Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Qu'est-ce qu'Oxymore faisait là ? Il n'en savait trop rien. Il était tôt et la rosée luisant sur l'herbe accompagnée d'une fine brume qui entourait ses pattes. La forêt était calme et, étrangement, lui même se sentait assez serein. Il avait rarement était aussi posé sans avoir besoin au préalable de se défouler sur quelqu'un ou quelque chose. Il s'était levé et avait quitté la tanière comme une ombre sans faire le moindre bruit et sans déranger sa belle ni ses rejetons. Il chassa bien vite ces derniers de son esprit. S'il était content de voir sa lignée perdurer les jeux bruyants et autres ne l'intéressaient pas le moins du monde. Il jouait bien avec ses enfants de temps à autre et y mettait de a bonne volonté mais il préférait se trouver des excuses et des choses à faire dès le matin. Il échappait à ses obligations et n'en ressentait pas le moindre remord.

Il parvint à la lisière de la clairière. Il n'avait jamais compris pourquoi les printaniers l'avait affublée du nom de Clairière d'Azur. Elle n'avait rien de bleu, elle était verte comme se le devait tout endroit couvert d'herbe et non pas bleue. Ces loups fleuris lui tapaient assez royalement sur le système. Lui qui avait toujours vécu en solitaire se trouver ainsi propulser à la tête d'un Clan était tant une bonne qu'une mauvaise chose. Il n'avait plus pour lui sa délicieuse solitude qu'il ne pouvait retrouver que dans des moments volés comme celui-ci. Autrement il se devait de supporter les loups printaniers et leurs réclamations. Même lorsqu'il partait en patrouille il finissait par en trouver un ou deux pour traîner dans ses pattes. Et puis, il devait gérer les solitaires qu'ils avaient enrôlés. Ils ne parvenaient pas tous à se faire à la vie en meute et lui créaient des ennuis. Heureusement qu'avec Moune ils avaient suffisamment de poigne pour les empêcher de se rebeller. Ils étaient ici de leur propre chef si l'on prenait les choses au pied de la lettre. Ils devaient se conformer aux règles du Clan qui les avait si aimablement recueillit.

Le grand loup noir avisa soudainement un mouvement sous les arbres, de l'autre côté de la clairière. Y aurait-il encore des loups prudents et capables de rester dissimulés ? Un léger sourire se dessina. Un sourire qui n'était pas forcément de bonne augure pour qui le connaissait bien. Le Monstre sortait lentement de sa torpeur, se demandant ce qui pouvait bien réveiller l'intérêt de son maître. Le Prince des Ténèbres avait bien envie de jouer mais, des fois que le loup au pelage prune ne soit des siens... Il devait s'assurer de son identité avant de faire quoi que ce soit. Il garda ses yeux d'obsidienne braqués sur le nouveau venu, le détaillant rapidement. Si, il le connaissait. Il l'avait déjà rencontré lorsque sa belle lui avait présenté ceux responsables de leurs basses besognes. C'était un Tueur. Dommage, pas de bain de sang aujourd'hui. Oxymore s'avança jusqu'à l'espace découvert, ne lâchant toujours pas le loup des yeux. Il n'était pas supposé être une menace mais on se savait jamais. Il guettait sa réaction. Allait-il s'enfuir ou non ?

