Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Deux louveteaux se cramponnaient au dos de Seijii tandis qu'il tendait vainement de les dégager. L'automnal se cabra une toute dernière fois et reposa ses pattes au sol, hors d'haleine. Les jappements joyeux cessèrent pour laisser place aux gémissements de protestation. La nourrice les fit descendre délicatement au sol avant leurs débarbouiller le visage à grands coups de langue.

Un vent glacial vint souffler sur le dos de l'ancien soldat, ce qui le fit frémir. Les conditions climatiques n'étaient pas toujours idylliques au clan de l'automne, pourtant, une fois qu'on y est habitué, on s'y fait. Lorsque la pluie se déversa, Seijii s'affola et trotta dans la tanière en portant une petite louve blanche entre ses mâchoires, le petit mâle quant à lui, grimpa sur le dos de sa nourrice. Une fois au sec, le mâle brun-gris n'eut d'autre choix que de recommencer ce qu'il avait entreprit il y a cinq minutes de cela. Le pelage détremper de ses protéger pouvait leur apporter bien des maladies.

Les deux terreurs déjà assoupie s'étaient roulés en boule l'un contre l'autre. Leurs ventres se soulevèrent aussi silencieusement que la déchéance d'une feuille de chêne dans l'épais paysage brumeux. Seijii leur adressa un sourire bienveillant avant de s'allonger à son tour, face à l'entrée, la tête sur ses pattes. Tout en regardant la pluie, la nourrice repensait à sa vie. Qu'avait-il fait ? Il avait été un soldat poltron après la disparition de son meilleur ami. Un ami qui d'ailleurs n'en était pas totalement un. Toute sa vie Seijii avait dû accepter ses sauts d'humeurs et son caractère dominant, jusque là, cette situation ne lui avait jamais posé problème. (nom) le protéger au prix de voir ses désirs d'exécuter. Toutefois, en réfléchissant bien, la nourrice aider toujours ses camarades à se relever lorsqu'ils étaient au bord du gouffre, mais personne n'était là pour lui tendre la patte quand s'était lui qui défaillait.

Ses idées noires s'estompèrent quand la mère des louveteaux fit son apparition dans la tanière familiale. Seijii prit congé après avoir adressé un respectueux signe de tête puis bondit à l'extérieur, refusant l'invitation à séjourner parmi eux, le temps que cesse la pluie.

L'automnal qui mettait habituellement un point d'honneur à soigner son apparence, laissait les gouttes de pluie trempé son pelage. La nourrice réfléchissait mieux sous la flotte. Il plongea son esprit loin dans ses souvenirs et se remémora la fois où un sage loup beige lui avait dit qu'on ne bâtissait pas l'avenir sans avoir détruit le passé. En y repensant, Seijii dut admettre qu'il avait raison. Jamais il n'avancerait en se focalisant sur ce qu'on lui avait fait par le passé. Oui, il avait un avenir à bâtir, adieu le passé ! Ses pensées lui donnaient l'adrénaline dont il avait besoin. Sa foulée s'allongea, les feuilles orangés vile-volèrent sur son passage et le vent soufflait si fort sur son dos que Seijii cru qu'il allait lui arracher la fourrure. Tout en foulant le sol gadoueux le mâle fit un mouvement de trop. Un petit hic lui poussa à la gorge quand une froideur humide et soudaine vint lui coller à son flanc. L'automnal surpris, cessa sa course. A mi-chemin déjà, le mâle haleta et décida de finir sa route en marchant tranquillement.

Le soleil déclinait déjà entre la cime des arbres. Il fera nuit dans le clan de l'automne quand il aura atteint son but. Au fur et à mesure qu'il progressait, le biotope changea. Bientôt les effets de température se fit ressentir. Seijii souffla un bon coup avant de passer la patte en territoire ennemi. Jamais, de sa minable vie, il n'avait franchi les frontières, même pendant ses jours insouciants. Il faut dire que ses parents étaient sur protecteur avec leur fils unique... La nourrice devait être le fils parfait, le fils exemplaire, le fils dont tous les mères devaient rêver.

Le doux murmure des vagues lui apaisa aussitôt l'esprit. Prudemment l'ancien soldat renifla l'air ambiant. Plus pesant que chez lui, l'automnal commençait à regretter ses pluies froides.

