avait besoin d'aide et c'était le plus important:

-Mais je refuse de t'abandonner ici avec ta peste, je ne te laisserais pas tomber et ne t'en fais pas pour les patrouilles, cela n'a pas d'importance.

Il voulut lui lécher l'oreille en signe d'affection, mais se dit que dans un tel état, elle allait encore plus paniquer devant un geste aussi affectif, aussi se contenta-t-il de coller son flanc contre le sien, tout en lui murmurant d'une voix qu'il tentait de rendre la plus sereine possible pour elle:

-Viens... Il faut trouver un endroit où tu pourras t'allonger et te détendre sans nuire à ton environnement et tu n'as pas à t'en faire pour moi je ne crains rien.

Pour une fois, Mercury ne fut jamais aussi content d'avoir ce foutu poison dans ses veines, il n'aurait pas supporté de devoir s'éloigner d'elle alors qu'elle se trouvait dans une telle détresse.
Lui passant la queue sur le dos dans un geste rassurant, il continua d'un sûr et déterminé, malgré la peine qui lui enserrait le coeur en la voyant aussi tétanisée devant lui:

-Fais-moi confiance.

La jeune louve le regardait d'un air à la fois désolé et apeuré, une démence poignante émanait de ses yeux écarlates de douleur cela ne faisait malheureusement qu'accroître la peine du jeune solitaire qui ne pouvait supporter une telle vision: La merveilleuse Plague qu'il avait eu le plaisir de rencontrer quelques temps plus tôt semblait avoir complètement disparue, remplacée par une facette bien plus terrifiante, bien plus en détresse que celle qu'il avait connu.
Elle avait secoué négativement la tête lorsqu'il avait tenté maladroitement de lui expliquer que son manque de souvenir devait être dû au poison, Mercury refusait d'y croire... Il ne pouvait se résoudre à imaginer Plague l'ayant totalement sorti de son esprit, même involontairement... Impensable, pas après ce qu'il avait partagé.
Lorsqu'il avait tenté de la mettre en confiance, l'effet inverse se produisit puisqu'elle se dégagea vivement de l'étreinte de ses pattes, le souffle saccadé, elle se replia dans un petit coin et rentra les épaules comme la pauvre malheureuse qu'elle était, ses sanglots pourtant ô combien puissants ne semblaient être capables d'éttoufer la folie qui émanait de sa maigre carcasse parcourue de tremblements.
Sans oser lever les yeux vers lui, elle répondit d'une voix tremblante:

"arrête...je t'en prie arrête"

Sa demande lui fit plus encore que si elle l'avait attaqué... Arrêter? De prendre soin d'elle et de la protéger au mieux? Plutôt mourir tout de suite.
Que le mercure l'emporte s'il ne tenait pas sa promesse.
De ses yeux améthystes commençant à se troubler de larmes, Mercury la vit secouer nerveusement la tête, comme si elle refusait d'accepter une évidence, qu'elle refusait de croire à quelque chose d'irrefutable... A lui, peut-être...
Il vit son masque se tordre suite à un rictus lorsqu'elle balbutia à travers deux sanglots:

"Tu sais...c'est vraiment bizarre... Mais je sais que Mercury est  une bonne personne. Car je...je...car malgré toute tes paroles, tout ce qui a pût se passer..Quand bien même j'ai tout oublié c'est ce que mon cœur me dit..."

Le jeune loup ne sut si cette affirmation lui arrachait le coeur ou au contraire mettait du baume à ce dernier... La façon qu'elle avait de le décrire presque comme un étranger lui fit énormément de peine, pour autant, il eut pour réconfort le fait qu'inconsciemment, malgré la demence, malgré la peste... Malgré toutes ses souffrances, une part d'elle même se rappelait de lui.
Il avait laissé son empreinte dans sa mémoire et dans son coeur... Et ça lui suffisait.
Il voulut s'approcher d'elle mais son ricanement sinistre le coupa, tant il était empreint d'une folie meurtrière et terrifiante:

"je suis folle tout de façon...folle, toxique et solitaire."

