Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Quelle belle nuit. La lune dans son croissant trônait fièrement au centre d'un ciel parfaitement semblable à une page blanche sur laquelle on aurait déversé un peu trop d'une encre bleue nuit, les mots se mélangeant entre eux et formant un fond unique parsemé de quelques tâches blanches. Les fourriers Printaniers s'activent désormais un peu partout dans les différents territoires même si ceux appartenant aux Saisons conservent certaines particularités bien à elles. C'est un ciel qui, malgré la présence de plusieurs nuages qui y vagabondaient encore paisiblement, annonçait la venue nouvelle des beaux jours et des saisons chaudes. C'était une nouvelle réjouissante pour les adaptes de l'astre solaire et du doux Zéphyr mais l'assassin qui progressait en ces terres automnales n'en avait que faire de la météo qu'il faisait. Il ne s'attardait pas à la contemplation du ciel, à ses yeux fort pathétique était celui qui le faisait, c'était une activité digne d'un louveteau qui n'aurait rien d'autre de plus intéressant à faire. Mais c'était bien loin d'être le cas du loup brun, si il arriva que ce soit une de ses activités, alors c'est un temps bien révolu qui appartenait à un passé lointain, si bien dissimulé qu'on le croirait inexistant, complètement dévoré par cette flamme folle qui consume depuis longtemps déjà ses iris bleues. L'assassin progressait donc sous ce ciel étoilé, enveloppé dans son manteau nocturne qui permettait cependant à la lune d'éclairer faiblement les lieux à l'aide de ses rayons lunaires.

Lorsqu'il les foulait, les feuilles rousses qui maculaient le sol à quelques endroits émettaient un faible craquement, leurs fragiles nervures se brisant parfois en deux en séparant sans ménagement les deux morceaux craquelés qui retombaient au sol ensuite. C'était une mélodie plus ou moins agaçante, qui cependant, comme toujours, esquissait un sourire jubilant de supériorité sous le museau de l'assassin. Qu'elles étaient bien infimes ces maigres feuilles, à jamais contraintes de subir les passages des canins qui circulaient en ces lieux. Bien que légère, une brise encore fraîche balayait les lieux, se glissant silencieusement entre les branches des arbres dont elle agitait le feuillage doré. La fragrance Automnale imprégnait totalement les lieux, mais à vrai dire ce n'était pas surprenant, c'était là leur territoire. Territoire que Gaia appréciait d'ailleurs tout particulièrement, il commençait à bien le connaître et l'existence de certains lieux intéressants ne lui était pas inconnue, dont l'existence d'un Labyrinthe qu'on nommerait « Le labyrinthe Criant ». Nom attirant à ses yeux, se formant mélodieusement et fendant agréablement les cieux où il s'élevait lorsqu'on le prononçait. L'assassin ne souhaitait pas encore rejoindre les ténèbres qui bercent ses rêves la nuit lorsque le sommeil le gagne, il avait besoin de quelque chose, peut-être ferait-il une agréable rencontre, rencontre qui le mènerait même à une proie qui sait, il verra bien ce dont il aura envie.

Il s'était donc dirigé vers le Labyrinthe, s'engageant tout à fait naturellement en terres automnales sans se soucier le moins du monde de s'il y était le bienvenue ou non. Cela lui importait point. Il longeait maintenant des rangées de bosquets qui s'alignaient le long du chemin qui le conduisit jusqu'à l'entrée du Labyrinthe. La pénombre des lieux mêlée à celle constante de la nuit n'offrait pas une vision idéale et même si se diriger dans le labyrinthe n'était pas chose aisée, on y parvenait tout de même. Le murmure des feuilles raisonnaient en échos entre les haies, comme si elles chuchotaient des choses inaudibles sous le passage du canin, accentuant l'atmosphère pesant des lieux. Atmosphère dans lequel l'assassin se sentait merveilleusement bien. Ténébreux, ombrageux, mystérieux, le labyrinthe était un lieu particulièrement intéressant qui semblait renfermer bien des secrets. Les rayons lunaires dont la chute était parfois coupée par la présence d'un nuage qui dissimulait l'astre, peinaient particulièrement à transpercer les massives haies qui délimitaient les allées éternelles du labyrinthe. Gaia s'attardait peu sur ce manque important de luminosité tandis qu'il progressait calmement entre les allées, son allure s'approchant de celle que l'on utilisait lorsqu'on se contentait de se promener paisiblement. Seulement, il conservait ce maintient qui forgeait sa prestance et ce regard supérieur où valsait toujours cette flamme folle ...