C'est alors, qu'en observant les alentours, que Seijii remarqua une immense phare blanc et rouge qui se dressait devant lui. Aussi majestueux qu'un chêne et tout aussi mystérieux qu'un lac de brume. D'ordinaire, la nourrice aurait poussé un long gémissement aigu et serait rentré chez lui. Mais ce soir là, notre protagoniste était dans un tout autre état d'esprit. Rapidement, le canidé franchisa les étapes qui le séparait de son objectif. Lorsqu'il fut sur le seuil de la porte, le mâle à la mèche blonde demanda :

- Il y à quelqu'un ?

Comme personne ne répondait, il grimpa les larges marches faite de pierre grisâtre, plutôt froide sous les coussinets. Avec son regard d'aigle, les grains de sable ne passèrent pas inaperçu sous l'œil expert de Seijii. Ce qui le laissait pensait que d'autre loup était passer par ici jadis. Les loups de l'été avaient-ils connu des légendes urbaines à propos de ce phare ? Il frémit à cette idée et décida de la chasser comme tous ses autres pensées et de se focalisier uniquement sur sa montée de marche.

C'était long et prouvant -un peu comme sa vie- mais Seijii y était parvenu ! Oui, il avait été en territoire ennemi parce qu'il l'avait décidé, il avait monté ses marches avec sa volonté ! A force de persévérance le but ultime avait été atteint. La nourrice se rapprocha des grandes fenêtres du phare qui donnait une place de choix pour admirer le splendide spectacle d'une nuit d'été. Le loup brun-gris sourit et commença à se détendre.

- Y a quelqu'un ?

L'ancien soldat sursauta. Un autre loup était monté le rejoindre ? Quelqu'un s'était inquiété pour lui et voulait le ramener ? Mais qui ? Un ami surement ! Ne prenant pas de le temps d'identifier son interlocuteur à l'odeur comme l'aurait fait tout bon vieux soldat -ancien ou pas- qui se respecte, Seijii bondit dans sa direction et agita joyeusement sa queue.

Son visage changea de couleur quand il remarqua que le loup en face de lui était un estival. Il ne l'avait jamais rencontré auparavant. Ce canidé de taille conséquente, l'incita à s'aplatir au sol. Son pelage bien fourni confirmait sa place d'estival. Du Bleu, du rouge, et du marron venait orné sa fourrure en un motif hypnotisant. Seijii ne pouvait détacher ses yeux de ce merveilleux mâle. Son chapeau haut de forme lui donnait l'allure de quelqu'un d'important. Ce qui renforça davantage son idée.

- Je.... je suis désolé de...

La nourrice laissa sa phrase en suspens. Il n'arrivait plus à former des phrases en présence d'un mâle si imposant.

Le coeur de Seijii battait si fort contre sa poitrine qu'il crut qu'il allait exploser. L'automnal était venu ici pour trouver la paix et voilà qu'on venait encore l'harceler. Toutefois, l'animal apeuré apprécier grandement cette sensation. Jusqu'à présent il avait eu du mal à se l'avouer. Mais plus son interlocuteur se faisant pesant et plus Seijii ressentait de l'affection à son égard.

- Eh bah alors, on a donné sa langue au chat ?

L'intéresser releva les yeux un court instant pour identifier cet estival. Costaud. Grand. Imposant. Au look gothique et au regard hypotonique. Sa langue quelque peu étrange ondula entre ses crocs. Seijii l'observait, admiratif.

- C'est un petit peu trop tard pour être désolé, mon grand.

La nourrice se recroquevilla sur lui-même - après avoir avalé bruyamment sa salive - en position de soumission, n'osant pas affronter le regard sauvage de son interlocuteur. Aussi docile qu'une proie à la merci d'un chasseur, l'automnal ne répondit pas. Si l'estival était un tueur, alors il n'aura aucun scrupule à lui ôter la vie. Pourtant, patient et dépendant, Seijii aurait pu lui servir. Le temps était interminable, le loup à la jolie mèche ne blonde ne savait pas quoi répondre. C'est donc l'étrange loup aux trois couleurs qui eut de nouveau le monopole de la conversation :

- Alors alors..Qui es-tu donc et que viens-tu faire ici, si loin de chez toi, hum ?

