Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Il y a peu de choses que tu avais à faire dans un désert. Celui-là était bien trop instable pour que tu t'y aventures trop longtemps. Le seul équilibre, c'était lorsque la matinée n'était pas trop avancée; quelque part entre la nuit et le jour. Il faisait un peu froid, mais tu sentais déjà la chaleur qui dansait dans l'air, valsant un peu plus près de toi à chaque minute passant. Dans une heure et demi; peut-être légèrement moins, tu étais convaincu que tu devrais rebrousser chemin si tu ne te dépêchais pas. En réalité, tu te dirigeais vers les tropiques. C'était un charmant endroit, et tu comptais y passer le reste de ta journée, et rentrer au nouvel entre-deux, un peu avant la nuit froide. Oui, c'était ardu de trouver un compromis, mais tu aimais à connaître ton territoire et à t'y balader. Tu étais également plutôt sûr de trouver quelques plantes intéressantes là-bas. Peut-être aussi trouverais-tu quelques armoises, ou peut-être de l'absinthe?

C'était des plantes que tu ramassais rarement, car tu y trouvais peu d'utilité pour aller les chercher dans le désert. Et puis de toute manière, tu t'en passais trop facilement pour en avoir réellement besoin, mais puisque tu était ici, ce n'était pas une mauvaise idée au final. Tu étiras tes muscles fatigué. Un réveil peut-être un peu trop matinal pour tes vieux os. Même si tu étais très jeune, tu avais toujours l'impression d'avoir trop vécu dans ton corps pour qu'il soit au mieux de ses capacités; tu avais trop de mal à reconnaître que tu avais simplement une constitution trop faible. Tu préférais plutôt ne pas trop te poser de question et simplement accomplir ton travail de guérisseur, ou de t'occuper des demi-poses que tu aimais à prendre. Comme aujourd'hui. Tu allais aux tropiques pour te détendre, mais comptait revenir avec des remèdes. Pas vraiment une perte de temps, mais si tu venais juste pour les plantes, tu n'y passerais clairement pas autant de temps. Et avec la chaleur, rien d'autre qu'une pause n'aurait pu te motiver à te déplacer.

Tu refroidit légèrement ton corps, en prévoyance par rapport à la température qui risquait de grimper trop vite, et tu te dirigeas vers la direction que tu pensais la plus potable pour rejoindre ta destination; craintif de te perdre malgré tout. Peut-être croiserais-tu quelqu'un de ton clan? Ce serait l'idéal, vu que tu n'étais pas vraiment très sûr de la direction que tu prenais. Regardant aux alentours, tu te rendis très vite compte que ta journée ne risquait pas de se passer comme prévue. Levant les yeux vers le soleil qui commençait à monter, tu te retournas. Il ne te semblais, d'un regard rapide, ne voir personne à l'horizon. Réfléchissant avec hâte, tu hésitas un instant à revenir sur tes pas, avant de te rendre compte que tu n'avais définitivement pas avancé en ligne droite. Après quelques minutes de panique visible, tu sentis une odeur dissidente de la tienne dans l'air. Une présence. Tu étais sauvé! Enfin... Tu espérais...?

Ce matin là, Elendë devait aller chercher des fruits aux tropiques pour les enfants. Il savait pourtant qu'ils ne les mangerait pas tous, mais il avait prévu gros. Un gros panier en osier dans la gueule, il trottinait tranquillement. Le sable s'enfonçant sous ses énormes pattes, il avançait tout en essayant de ne pas trop traîner sous le soleil ardent. Car malgré qu'il fut de grosse taille, la chaleur lui était tout aussi éprouvante qu'aux autres. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il devrait traverser le désert pour arriver jusqu'au tropique.

