Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Cela faisait déjà un moment et ça commençait à me taper sur les nerfs. Comment étais-je arrivé là déjà? Une odeur qui m’avait intrigué, oui. Une odeur qui traîtresse qui m’avait masqué que je faisais mon entrée, pour la première fois de ma vie, sur le territoire des Automnaux. Les Automnaux… ce devait être un piège ou un truc du genre qu’ils avaient monté pour les Printaniers. Pour moi… Non, pas tout à fait, car s’il y en avait dans le coin, ils ne se souciaient pas du tout de mon cas. Du moins je le croyais au début, avant de comprendre pourquoi cet endroit était désert. Un labyrinthe… La première fois que je m’étais heurté aux ronces, un mauvais pressentiment m’avait envahi. Et plus je tentais de sortir, plus ce sentiment se transformait en panique. Un gros labyrinthe, et j’y étais piégé. Il devait être si bien fait que même les Automnaux s’y perdait, et c’était sans doute la raison pour laquelle il n’y en avait aucun. Ce n’était pas grave. Mon instinct m’avait mené si bien au début que je n’en avais pas compris où j’étais, il pouvait donc me faire ressortir.

Après deux heures, il fallut me rendre à l’évidence, j’étais perdu. Heureusement pour moi j’avais encore un recours. M’assoyant sur le sol, je tendis l’oreille, ignorant les cris de bêtes, les sons étranges, et déformés, qui ne devaient servir qu’à faire peur. Rien. Je ne devais pas être assez calme. Je respirai profondément et tentai de nouveau. *Sss… dd… Go… hh…* Je grognai et tapai le sol. ZUT! Les buissons et tout ce qui composait ce satané labyrinthe empêchait le vent de bien me parvenir! Et du coup, donc, l’Esprit ne pouvait pas me venir en aide! Ou alors c’était un tour des Automnaux? Non, impossible… je n’en avais jamais rencontré, comment pourraient-ils être au courant de ça? La plupart des Printaniers eux-mêmes n’en savaient rien. Personne d’autre n’entendait l’Esprit du Vent. Mon cœur s’accéléra, et puis s’arrêta soudainement.

- Bonjour! Qui es-tu?

Je m’étais tellement concentré pour ignorer les sons qui m’entouraient que je ne l’avais même pas entendu approcher! Et à sa voix froide, hautaine, mais pourtant amicale, j’en déduisis qu’il s’agissait de l’un des membres du clan que je tenais à éviter. Un membre qui faisait semblant de se montrer amical pour m’attirer plus profondément dans le labyrinthe? Non… J’étais aveugle, et donc une proie facile, c’était inutile de se donner la peine. Fixant mes yeux vers d’où le son m’était parvenu, je pris une profonde inspiration. Une femelle. Une femelle qui sentait fortement sucrée, une odeur qu’il me semblait avoir déjà reniflée… de la… vanille? Cette odeur masquait pas mal tout le reste, et je ne pus déterminer rien de plus d’elle. Aussi je fis un pas vers l’arrière. Elle était à distance de bond, et je préférerais ne pas me maintenir dans cette zone dangereuse ou des dents pouvaient s’enfoncer dans ma chair à tout moment.

« Pourquoi devrais-je te donner mon nom, Automnale? N’as-tu pas déjà toutes les informations qui te sont nécessaires? »

Mon ton avait été aussi froid que le siens, mais je n’avais su en retirer la teinte de crainte alors que de nouveau je faisais un pas vers l’arrière, ma jambe tremblant légèrement. Peu importe ce qui se passait, je ne donnerais aucune information sur mon clan. Plutôt mourir! Ce qui risquait d’arriver bientôt. Malgré tout, je gardai mon calme, tendis l’oreille. Si elle bougeait, cette fois je ne le manquerait pas.