Mercury voulu lui crier le contraire, la contredire vivement et lui faire un discours sur les raisons pour lesquelles elle était bien plus que cela, seulement il n'en eut pas le courage...
La façon qu'elle avait eu de le dire, comme si elle se moquait d'elle-même... Comme si elle s'était résignée à accepter quelque chose contre lequel elle s'était pourtant battu depuis le premier jour où elle avait respiré l'air de ce monde cruel...
Le jeune loup ne trouva rien à répondre à sa propre auto-dérision... Parce que finalement, à la regarder là, recroquevillée sur elle-même parcourue de sanglots et tremblements de douleur et de démences, il sut qu'elle avait raison.
Mais il sut aussi que c'était pour toutes ces raisons qu'il l'aimait.
Et cela lui fit peur.

La jeune louve posa une patte tremblante sur son front brûlant de fièvre, d'où la chaleur devait émaner fortement malgré le masque toujours aussi dérangeant qu'elle abordait sur la figure, puis elle murmura d'un ton bouffi de sanglots:

"Oublie moi, c'est ce qu'il y a de mieux à faire...Car Mercury est une personne qui souffre trop pour autres...une personne à qui je ne veux plus faire de mal.."

Mercury sentit une première larme venir picoter sa joue, roulant lentement sur sa mâchoire, elle s'écrasa sur le sol recouvert de feuilles mortes sans qu'il ne l'entende véritablement, tous ses sens étant occupés par une seule et unique personne: Plague.
L'oublier? Mercury secoua la tête, ne pouvant pas ne serait-ce qu'une seule seconde le concevoir, pas après le moment intense qu'ils avaient partagés, pas après qu'elle lui ai donné une nouvelle raison de vivre...
Pas après qu'elle lui ait apprit à aimer de nouveau.
Lentement, comme s'il s'approchait d'une étrangère (l'ironie de ses propres pensées lui tira une grimace acide), il vint se poster lentement devant elle et se coucha pour être à sa hauteur, planta ses yeux violet dans ceux rougeâtre de la jeune louve, il voulut un temps lui toucher la patte mais il se rappela de sa réaction violente face au contact précédent et donc, préféré s'abstenir, se contentant de la scruter avec tous les sentiments qu'il éprouvait pour elle.
Une quinte de toux nerveuse le prit soudainement et Mercury cracha un épais nuage de fumée, comme si le poison dément qui émanait déjà d'elle ne suffisait pas, il fallait en plus qu'il rajoute le sien.
Ils devaient offrir un bien pauvre spectacle tous les deux, bouffis par le poison et par la folie qui s'emparait progressivement d'eux.
Des larmes amères vinrent lui piquer les yeux et Mercury les chassa d'un revers de la patte, refusant de montrer sa peine face à elle: Il devait être fort, pour elle comme pour lui... Pour eux.

-Plague écoute moi... Murmura-t-il en crachant toujours son éternelle fumée violacée, il est hors de question que je m'en aille d'ici, tu ne t'en rapppelle sûrement pas mais... Il retint un lourd sanglot, mais poursuivit en masquant son émotion derrière le nuage toxique qu'il produisait, je t'ais fais la promesse de veiller sur toi coûte que coûte et je la tiendrais.


Il ne sut si c'était l'essence de son poison ou de ses émotions qui le poussèrent à effectuer ce geste, cependant, il ne put s'empêcher d'approcher son museau bouillant jusqu'à toucher le bout du masque de la jeune louve.
Un instant, il se tut pour plonger ses iris dans les siens, et déclara:

-Tu ne me seras pas nocive Plague... Jamais, alors laisse-moi t'aider.

Il appuya un peu plus fermement sur le bec de l'Automnale et poursuivit sans qu'il ne puisse contenir une autre larme:

-Parce que si tu me repousses je n'aurais plus rien.