Le loup d'or releva la tête et observa le soleil. Il n'était pas encore à son zénith et donc, pas encore à pleine puissance. Peut être que si il accélérait le pas, il pourrait revenir avant même que le soleil ne soit coucher. Il s'assit un instant dans le sable, prêt à faire demi-tours, puis se releva et se dit qu'il irait aux tropiques, quoiqu'il en coûte. Il se remit donc à trottiner tranquillement sans trop user de sa force. C'est alors qu'il aperçut, en pleins désert, une ombre. Intrigué, il leva les oreilles et s'arrêta, le temps d'identifier l'odeur.

Un estival, cela ne faisait aucun doute. Il trottina alors dans cette direction, puis finit par voir plus clairement. Noah, le guérisseur. Il ne put empêcher un soupir s'échapper de sa gorge. Il s'arrêta à distance de se dernier et demanda, contre son gré, d'une voix presque froide :

« Tu t'es perdu ? T'as besoin d'aide ? »

Malgré qu'Elendë ne le porte pas dans son cœur, il ne pouvait pas laisser le malheureux mourir de chaud ! Il n'attendit aucunement la réponse de l'autre pour pointer du doigt de bout du désert, qui semblait interminable. Pourtant, le loup doré savait exactement où il allait et c'était précisément là ou il pointait la patte. Il détourna la tête pour observer le soleil, il commençait à monter un peu plus haut dans le ciel. Avec un peu de chance, si le guérisseur arrivait à le suivre, ils arriveraient assez vite aux tropiques pour se désaltérer avant de mourir déshydrater. Sans le regarder, il se remit en marche en lançant :

«  Je vais par là. Il y'a un tropique, plus loin, remplies de fruits et d'un point d'eau. Suis-moi, je t'y emmène, avant que tu ne meurs étouffer. »

Sa voix s'était faite plus cordiale et il essaya de lui adresser un sourire rassurant.

Tu te retournas brusquement, dès qu'un bruit trop marquant t'obligeas à prendre conscience de sa source. C'était un énorme loup doré. Tu le connaissais, mais tu avais toujours craint sa présence. Il était si grand, si massif, que tu avais la délicieusement terrifiante impression qu'il pourrait te détruire en un coup. Il te faisait un peu peur, celui-là. Et sa voix froide te glaças un peu plus. Il n'était pas vraiment du genre gentil, hein...? Tu frissonnas, un peu terrifié à l'idée de le froisser. Mouais, tu aimais bien dire que tu ne jugeais pas sur les premières impressions, mais là, ça te semblais définitivement mal partit pour une relation de confiance mutuelle. Sans vraiment le vouloir, tu baissas les yeux, dès qu'il te parla, regrettant de ne pas avoir croisé quelqu'un de plus rassurant. Tu avais remarqué son regard bleu, et tu n'arrivais définitivement pas à lui trouver ce petit côté cordial qui lui manquait sûrement, vu les premières impressions qu'il t'obligeait à voir.

« Tu t'es perdu ? T'as besoin d'aide ? »

Immédiatement, tu te sentis plus à l'aise. Il n'était pas si méchant, après tout. Secouant doucement la queue, tu le regardas quelques instants, buggant quelques secondes. Disons que c'était déstabilisant, d'être au plein milieu d'une fournaise, avec un loup avec une carrure si grande, sans vraiment avoir d'autre garanti pour ta sécurité qu'il fut du même clan que toi. Mais bon, il voulait simplement t'aider, et même si tu avais du mal à déterminer si c'était gênant pour lui, s'il le faisait parce que tu était une ombre sur son chemin, ou que ton air de chien battu lui faisait pitié. Mais d'un autre côté, tu n'était pas le roi en ce qui concernait le décodage d'émotion dans un personnage si inconnu et avec deux phrases. Dans tous les cas, tu accepterais avec plaisir toute l'aide qu'il pouvait te proposer, ça te permettrais déjà de retrouver ton chemin, et de passer un peu plus de temps avec lui. On ne connait jamais assez bien les loups de son clan, ça oui. Peut-être qu'il avait un cœur aussi doré que sa fourrure. Ce serait joli, et plutôt poétique, tu te disais.

