Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Si tu étais dans cet endroit, ce n’était pas pour rien. Tu ne pouvais pas sortir du territoire automnal, et tu n’aimais, de toute façon, pas t’aventurer loin. Trop dur pour toi. Monsieur veut quand même se protéger, c’est qu’il tient à sa peau.  Alors tu t’étais rendu ici, dans l’espoir d’y passer la plus grande partie de la matinée. Ce que tu haïssais le matin. Le seul moment de la journée plus ou moins silencieux que tu n’aimais pas. Le matin, c’était le seul endroit, ou tu pouvais te rendre compte qu’hier n’était pas un cauchemar, et que toi, incapable de partir, tu étais toujours là. Tu n’arrivais pas à mettre fin à cette foutue vie. Pourquoi est-ce que ça t’était si dur ? L’instinct bestial, sûrement. Au fond, tu n’étais qu’une bête, comme tous les autres. Alors à quoi ça servait de se plaindre ? Tu continueras à maudire ton rôle d’Oméga, qui te tord le cœur et t’efface un peu plus chaque jour, mais tu persisteras à ne rien y changer. L’hypocrisie. C’est comme ça. Aujourd’hui, ça ne faisait pas exception à la règle : tu essayais de passer le plus de temps seul pour éviter ça. Te faire taper sur la gueule.

Ouai, c’était la plus rationnelle action que tu pouvais faire pour le moment. Eviter la compagnie, bouger sans bruit sur les feuilles mortes. Comment pouvait-on aimer cette saison, tu te le demandais bien parfois. Les arbres se dénudaient l’un après l’autres, les feuilles roussissaient, comme si elles étaient brûlées. Pourras-tu jamais aimer cette valse intense dans laquelle se livrent les feuilles de ta saison ? C’était sûrement une de tes nombreuses questions qui resterons sans raison pour toujours. Ce monde t’avait juste battu. Alors peut-être que si les choses avaient été différentes, si tes membres ne t’infligeaient pas telle douleur, si tu n’avais pas tant de cicatrices, peut-être que les choses auraient changé ; que tu aurais pu apprécier cette saison. Tu en étais sûr maintenant. Si la colombe était signe de mort et le corbeau de vie, les choses auraient-elles été pareilles ? Non. Mais c’était trop tard. Les choses étaient comme elles étaient, et tu allais vivre, et crever en tant qu’Oméga. Parce que c’était ton destin, ton présent et ton passé. Tu n’aurais jamais autant d’importance qu’un loup chasseur, tu resteras aussi transparent que tu ne l’est déjà. Condamné à rester à ta foutue place d’Oméga, à n’être bon qu’à se faire taper dessus. Ouai, tu ne sers à rien à part à ce que les grands se défoulent.

Tu restais là, planté sur le sol. Assis, à regarder pensivement tes pattes. Tu le faisais tellement souvent. Pourquoi ? Parce que regarder les autres dans les yeux est un signe de provocation. C’était toujours mieux que de provoquer pour te faire taper plus fort dessus. Tes yeux devinrent larmoyants. Parfois, tu restais là, à te demander ce que tu avais fait. Et tu avais envie de rire. Par simple envie de rire. Pas que la situation en appelle à la risibilité, ça, non. Simplement parce que ton cœur se serrait à tu sentais que tu allais exploser de rire. Pour libérer tes poumons de tout cet air pourri. Rien que pour ça, parfois. Mais tu perdais vite ton sourire. Les yeux mis clos, tu avais envie de te laisser tomber. Et si un jour tu ne te réveillais pas, tu te demandais bien à quoi ressembleraient tes funérailles. Une sorte de truc fait simplement pour les bonnes apparences, ou bien rien du tout, ça, tu n’en savais trop rien. Quelle vie pourrie… Quel monde pourri…

Tes oreilles s’agitèrent. Tes pupilles devinrent beaucoup plus fines, tremblantes de peur dans leur orbite. Venait-on te faire bouffer la terre, encore ? Tu tournais doucement la tête, ton odorat, ta vue et ton pouvoir t’offrant tout ce que tu avais besoin de savoir sur le nouveau venu.© By Halloween sur Never-Utopia