Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Oxymore avait rejoint sa belle après une journée passée à surveiller la mise en branle de leurs troupes. L'hiver étendait encore son aile froide sur le monde mais le loup noir savait que cela ne durerait pas. Il avait passé une journée des plus exquise, se repaissant avec délectation de la crainte qu'il inspirait à ceux qui étaient désormais ses subordonnés. Ils le craignaient et le détestaient. Il aimait ça. Il se sentait puissant comme jamais il ne l'avait été. Il savait que son heure de gloire était venue. Il était son tour de monter sur l'estrade des chefs et des grands guerriers. Il rêvait de ce moment où la bataille ferait rage et où il pourrait semer la mort. Peut-être n'arriverait-il plus à discerner les amis des ennemis. Il savait juste que jamais il n'aurait pu rêver meilleure occasion pour faire ce à quoi le destin le pré-destiné : à tuer. Il n'avait qu'une envie, fondre sur ces loups qui seraient venu défier sa puissance. Sa puissance et celle de sa belle compagne. Il sentait l'adrénaline qui courait dores et déjà dans ses veines comme un plaisir charnel.
En parlant de ça, le ventre de Moune s'était de nouveau arrondit. Et, cette fois-ci, elle ne lui avait pas demander de mettre fin aux jours de petits pas même encore nés. Il ne savait que penser de ce revirement de situation. Il n'aimait pas les louveteaux et doutait de changer d'avis pour la simple raison qu'ils seront de lui. Oxymore n'aime rien ni personne si ce n'est le sang. Et peut-être bien Moune mais leur relation est si étrange et ambiguë qu'il ne sait plus vraiment que penser. Mais il avait l'impression de l'aimer. Alors il conservait cette idée comme une certitude, restant auprès d'elle même dans les pires moments de doutes et d'hésitation.

La nuit s'annonça tandis qu'il rentrait auprès de sa douce. Il avait pensé à elle aujourd'hui mais, malgré tout, il ne lui dit pas. Il ne savait pas dire ce genre de choses. Il ne savait pas énoncer les mots doux. Il ne connaissait que les mots durs de la guerre et ceux de la violence. Il s'arma cependant de patience, sentant que c'était ce dont elle avait besoin. Il avait déjà accompli tant de choses pour elle. Tant de loups étaient morts de ses crocs pour elle. Il ne risquait pas de l'abandonner. Pas alors qu'elle commençait à comprendre. Pas alors qu'elle avait saisi ses idéaux et ses projets. Alors qu'elle s'endormait le grand loup noir montait la garde. Il veillait sur le sommeil de sa Moune, de celle qui était plus importante que sa vie. Il la regarda cauchemarder sans montrer la moindre émotion. Ce n'était pas la première nuit que cela lui arrivait. C'était même un phénomène régulier contre lequel il ne pouvait strictement rien. Alors il attendait. Il attendait simplement qu'elle se réveille, prenant garde à ce que personne ne la surprenne dans de tels moments de faiblesse. Mais plus personne ne se risquait jusqu'à la tanière de l'Alpha Printanière depuis que le Monstre solitaire y avait pris ses quartiers. Elle finit par ouvrir des yeux vitreux sous le regard attentif de son compagnon.

- Tu as encore fait un cauchemar, ce n'est rien. Tout va bien, je veille sur toi ne l'oublie pas. Tant que je serai là rien ni personne ne t'atteindra, tu en as ma parole.

Il ne savait si ses mots l'apaiseraient mais c'était tout ce qu'il pouvait lui offrir. C'était le mieux qu'il puisse trouver dans ce qu'il restait de tendre en lui. C'est à dire un minuscule résidu de lupinité. Un tout petit morceau de coeur entièrement voué à la louve qui souffrait tant. Sa souffrance était belle même s'il n'aimait pas la voir ainsi. Remarquant que la sueur ne cessait de couler le long de ses flancs comme cela aurait dû être alors qu'elle venait de se réveiller il comprit que quelque chose n'allait pas. Que quelque chose allait se produire. Quelque chose qu'il redoutait bien plus que la mort : la naissance de louveteaux, de ses louveteaux.

- Crois-tu que ce soit l'heure ?

Il savait qu'il n'avait pas besoin de préciser sa pensée, elle comprendrait. Ils en avaient assez discuté pour ne pas avoir besoin de s'expliquer davantage.