« Je vais par là. Il y'a un tropique, plus loin, remplies de fruits et d'un point d'eau. Suis-moi, je t'y emmène, avant que tu ne meurs étouffer. »

Il avait déjà un ton beaucoup plus sympathique, et tu nota même un sourire. Tu te levas, et secoua rapidement ta fourrure emmêlée. C'était une jolie coïncidence qu'il se rende à la même destination que toi. En même temps, qui aurait quelque chose à foutre dans un désert si ce n'est pour aller aux tropiques? Mouais. Dès qu'il parla de point d'eau, tu ressentis un peu plus le prix de la chaleur. Ce n'était pas une mauvaise idée de s'y rendre au plus vite. Yep. S'il se souciait un tant soit peu de ta déshydratation en avance constante, tu pouvais en déduire qu'il n'avait pas mauvais fond. Tu remarquas plutôt rapidement la présence d'un panier en osier plutôt conséquent, ce qui te laissas encore plus penser qu'il n'y allait pas pour sa personne. Parce qu'il était trop gros pour lui. A moins qu'il soit un gros mangeur. Mais tu était presque sûr que c'était un peu trop pour ne pas tomber malade. En suivant le loup, tu trottinait doucement, faisant tout pour que de tes petites pattes, tu ailles à la même vitesse que lui. Tu lui adressait un sourire timide, voulant rendre votre relation plus joyeuse qu'elle ne pouvait déjà l'être.

« Merci beaucoup ! Ouaaais, j'étais un peu perdu. Ça tombe bien, je comptais me rendre au même endroit. »

Tu fouillas dans ta mémoire du mieux que tu pouvais. Damn, c'était quoi son nom? Eneldë? Quelque chose du genre, ouais. Tu ferais mieux de garder son nom pour toi, il ne serait sûrement pas content que tu l'écorche. T'offrant quelques secondes de réflexion, tu en déduisit qu'il serait plus correct de le vouvoyer.

« Qu'est-ce que vous comptez faire là bas?»

Marchant d'un pas rapide, il entendait le loup qui trottinait derrière. Peut-être devrait-il ralentir un peu l'allure ? Il posa un regard discret sur le guérisseur. Il souriait. Timidement, mais il souriait quand même. Elendë regarda l'horizon et se dit qu'il avait jugé le loup trop vite, ne lui laissant aucune chance de se présenter. Sa timidité peiné un peu le loup-ours, car il se dit que si il avait apprit à le connaître avant de le critiquer, il se serait sûrement montrer plus cordiale à l'égard de l'estival. Il ralentit l'allure contre son gré. Il devait faire un effort pour apprendre à, au moins, le connaître. Les jugements fait à la hâte n'était guère dans son caractère.

« Merci beaucoup ! Ouaaais, j'étais un peu perdu. Ça tombe bien, je comptais me rendre au même endroit. »

Elendë baissa les oreilles et eut un petit rire moquer à cet instant là. Sans pouvoir s'en empêcher, il ferma les yeux et leva la tête vers le ciel pour laisser libre court à ses éclats de rire tonitruant. Si il avait plus gros et sa voix plus rauque, aucun doute qu'il aurait fait trembler le sol ! Il secoua la tête et s'arrêta pour regarder le guérisseur. Un peu perdu ? Il lui semblait pourtant que le pauvre malheureux semblait complètement désorienté. Il ne fit pas la remarquer et il lui adressa un grand sourire moquer, dévoilant ses crocs. Il ne se moquait pas méchamment, mais la remarque de Noah était un peu déplacé.

« Qu'est-ce que vous comptez faire là bas?»

Ohla, doucement, mon gars, pensa l'immense loup doré. Il n'en était pas encore arrivé à l'état de vieillesse et de sagesse ultime, il pouvait le tutoyer. Elendë se tourna vers lui en lui souriant de nouveau, mais plus tendrement, cette fois. Il pencha la tête sur le côté et laissa un petit rire s'échapper de sa gorge. Encore. Il n'aurait jamais cru que ce petit serait si drôle dans ses paroles. Il ne le faisait sûrement pas exprès, mais pour Elendë, c'était un spectacle croustillant à souhait.

