Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Que c'est agréable...Que c'est agréable, un petit peu de chaleur dans ce monde glacé. Plus il se baladait de terres en terres, plus Amano remarquait que la température et le paysage variait d'endroits en endroits, il y avait des différences remarquables entre les différents lieux où il avait été, bien qu'il soit incapable encore de les cartographier dans sa tête.

La nuit était tombée depuis bien longtemps, les étoiles regrimpaient peu à peu dans le ciel sombre, la lune prenait sa place d'astre nocturne, amenant un peu de lumière dans l'obscurité. Ici, en ce lieu inconnu au loup bleu, la nuit était un peu moins froide que sur les autres terres, bien que la différence soit à peine perceptible. Découvrant ces terres aux allures tropicales ce matin même, il avait prévu d'y passer la nuit, roulé en boule dans un coin, profitant de la chaleur et puis il serait reparti à l'aube, continuant sa route, sa route interminable, ainsi que l'est celle de ceux qui n'ont pas de chez eux, pas de tanière ou de territoire où rentrer, nul qui ne l'attendait impatiemment. Certes, c'était sûrement ce que recherchait la plupart des solitaires, ce sentiment de liberté, de n'appartenir à rien ni personne, de n'avoir ni règles ni devoir à suivre ou à remplir, c'était cela qui faisait le bonheur des neutres, c'était pour cela que la majorité avaient fait ce choix...Mais ce n'était pas le cas d'Amano, qui n'était seul que par dépit. Il savait désormais qu'il y avait plusieurs loups vivants sur ces terres, bien qu'il ne sache toujours rien du concept des clans sur ces terres. Ce n'était que par "fierté" et timidité qu'il restait seul et n'approchait pas les autres. Mieux encore, il continuait de les éviter.

Malgré le fait que sa mémoire soit endommagée et qu'il y ait beaucoup de choses dont il n'ait plus le souvenir, il persistait encore celui de son clan, celui dans lequel il était né. Il se souvenait encore de la chaleur de ses parents contre lui, de la sécurité qu'ils procuraient à lui et ses frères et soeurs, la petite famille soudée qu'ils formaient...Jusqu'à que ce tout soit brisé. Tout cela lui manquait. Soupirant, il s'arrêta pour reprendre son souffle, essayant de ne plus faire de grands voyages sans se reposer, conscient qu'il en était parfaitement incapable. Dans sa gueule, pendait un très maigre lapin, Amano n'avait même pas eu à courir après la bête famélique, sûrement en fin de vie, l'animal n'avait pas bronché et s'était laissé tué sans même que son instinct naturel ne se réveille. Amano, en plongeant son regard dans celui de cette proie, c'était demandé si il finirait ainsi un jour, lui aussi. Il chassa brusquement ces pensées sombres qui revenait à son esprit et pesta contre lui même, tout bas, avant de se remettre en route.

Je sais. Vous vous demandez certainement pourquoi est-ce qu'Amano se trouvait à la frontière du clan de l'été, si il avait décidé de passer la nuit sur les terres de l'été. Et bien tout d'abord, il n'était tout simplement pas conscient d'être sur les terres de l'été et d'être précisément à la frontière de son territoire. Ensuite, il avait aperçu, plus tôt, alors que le soleil se couchait encore, plusieurs paires d'yeux et des silhouettes noires, à une certaine distance de lui. Il avait pris peur, et avait tenté de les fuir, aussi discrètement qu'il le pouvait. Et puis, finalement, il s'était perdu. Vous me direz, se perdre quand on ne sait déjà pas où on est, c'est ridicule, mais Amano ne se rappelait tout simplement plus par où il était arrivé. Il était entouré de mangroves aux racines entortillés et à travers lesquels il était difficile de progresser. Lentement, il commençait à paniquer.

D'un coup, alors qu'il avançait en regardant au sol, tentant d'accommoder ses yeux à l'obscurité sans grand succès, il rentra dans quelque chose. Pas un arbre, non. Il était rentré de plein fouet dans quelqu'un. Un loup, plus précisément. Il s'en était rendu compte au moment où ses petites cornes étaient rentré en collision avec le corps du lupin. Une sorte de petit courant électrique avait parcouru son corps tout entier et il fit un bond en arrière, les yeux écarquillés et les oreilles plaquées en arrière. Ses yeux se mirent à commencer à briller et il s'écarta brusquement. Il ne devait pas toucher les autres. Il le savait. C'était un accident. Mais accident ou pas, Amano dut se concentrer très fort, très fort, à s'en donner la migraine, pour que son pouvoir ne se déclenche pas. Et il réussit de justesse, se sentant presque déjà partir alors qu'il en annulait les effets. Il n'avait aucune envie de connaître le passé ou le futur de ce loup. Il n'avait aucune envie de traverser une telle épreuve pour un inconnu.

De longues minutes s'écoulèrent, avant qu'Amano parvienne à se ressaisir. Il commença d'abord par se confondre en excuses incompréhensibles et prononcées si bas qu'elles n'étaient pas audibles. Puis, secouant la tête et se forçant à se redonner de la contenance, il se redressa de toute sa hauteur, rendant son regard le plus glacial possible, pour paraître plus fort qu'il ne l'était en réalité et releva lentement ses prunelles vers le lupin, ses cheveux noirs dégageant assez son visage pour qu'elles soient toutes deux visibles. Ainsi, il planta son regard dans celui de l'autre, pour découvrir à quoi il ressemblait. Il ne s'était pas rendu compte que depuis tout à l'heure, à cause de la panique et de ses pensées négatives, des larmes avaient coulés le long de ses joues, y dessinant de longues traces parfaitement visibles.

