Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Akasan se sentait sombrer. Il dérivait dans un méandre de ténèbres, ignorant où il était, qui il était. Que s'était-il passé ? Qu'avait-il fait ? Quel était son nom ? Il l'ignorait. Lorsqu'il se tenta à ouvrir les yeux, ce fut comme si rien n'avait changé. Le noir, l'obscurité. Mais il y eut ensuite cet éclair blanc.

Le Solitaire peina à soulever ses paupières. Sa truffe le brûlait, et il lui fut difficile de sentir les environs. L'air était sec et stable. Pas une odeur. Il tendit l'oreille. Pas un bruit. Rien, juste ce silence éternel. Bien que cela ne le dérangea point, y étant habitué, il ne put chasser de son être le malaise profond qui l'envahissait doucement. Il scrute un instant les environs sombres avant de se dresser lentement sur ses pattes, aux aguets. Tout dans ce lieu lui disait de se tenir en alerte. Le calme régnait mais il percevait parfaitement le danger qui demeurait ici. Le lupin bleu en ignorait la source, la cause et même la raison, cependant il lui était impossible de se détendre. Il voulait fuir comme il l'avait toujours fait. Loin, très loin, jusqu'à ce que ses pattes ne le porte plus. Il fit un pas, puis un autre. Mais très vite il se stoppa net. Il avait entendu quelque chose. Derrière lui. Il fit volte face en un instant.
Mais ce qu'il vit là, jamais il n'aurait cru le rencontrer.
Une pierre tombale se tenait là, ni trop grosse, ni trop fine. Sur le devant de sa plaque, une épée d'argent avait été tracée, semblable à une croix. Akasan resta un instant dubitatif. Qu'était-ce ? Il ne comprenait pas. Il ne comprenait plus rien. Il s'approcha lentement de la roche glaciale pour déchiffrer les inscriptions qui se tenaient dessus. Lorsqu'il eut lu le message, ses yeux se figèrent et ses pattes furent ébranlées de tremblements. Il recula à pas lents, comme transpercé par une lame de glace.
"Akasan, 1er Avril."
C'était une phrase très courte. Très courte mais terrible. Le neutre ne sut que dire, que faire.
Il était mort.
Non, c'était impossible. Il ne pouvait pas ! Qu'avait-il fait ? Que c'était-il passé ? Il ne fallait mieux pas comprendre, s'était-il toujours dit. Mais cette fois ci, une curiosité brûlante enserrait son corps. Il ne pouvait rester dans l'ignorance. Du moins, pas dans celle-là.
Il réfléchit. Il n'était pas mort, non. Enfin, c'est ce qu'il espérait de toute son âme. Il avait encore trop à faire, même s'il ignorait de quoi il s'agissait. Au bout de quelques minutes, le loup azuré se leva. Il tenta désespérément d'humer l'air, d'y croiser une senteur, un parfum familier. Mais il n'y avait rien ici. Tout n'était que ténèbres et froid. Au bout de quelques pas, l'esprit embrumé d'Akasan s'éclaircit. Bientôt, il recouvrit une vue parfaite et une ouïe normale. Il avançait à pas lents, méfiant. L'atmosphère qu'il l'entourait l'angoissait terriblement mais il marchait. Tout ça n'était ténèbres. Il ne les craignait pas. Il ne les craignait pas.
Et brusquement, il s'arrêta à nouveau.
Il venait de ranimer sa peur.

Cette angoisse d'être dévoré par ces ténèbres qui prenaient parfois son coeur. Il avala lentement sa salive. Soudain, ses poils se hérissèrent sur sa nuque et ses prunelles s'amincirent instinctivement. Quelqu'un se tenait là, derrière lui. Quelqu'un de dangereux. Terriblement dangereux.
Et puis ce fut comme si une flèche se plantait dans son coeur. Il revit alors ce moment qui l'avait marqué au fer rouge, cet instant qui avait entaillé son âme jusqu'à son centre.
Le cadavre bleu clair gisait là, dans la neige devenue rouge. L'immense silhouette noire qui la dominait le fixait de ses yeux vermeils. Akasan baissa les yeux sur le sol pour voir ses minuscules pattes. Il tremblait tant que son corps cillait lentement. Pourtant, la rage qui hurlait en lui le forçait à rester là. Sa vengeance, il allait obtenir sa vengeance ! Mais alors qu'il se lançait enfin vers l'ours qui avait autrefois abattu sa famille, un éclair bleu le renversa brutalement. Il rebondit sur le sol, laissant échapper quelques gouttes de sang. Celui qui l'avait blessé s'approcha, le dominant de toute sa belle taille. Ses yeux perçants luisaient de glace et de rage. Akasan eut un hoquet lorsqu'il le reconnut. Mais il était trop tard. Son frère s'était déjà jeté sur lui pour le mettre en lambeau.