« Ho, pas grand chose. Il observa le panier en osier : je m'en vais cueillir des fruits pour les ramener à la tanière des nourrices. »

Il se tourna vers l'estival au pelage beige. Puis il remarqua qu'il ne s'était pas présenté. Si lui connaissait le guérisseur, lui ne le connaissait peut-être que de vu. Car après tout, avec autant de loups et de tête croisés dans une semaine, il ne s'en rappelait sûrement pas non plus. Il se lécha les babines car celle-ci commencés à être gercer par la chaleur, des petits craquements de peau se faisant. Il faillit tirer dessus puis se souvint la douloureuse expérience qu'il avait fait en faisant cela. Tout un bout de peau s'était retrouvé dans sa bouche et une immense douleur avait fait surface. Il ne se rappelait pas si il avait saigné ou pas. Il était si petit et inconscient. Rêveur, il murmura :

« Je suis Elendë, nourrice au service du Clan Estival. Je ne suis là que depuis peu. »

Le grand loup riait beaucoup, tu te disais. Pas au point d'en devenir louche, mais plutôt au point d'en devenir bizarre. Sympathique, mais bizarre. Tu aimais bien ça. Un petit côté amusant. Tu espérais qu'il ne riait pas par gêne, ou quelque chose dans le genre. Mais son visage était plutôt sincère, et si tu l'avait insulté, ce n'est pas avec un rire qu'il t'aurait gracié, ça, tu en était sûr. Au moins, il parvenait à te rassurer. Tu ne pensas pas un seul instant qu'il se moquait de toi, même si tu ne trouvais aucun côté risible à tes paroles. Peut-être qu'il était comme ces drôles de personnages qui riaient à tout, où peut-être que c'était une manière peu commune de manifester une certaine expression. Tu n'en savais rien, mais c'était sûrement bien meilleure chose que s'il grognait à la place. Il ne semblait pas déplacé à ce point, et tu en étais plutôt ravi. Vraiment, un personnage très agréable, et tu n'allais pas tarder à confirmer de plus en plus cette pensée avec un petit dialogue:

« Ho, pas grand chose. Il observa le panier en osier : je m'en vais cueillir des fruits pour les ramener à la tanière des nourrices. »

Comme il te fixa quelques secondes, tu détournas le regard. Tu avais une impression un peu désagréable, tu était plus petit que la moyenne et lui certainement plus grand, ce qui n'avait pas pour aide de te sentir son égal. Nah, tu le jugeais plus comme un grand ours plutôt gentil. Mais en ce qui concernait la force physique, il y avait sûrement une différence colossale. Ceci dit, quelque chose te surprenais en particulier. Cueillir des fruits pour les petits, c'était curieux pour un loup comme ça. Tu lui aurais donné un rang plus attaché à sa carrure; c'était peut-être un de ces clichés que tu avait. Si tu avais été plus fort et plus grand, tu aurais pu en être un, toi. Mais au final, la guerre et tout ça, tu n'appréciais pas vraiment. Rester au chaud dans une tanière de guérisseur, où aller explorer et chercher des remèdes, c'était tout aussi plaisant. Il avait une vie pittoresque, et ça lui allait bien. Au fond, peut-être que lui aussi, il aimait aspirer à la paix. Tu regrettais de n'avoir pas consacré plus de temps à ce loup, puisqu'il te semblait terriblement plus intéressant à l'intérieur, et d'un caractère tranchant terriblement avec son physique. Ce serait une bonne chose, de s'en faire un ami.

