Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

I see a little part of your


world ...

Le temps était à l'orage, les éclairs zébraient au loin le ciel. mais au-dessus de cet ancien champ de combat, le ciel restait aux teintes bleutées, zébré de par des trainées nuageuses. C'était un temps de sortie jusqu'à ce que les Cieux déversent leur Colère sur les terres où bien des canins tombèrent dont le tyran Oxymore. Le sol s'abreuvait du sang de ces malheureux tombés sous les crocs et griffes de compères canins, sous le regard de leurs compagnons d'infortune. C'était un endroit si lugubre, si reculé et si triste. Le mâle, seul être vivant à des kilomètre, trainait sa carcasse au sol. Il souffrait mais nulles plaintes ne sortirent de sa gueule en sang. Son oeil droit était plongé à jamais dans la vision du néant, des ténèbres tandis qu'il pleurait encore et encore du sang, comme toute la partie droite du visage du malheureux. La terre buvait son sang, si bien que les trainées qu'il avait laissé depuis les Falaises de Sérégon, s'étaient effacées lorsqu'il avait pénétré sur ce territoire de guerre. Lucian avait déjà livré combat, il en avait chuté avec son dernier ennemi depuis la plus haute falaise des terres neutres. Nul n'en réchappait mais, les vagues encontre-bas semblèrent en avoir décidée autrement avec le mâle beige qui fut recraché sur le sable d'une des plages aux pieds des murs de rocs. Il avait trouvé courage et, dans sa silhouette ensanglantée, il avait quitté la forteresse au-dessus des mers, s'en allant vers où ses pattes fatiguées et trempées le guideraient. Il avait alors atterri là, sa queue frottant sur le sol, trainée tel un boulet au corps du mal en point. Ses cheveux, autrefois en une belle natte, s'étaient défaits d'elle, trainant au sol et s'embourbant de la boue, des branches et feuilles qui s'étaient échouées sur le sol. Mais rien ne semblait importer au canin qui s'effondra alors sur le sol qui aspira son sang coulant énormément.

La peluche aux teintes orangées était tout aussi sale que la chevelure améthyste du LibreLune qui avait fait serment il y a peu. Reron semblait avoir quitté le corps de mousse, son esprit semblait être parti dans le monde où il devrait se trouver : l'Au-Delà. Mais, ce n'était le cas, une des pattes de la créature bougea puis elle se releva dans un râle, crachant de l'eau salée. Elle posa son regard sur le corps de son compagnon de voyage. l'inconscience l'avait jusqu'alors empêché de voir le désastre parcourant l'être qui le portait depuis le bout de sa queue.

- Lucian ... Commença la bienheureuse créature sans la moindre trace de bataille sur son corps de tissus et de mousse, mais, elle ne put continuer.
- Silence Reron.

La peluche sursauta. Elle n'avait l'habitude d'entendre la voix du canin, lui qui le faisait taire d'un mouvement de la tête, d'un grognement et non par des mots. Elle garda le silence, plissant ses deux petits yeux de tissus et de boutons. Il n'aimait guère ce qui se tramait mais depuis que le mâle beige était devenu un LibreLune, toutes leurs existences avaient été chamboulées, tel un séisme venant agiter les fonds marins et provoquer les tsunamis. Cette comparaison dans l'esprit de la peluche la fit sourire et rire, encore et encore.

Le loup lança à peine un regard au rigolo qui s'agitait sur sa queue trainante. Il avait trouvé des chaines d'or, ou plutôt, il les avait troqué avec un solitaire marchand, contre quelques proies. L'étranger avait payé bien chair pour de la nourriture mais, cela n'avait que trop arrangé Lucian qui avait pu ainsi fabriqué un équipement nouveau et très joli bien qu'il attirait un eu trop les regard malgré sa nouvelle mission. Mais en cet instant, le doré semblait avoir perdu de sa luminosité, laissant place à des couleurs ternes aux tâches écarlates. Des blessures causées par les crocs de les Falaises de Sérégon parsemait son corps affaiblit, c'étaient elles qui entravaient la beauté qui pouvait émaner du mâle ...
Dans un long soupire, les pattes du mâle cédèrent et il s'écroula au sol. Il était toujours conscient mais sa vue faiblissait. Les bords du paysage désolé qu'il voyait se rétrécissait, rognés, dévorés par des ténèbres qui semblaient rire de son infortune. Mais malgré cela, il vit la tache grise et noire s'avancer vers lui. Un autre canin venait à lui ...