Le silence enveloppait les lieux d'un beau manteau jusqu'ici introublé, il n'avait aucune raison de dissimuler sa véritable nature. Pourtant, alors qu'il s'engageait à un croisement, une fragrance fraîche lui parvint et attira son attention. C'était une fragrance Automnale mais cela ne surprenait point l'assassin, certainement une femelle, à vrai dire, il s'agissait d'un parfum qui ne lui était pas complètement inconnu ... Mais quoi qu'il en soit, c'était une découverte intéressante, visiblement il n'était pas aussi seul que le silence des lieux le laissait jusqu'ici penser. Son sourire aux allures purement sadiques et jubilantes demeura sous son museau tandis que d'un mouvement de tête, il écartait les quelques mèches de sa chevelure rouge carmin qui lui tombaient au niveau des yeux. Qui que soit cette louve, elle l'intéressait beaucoup, surtout si c'était celle que cette fragrance laissait croire. Bien décidé à la rejoindre, Gaia n'eut cependant pas le besoin de poursuivre sa progression dans le labyrinthe en se dirigeant vers la louve puisque, à en croire le parfum, c'était la louve qui se dirigeait vers lui. Ses prunelles bleues balayaient calmement l'allée qui faisait face au loup brun, son sourire jubilant demeurait son son museau et un vif éclat traversa son regard lorsque la nouvelle arrivante émergea enfin de la pénombre, s'arrêtant face à lui non sans un grognement qui lui prouvait qu'elle le reconnaissait également. Il connaissait bien cette silhouette, ce pelage ... Sans cette fragrance il l'aurait presque confondu avec la défunte mère.

- Gaia.

Il darda désormais son regard sur Mystics, la toisant de son habituel regard hautain qu'il n'habillait pas de sa parure mensongère cette fois-ci, la louve le connaissait et ce n'était d'aucune utilité. Il serait mentir de dire qu'il n'était tout de même pas légèrement surpris de la recroiser même s'il le dissimulait. Leur dernière rencontre avait été, c'était le moins qu'on puisse dire, mouvementée, et elle irritait tout particulièrement l'assassin lorsqu'il y repensait. Oh il ne s'était nullement inquiété de l'issu du combat, il se jouait parfaitement de la mort et ne la craignait nullement, il savait parfaitement que malgré les tentatives de la louve elle ne parviendrait à en finir totalement. Cependant, il n'empêchait que ce combat s'était gravé en-lui c'était bien le cas de le dire. Il était encore loin des portes de la mort mais il savait que cela lui avait coûté quelque chose. Mais la louve avait été amusante, digne de sa pathétique mère, et en cette nuit paisible elle pourrait bien être une distraction. Voilà quelques temps qu'il songeait déjà à ce qu'il se passerait lorsqu'il la retrouverait, il ne comptait pas la tuer dans les jours qui suivaient, d'abord il s'arrangerait pour s'amuser un peu avec elle jusqu'à ce que l'ombre de la mort l'attire vers son linceul. Conservant ce sourire fou qui semblait même amusé devant l'attitude de la louve, il ne tarda pas à répondre de son ton habituel, un brin mielleux où se mêlait fourberie et fausse politesse :

- Tiens tiens, Mystics, comme on se retrouve. Je t'avouerai que ta présence me surprend, je ne m'attendais pas à te revoir si rapidement même si ma joie est des plus grandes. Mais j'imagine que de nous deux, tu es la plus surprise, je me trompe ?

Les ombres que projetaient les hautes haies dessinant ce drôle de labyrinthe dansaient sous la lumière de l'astre lunaire qui trônait fièrement dans les cieux. C'était une belle lumière qu'elle offrait au monde cette nuit là, mais son éclat semblait bien infime lorsque quelques nuages joueurs la voilaient le temps d'un instant plus ou moins long. Quelle belle place occupait la lune, spectatrice du moindre évènement, elle contemplait les moindres faits et gestes du monde en-bas. Que cela devait être divertissant, particulièrement lorsqu'elle observait la stupidité du monde des lâches. Un nuage qui semblait stagner devant elle s'écarta alors, permettant de nouveau aux rayons lunaires de la reine de se poser sur le labyrinthe. L'assassin conservait ce sourire amusé et calme, peut-être même un peu nonchalant qui ne s'accordait pas avec l'attitude de la louve dont l'âme de Gaia se délectait totalement. Qu'elle était amusante et si stupide, avec ses griffes noires à découvert et crocs qu'elle lui dévoilait, presque comme un semblant d'avertissement. Cela inquiétait autant l'assassin que le temps qu'il ferait demain. Il se doutait bien que Mystics le savait, après tout on pouvait dire qu'ils commençaient à se connaître quelque peu. En réalité, force était de constater que la louve grise ne se débrouillait pas si mal que ça, elle avait de bonnes notions et de bonnes techniques, oh elle n'était pas une menace au contraire, plutôt une proie amusante, mais elle se débrouillait bien.