« Je suis Elendë, nourrice au service du Clan Estival. Je ne suis là que depuis peu. »

Tu ralentis légèrement le pas. Nourrice...? A vrai dire, tu étais extrêmement surpris. Tu savais qu'il n'était pas un tueur ou un soldat, ça oui, pour perdre son temps à s'occuper de petits. Mais tu ne l'imaginais pas nourrice. C'était... Surprenant. Très, très, surprenant. Mais tu avais apris autre chose, son nom. Tu le nota, le grava profondément dans ton esprit. Tu ne voulais pas le perdre de tête, ce serait regrettable. Tu le murmuras trois fois, d'une manière inaudible, puis reporta ton attention sur le loup.

« Tiens, c'est bizzare. Enfin, je veux dire... Qu'un loup avec une carrure comme toi soit nourrice... Sans vouloir te vexer, hein ! Ce que je veux dire, c'est que... »

Bordel. Ça t'avais échappé. Des mots pas très corrects, et qui allaient semer la discorde entre vous deux si tu ne te rattrapais pas. Tu ne laissas pas la panique te gagner, et réfléchis rapidement à ce qui allait te venir à l'esprit. Quelque chose en particulier, qui t'avais titillé lorsque tu avais enregistré cette information, qui te replongeas quelques secondes dans ton passé. Tu ne voulais pas repenser à tout ça, non, ce qui t'avais attiré, c'était cette vielle ambition qui était noyée dans ton esprit. Tu n'en avais plus rien à faire, tu étais heureux ainsi. Mais tu te demandai parfois, si jamais tu pouvais remonter dans le temps, et parler à ton toi dans le passé, quelle serait ta réaction, à se savoir condamné à devenir ainsi.

« Quand j'étais petit, je voulais devenir un soldat. Mais bon, j'ai vite été dans une impasse. Accomplir ce que je voulais en gênant avec ma petite carrure et ma constitution faible, ou alors abandonner mon souhait, me condamné à un rang demandant moins d'efforts physiques. C'est ce que j'ai fait. Mais toi, tu fait ce que tu veux -parce que j'imagines qu'on t'a sûrement pas obligé à devenir nourrice- malgré ce que la nature te donne. C'est bien, c'est ce que je voulais dire. »

Bien rattrapé. Mais bon... Tu aurais mieux fait de te taire. Toi qui es censé réfléchir avant de parler, peut-être t'étais-tu laissé aller bien trop à ton goût. Il ne réagirais pas violemment à tes remarques, tu le connaissais assez pour ça.

« Tiens, c'est bizzare. Enfin, je veux dire... Qu'un loup avec une carrure comme toi soit nourrice... Sans vouloir te vexer, hein ! Ce que je veux dire, c'est que... »

Le loup venait de toucher un point sensible. Peut-être même trop. Elendë respectait les guérisseurs car son père et sa grand-mère en était et ils n'avaient pourtant jamais eu la « carrure » pour cela. Il baissa les oreilles et fronça les sourcils. Il aimait les enfants et il savait que ses proportions posait parfois problèmes, mais il s'en fichait. Quand il sentit Noah s'arrêter, il fit de même et lui fit face, plus imposant que jamais. Il s'assit sur le sable chaud et attendit ses explications, les oreilles toujours en arrière.

« Quand j'étais petit, je voulais devenir un soldat. Mais bon, j'ai vite été dans une impasse. Accomplir ce que je voulais en gênant avec ma petite carrure et ma constitution faible, ou alors abandonner mon souhait, me condamné à un rang demandant moins d'efforts physiques. C'est ce que j'ai fait. Mais toi, tu fait ce que tu veux -parce que j'imagines qu'on t'a sûrement pas obligé à devenir nourrice- malgré ce que la nature te donne. C'est bien, c'est ce que je voulais dire. »