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'Dé des Naissances' :

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Oxymore regardait sa belle souffrir. Il aimait la voir ainsi. Son esprit dangereusement déstructuré et pervertit n'aimait rien tant que la souffrance. Alors la souffrance des êtres aimés ? Il s'en délectait. C'était malsain. Mais lui ne le savait pas. Ou, tout du moins, il avait préféré l'oublier. Ce n'était pas des choses qui se disaient n'est-ce pas ? Il gardait ces pensées pour lui, les partageant seulement avec le Monstre. Cette partie si sombre de lui même qu'il avait toujours eu des difficultés à retenir et qui avait fini par avoir raison de lui. Peut-être pouvait-on dire qu'il était fou. Très certainement mais lui ne se voyait pas ainsi. Il n'était que puissance. Il aimait ce qu'il était. Il aimait Moune aussi. Mais son amour n'était rien d'autre qu'une mascarade. Dans son esprit délirant il ne pouvait s'en rendre compte. Mais, après tout, n'avait-elle pas perdu tout intérêt dès qu'elle avait cessé de lui résister ? De le cacher aux yeux et au su de tous ? Si, il lui semblait bien. Mais il s'était tant rattaché à cette illusion. Il avait tant tué pour cette illusion. Il avait rayé de la terre ce qu'il restait de sa famille pour elle. Il avait créé une nouvelle famille grâce à elle. L'Alpha printanière était trop de choses pour qu'il la laisse filer. Elle était sienne et elle le resterait.
Il regardait sa belle souffrir pour mettre au monde l'un des leurs. Elle hurlait sa douleur, elle voulait en finir. Les yeux du Prince des Ténèbres luisant d'un éclat malsain. Il aurait bien accéder à sa demande mais il savait qu'il ne pourrait que s'en repentir aussi musela-t-il une énième fois le Monstre. Il ne savait que faire pour l'aider aussi ne fit-il rien. Il n'avait rien à faire après tout. Il la regarda s'occuper du nouveau né sans oser faire un pas. Que savait ce qu'il pourrait lui prendre s'il faisait un pas de plus ? Il n'était pas certain de sa réaction. Sa belle tourna la tête vers lui, les yeux brillant d'une fierté immense.

- Storm...

C'était le premier mot calme qui sortait de ses lèvres. Le Prince crut que s'en était finit. Il s'approcha, regardant avec curiosité la minuscule boule de poils brune. Il retrouvait en lui les yeux ambrés de sa douce. Il se prit lui aussi à sourire. Il en voulait à Moune de l'avoir forcé à tuer leurs derniers rejetons. Il savait qu'il ne lui pardonnait pas. Non pas qu'il eut vraiment tenu à la vie de ces choses pas même encore nées mais elle lui avait tenu tête. Elle avait voulu lui résister et elle en avait payé le prix.
Alors qu'il en était à ces réflexions les douleurs semblèrent redoubler d'intensité. La louve souffrait, c'était évident. Le Monstre s'agitait. L'odeur du sang imprégnait maintenant l'air. Oxymore devait sortir, il le sentait, il le devait. Non, il n'avait pas le droit. Le Monstre contre le Prince. Encore. Une nouvelle fois. Certainement pas la dernière. Il alla s'allonger derrière sa belle. Il avait comme une impression de déjà vu. Oui, il l'avait déjà enlacé ainsi. Elle lui avait déjà apporté son soutient alors que son don le détruisait lentement mais sûrement. Il l'aimait encore. D'un amour étrangement glauque mais il l'aimait tout de même. Il l'aimait à sa façon. Alors il la soutenait. A sa façon. A la manière d'un bloc de glace ne sachant toujours pas comment on aime. A la manière du bloc de granit sur lequel on peut se reposer mais duquel on ne peut attendre de réelles preuves d'affection. Il était ce qu'il était. Il n'était que contradictions. Il ne portait pas son nom en vain. Il n'était qu'un immense oxymore.

Sa chère et tendre souffrait le martyr. C'était une évidence. Ses hurlements déchiraient maintenant l'air. L'odeur de son sang était partout. Oxymore ne réagissait toujours pas. Pas qu'il soit insensible à ce qu'elle vivait mais il ne savait pas comment réagir ni que faire. Il l'aurait bien tuée pour qu'elle ne souffre plus mais ça c'était hors de question. Il n'avait pas mis fin à ses jours alors qu'elle le suppliait de le faire alors il n'allait pas l'exhausser maintenant. Il avait besoin d'elle. Quoi qu'il puisse en dire elle avait volé son cœur et il ne pensait pas qu'il serait possible de vivre sans. Il regarda les deux petites boules de poil qui tentait de trouver les mamelles de leur mère qui perdait son sang en abondance. D'ailleurs le grand mâle ne comprenait pas qu'elle saigne tant. Ca n'aurait pas dû être le cas. Des naissances pouvaient être douloureuses mais de là à faire sourdre le sang de presque tous les orifices de sa belle ... Non, vraiment, ce n'était pas normal. Il ne l'aurait pas même cru si on le lui avait raconté.
Il regarda sa fille, la deuxième de la portée. Anouk avait dit sa belle. Anouk et Storm, songea-t-il alors que ses yeux se posaient sur la seconde boule de poil. Il détestait les enfants. Il avait envie d'écorcher ses petits encore aveugles. Mais il ne le ferait pas. Il devait s'assurer de perpétuer dans le temps et pour cela il n'y avait que les enfants. Il avait aussi une certaine notion de respect envers sa compagne qui souffrait tant pour les mettre au monde.

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