Akasan restait sans bouger, la gueule ouverte et la sueur roulant sur son front. L'ombre qui se tenait derrière lui avant son cauchemar était toujours là, ricanant dans les ténèbres. Le lupin bleu avait terriblement peur, et il savait désormais que c'est cela qui signerait sa perte. Claquant violemment des crocs, il bougea à nouveau et, dans un puissant élan, s'élança dans le noir. Il ne savait pas où il allait, mais cela lui importait peu. Ill devait fuir le plus loin possible. Aussi loin qu'il le pourrait. Sinon il mourrait.
Alors que ses pattes se dérobaient lentement sous lui, il percuta une forme crème dans l'obscurité. Il ne l'avait pas vu tant sa vue s'était brouillée. Il n'y avait plus rien. Plus rien. Juste lui et un autre cauchemar.

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Il avait peur. Terriblement peur. Et il savait parfaitement que c'était cela qui l'enterrait. Il ne voulait pas, il ne voulait pas mourir ! Qu'avait-il fait à ce monde pour mériter un si cruel châtiment ? Akasan n'osait pas se retourner. Il savait qu'il était là, à le poursuivre, le sourire aux lèvres. C'était son frère. C'était celui qu'il avait toujours cherché sans vouloir au fond le trouver. Il était là. Il allait le tuer pour avoir vu le jour. Le Solitaire sentait parfaitement l'aura haineuse qui s'échappait d'Araklann. Celui-ci le détestait. Il voulait qu'il meure. Il voulait voir son sang couler entre ses crocs. Mais le lupin bleu tentait de croire que ce n'était qu'une illusion. Juste une illusion ! Il fallait qu'il y croit pour se débarrasser du piège de Peur. S'il renonçait à courir et qu'il se laissait mourir sous ses crocs, il n'aurait plus aucun espoir.
Il devait se battre. Peut-être contre lui-même, peut être contre ses propres craintes. Mais peut importait. Il devait juste gagner.
Araklann se tenait à quelques mètres de son frère, la gueule entrouverte sur un cruel rictus et les yeux luisants.
- Pensais-tu pouvoir m'échapper, mon frère ? Pensais-tu que tu pourrais fuir mes crocs ?
Akasan tenta de se détendre et d'aborder une voix calme et posée. Il se hérissa cependant et dévoila ses crocs.
- Arrête, Peur. Tu n'es qu'une illusion, qu'un jeu de ma propre conscience. Tu ne peux rien.
L'autre eut un rire pincé. Il ouvrit la gueule et claqua des mâchoires, affichant d'immenses crocs effilés. Il fit quelques pas et fit claquer sa queue devenue fouet.
- C'est ce que nous allons voir, frère.
Lorsque Akasan vit l'hivernal se jeter sur lui, il dégaina rapidement son épée et tenta un bond de côté. Mais Araklann avait anticipé. Le fouet le frappa à la mâchoire et le neutre sentit nettement son sang s'en écouler. Il retomba sur ses pattes fatiguées, les yeux emplis de larmes.
- Ce n'est pas ce que je voulais ! Arrête !
Et puis soudain, le Solitaire s'aperçut que ses pattes ne tremblaient plus. Il n'avait pas peur. Du moins pas de ça. Il venait de comprendre.
Tout au fond de lui, jamais il n'avait craint son frère. Ce qu'il craignait, ce n'était pas d'être détesté par lui, puisque au fond le lupin bleu l'aimerait quand même. Ce dont il avait peur, c'était de voir son frère mourir sous ses yeux, de voir sa dernière famille s'éteindre à ses pattes.
Il eut un sourire malicieux.
- Et bien, Peur ? Tes illusions trompeuses se seraient-elles, du moins pour cette fois, trompée elles-même ?
Araklann eut l'air surpris. Mais rapidement l'illusion se reprit et fit un bond sur Akasan. Celui-ci ne le sentit pas le bousculer, au lieu de ça un choc lui ébranla la tête.
"Il cherche mes peurs..."
Et puis le mirage reparut à sa vue faible.
Et l'impact fut terrible pour le neutre.


