Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

■ Falaises de Sérégon

La douce chaleur du soleil caressait le pelage roux d'Azamie. La jeune louve ailée leva la tête et sentit avec bonheur le vent caresser son visage. Jamais elle ne s'était sentie aussi vivante. Là, au dessus de la mer, sur les Falaises de Sérégon, Azamie regardait l'horizon. Le soleil donnait à la mer une couleur dorée. L'air sentait le sel et les flots revenaient, incessant, se jeter contre la Falaise. C'était comme si, depuis des millénaires, l'océan avait cherché à briser la pierre ; comme si, depuis des millénaires, son aimée l'attendait de l'autre côté. Azamie sourit à cette pensée. Elle avait tendance à tout rapporter à l'amour, depuis qu'Akitaka et elle s'aimaient. Sa vie - leur vie - avait pris des couleurs dorées et chatoyantes ; rien ne semblait pouvoir arrêter leur amour. Il était arrivé, aussi fort qu'un ouragan, bouleversant leurs vies, ouvrant à eux un nouvel horizon. Un horizon plein de promesses.

La jolie louve rousse étendit ses ailes, soudainement prise de l'envie de voler. Voler était l'un de ses plus grands plaisirs. Elle les fit claquer dans le vent, éclata de rire et s'envola. Elle était seule, aussi se permit-elle quelques acrobaties. Tourbillonnant avec l'agilité et la grâce d'un faucon, elle laissa le vent chatouiller son museau et enrouler ses longs cheveux noirs comme l'ébène qu'elle avait toujours refusé de couper. Puis elle entama une longue montée vers le ciel. Au fur et à mesure qu'elle progressait, elle sentait ses muscles tirer de plus en plus. Lorsqu'elle se sentit au maximum de ce qu'elle pouvait faire, elle se remit en position horizontale, et contempla la vue qui s'offrait à elle. La plage et les falaises s'étendaient loin, très loin au dessous d'elle. Elle savait quelle chance elle avait de voir ceci, que rares étaient les loups qui auraient l'honneur de voir depuis le ciel. Une fois que ses yeux se furent imprégnés de la magie du spectacle, elle descendit en piqué. Elle dût fermer les yeux tant elle allait vite. Elle les entrouvrit et réalisa alors qu'elle se trouvait à 5 mètres de l'eau. Paniquée, elle tenta de se redresser, mais la vitesse l'emporta. Elle se retrouva sous l'eau, aux côtés d'un poulpe qui semblait la regarder d'un air étonné. Elle lui tira la langue et, avec peine, elle nagea à la surface. Incapable de s'envoler avec les ailes mouillées, elle nagea péniblement jusqu'à la rive. C'était la fameuse plage aux coquillages, dont la beauté était louée par tous les estivaux. Azamie dût admettre que cette plage avait bien le droit d'être un motif d'orgueils. Les coquillages étaient vraiment magnifiques, polis par la mer. Elle décida d'en ramener quelques uns en territoire automnal. Faute de jolies plages, on ne trouvait pas de crustacés et d'animaux marins chez elle. Elle confectionna rapidement un petit paquet avec de grandes feuilles de palmiers et y plaça les plus jolis coquillages qu'elle pût trouver. Elle réfléchirait plus tard à un futur collier. Le soleil avait entamé sa lente descente, et bien qu'il ne se coucherait pas avant plusieurs heures, elle ne tenait pas plus que ça à rester ici, entre les terres neutres et les terres estivales. Son paquet entre les pattes, elle s'envola.

■ Rivière de beauté, quelques heures plus tard.

Azamie avait décidé d'atterrir dans la Forêt Orientale. C'était assez risqué, les arbres étaient nombreux - une forêt, quoi - et leurs branches griffues pouvaient facilement blesser ses ailes. Mais Azamie devenait chaque jour plus habile en vol et atterrit avec seulement une estafilade à la cuisse, qui ne saignait déjà plus. Elle le mit en route, cherchant des odeurs familières. Elle arriva quelques dizaines de minutes plus tard à la Rivière de Beauté.

Elle déposa son paquet sur un rocher et, épuisée, s'allongea par terre. La rivière s'asséchait peu à peu, signe que l'été serait rude. On entendait toutefois le clapotis de quelques truites, et Azamie décida d'en faire son repas. Elle se posta sur un rocher, attendant l'occasion idéale. Elle se présenta rapidement et elle captura ainsi une dizaine de poissons, bien assez pour la nourrir avant de rentrer à la Tanière principale où elle trouverait le gibier ramené par les chasseurs.
Elle sentit alors, plus qu'elle n'entendit, Akitaka, qui devait probablement se trouver non loin d'ici. Son cœur fit un bon dans sa poitrine. Abandonnant coquillages et poissons, elle courut le retrouver dans les bois. Elle lui lécha le visage et murmura :

- Comme je suis heureuse que tu sois là. Tu m'as manqué. Tu n'as pas eu de problème sur la route ?

Elle savait que, tout comme elle, Akitaka était un veilleur. Cela impliquait de longs cheminements, le plus souvent seul, à travers le territoire automnal. La plupart du temps, les veilleurs ne rencontrait jamais de loup ennemi ; mais pour les rares fois où des loups hostiles envahissaient leurs terres, leur métier était indispensable. La plus récente rencontre d'Azamie datait d'il y a plusieurs mois, lorsque des Hivernaux avaient pénétré leur territoire, en quête de renseignements. Elle en gardait un souvenir suffisamment amer pour s'inquiéter d'une possible confrontation entre son aimé et des ennemis. Elle lui sourit tendrement avant d'ajouter :

- J'ai attrapé quelques truites dans la Rivière. Tu en veux ?

ft. Akitaka