Ses traits s'adoucirent et il releva les oreilles. C'est clair que ce minuscule avortons n'avait aucunement la carrure d'un soldat, ni même le mental. Il semblait si timide et hésitant, un loup ennemi n'en aurait fait qu'une bouchée ! Il haussa un sourcil. C'est ce qu'il voulait dire, mais cela n'avait pas empêcher Elendë de se sentir offensé. Il manquait quand même cruellement de tact, ce petit. Il se releva, se faisant encore plus grand que quand il était assit et fit de l'ombre sur tout le corps du guérisseur. Il baissa les oreilles :

« Hm, bien rattrapé, petit. Quand j'étais petit, je voulais voyager dans le monde entier, partir à l'exploration de nouvel terre. Et moi non plus, ça ne s'est pas fait. Ce n'est pas avec le physique que l'on a tout, mais aussi avec le mental. »

Il n'en dit pas plus, toujours froissé par ses propos. Son rang était la seule chose qui vexé Elen. Cette chose faisait partie de sa vie entière et il n'accepterait pas un mot de travers sur les enfants ou même sur lui. Et là, malheureusement pour lui, Noah venait de mettre la patte sur un sujet sensible. Se renfrognant, il se détourna et reprit sa route sans lui adresser un regard.

« Depêches-toi, tu vas finir griller, sinon. » Marmonna-t-il.

Il accéléra le pas et cette fois, il ne le ralentirait pas. Il était pressé de se débarrasser de lui.

Tu n'aimais pas ça. Tout seul, tu t'étais mis dans une position relativement inconfortable. Lorsqu'il te regarda avec ces yeux-là,tu avais tout simplement envie de disparaître, et tes oreilles se baissaient lentement. Il avait raison de se mettre en colère, il ne connaissait pas assez son clan pour ne pas se sentir agressé, et tu n'aidais à rien à ce qu'il se fasse à sa nouvelle vie. Tu déglutis, lorsqu'il s'assit. Il était vraiment grand, et pourrait te tuer très facilement. Tu te sentais à nouveau comme l'animal apeuré face à un prédateur à l'emprise beaucoup trop appuyée. M'enfin, ce n'était pas à toi de le juger. Tu devais simplement te taire, ne rien rajouter, et attendre que le mauvais passe. Mais il semblait être bien long à la détente, lui. Peut-être qu'il ne te laisserai pas le pardon, ce qui s'annonçait être plutôt fâcheux pour ta personne.Avec toute cette discussion, tu avais déjà tout gâché; et tu te senti vite las de ta maladresse. Un peu habitué, mais ça ne t'empêchais pas d'en souffrir un peu plus.

« Hm, bien rattrapé, petit. Quand j'étais petit, je voulais voyager dans le monde entier, partir à l'exploration de nouvel terre. Et moi non plus, ça ne s'est pas fait. Ce n'est pas avec le physique que l'on a tout, mais aussi avec le mental. »

Malgré ce qu'il disait, il semblait bien frustré. Tu baissas les yeux, ne désirant pas le froisser un peu plus. Disons que ce serait mieux de ne pas plus mettre les pattes dans le plat. Mais tu te demandais juste comment tu allais te faire pardonner. Il ne t'accorda pas un regard de plus et recommença à marcher. Tu étais un peu déçu de toi-même, n'arrivant pas à rejeter un peu la faute sur lui. Certes, c'était toi l'élément déclancheur, mais un autre l'aurait considéré comme fautif. Il n'avait peut-être pas à s'énerver pour si peu. Du moins, c'était ce que tu te disais, un peu, pour te rassurer, quelque part. Mais ça ne marchait pas. Et tu le savais bien, tu ne pourrai pas dormir tranquille en sachant avoir blessé un compagnon de clan, ça non. Tu n'avait pas pour habitude de dormir sur tes deux oreilles quand tu était frustré par quelque chose. Un petit côté capricieux qui te tenait éveillé jusqu'à ce que la fatigue te calme. Mais tu devais juste agir, maintenant.