Araklann se tenait là, s'afaiblissant peu à peu sur ses pattes, la gorge ouverte et son sang s'écoulant par torrent. Akasan fit un bond en avant, l'angoisse ayant pénétré à nouveau son coeur tant le choc était tel. Les larmes dégoulinaient de ses yeux. Il tenta de soutenir son frère, jusqu'à ce que son propre pelage soit imbibé de sang lui aussi. Ils tombèrent. Mais seul le neutre put se relever. Araklann lui tendit un regard faible, fatigué.
- Aide-moi, je t'en prie... Aide-moi, mon frère !
Le lupin bleu le regarda, impuissant. Lentement, il essaya de laper son sang pour arrêter l’hémorragie, mais la blessure était telle que les ruisseaux qui s'en échappaient ne pouvait être asséchés. Akasan pleurait plus qu'il ne le pouvait, mais il restait concentré sur son but. Il devait sauver sa famille. Il devait sauver son frère.
Mais lorsque le corps d'Araklann se détendit brusquement et qu'il perdit de sa chaleur, son frère redoubla d'efforts. Malheureusement, il était déjà trop tard depuis longtemps. Lorsqu'Akasan le comprit, il laissa échapper un hoquet et fourra ses yeux trempés de larmes dans le pelage de l'hivernal.
- Je suis désolé...
Ses pattes tremblaient sous son corps et l'angoisse qui avait doublée en lui le menait vers une longue agonie. Peur avait gagné. Et lui il avait perdu. Mais le sort fut brisé lorsqu'il fut bousculé.
Il ouvrit les yeux, retrouvant son froid cimetière. C'était la louve crème. Elle était là, elle hurlait de terreur, comme lui quelques secondes auparavant. Lentement, sur ses jambes ébranlées de fatigue, il s'approcha d'elle. Avec une infime douceur, il la força à s'asseoir. Même si elle ne le voyait sûrement pas, il posa sa tête sur la sienne et la serra avec une de ses pattes.
- Bats-toi. Bats-toi tant que tu le peux. Tu ne dois pas perdre. Moi j'ai perdu et je ne renonce pas. Il faut que tu gagne.
Lui serait bientôt perdu. Mais il ne fallait pas qu'elle le soit aussi.

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Il fallait qu'ils gagnent. Pour leur amour de la vie, pour leurs espoirs passés. Ils étaient deux à lutter, pourtant leur adversaire était commun. Et qui était sûr qu'ils parviennent à le vaincre ?
C'était la source de la Mort qui se tenait devant leurs yeux. C'était Peur. C'était cet être perfide qui hantait les nuits des loups de Four Seasons. Cet être qui les plongeaient dans l'angoisse et les laissaient s'éteindre dans leurs pires cauchemars.
Et aujourd'hui, c'était au tour d'Akasan et de Maelia de lui faire face.

Akasan se tenait contre le louve lorsque son frère, couvert de blessures et de sang se présenta à nouveau à ses yeux.
-Et bien, frère ? Pourquoi m'as tu laissé mourir ? Pourquoi m'as tu abandonné ?
L'intéressé recula lorsque deux ombres se joignirent à lui. Une qu'il connaissait plus que bien. C'était une grande chienne élancée, d'un bleu pâle aux teintes douces. Cependant, lorsqu'Akasan leva ses prunelles vers celles de sa mère, il n'y perçut qu'une profonde haine et un gouffre de désespoir.
Le second loup était plus sombre et ressemblait nettement à Araklann. Une large poitrine, des muscles apparaissant ici et là, solides comme du fer et dont la force ne pouvait faire douter. Le neutre mit peu de temps à comprendre qu'il s'agissait de son père.
Mais toute sa famille réunie ici le fixait de regards brûlants et attisés par la colère. Ils portaient tous de cruelles blessures et se vidaient de leur sang sous les yeux de leur fils et frère. Ils murmuraient, semblables à des vautours guettant la mort de leur proie.
- Pourquoi nous as-tu abandonné ? Pourquoi nous as-tu laissé mourir ? Pourquoi...?
Akasan recula. Il dévoila ses crocs et bouscula légèrement l'autre louve crème.
- Taisez vous ! Vous n'êtes que les spectres de ma conscience, simplement des mirages ! Disparaissez de ma vie !
Il dégaina son épée en signe d'avertissement. Mais lorsque les trois loups se ruèrent sur lui, il comprit qu'il n'aurait pas le choix.