La tempête extérieure faisait rage. Le vent arrachait les moindres feuilles fragiles qui ne pouvaient se retenir aux branches de leur mère. C'était un spectacle d'un beauté inouïe mais d'une cruauté que le monde semblait vouloir la cacher par un ciel dénudé de la moindre lumière. Hors de cet abri d'infortune, les ténèbres planaient, arpentant les chemins que certains animaux, pris de courts, se retrouvaient à fréquenter. Maudits ombres, elles étaient désireuses d'envoyer dans la Mort et l'Oubli les malheureux qui ne l'avaient vu venir. Lucian voyait cela comme la pire des morts : chuter, se fracasser les os tandis que les cieux se déchirent, et à la fin de la tempête, n'être qu'une carcasse que personne ne viendra pleurer. C'était un oubli, et cela, le canin ne pouvait le concevoir. Chaque mort se devait d'avoir une sépulture, qu'importe ses méfaits et bienveillances faites en ce bas monde. Il en avait besoin, pour rejoindre l'Au-Delà, pour rejoindre ses ancêtres morts auparavant.
Les paroles de l'ours gris, ou plutôt du mâle au pelage hirsute qui s'était laissé auprès de lui, veillant après l'avoir guéri, l'intriguaient. Lucian l'avait senti et le savait que c'était un membre de sa guilde, une secte secrète que seul les plus hauts placés des clans en connaissaient et cueillaient leur connaissance face aux LibreLune. L'unique oeil valide du blessé le regarda. Shaman était passé au peigne fin, comme si on recherchait de lui les oeufs d'une puce farceuse qui contaminerait de son engeance bien des pelages. Des tatouages tribaux, des bijoux d'os, des oreilles tombantes comme il n'avait pu en voir énormément malgré tous ses voyages. Mais, ce qui l'intriguait le plus, était cette queue. Elle était comme la sienne, longue, mais contrairement à sa queue, elle était recouverte sur l'arrête dorsale de nombreux poils longs, qui tombaient dans une grâce digne d'un dieu. C'était quelque chose de magnifique. De plus, il se dégageait une aura des plus agréables et intrigantes de cet être à l'âge d'apparence plus avancé que la vérité ne l'était. Les yeux aveugles brillaient, s'illuminant lorsque les premiers éclairs pourfendirent le ciel noir.

"Remercie Mère pour m'avoir guidé sur tes pas. Excuse moi Reron, j'ai l'habitude des esprits compliqués. Mes yeux sont aveugles, mais je devine bien des choses. Ton âme était elle si tourmentée qu'il en faille détruire ton corps ?"

Lucian laissa le silence s'emparer dans l'abri. Il réfléchissait. Du moins, il donnait cette impression tandis qu'une tempête faisait rage en lui. Le coup sur son visage avait été violent, il ne se souvenait que de certaines parcelles de ce qui avait entrainé sa chute des Falaises de Sérégon. Il fit un bond en revoyant le visage épeurée de Tayla qui hurlait son nom, tandis que le vide l'entrainait dans sa chute. Il se revit tomber, encore et encore, un autre mâle prêt de lui qui hurlait tandis que lui, il laissait le silence panser ses babines ...

- Je n'ai pas sauté par plaisir ...

Il se stoppa et posa de nouveau son regard borgne sur l'aveugle.

- J'étais pris dans un combat, et j'ai chuté ...

Lucian laissa sa tête tomber sur le sol dans un soupire. Il ferma son oeil valide, l'autre étant bandé, il ne savait si il l'avait fermé. Il soupira de nouveau, comme lassé de cette situation. Les âges semblaient l'avoir rattrapé d'un seul coup, creusant son visage bien plus qu'à l'accoutumé.

- J'ai abandonné celle que j'aimais ... Pour elle, je ne suis plus, je ne suis qu'un mort dévoré par les eaux tortueuses aux pieds de falaises de Sérégon.

Il rouvrit son oeil et regarda le vide.

- Qu'il en soit ainsi, je serai qu'un piètre fantôme. A prêt tout, nous le sommes tous, nous, les LibreLunes.

Il tourna légèrement sa tête vers l'aveugle. Un sourire étrange flottait sur ses babines. Reron le remarqua bien qu'il était occupé à détailler l'autre âme morte qui habitait la peluche du nom de Kyo.

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