Même sa voix ténébreuse et grave était parfaite. A cet instant, Seijii désirait plus que tout au monde de rester avec cet inconnu. Passer du temps avec lui et apprendre à le découvrir. La confiance qui étamait de son être l'attirait. Mais avant d'être ami avec son interlocuteur il devait se faire accepter. Et pour cela rien de mieux qu'un beau discours de compliment, un art dont Seijii était le seul maître. Cependant, beau nombre de loup avec une personnalité méfiante avait tendance à penser que l'automnal était hypocrite et lèche-botte. C'est qui n'était rien d'autre qu'un préjugé. Seijii pensait honnêtement ce qu'il disait. La nourrice se releva lentement et baissa la tête en signe de respect :

- Je... je ne faisais rien de grave ra...rassure toi. Si... si je peux faire quelque chose pour... pour me racheter... tu n'auras qu'à me demander...

Oui après tout servir les autres c'est ce qu'il savait et aimait faire le mieux. L'estival lui plaisait beaucoup, à sa façon d'être comme à sa manière d'interagir avec lui. De plus, étant donné que la nourrice campé en territoire ennemi, c'était donc à ce dernier de faire ce que bon lui semblait de lui. Désormais il n'avait qu'une seule idée en tête, devenir l'esclave du gothique colossal.

Seijii regarda ses pattes et retient sa respiration un instant, le temps que son interlocuteur prenne une décision, ce qui lui sembla durer des heures. L'automnal discerna un regard pesant se poser sur lui, bien que sa mèche blonde lui occulta la vue. La nourrice n'osa pas relever les yeux mais, il savait que l'estival était satisfait et semblait réfléchir à un ordre. C'est patiemment qu'il attendit, tout en jouant avec ses bracelets fuchsia, chose qu'il effectuait souvent lorsqu'il était en état de stress. Le mâle brun-gris avait toujours peur de décevoir ses bourreaux en étant pas capable d'accomplir une directive.

- Faire ce que je te demande ? Absolument tout ?

Seijii hocha imperceptiblement la tête. Oui, il en était parfaitement capable. Il avait l'habitude à ce genre de réaction. La plupart des loups ne pensait pas qu'un ennemi se plierait si facilement à leurs ordres. L'automnal releva la tête à moitié. Son interlocuteur balayait rapidement du regard le phare dans lequel il se trouverait, dans le but de lui dégoter quelque chose à faire.

- Même si je t'ordonnais de descendre puis de remonter trois fois d'affilées cet escalier ?

La nourrice suit le regard du gothique colossal et lui adressa un sourire amical, même lorsque que son regard de serpent se planta dans ses yeux candides.

- Ou bien même pire ?

Sa dernier phrase jeta un froid. Qu'est-ce-qu'il pouvait y avoir de pire ? Ses bourreaux lui assigner des oukases bien plus mesquin d'ordinaire. Monter et descendre les marches était un ordre adorable. Si mignon qu'il ne pouvait s'arrêter de sourire. Même lorsque qu'un bruit de mâchoire qui se calque vint briser le silence. L'estival s'allongea ensuite sur le flanc et Seijii réfléchit à deux fois avant de venir pour lui masser le dos. Ne connaissait pas encore ses réactions, mieux valait être prudent. Il aurait bien l'occasion de lui demander s'il en voulait un. En espérant qu'il soit plutôt tactile.

Alors que Seijii s'apprêta à redescendre les marches, l'estival lui adressa un signe de tête, avant de reprendre la parole, d'un ton impératif :

- Et donc, à moins que tu n'aies entendu ma requête, qui es-tu ? Toi qui veux te faire pardonner, c'est déjà mal barré.

Son reproche lui noua la gorge. Effectivement, l'automnal avait été si concentré sur son objectif, de vouloir rendre service à son nouvel ami qu'il n'avait pas prit la peine de se présenter. Ne le quittant pas du regard, son interlocuteur croisa ses pattes avant et se mit à faire jouer ses griffes sur le plancher du Phare. Seijii le regardait faire avec une fascination étonnante, proche de l'admiration. Il pencha à moitié la tête, prêt à se frotter contre ses pattes en signe de soumission. La nourrice devait à tout prix se faire accepter de beau gothique. C'est donc d'une voix chevrotante qu'il répondit :

- Je....je.... je m'appelle Sei...Seijii et.... toi.... quel est ton... nom ? Enfin... enfin si tu veux bien me le dire...

L'automnal se courba au sol. Il avait osé poser une question. Mais, il devait absolument savoir le nom de son ami. Seijii l'apprécier déjà et pour cause, le gothique colossal avait de nombreuses qualités qui le rendaient charmant, attachant et adorable. Le mâle brun-gris espérait seulement que son interlocuteur ne prenne pas la mouche...