Il peinait à contenir le dégoût qui germai en lui, l'angoisse qui l'envahissait. Ce qu'il allait faire, il tentait de se convaincre que ce serait simplement comme un cauchemar, et qu'il n'avait pas le choix. Peur ne l'abattrait pas. Ses misérables sbires de ténèbres ne démoliraient pas son âme. Il vaincrait, même si cela devait lui coûter des larmes.
Tout cela n'était que mirage, qu'une illusion maléfique qui visait à le faire tomber. Mais cela avait échoué. Il allait vaincre ses craintes et les affronter de front, échappant à la règle qu'il s'était instaurée, celle d'éviter tout conflit avec son unique famille.
Akasan augmenta sa pression sur la poignée de sa lame et l'inclina vers les trois ombres. Dans un élan ébranlé de larmes et de douleur, il s'élança.

Mais alors que l'épée frôlait la poitrine de son père, le Solitaire sentit la peur grandir en lui et son impuissance fut telle qu'il se stoppa dans son élan et s'effondra au sol. Il se frappa la tête de ses pattes et y laissa de cruelles blessures. Il n'était pas capable d'effacer ses craintes. Il ne pouvait leur faire face en commettant un acte qui, pour lui, était le plus ignoble qui soit. Lorsque les ténèbres de Peur s'approchèrent de lui, il se redressa cependant, et son regard ce fit glacial, déterminé même s'il sombrait peu à peu.
-... Tu ne gagneras pas, Peur. Tu ne le pourras pas.
Il se releva et toisa l'être abject qui le dominait. Il ne s'abaisserait pas. Pas encore. Le lupin bleu, brandissant à nouveau sa lame, donnant un coup puissant dans la silhouette de son père. Celle-ci s'effaça dans un éclair de lumière, en un cri terrible. Mais Akasan en fut ébranlé. Lorsque ses yeux croisèrent les regards de son frère et sa mère, il sut d'avance qu'il ne pourrait les toucher. Il les avait vus. Il avait vécu avec elle et l'avait rencontré lui. Il ne pourrait les toucher.
Mais il n'était pas perdu.

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Peur se tenait là, à son oreille. Il sussurait ses paroles malsaines à son esprit isolé.  Lentement, ses ténèbres encerclaient Akasan, lui ôtant tout espoir de survie.
-Et toi, Akasan...N'as-tu pas envie de revoir ta famille ? Et si je te faisais revivre leurs morts encore et encore...Qu'en penses-tu ? Y résisteras-tu ?
Le loup bleu retenait les angoisses qui prenaient doucement possession de son âme.
- Ce ne sont que des illusions, tu peux les vaincre.
Cette voix... Qu'était-ce ? Le solitaire ne voyait rien. Il n'y avait rien, rien nulle part. Juste cet éternel noir qui menaçait de l'envahir. Juste la perfide mélodie mortelle de Peur.
"Ce ne sont que des illusions..."
Il serra les dents et tenta de bouger. Cependant les froids frissons qui parcouraient son échine lui ôtaient tout mouvement.
Mais cela n'aurait sût durer.

Une vive lumière jaillit soudain de sa fidèle lame retenue sur son dos. Cette compagne qui avait toujours conversé avec lui dans ses plus terribles moments. Avait-elle entendu son cri de désespoir ? Avait-elle perçu les ombres qui guettaient son corps. La lueur qu'elle émettait obligea les spectres d'ombres à reculer. Son rire moqueur retentit dans le cimetière.
"Et bien, mon petit Akasan ? Tu n'es pas capable de te débrouiller sans moi, c'est ça ?"
Le loup bleu eut un sourire de soulagement.
- On dirait que tu arrives au bon moment... Encore une fois.
La flamme qui avait quitté ses yeux se ralluma vivement. Il eut un semblant d'élan, et enfin il esquissa un mouvement. Sa lame explosa de ses étincelles de glace, effaçant les ombres qui l'entourait.
Dans une danse guerrière, il attrapa entre ses crocs experts la poignée de son amie. Balayant alors ses alentours de rafales acérées, il s'élança vers l'esprit de sa mère et de son frère.
- Crains-moi, Peur ! Crains-moi car bientôt c'est toi qui va perdre à ce jeu !
Plus il approchait des deux spectres, plus la lumière glaciale se faisait vive. Akasan dut retenir ses larmes lorsqu'il porta un coup à son frère.
Mais lorsqu'il frappa sa mère, les sanglots lui échappèrent et il dut s'accorder quelques secondes de repos.
Il n'avait pas perdu, mais qui dit qu'il avait gagné ?