« Depêches-toi, tu vas finir griller, sinon. »

Définitivement, il était très froissé. Il marchait plus vite, avec ses grandes pattes. Et ça t'énervait un peu, parce que tu devais accélérer beaucoup pour pouvoir le rattraper avec les tiennes, beaucoup plus fines et petites. Rapidement, tu en eut le souffle coupé. Tu n'était pas très endurant et sportif de base, et tu ne voulais pas qu'il te dépasse comme ça, et que vous vous quittiez sur ce genre de sentiments. Parce qu'après, ça pourrait très bien ne pas s'arranger. En quelques bonds, tu le dépassa, avec un de ces efforts qui te donneraient des crampes très rapidement. Un instant, un éclair de pensé te traversa, et tu remarquas ton comportement enfantin. Mais tu ne pouvais juste pas le laisser comme ça. Et puis, s'il aimait les enfants, ça ne devrait pas le gêner. Enfin, tu crois. Tu espérais que c'était rattrapable. Et comme tu venais de lui couper le chemin, tu savais d'avance qu'il faudrait que tu te hâte si tu ne voulais pas l'énerver encore plus.

« Je suis désolé ! Je ne voulais vraiment, vraiment pas te blesser.»

Très argumentatif et convainquant, n'est-ce pas? Oh, tu allais le faire fondre avec ça. Sérieusement, tu devais juste... Réfléchir. Mais ça ne voulait vraiment pas venir. Toujours sans le regarder dans les yeux, tu rajoutas quelques maigres choses qui pouvaient peut-être pencher la balance de ton côté:

« C'est juste que parfois, je dis des choses sans réfléchir. Désolé...»

Tu baissas la tête, tes oreilles aussi, avec un regard de chien battu. Tu n'était pas triste au point d'avoir cet air, mais s'il aimait les choses mignonnes, ça avait une chance de marcher.

Elendë avançait à grand pas, bien décidé de ne pas l'attendre, cette fois. Il ne se sentait pas vraiment froisser, mais le critiquer sur son physique, c'était franchement irrespectueux de sa part. Il baissa les oreilles et fonça droit devant lui, son panier en osier se balançant entre ses dents. Ses grosses pattes foulaient le sol chaud et il commençait à transpirer horriblement. Noah se mit soudainement devant lui, lui barrant la route ; il dut freiner d'un coup. Posant ses grosses fesses sur le sable, il roula des yeux. Et aller, encore des excuses ! Elendë poussa un soupir qu'il voulut discret. Il le fixa intensément, espérant l'intimidé.

« Je suis désolé ! Je ne voulais vraiment, vraiment pas te blesser.» 

Il allait répliquer sèchement, puis se ravisa. A quoi bon être méchant avec ce petit ? Il avait tout simplement était maladroit, voilà tout. Malgré lui, il poussa un second soupir et se releva, faisant de l'ombre sur le beige. Il inspira longuement avant de faire une moue. Bon, ok, il voulait bien le pardonner. Il releva les oreilles, l'écoutant se confondre en excuse.

« C'est juste que parfois, je dis des choses sans réfléchir. Désolé...» 

Le guérisseur baissa les oreilles et fit le malheureux. Elendë le regarda de haut en bas. Il semblait bien vieux pour faire ce genre de moue, ce qui lui valut un sourire moqueur. La nourrice se releva, secoua son pelage trempé de sueur, puis inspira de nouveau, gonflant son ventre d'air, puis souffla d'un coup.

« Je ne t'en veux pas, mais la prochaine fois, réfléchis avant de parler. »

Elendë regarda le soleil, puis l'horizon, percevant l'ombre des cocotiers et des palmiers. Il sourit et se remit en marche. Ouf, ils étaient enfin arrivés. Il avait cru mourir de chaud, ici ! Encore un peu et il finissait grillé. Surtout avec le guérisseur. Il observa son panier, puis réfléchit. Il se poserait peut-être une journée entière là-bas, profitant de la douceur de la nuit, puis repartirait le lendemain matin. Il plissa les yeux, puis dis.

