feat Legolas
L'aube s'était pointée, quelques heures auparavant, encourageant les matinaux à ouvrir les yeux et admirer la nouvelle arrivée du jour. Il chassait la nuit, dans un silence qui en disait tout aussi long que le retrait de la dame des noirceurs dans une agonie qui se répétait sans cesse. Le cycle des jours et des nuits étaient vicieux, c'était ce qui fascinait tant le borgne qui avait veillé la nuit. Son unique oeil valide avait regarder le ciel sombre se nervurer en des teintes plus douces, chasser ou éteindre les étoiles lorsque ces vagues colorées les touchaient. Ce spectacle le fascinait de plus belle. Il s'était toujours demandé qui avait instauré un tel cycle qui plongeait tantôt les êtres vivants dans l'euphorie de la lumière, tantôt les remplissait de peur dans les ténèbres. Pour le LibreLune, bien que cette question pesait dans son esprit, il n'en déduisait, à chaque fois, que cela avait été régi par les dieux. Que ce soit les siens ou d'autres, il fallait une puissance divine pour enchainer ces aléas répétés en 24 heures.
S'ébrouant légèrement, il se décida à se relever. Lucian commençait un nouveau cycle de la vie, un jour pour être plus précis. Chaque heure il la décomptait sur son âge. Il avait déjà atteint, il y a quelques jours, l'âge de sept ans. Il paraissait plus jeune, plus enthousiaste, mais, lui, il le savait. Il sentait son corps qui changeait, son esprit devenir plus sage, abandonner l’enthousiasme maladif des jeunes canins. Soupirant, il se glissa en bas de son perchoir de roc et de mousse. Il devait s'en aller, il était attendu.
Marchant entre les quelques pièges tendu par ce lieu dit des Falaises de Sérégon, il se devait de partir. Il avait pu admirer le jour se pointer au-dessus des falaises et de la mer, il avait tant admirer ce spectacle en ce lieu qui lui engendra la perte de son oeil droit ... Et pourtant, jamais il n'avait tenu rigueur à cela. Il se souvint de la cause de la cicatrice qui lui léchait le côté droit de son visage. Il se revoyait là, au bord, attendant sa douce Tayla. Il l'avait tant aimée, tant adorée. Mais aujourd'hui, elle n'était plus de ce monde. Alors que ce jeune couple avait discuté, fêtant leur retrouvailles à coups de lèches et papouilles, des solitaires étaient venus. Nombreux et peu à la fois, ils défirent la tueuse estivale et le solitaire impétueux que Lucian était. Idiot, tel avait été le mot qu'il l'aurait qualifié ... Bondissant, tuant, griffant, il tua grand nombre de ces adversaires en quête de vengeance à l'égard de sa douce. Mais, le dernier fut le symbole de sa perte. Le chiquant par la peau du cou, les deux mâles chutèrent, tombant dans l'abime des falaises, fracassant les flots de leur chute.
Secouant la tête, le mâle beige chassa ses sombres pensées. Il avançait. Il ne devrait arriver en retard. Quittant le sol de roc, il s'aventura dans les parterres d'herbe et de fleurs de la saison. Lucian quitta rapidement, à grandes enjambées et sauts, les terres inoccupées.
Le cycle du soleil avançait à grand pas, et enfin, le vieil LibreLune atteignit sa destination. Il venait pour sa première mission avec un autre de ce clan secret. Jusqu'à présent, il n'avait côtoyé que Shaman, qui l'avait soigné et permis de ne mourir des blessures imposées par les falaises lors de sa chute. Il se souvenait aussi de Tsume qui avait été sa première rencontre sur les terres estivales. Il avait longuement parlé avec lui, sur la plage ardente estivale, à l'abri dans l'ombre des palmiers. C'était assez vieux comme souvenir, mais toujours présent. Ce n'était que lorsque Lucian s'en alla dans son idée de stopper la guerre saisonnière, quant il rentra dans cette secte qu'il découvrit la vérité sur le loup gris, bien qu'il n'est où l'occasion de le revoir. Et enfin, le dernier LibreLune était un mâle qu'il ne pouvait voir, Requiem ... A cette unique pensée, un grognement s'échappa de sa gorge, provoquant un ricanement de la part de la peluche prisonnière de sur la queue du beige.
- Tant de rancune pour un sombre passé avec cet être ... Je me souviens quand tu ...- Silence Reron, je ne suis pas d'humeur à rire de tes sarcasmes.
La drôle de créature le regarda et se mit à sourire davantage.
- Tu pris de faire cette mission avec un autre que cet idiot, n'est ce pas ?Chaque "s" prononcé était sifflé tel un serpent qui prévenait de son arrivée lugubre et parfois mortelle. La peluche avait raison. Lucian espérait qu'un autre que Requiem soit son compagnon de quête. Une dame, pourquoi pas. Il y en avait peu dans la guilde et, le mâle beige regrettait ses contacts avec les louves.
La forêt orientale défilait dans ses yeux, se reflétant davantage dans celui devenu d'un gris laiteux, dépourvu de la moindre étincelle de vie. Cet oeil était devenu le symbole de son renouveau, la perte de l'ancien lui. Il avait retrouvé ses souvenirs dévorés par sa folie colérique, il était revenu des morts apporter un regard nouveau sur ce monde touché de calamités. Les arbres hauts se profilaient. Les oiseaux chantaient tandis que le canin se faufilait telle une ombre. Si la forêt était la vie, il était la mort. En effet, il marchait comme elle, silencieusement, sans faire bruisser la moindre feuille, et il frappait ses proies ou autres êtres vivants, sans qu'ils ne s'y attendent. Une manière de procéder qui lui était propre.
Lucian parvint enfin à destination. Le temple de Bandhï apparu enfin, sombre souvenir d'anciens mondes, il était fier de ses ruines qui attirait bien des regards de son côté. Et aujourd'hui, ce serait celui des LibreLunes. Cherchant du regard son compagnon de quête, le mâle abandonna son pas silencieux pour celui un peu plus bruyant, pour faire sortir l'autre canin. Il ne ut se repérer à l'odeur, le vent n'était pas en sa faveur aujourd'hui, il devrait donc se débrouiller. Ce fut ce qu'il pensa lorsqu'une silhouette quitta un abri. Un jeune mâle aux teintes beiges et marron venait d'apparaitre devant lui.
-Salutations, mon nom est Legolas, disait-il, inclinant la tête sur le côté en signe de respect.
- Je me nomme Lucian, enchanté Legolas.
Voilà donc son compagnon de quête ... Il n'y avait nul doute sur l'identité du jeune. Le plus âgé des deux s'était rapproché de lui et, il sentit son appartenance, ce fut ce qui lui permis de donner un peu de confiance en ce jeune LibreLune.
- Et si l'idée te vient, ne me vouvoies pas. Je suis âgé mais pas au point d'être considéré comme un ancêtre.