Oxymore vit le loup prune se redresser. Le Monstre lové dans son esprit se dépliait lentement, voluptueusement, se demandant si son heure était enfin venue. Il avait envie de sang. De ce liquide carmin dont le Prince le privait ces derniers temps, lui qui avait toujours était généreux avant. Les griffes du Monstre crissaient à l'intérieur de la boîte crânienne de l'Alpha tandis qu'un sourire mauvais étirait ses babines. L'autre ne saurait jamais à quel point il avait envie de fondre sur lui et de déchirer sa gorge de ses crocs. La violence lui manquait. L'adrénaline provoquée par la traque et le plaisir mâtiné de déception lorsqu'elle s'achevait par la mort de la proie quelle qu'elle soit. Mais il ne pouvait pas laisser le Monstre prendre les commandes. Il n'en avait pas le droit parce que le loup qui se trouvait face à lui était supposé être l'un de ses pions. Voir même plus que ça, un allié. Enfin, pour voir quelqu'un comme ça fallait-il encore reconnaître qu'on avait besoin de quelqu'un. Oxymore n'avait besoin de personne et l'envie de sang se faisait pressante. Dommage qu'il eut fait la promesse à Moune de ne pas faire de victimes dans leur propre camp. Elle seule pouvait le canaliser. Elle seule avait un contrôle, ne serait-ce que partiel, sur lui et le Monstre qu'il abritait en son sein. Cette folie il n'avait jamais vraiment cherché à la combattre avant aujourd'hui et c'en était d'autant plus compliqué. Compliqué mais pas impossible. Il cligna des yeux et chassa ses envies de sang. L'apprentissage du contrôle et de la retenue n'avait pas été simple et ne l'était toujours pas mais cela devenait de plus en plus facile avec le temps. Si le Monstre n'était que tapi et attendait la moindre occasion pour se montrer il l'avait tout de même maîtrisé.
Une pensée l'avait soutenu dans cet effort. Celle qu'il ne devait tuer quelqu'un qui lui ressemblait. Le Prince des Ténèbres se sentait proche de tous les Tueurs. Qu'ils l'aient choisi ou non ils étaient comme lui au final, prenant des vies pour payer la leur. Il n'existaient que pour donner la mort sur ses ordres ou ceux de sa belle. Pour bien des membres du Clan ils n'étaient que des monstres sans foi ni loi. Le sourire était toujours présent sur ses babines, hautain, presque provocateur. Il n'attendait qu'une seule chose, que l'autre le prenne pour lui et lui saute à la gorge. L'envie de sang restait, persistante bien que moins présente. Si l'autre se jetait sur lui ça changerait la donne. Et puis, si ses crocs et ses griffes n'étaient pas suffisants il pourrait toujours user de son don. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait maltraité nulle chaire avec ce dernier. Cela lui manquait moins que les dommages qu'il pouvait infliger grâce à son physique mais tout de même. L'expression de surprise incrédule qu'il pouvait voir se peindre sur le visage de ses victimes avait quelque chose de parfaitement jouissif.

- Personne ne t'as jamais appris à saluer tes supérieurs ?

La voix était mielleuse, pleine de sous-entendus. La menace n'était pas explicite et puis, ce n'était pas vraiment une menace. Le grand loup noir n'acceptait tout simplement pas qu'on put songer ne serait-ce qu'une seconde à lui manquer de respect. Il avait acquis son titre d'Alpha grâce à Moune mais il ne doutait pas une seule seconde d'avoir l'étoffe d'un chef, d'un vrai. La modestie ? Non, il ne connaissait pas. Seuls les faibles sans avenir et qui ne croyaient pas en leurs propres forces avaient besoin de ce cacher derrière cette notion qu'il reniait. Oxymore baissa un peu la tête sans pourtant détacher son regard d'obsidienne de l'autre canidé. Il ne prenait pas une position d'attaquant mais pas une position défensive non plus. Sa queue toujours dressée affirmait sa supériorité.

- A moins que tu ne saches pas qui je suis mais j'en doute cher Pandore.

Le nom du loup lui était revenu tandis qu'il se disait que la couleur de son pelage était vraiment ridicule. Oui, Pandore, il lui semblait bien que c'était ça. La certitude qui perçait dans sa voix n'était pas exactement le reflet de ce qu'il avait dans la tête. S'il s'était trompé il aurait l'air d'un parfait abruti.

Le visage du loup prune ne se fit ni surpris nu outré lorsqu'il prononça ce qu'il pensait être son nom. Excellent. Il était donc tombé juste. C'était parfait. Cependant la réponse qu'il attendait mettait un peu de temps à venir. Presque trop de temps à son goût ce qui pouvait s'avérer relativement dangereux en un jour comme celui-i où le Monstre se faisait si pressant dans son esprit. Mais, chance ou malchance le grand loup noir n'aurait su le dire, Pandore finit tout de même par daigner le saluer.

- Pardonnez mon insolence, cher Oxymore, je préférais vérifier que vous me laissiez le temps de le faire... Mes salutations cher Alpha.