« Nos chemins se recroiseront sûrement, Noah. C'était une joie de partager ce bout de chemin avec toi. »

Malgré qu'il ne l'apprécie pas plus que cela, il restait tout de même et lui adressa un sourire doux. Puis il leva la patte et pointa le point d'eau en riant doucement.

« Vas te désaltérer, avant de mourir de chaud. Et surtout, fais attention de ne plus te perdre. »

Elendë lui adressa un clin d’œil et partit à la recherche de mangue, laissant le guérisseur à ses taches.

Avec un sourire moqueur, il se redressa. Oh, bien sûr, il ne t'impressionnait plus; quelque part tu avais fini par t'habituer à son air de géant. Bien que tout de même, tu auras toujours ce petit côté nerveux quand tu le vois ainsi, énorme loup colossal face au très court sur patte et maigre Noah. Le soleil tapait définitivement trop pour toi, tu choisis alors doucement de rafraîchir ton corps. Le courant d'air frais que toi seul pouvait ressentir s'empara de tout ton corps, et le lourd soleil bientôt te parut aussi réchauffant que si l'on avait été en plein hiver, alors que tu était presque en train de trembler, mais que sa chaleureuse emprise t'embrassait. Tu eut quelques instants une once de pitié pour l'énorme loup, avec tout ses poils dorés. A vrai dire, ton pelage était très fin, et ton pouvoir te permettait définitivement de ne pas suer, comparé à lui qui te semblait très désarmé face à l'intense chaleur.

« Je ne t'en veux pas, mais la prochaine fois, réfléchis avant de parler. »

Il n'avait pourtant pas l'air de croire lui-même ses propos. Pourtant, vous vous remirent à marcher dans un lourd silence. Tu était un peu gêné, mais tu commeçais à te sentir encore plus mal à l'aise du fait qu'il semblait ne pas pardonner un mot de travers. Après tout, les petits doivent bien lui faire des remarques; et tu pouvais tout autant faire des erreurs. On te pardonnait souvent, alors tu devait avouer que tu n'était pas satisfait qu'on ne le fasse pas; surtout aux vues du peu d'erreurs que tu faisait. Ceci dit, tu te savais coupable et tu ne pouvais que t'en blâmer. Plus loin, tu distinguait avec sûreté l'ombre des arbres du désert. Tu jetas un coup d'oeil vers le loup doré; il semblait les voir aussi, et tu était satisfait que ce ne fut pas un simple mirage. Plus que quelques minutes, et tu pourrais profiter de l'endroit, pour repartir tôt dans la soirée, là où la température était acceptable, avant d'atteindre les terres estivales plus douces, où le froid ne te tuerait pas.

« Nos chemins se recroiseront sûrement, Noah. C'était une joie de partager ce bout de chemin avec toi. »

Tu lui accorda un petit sourire. A vrai dire, malgré tout ce qui s'était passé, tu était tout de même heureux d'avoir découvert un loup si sympathique. Il sembla beaucoup plus sympathique, et tu commençais à comprendre pourquoi les louveteaux l'appréciaient tant. On aurait dit... Une sorte de gros nounours. C'était sûrement la meilleure nourice qu'ils ne pourraient jamais avoir.

« Vas te désaltérer, avant de mourir de chaud. Et surtout, fais attention de ne plus te perdre. »

Tu te dirigeas vers le point d'eau, et bu normalement; tu ne sentait pas forcément la chaleur qui te hurlait d'aller boire. Ceci dit, le doré n'avait pas conscience de ton pouvoir, alors tu était tout de même presque heureux de savoir qu'il s'inquiétait un tant soit peu pour toi.

« On se reverra, j'en suis sûr ! A la prochaine fois. »

Et tu ne tardas pas à te séparer de lui, cherchant des herbes médicinales. Plus tard, dans la soirée, tu rentras au camps, à moitié satisfait de cette journée, mais surtout, très fatigué. Tombant rapidement dans un de ces sommeils sans rêves, mais agréables tout de même.