D’aucun intérêt? Alors pourquoi me parlait-elle, hein? Je restai silencieux. Elle ne m’aurait pas avec ses beaux mensonges. Et puis si j’avais été une fleur ce n’aurait certainement pas été une pâquerette! J’aurais été une fleur de cerisier. J’aimais leur odeur, elle était douce et apaisante. Oui, du cerisier, sans doute, mais en tous cas pas non plus de la vanille. Juste de sentir cette odeur sur elle… Madame Diamonds l’Automnale qui se croit assez maligne pour piéger un Printanier et… Guérisseuse? Peut-être que… aveugle… elle l’avait dit. Bien entendu que ça ne se manquait pas mais… elle n’était pas obligée de le dire! En plein milieu d’un piège à Printanier en plus! Bien malgré moi, un léger grondement s’éleva de ma gorge. Elle allait trop loin… mais après tout, c’était ça, la tâche d’un guérisseur, non? Le grondement mourut lentement. Elle avait pour mission de venir en aide à tout le monde… même les omégas… même les loups des autres clans… J’étais en position de vulnérabilité… Était-elle assez fourbe pour ne pas respecter son propre code? J’étais un ennemi, qui lui en voudrait de m’avoir abattu? Mais je n’avais pas vraiment le choix… et elle semblait honnête… Oh, elle ne m’aimait pas, ça c’était sans équivoque, mais son ton n’était pas faux. Plus calme, mes oreilles s’inclinant de nouveau vers le bas en signe de soumission, un réflexe que j’avais un peu trop facilement, je répondit finalement à sa question.

« Mon nom est Sasayaki… et oui, je suis aveugle, même si tu n’avais pas besoin de confirmation. Je n’ai aucun rang au sein de mon clan car je suis trop jeune, mais je n’en aurai pas plus quand j’aurai atteint l’âge adulte. Je suis bel et bien perdu et j’ai en effet besoin d’aide, celle d’un loup, ou d’une louve, qui connaît cet endroit aussi bien que tu dis le connaître me serait bien entendu utile. Et je suis prêt à mettre de côté mon orgueil de Printanier et à accepter ton aide… Ça veut pas dire que je te fais confiance. »

Comme si ma confiance allait y changer quoi que ce soit. Je sentirais le coup venir, mais il me toucherait quand même, alors peut-être en fait était-ce pire…? De toute façon, maintenant que j’avais parlé c’était à elle de répondre ou non à ma demande directe d’aide. Et moi ce que je pouvais faire, c’était attendre la réponse, tout simplement.

Toujours à l’affut, pas du tout rassuré par les paroles de l’Automnale, je la suivit néanmoins. C’était ma meilleure solution… Même si la simple idée de devoir la vie à mon clan ennemi me répugnait, c’était tout de même une guérisseuse, et je préférais être en vie que mort… Je restai donc un pas derrière elle. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que les ennuis commençaient. Les bruits dans ce labyrinthe étaient traîtres. On ne pouvait jamais être certain s’il y avait réellement matière à s’inquiéter ou non. Mais quand la cuisse de Diamonds heurta mon visage, je compris que les bruits métalliques que je percevais étaient, pour une fois, une raison de s’inquiéter. Ce que la guérisseuse confirma par une description très insuffisante de la créature, mais qui en disait assez pour savoir que je ne souhaitais pas du tout entendre le reste. Il me fallut faire un petit effort pour répondre d’une voix claire et audible.

« Mon pouvoir n’a aucune valeur dans cette situation. Et vue que tu te donnes la peine de demander, je paris que t’es pas mieux que moi. »

Je la suivit à l’abris, ou du moins relativement à l’abris, je supposais, avant d’ajouter :

« C’est marrant, tu connais bien les lieux, et pourtant t’es même pas capable de te défendre contre un monstre. C’est que t’es du genre chanceuse, dans la vie, ou t’as juste menti et t’es aussi perdue que moi? »

Oui, bon j’avoue que ce n’était pas le meilleur moment pour l’insulter, mais ça avait été plus fort que moi. Et puis si j’étais pour mourir, je n’allais pas faire semblant de l’apprécier! Ce qui m’énervait le plus, c’était que je pouvais sentir qu’on était réellement proche de la sortie, mais que maintenant que j’avais accès à mon pouvoir, je n’étais pas assez calme pour l’utiliser! Elle avait intérêt à avoir une bonne idée, parce que je ne croyais pas du tout que notre « cachette » allait duper le monstre très longtemps.