Vérifier qu'il lui laissait le temps de lui présenter ses salutations ? Ce Tueur était peut-être moins idiot qu'il n'y paraissait. Tandis que le vent tournait une odeur de sang se porta à son museau. On avait été à la chasse de bon matin on dirait. Cette douce odeur le fit légèrement frémir. Il n'y avait rien d'aussi délicieux et délicatement parfumé. Sauf le sang des printaniers, gorgé de sucre. Et encore que, trop de sucre n'était pas forcément bénéfique. Il pouvait masquer l'odeur si caractéristique et jouissive de la peur. Mais passons, là n'était pas la question. Pandore conservait toujours une certaine distance entre eux, comme s'il craignait les réactions de son nouveau chef. Il n'avait pas tort de se méfier bien que ce type de réaction attise encore la soif du Monstre. C'était une réaction de proie. Une réaction d'un animal bon à chasser. Il ne s'y laissa pas prendre cependant. Il était face à un Tueur. Ces loups savaient se battre tous autant qu'ils étaient et il serait suicidaire de les sous-estimer.

- Si je puis me permettre, qu'est-ce qui vous amène par ici ? Ce n'est pas tous les jours que l'on peut vous croiser, Oxymore.

Devait-il répondre honnêtement ou non ? Il pouvait certainement. Peu de choses effrayaient les assassins de ce que disait la rumeur. Après la rumeur n'avait pas toujours raison et il aurait été dommage qu'il se privât aussi vite de la distraction que lui offrait le loup au pelage féminin. Parce que même s'ils ne faisaient que discuter de la pluie et du beau temps cela éloignerait le Monstre. Lui qu'il avait laissé si libre de ses mouvements durant toutes ces années ne supportait pas que l'on puisse vouloir le contraindre à rester cacher et à jouer au gentil caniche. Aujourd'hui il était proche de l'implosion et il fallait trouver quelque chose pour qu'il n'y ait aucun mort à déplorer sinon il allait encore se faire attraper par Moune. Il avait horreur de voir la déception qui se peignait sur son visage lorsqu'il lui laissait comprendre qu'il avait bêtement perdu le contrôle de lui même.

- Je profite de la matinée et je suis à la recherche d'intrus. Il est toujours distrayant de trouver des intrus par chez nous. Ils sont ne inépuisable source d'amusement. Tu n'en aurais pas croisé un à tout hasard ?

Si oui peut-être pourraient-ils se mettre en chasse tous les deux. Ça pourrait être plutôt drôle. Un Tueur visiblement friand de sang et un Alpha à demi fou courant après un loup venu les espionner. Le premier à l'attraper gardait le droit de l'écharpiller autant qu'il le souhaitait. Oxymore retint de justesse le gloussement de plaisir qui montait dans sa gorge à cette charmante idée. Semer la mort était ce qu'il y avait de plus stimulant et de plus amusant même s'il ne pouvait plus vraiment s'y laisser aller ces derniers temps. Il était bien trop occupé par leurs préparatifs de guerre. Ils avaient décidé que tout commencerait le premier jour du Printemps. Et ce jour approchait dangereusement. Ils devaient être fins prêts.

- Et puis, il faut bien aussi que quelqu'un veille à ce que chacun est à son poste. Je me suis porté volontaire ce matin. Mes chers subordonnés n'en savent encore rien mais je ne doute pas une seule seconde qu'ils soient à leur poste.

Cette fois-ci la menace était parfaitement perceptible. Si quiconque n'était pas là où il se devait d'être pour participer aux efforts de guerre il aurait affaire à l'Alpha. Et ce n'était pas franchement le meilleur moyen pour rallonger son espérance de vie.

Pas d'intrus ? Dommage. Enfin, que le loup prune n'en ait pas croisé de bon matin ne voulait pas dire qu'il n'y en avait pas du tout. Leurs terres étaient vastes et il n'avait pas dû les traverser dans leur intégralité. Un peu d'exercice ne lui ferait pas de mal. Il avait peur de s'empâter à force de rester aussi inactif. Il parcourait régulièrement les terres printanières mais cela n'avait rien à voir avec les distances qu'il pouvait parcourir par le passé. D'autant plus que, lorsqu'il était encore non loin de son frère, il était bien souvent traqué et ses déplacements se calquaient sur l'avancement de ses suiveurs. Il retint un léger soupir de nostalgie. Toute cette adrénaline lui manquait parfois. Lorka n'avait eu que ce qu'il méritait mais il lui arrivait parfois de le regretter. Enfin, il ne regrettait pas le loup mais plutôt cette adrénaline qui avait couru dans ses veines grâce à lui. Mais passons, ces temps étaient révolus et il n'était pas nécessaire d'y songer encore. Le passé devait le rester. C'était d'ailleurs la voix de Pandore qui l'avait tiré de ses souvenirs et réflexions. L'accompagner ? Pourquoi pas. Il esquissa un léger sourire. A croire que le Tueur avait lu dans ses pensées. Ceci dit, qu'il n'ait absolument aucune occupation l'étonnait. Il faudrait remédier à cela sous peu.