Relevant son regard pour rencontrer le visage de l'inconnu qui se tenait devant lui, il se mit à le détailler avec le plus de discrétion dont il était capable. C'était un mâle, probablement plus jeune que lui bien qu'à l'allure beaucoup plus robuste, sans être intimidant pour autant. Il était le propriétaire d'un pelage majoritairement beige, sans aucune couleur extravagante pour agresser les prunelles de ceux qui le regardaient. Ses traits matures se battaient en duel avec les traits de jeunesse et il émanait de ce loup une aura de sagesse et de conscience, accompagnée d'une apparence d'innocence qui aurait presque permis de se tromper sur son compte, s'il n'avait pas cette aura qui impressionna Amano.

Parfois, le mâle au pelage bleu n'y comprenait rien. En ce moment même, c'était le cas. C'est incrédule et les yeux écarquillés qu'il écouta le mâle :

«- Veillez accepter mes excuses, je n'avais point l'intention de vous heurtez. J'espère que je nous ai point dérangé. »

S'excuser? Alors que c'était Amano qui, lamentablement, lui était rentré dedans par ce qu'il ne regardait pas où il allait, manquant de déclencher son pouvoir sur ce loup dont il ne connaissait même pas le nom. Non, ce n'était certainement pas à cet individu de s'excuser, mais à Amano.... Or, il n'avait aucune envie de s'exprimer. Pour une raison qui échappait presque à lui même, il avait perdu son caractère loquace et ne s'exprimait plus qu'en cas de besoin, gardant le silence la plupart du temps et ne parlant jamais pour ne rien dire. Il avait perdu son goût pour les belles paroles et les grands discours qui le fascinaient tant par le passé. Argumenter et embellir chacune de ses paroles...Toute cette passion s'était effacée peu à peu pour ne laisser qu'une place de corvée désagréable.

Gêné, il trépigna un peu sur ses pattes en secouant doucement la tête en signe de désapprobation. Toujours sans parler. Il accompagna ce geste d'un petit sourire embarrassé, se disant que cela suffirait aisément...Jusqu'à ce que le loup beige, décidé à lui rendre la vie dure, visiblement; poussa dans sa direction un poisson encore frais qui gisait à ses pattes. Accompagnant bien évidemment ce geste de plus de paroles :

«- Veillez prendre ceci comme gage de mes excuses les plus sincères. Il faut bien se nourrir par les temps qui cours et j'ose espérer que ce poisson vous permettra de rassasier votre faim quelques temps de plus. Je me nomme Legolas, puis-je me permettre de vous demandez votre nom ? »

Amano ouvrit la bouche de surprise et s'apprêta à refuser catégoriquement cette offre, mais cela permit à sa proie de tomber et à un affreux gargouillement sonore de se faufiler et rappeler au loup cornu qu'il avait manifestement faim. Il considéra un instant la proie qui s'offrait à lui et celle qu'il avait chassé plus tôt. Refermant la gueule en serrant les crocs, il s'approcha du poisson, refusant de le prendre dans la gueule car il ignorait si il serait capable de contrôler son appétit. Il se contenta donc de le rapprocher de lui et d'adresser un sourire reconnaissant à Legolas. Mais son problème ne s'arrêtait pas là. L'étranger lui avait demandé son nom et étant donné qu'il venait de lui offrir de la nourriture consistante, il aurait été plus qu'indécent et grossier de ne pas lui répondre. Cela obligeait donc Amano a parler. Et aussi stupide que cela puisse paraître, il était plus que réticent à le faire. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas parler à qui que ce soit, pas même lui même, à quoi ressemblait seulement sa voix déjà? Il en oubliait toujours la tonalité sitôt qu'il avait prononcé quelques mots. Prenant une grande inspiration et posant son regard dans celui de Legolas, il murmura, sans pourtant désirer parler si bas :

- Amano.


Puis, se rendant compte qu'il avait parler bas au point de ne même pas s'être entendu parler, il se racla la gorge avec embarassement et recommença, se donnant cette fois-ci plus de conviction :

- Amano. Je m'appelle Amano.

Il s'agitait malgré-lui, fouettant l'air de sa queue avec gêne et grattant le sol. Se forçant, il ajouta pour ne pas paraître trop rustre aux yeux de son interlocuteur :

- Hmm...Merci. Pour la proie.

Dans son dos, un oiseau s'envola, ne faisant pas tant de bruit que cela, mais tout de même assez pour que l'attentif et silencieux loup le remarque et en soit surprise, sursautant comme si l'on venait de le mordre. Baissant les oreilles, il regarda autour de lui pour n'observer rien d'autre que les ténèbres s'offrant à sa vue mauvaise. Il frissonna à l'idée de devoir retrouver son chemin parmi les mangroves dans la noirceur de la nuit....Peut être n'allait-il pas écourter tout de suite cette rencontre...
Dans ce but, il prit le poisson dans la gueule, ignorant les cris enragés de son estomac, le sectionna en deux parties plus ou moins égales avec une certaine difficulté avant d'en proposer la moitié à Legolas en le poussant vers lui, toujours en souriant avec une infinie gentillesse. Il aurait pu se parler de paroles, mais il s'y contraint une nouvelle fois, souhaitant se faire comprendre :

- Partageons, voulez vous? Au moins cela semblera plus égal. De plus, c'est tout de même vous qui l'avez pêché alors... Vous devriez au moins avoir votre part.