Sa dernière rencontre avec elle n'avait pas été un vrai combat, Gaia n'avait opposé aucune résistance et même s'il serait mensonge de dire que sa mort ne l'avait pas irrité, il n'avait pas considéré cela comme un combat. Au final c'était très divertissant d'observer désormais la réaction de l'Automnale qui se rendait compte qu'il était toujours en vie ... Quel dommage doit-elle se dire. Un autre sourire indescriptible se dessina sous le museau de l'assassin. Ces renaissances lui coûtaient un prix non négligeable mais n'avaient pas encore raison de lui et c'était une délicieuse constatation, il jouait avec la mort avec insouciance lorsqu'elle arrivait, il se libérait de ses filets invisibles avec tant de facilitée et lui amenait ensuite une autre proie. Une proie. Merveilleux trophée qu'était la vie d'un loup. L'absence de barrières permettait à l'assassin une totale maîtrise sur la vie de quiconque et qu'il était agréable de décider de qui vivait, qui mourrait, qu'il était agréable d'exploiter cette possibilité. Beaucoup d'entre eux sont trop faibles, de stupides loups plus lâches qu'on ne se l'imagine qui s'imaginent que la bonne conscience s'obtient avec de bonnes actions ... Tant de naïveté cela en deviendrait presque écœurant. La conscience de Gaia est parfaite, nullement affectée, prise de remords ... Remords, encore un mot faible. Qu'ils sont pathétiques ces partisans du bien alors que le mal apporte une puissance parfaite longtemps rêvée qu'il nous permet enfin de saisir.

Qu'importe peu les moyens utilisés pour l'atteindre, une goutte de sang de plus versée n'est qu'une futile conséquence comparée à cette offre si idyllique. Gaia observait les moindres gestes de la louve grise en silence, sans perdre ce sourire qui à l’occasion se trouvait dépourvu de son masque inutile puisque la comédie est connue du spectateur. Bien qu'elle ignore de trop nombreux détails, elle savait qui il était, ce qu'il voulait, ce qu'il avait fait. Il n'avait nullement le besoin de prendre une fausse apparence avec elle et la flamme qui valsait dans son regard océanique se dévoilait complètement, même si elle restait aussi neutre et indescriptible que le reste. Un crissement s'échappa, provoqué par les griffes aiguisées de la tueuse qui s'agitait quelque peu. L'Automnale serait-elle nerveuse ? D'un mouvement de tête, Gaia chassa les mèches rouges qui lui tombaient de nouveau au niveau du museau en dissimulant quelque peu le sourire aux abords jubilants qu'il abordait. Un nouveau nuage passa devant la reine nocturne en affaiblissant les rayons lunaires qui éclairaient quelque peu les lieux mais l'assassin savait que la louve grise l'observait également, d'un regard dépourvu de sympathie qui amusait le loup brun malgré le fait qu'il ne laissait paraître qu'une attitude semblant calme et neutre. De nouveau la lumière s'empara des lieux et il observa avec ce même amusement l'arrogance qui perlait dans les iris de l'Automnale tandis qu'elle formulait désormais sa réponse d'un ton froid.

- Tu es toujours aussi observateur à ce que je vois Gaia. Oui comme tu l'as dit je suis très surprise de te voir en ces lieux, j'avais pourtant l'heureux souvenirs d'avoirs enfoncé mes crocs dans ta gorge et te regarder agonisé. Pourtant tu es là, devant moi, épanoui comme une fleur et tu sembles d'excellentes humeur. Tant mieux, une autre de tes pauvres victimes n'aura pas à subir ton courroux avant quelques heures, ce qui est déjà pas mal venant de toi j'imagine.

Gaia conserva son sourire en entendant l'arrogance désirée qui s'échappait de la réponse de la louve. Elle ne s'en sortait pas trop mal mais elle pensait que ce semblant de provocation avait un quelconque impact sur lui, elle se fourrait la griffe dans l’œil. Quoiqu'il était vrai qu'une part au fond de lui n'appréciait guère l'évocation de leur dernière rencontre et que cela l'irritait un peu, même si rien ne le laissait deviner. Lorsqu'il prit à son tour la parole, il aborda un ton neutre.

- Tu sembles tout aussi perspicace.

L'assassin garda cette apparence amusée tandis qu'il avançait maintenant vers la louve après cette courte réponse qui semblait inachevée. Les rayons lunaires dansaient sur son pelage brun tandis qu'il progressait, les hautes haies bloquant parfois le passage de cette lumière déjà bien infime. Ses longues griffes aiguisées étaient comme bien souvent à découvert mais contrairement à ce que l'on pouvait penser, il ne comptait pas encore s'en servir. Son regard océanique dardé sur la louve grise, il poursuivit sa progression vers elle et ne s'arrêta que lorsque qu'il fut complètement à sa hauteur. Il approcha son museau à quelques centimètres de son oreille, si prêt qu'il l'effleurait presque, et lui murmura comme poursuivant sa phrase :

- A vrai dire, tu me la rappelles beaucoup, mais j'imagine que c'est naturel.

Il recommença de nouveau à marcher avec un sourire jubilant, passant derrière la louve comme s'il décrivait un cercle autour d'elle à la façon d'un prédateur autour de sa proie, et il revint se positionner devant elle avant de darder une nouvelle fois ses prunelles bleues sur elle.