- Je te trouverai de l'occupation mais, en attendant, je veux bien de ta compagnie. Il est toujours plus drôle de faire ce genre de besogne à deux. Nous aurons le temps de discuter en chemin. Si je parviens à mieux cerner tes motivations peut-être pourrais-je te trouver à faire quelque chose qui te plaira.

S'il s'agissait de mort, de carnage et de semer le chaos alors ils pourraient certainement s'entendre. Il comptait déjà envoyer un neutre sur les terres d'Akisa histoire de mener la vie dure aux estivaux. Et puis, des fois qu'Auron parvienne à mettre la patte sur la saloperie de boule de poil rouge qui lui avait filé entre les pattes... Cette pensée fit monter en lui une vague de rancœur et de haine. Il aurait sa peau. Cette fourrure couleur sang ferait une excellente carpette. Sans un mot de plus d'Alpha printanier tourna les talons et partit en direction des fourrés. Direction la frontière avec l’Été. Penser à cette horreur qu'avait engendré la nature lui avait donné l'envie de repartir en chasse. Il doutait que l'estival fut assez idiot pour s'introduire chez lui après l'incident dont il avait été témoin mais on ne savait jamais. Alors que Pandore se portait à sa hauteur Oxymore reprit la parole :

- Penses-tu que si je te lançais à la recherche d'un loup tu serais capable de mettre la patte dessus ?

Lui même ne pouvait pas vraiment se permettre de quitter les terres du Printemps mais il avait une multitude de pattes à sa disposition alors pourquoi ne pas les utiliser ? Ce serait parfaitement idiot. Il avait peu à peu appris à s'en remettre aux autres. Du moins, à ceux qu'il jugeait dignes de le servir. Les yeux d'obsidienne regardaient fixement devant eux, ne cillant pas alors qu'il s'adressait au loup qui cheminait à ses côtés. L'autre ne devait pas deviner ce qu'il prévoyait pour l'horreur écarlate s'il mettait la patte dessus. C'était un secret qu'il ne daignait partager qu'avec le Monstre...

Le Tueur prune soutenait la cadence apparemment sans peine. Bien, très bien C'était là une recrue intéressante. Tous les loups aimant le sang et la violence étaient des recrues intéressantes de toute manière. Ils se dirigeaient toujours en direction de la frontière estivale. Une odeur sucrée commençait d'ailleurs à leur parvenir. Quelque chose que le Prince des Ténèbres ne pouvait vraiment apprécier. La seule bonne odeur était celle du sang, métallique et identique pour tous, quelque soit leur Clan ou leur Rang. Ils étaient tous égaux dans les affres de la mort. Ou presque. Certains pouvaient mourir dignement tandis que d'autres se laissaient aller à supplier, à implorer et à geindre. Ce comportement ne faisait en général qu'augmenter son envie de faire souffrir sa victime. L'odeur de la peur était si délicieuse. Délicieusement envoûtante. Le sourire ne quittait pas ses babines. La réponse de Pandore ne se fit pas attendre pour son grand plaisir.

- Sans problème... Quel loup dois-je vous ramener ? Ou juste égorger...

L'égorger ? Immédiatement le regard noir se braqua sur son subordonné. Qui avait dit qu'il pouvait se permettre de tuer sans son accord ? Son sourire avait disparu, remplacé par une expression froide. Il semblait être un bon soldat, un gentil petit pion, mais il ne devait pas prendre trop d'initiatives. Les initiatives étaient parfois mauvaises pour la santé lorsqu'elles allaient à l'encontre des désirs du grand loup noir. Il regarda de nouveau devant lui, se concentrant quelques instants sur sa course. Le Monstre faisait crisser ses griffes contre sa boîte crânienne, l'enjoignant de châtier Pandore comme il se devait. Le silence planait entre les deux loups tandis que l'Alpha reprenait le contrôle de lui même et de ses pulsions. Il ne s'était pas encore expliqué. Le Tueur ne voulait que faire un peu de zèle. Il ne pouvait pas savoir. Il ne pouvait lire dans ses pensées. Alors qu'il repensait à ce qu'il allait faire à la bestiole écarlate une fois qu'il l'aurait entre les griffes, son sourire revint.