Tandis qu'il reprenait son souffle, il sentit celui de Peur sur sa nuque. Ses prunelles se figèrent et la lueur sur son dos redoubla de puissance.
Qu'avait-il à faire, maintenant ? Que pouvait-il faire ? Et puis une puissante colère l'envahit. Peur... Comment cet être abject avait-il osé se servir du spectre de sa mère pour le tromper ? Comment pouvait-il ne serait-ce qu'avoir l'audace de torturer les mirages de sa famille pour l'affaiblir ? Lorsqu'il réalisa une telle chose, Akasan ne put s'empêcher d'esquisser un puissant grondement. Et lui qui avait laissé faire ça ! Peur allait payer pour un tel crime. Le neutre le savait. Il ne pouvait supporter plus longtemps que la mémoire de sa tendre et chère génitrice soit encore une fois bafouée.
Le grognement qu'il produisait grandit encore, jusqu'à devenir un cri.
Il allait se venger ! Il allait se venger !
- Peur ! Tu as osé bafouer la conscience des miens ! Comment peux-tu te prétendre Dieu, qu'il soit ténébreux ou non, en commettant des actes aussi bas ? Tu n'existe pas, Peur ! Tu n'es qu'un jeu de ma mémoire ! Si je te chasse de mon esprit, tu mourras, Peur ! Tu mourras !
Il bondit brusquement vers l'être maléfique, brandissant sa lame. Le Solitaire, tant sa rage était puissante, frappa si fort l'entité sombre qu'il crut y percevoir un cri. Cependant, il s'aperçut rapidement que c'était seulement un des spectres du diable qui l'avait protégé. Akasan était un être insensé. Un instant il avait crû qu'il lui serait possible de blesser un tel démon. Mais l'impact pour lui fut tel que son corps le subit en étant expulsé au loin. Il retomba lourdement au sol, rentrant presque dans Maelia. Il releva à peine la tête pour parler à celle-ci.
- Il est affaibli... Laisse exploser ta haine et frappe-le de toutes tes forces... Si tu veux... Prends mon épée, elle possède un pouvoir que j'ignore mais il détruit apparemment ses spectres et peut le blesser légèrement... N'hésite pas, le temps que tu l'affronte, je pourrais sûrement me redresser.
La lame sur son dos brilla légèrement.
"Ouais, il l'a dit, je fonctionne bien pour ce genre de chose. N'hésite pas, ma cocotte ! Je t'aiderais à me manier, t'inquiètes pas."
Akasan eut un sourire fatigué, mais il était heureux. Il avait en partie vaincu, et tout cela n'était que le commencement.

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La mort, il ne la craignait plus. Mais en ce monde désormais inconnu où la peur était mère de toute âme, où la Faucheuse pouvait balayer du revers de la main les tombes et arracher aux damnés qui parcouraient cette terre maudite leur dernier souffle en un instant, aucune loi ne régnait. Tout aurait pu anéantir Peur tout comme il aurait pu être invincible. Cependant, même ce perfide monstre n'aurait su connaître le nom d'une pure immortalité. Il n'était pas éternel. Ce n'était qu'une mortelle illusion, qu'un sentiment, semblable à une bougie qu'il suffisait de souffler pour l'éteindre.
Peur n'avait jamais était rien d'autre qu'une ombre. Une simple ombre, damnée de la lumière. Et cela, Akasan l'avait compris.

