Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

La matinée arrivait, dérobant le royaume qu'avait l'aube, ne laissant derrière elle que le souvenir de sa présence par sa rosée. Le géant cornu marchait dans la forêt, laissant les perles d'eau s'accrocher et lui caresser le pelage lorsqu'il traversait un fourré ou de l'herbe haute. Ses poils devenaient humides mais cela ne l'importunait guère. Il continuait son avancée, regardant devant lui, comme si il suivait un chemin bien défini mais, ce n'était guère le cas. Il laissait ses pas le guider, sans rien se demander. Il ne fallut que peu de temps pour que ses grands pas l’entraînent dans le labyrinthe des terres automnales, son nouveau " chez-soi ".

Ash'Naï se stoppa enfin, regardant les parois ou murs de ronces. Drôle d'endroit, sans doute inquiétant pour les autres mais guère pour lui. Après tout, il venait d'un monde démoniaque où bien des lieux plus sinistres existaient. N'ayant nul peur en lui, il s'aventura dans ce dédale, se fichant de penser qu'il pourrait s'y perdre. Avançant encore et encore, il s'éloignait de l'orée de la forêt pour ce lieu qui lui était encore inconnu. Il marchait silencieusement par rapport à son gabarit.

Le brouillard ne tarda pas à se lever et ses sens devinrent perturbés, chose qui ne le dérangea nullement. Ash'Naï continuait son avancer en silence, se faufilant et raccrochant parfois entre les murs qui se rétrécissaient pour bloquer sa carrure imposante. L'air était lourd et la joie n'était pas au rendez-vous. Il ne lui fallut que peu de temps pour tomber sur un autre automnal. Ou plutôt, une automnale. Il resta caché dans le brouillard épais, ne laissant que sa silhouette se dessiner, après tout, il voyait la louve ainsi. Il garda le silence ...

Le mâle imposant resta à distance d'elle mais, il bougea pas lorsqu'elle s'avança si bien qu'il put enfin la distinguer. Il la détailla de ses yeux rouges écarlates. La louve avait le pelage dans les teintes de grises, de drôles d'accessoires, du moins aux yeux du canin cornu qui n'était pas mal dans son genre.

Il la regardait, gardant le silence. Pourquoi devrait-il lui répondre ? Il n'en savait rien et puis, il n'avait pas envie de lui parler, elle ne lui apporterait rien de spécial. Il détourna le regard et rebroussa chemin, se fichant de la louve, qu'elle le suive ou non, ce n'était pas son problème. Ash'Naï reprit son chemin dans ce dédale. Il partait à la recherche d'une quelconque nourriture, bien qu'il doute qu'il trouverait du gibier mais, sans doute quelques baies, histoire de calmer son appétit naissant. Il aurait du manger et chasser avant de partir à l'aventure de ce monde qu'il ne connaissait encore que peu.

Le cornu cherchait encore et encore de la nourriture. Son ventre criait famine dans des grognements sourds que lui seul entendaient. Il devait faire vite sinon ... Il lança n regard à la jeune louve. Il pouvait la manger mais, les êtres de ce monde, les lupins, n'avaient qu'un très mauvais gouts, contrairement à ceux de son monde ... Il fallait mieux s'abstenir la dernière fois, il en avait été " malade ". Il détourna le regard, apercevant un pauvre lièvre. L'imbécile n'avait pas vu ou sentit les menaces de ses prédateurs mais, Ash'Naï n'eut guère le temps de bouger que la louve détalait après l'animal troublé dans son repas qui laissait derrière lui, dans sa course, une odeur de peur. Le mâle grogna légèrement. Sa " compagne " automnale allait perdre le seul gibier à des kilomètres à la ronde ! Il commença à trottiner, près à partir à fond pour éviter que le lièvre ne leur échappe mais, pas un pouvoir mystérieux, des ronces bloquèrent une patte du terrorisé qui ne connu que très peu de douleur car les crocs de la louve grise plongèrent dans sa chair, l'achevant d'un coup. Elle revint vers le cornu, heureuse de sa prise.

- Pourquoi proposes-tu alors que tu ne souhaites pas le moindre du monde partager ?

Il la fixait avec intensité, son regard luisant dans ce brouillard épais. Il était quelque peu dérangé par l'odeur de sang. Non celle du pauvre lièvre décédé et reposant au sol, mais de celle émanant de la louve qui était près de lui. Il restait calme malgré ce fumet quelque peu envoutant pour son peuple.

L'imposant cornu regarda la louve. Il ne savait que trop penser d'elle. Curieuse créature, elle cachait bien des choses, des secrets. Dans l'esprit du canin, il la comparait aux reptiles géants et ailés, les cracheurs de feu qu'étaient les dragons, cachant leur trésor loin des regards, loin des voleurs. Plissant légèrement les yeux, il la détailla.

- Je n'ai jamais parler de sortir du labyrinthe mais soit, j'accepte cette offrande.

Non loin l'idée qu'il parlait de lui comme étant un dieu avec l'emploi du mot " offrande ", mais, pour lui, lorsque l'on offrait de la quelconque nourriture, c'était perçu ainsi. Il regarda encore la louve puis, il engloutissait le morceau qu'elle lui avait donné, ne la quittant du regard. Sans doute craignait-il que ce dragon montre les crocs et se mette à cracher du feu pendant qu'il mangeait ?

L'imposat canin toisait la femelle qui semblait n'être qu'une fourmi face à sa grandeur et pourtant, il ne se sentait supérieur à elle en aucun cas. Elle était tout à fait normal face à lui mais, elle était plus âgé, de pas grand chose, certes. De plus, l'odeur des petits l'enveloppait ... Elle était déjà mère, de bien des enfants - il ne pouvait deviner le nombre à sa simple odeur -, et la voilà qui se perdait entre les murs et brouillards de ce labyrinthe automnal. C'était assez étonnant qu'elle n'en trouve la sortie, appartenant comme lui, à l'Automne, Maitre de ces terres et donc de cet endroit, de ce dédale immense et plein de surprises.

- Car je recherchais solitude et me voilà en ta compagnie.

Il ne cessait de la regarder, puis, il se redressa un peu et lui fit signe de le suivre.

- Je vais te mener à la sortie ... Pour que tu les rejoignes.

Il faisait mention aux petits qu'elle avait. Ils devaient s'inquiéter pour leur mère si ce n'était pas le cas du père de cette progéniture. Juste la pensée du géniteur fit frissonner le cornu. Lucian. Son propre père qui ignorait son existence. Triste ironie lorsque l'on savait tous les sacrifices que le géant avait fait pour ce paternel ignorant.