- Ne t'avise pas de me le tuer. J'en ai besoin vivant. Une proie morte est parfaitement sans intérêt lorsque l'on veut se divertir, tu en conviendras.

On ne pouvait torturer les morts, c'était un fait avéré. Le loup noir tourna à droite. L'une des patrouilles devait se trouver dans cette direction. Oui, même s'il s'était quelque peu laissé distraire il n'en perdait pas de vue son objectif premier. Il devait s'assurer que tous les horaires qu'il avait indiqué à toutes les patrouilles étaient respectées à la lettre. Tout était prévu à la minute prêt afin que cela paraisse parfaitement aléatoire pour tout être extérieur au système. Seuls ses Veilleurs, Moune et lui même savaient qu'il n'en était rien. Que tout était calculé expressément pour donner cette impression.

- J'ai besoin de ce loup en entier. S'il se débat tu auras le droit de l'amocher un peu mais s'il te faut trop l'abîmer pour me le ramener abstiens toi. Il me le faut vivant. Vraiment. C'est un impératif.

Il se montrait insistant mais savait pertinemment pourquoi. Il voyait dans les prunelles vertes la même folie qui le hantait lui même. Pandore hébergeait son propre Monstre. Ils avaient chacun le leur et il ne fallait que quelques gouttes carmins pour les réveiller et ne plus pouvoir les arrêter. L'Alpha huma l'air, détectant sans peine l'odeur de ses troupes. Ses Veilleurs avaient l'air d'être à leur poste. Mais cela ne lui suffisait pas, il lui fallait le vérifier. Une part de son esprit restant connectée à la conversation il poursuivit :

- Si tu ne t'en sens pas capable je trouverai bien quelqu'un d'autre pour aller me le chercher. Pour ma part je ne peux pas m'absenter en ce moment. Trop de choses sont en mouvement pour que je puisse me le permettre.

La grande bataille approchait et les préparatifs ne manquaient pas. Aussi importante soit sa vengeance elle ne passait pas avant sa victoire.

- Puis-je savoir à quoi ressemble votre objectif ? Ou juste un nom ? Je me débrouillerai s'il faut.

Les yeux d'obsidienne se plissèrent un instant. Depuis quand un sous-fifre se permettait-il d'interroger un supérieur ? Enfin, il avait trouvé quelqu'un pour aller débusquer l'estival et cela l'avait mis de bonne humeur. Il allait pouvoir s'occuper de ses préparatifs de guerre tout en sachant que sa vengeance serait en marche. Tout était au mieux.

- Je vais te répondre pour cette fois mais ne crois pas que tu puisses ainsi m'interroger. Je conserve mes desseins pour moi même. Mais comme tu vas me venir en aide disons qu'il s'agit là d'un échange de bons compromis. Plait-il que cet être ignoble s'appellerait Toboe. Cet estival a poussé l'un des nôtres à rejoindre l'Eté. Il laissa passer un silence tandis qu'un sourire satisfait s'étirait sur ses babines. Le problème du traître étant réglé j'aimerai maintenant m'occuper du cas de cette boule de poils rouges.

La question qui suivit était nettement plus pertinente et le grand loup noir prit le temps d'y réfléchir quelques secondes. Combien de temps était-il prêt à attendre ? Parce que c'était bel et bien là la question qui se posait. Sa vengeance n'avait que trop attendu avec tous les préparatifs de la guerre qui approchait maintenant à pas de géant. Il devait s'y prendre avant qu'ils ne partent en campagne.

- Fait aussi vite que possible. Reviens à temps pour le début de la bataille.

Oxymore gratifia Pandore d'un dernier signe de tête avant de se détourner de lui, son attention focalisée sur le but premier qu'il s'était fixé ce matin là. Il devait s'assurer que les rondes étaient bien faites. Peut-être trouverait-il un loup assez idiot pour désobéir qu'il pourrait punir à sa guise. Le Monstre en ricana de plaisir, ses griffes griffant encore un peu plus contre la boîte crânienne de l'Alpha.