Il était fatigué. Terriblement fatigué. Mais la volonté était telle qu'il ne resta pas longtemps au sol. De sa gueule s'échappait quelques ruisseaux de sang et son corps portait quelques marques, mais rien qui n'aurait su stopper son élan.
Le neutre s'était hérissé au maximum et avait doublé de volume. Sa mâchoire tremblait tant il serrait. Ses yeux furibonds fixait Peur d'une rage aveugle, submergé par sa haine contre cet être qui avait brisé l'image de sa mère. Tout ce qui constituait ses craintes quelques secondes auparavant avait maintenant était remplacé par sa colère. Sa lame sur son dos brillait d'un éclat presque aveuglant. Peur allait payer. Peur allait disparaître. Plus rien de ce qui avait constitué ce cauchemar ne resterait réel. Tout aller brûler dans la haine d'Akasan. Tout.
Maelia avait revêtu une apparence rageuse, elle aussi. Son corps était devenu celui d'un ours mais son regard amer restait le même. A eux deux, Peur ne faisait pas le poids. Peur fuirait la queue entre les pattes.
Akasan poussa un grognement colérique, puis, attendant quelques secondes, saisit la poignée de son épée entre ses crocs. Celle-ci illuminait désormais le lieu, chassant les sbires de Peur. Le neutre attendit quelques instants, le temps de prononcer quelques mots à l'égard de son ennemi.
-Tu ne pourras rien contre cette lame pourfendeuse des ténèbres, Peur. Bien qu'elle possède une âme, elle n'en reste pas moins un objet. Elle ne connaît pas l'angoisse, ni la haine. Elle ne peut être pervertie par tes sbires et tes pouvoirs. Tu ne peux pas l'anéantir.
Puis il s'élança à nouveau. Bien que de nouveaux spectres aux corps de sa famille lui barre à nouveau le chemin, il n'hésita pas à les détruire en les fauchant sur son passage. Plus aucune de ses larmes n'allait couler pour ces maudits mirages. Plus aucune. Peur était là, face à lui, face à Maelia. Mais cette dernière s'était arrêtée, faisant face à un loup rouge. Un loup qu'Akasan se souvenait avoir vu lors de ses visites sur le territoire automnal. Un loup qu'il n'avait jamais vu que de loin. Mais il le connaissait, pourtant. Du moins il connaissait son fils, le petit Legolas. Donc il savait qui était cet individu vermeil. Son nom était Nennvial.
Le lupin bleu ignorait ce qu'il avait à voir avec celle qui combattait à ses côtés. Mais ce qui était sûr, c'est que celle-ci était paralysée par la peur. Par Peur. Akasan hésita. L'occasion de porter un coup au Dieu des Angoisses était tentante, mais il ne pouvait se résigner à laisser la louve seule face à ses cauchemars.
Alors qu'il se tournait vers la Librelune, un des sbires du monstre se jeta sur lui et expulsa son épée de ses crocs. La lame retomba alors vers Maelia, se plantant violemment dans le sol. Mais le son qu'elle produisit ne dérangea pas le louve crème, tétanisée. Il ne pouvait rien cette fois-ci. Cependant, la lame peut-être le pourrait-elle ? Il l'ignorait mais aucun doute n'envahissait son coeur.
Akasan avait laissé son amie aider Maelia, mais maintenant c'était à la louve d'aider sa lame.

Le loup bleu était désarmé et il se sentait faible sans sa précieuse alliée. Mais elle n'était pas loin, et bien qu'il ne possède plus son pouvoir bénéfique, il se sentait capable d'affronter Peur. Il lança cependant à la Librelune :
- Maelia ! Sers-toi d'elle, je ne peux pas de mon côté aller la chercher. Ne t'inquiètes pas, elle sait très bien que tu n'as jamais manié l'épée, mais elle est capable de bouger. Elle te guidera, tu verras. Sers-toi en car elle brise les ténèbres !
Puis il s'élança à nouveau vers son adversaire, le maître de la mort et des craintes, ce démon maléfique. Cependant, ses larbins pouvaient désormais blesser son corps, et des entailles apparurent bientôt sur son pelage azur. Le sang ruisselaient de ses plaies, entachant le sol, mais il courrait toujours vers Peur, déterminé. Ce cauchemar allait bientôt disparaître. Oui, il devait disparaître.
Mais lorsqu'Akasan se jeta sur lui et tendit ses crocs vers son corps inexistant, Peur plongea ses ombres en lui, traçant une énorme déchirure dans le poitrail du loup. Celui-ci ne poussa pas de cri, mais le froid qui l'envahit rapidement se chargea de lui ôter toute parole.
Que lui arrivait-il ? Qui était-il ?
Non, il n'y avait plus rien. Juste lui et son coeur qui saignait lamentablement. Juste ses larmes dans la nuit. Juste Peur qui ricanait.
Ce Peur, qui avait compris que désormais, sa seule chance de battre Akasan serait de blesser son corps, et non son esprit. Car l'esprit avait gagné, mais pas le corps.

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