Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Fatigué, Mekki déplaçait lentement son corps au travers de son territoire. S'amuser avec les louves était devenu comme une drogue, et il ne parvenait pas à s'arrêter. Bien des fois il s'était dit qu'il s'agissait d'actes égoïstes, méchants, cruels, que celui qui ferait subir ça à ses soeurs serait déjà mort de par sa propre main, mais rien à faire. Il aimait tant avoir pour lui seul une jolie créature, même pour peu de temps. Et puis dans ce rôle consistant à offrir un éphémère plaisir à ces dames il n'était pas si mauvais. Peut-être que s'il n'avait pas connu Auron, il ne serait pas comme ça aujourd'hui. Bah, de toute façon maintenant il était trop tard. Il se retrouvait condamner à berner, à tromper des pauvres innocentes trop naïves. Ou à batifoler avec des spécimens particulièrement dévergondées. Étrangement, il préférait presque les louves du premier cas. Dans ces cas-là en effet il lui venait une drôle d'impression de victoire. Il fallait dire que les dernières n'étaient pas des plus ardues à séduire. Elles ne représentaient dans l'esprit de l'automnal qu'un simple en-cas, un passe-temps, une solution de facilité en situation désespérée. Et toujours, il allait les chercher partout. Il devait bien se l'avouer, l'Automne regorgeait de splendides en-cas comme de splendides "ardues". Mais une fois épuisées toutes les ressources locales, il n'y avait pas d'autre solution que d'aller chercher ailleurs. Même si rien ne valait une louve de "chez lui". Mêmes opinions, même lieu de naissance, de croissance... Toutes ces choses rapprochaient beaucoup, croyez-le. Mekki ignorait encore à ce moment que -miracle- contrairement à ce qu'il pensait, il restait encore des sources non exploitées sur le territoire ! Il se baladait donc, pour une fois se limitant à ses terres natales, fatigué de ses réflexions mentales complètement inutiles. Chassez le naturel il revient au galop ; tenter de devenir un loup modèle, fidèle père de famille nombreuse, serait futilités et pures pertes de temps. Un temps précieux. En tous cas, il se connaissait, était loin d'être dupe, ne l'avait jamais été : la preuve, il avait même sacrifié une "amie" à cause de ça. Ses mauvaises habitudes.

Le coeur lourd, l'esprit embrumé et obscur, il hantait chaque lieu de son pas lent, sachant son avenir trouble, incertain et peuplé de soucis et autres inconvenances. L'automnal déambulait depuis bien longtemps, si bien qu'il parvint à la limite sud de leur territoire avec une certaine rapidité. Il se surprit même à bâiller, songeant que l'automne était d'une monotonie à peine supportable pour lui qui aimait ressentir des sensations variées et extrêmes. Orange, marron, rouge, jaune. Marron, orange, jaune, rouge. Wow. La seule chose positive dans tout ça était qu'il disposait d'un certain pouvoir, en étant fils adoptif de l'Alpha. Ça en jetait, près des louves. Et ce point-ci, il était sûr... Un endroit moins uniforme qui lui plaisait assez, était le temple. Longtemps il avait été persuadé que son nom était Temple de bandits ; à ce moment il s'était préparé psychologiquement à tomber sur une bande d'exilés sans scrupules. Ypso avait du bien se moquer de lui. Puisque le temple ou plutôt ce qu'il en restait, se nommait "de Bandï". Un petit sourire se dessina sur ses babines, sa nostalgie forçait les choses. Continuant sa marche silencieuse, il arriva en vue de l'ancien lieu de culte. Il pressa même un peu le pas. Sortant des fourrés, il entendit une voix -féminine, très jolie et très assurée- clamer, sans doute à son égard :

- Bonjour !

Mekki, qui se démenait pour apercevoir la louve, se trouva pris au dépourvu. Il n'eut d'autre choix que de pointer le bout de son nez entre deux buissons. Bon, cette arrivée soudaine et imprévue ne le décevait pas, l'automnale -d'après sa douce odeur- était magnifique. Il masqua comme il se devait et à son habitude son étonnement. Les ressources étaient loin d'être épuisées, si d'autres belles compatriotes comme celle-là se dissimulaient un peu partout. Dégainant son merveilleux sourire au naturel -et ma foi bien modeste- il s'approcha de la louve de jais, sans nul besoin d'en faire trop pour l'instant. Il arrivait bien souvent qu'il ne parvienne à ses fins qu'à une seconde ou tertiaire rencontre. Rencontre(s) qui se faisai(en)t avec le seul hasard bien entendu. Rapidement il fit une petite analyse de la scène : une louve noire, autour de laquelle était ciblé un cercle rouge noté clairement "proie", le temple, et un cadavre de petit lièvre posé aux pattes de la cible louve. Le gentleman malgré ses récentes pensées claironna :

-Hey. Vous êtes automnale, mademoiselle ?

Il agrémenta ses paroles d'un clin d'oeil parfaitement effectué -yeah- et vint s'asseoir non loin de la louve, yeux fixés dans ses iris d'une couleur bleue extraordinaire. Il gardait pour l'instant une expression normale, juste optimiste. Le truc avec les louves, c'est de les impressionner sans jamais en faire trop. Sans même en faire du tout, à certains moments. Et quand on était naturellement impressionnant, le travail était pré-mâché...

La louve lui souriait et pourtant elle roula des yeux. Bon. Il était face à une jolie automnale, il aurait du se douter qu'il n'était pas le premier prétendant à son palier. Elle le mirait de la tête aux pattes ; on l'avait déjà observé, ça ne le gênait plus. Elle arborait un air de défi qui plut assez à Mekki. Et qui lui redonna ce désir de parvenir à ses fins, chassant ainsi ses pensées compatissantes et sympathiques envers les femelles.

« -Ça ne se sent pas ? »

Elle plantait à présent ses prunelles azures dans les yeux verts foncés de son interlocuteur. Il jouait beaucoup sur son regard d'émeraude : il suffisait de peu pour qu'une proie passe à victime. Cette bataille de regards ne dura pas, la louve préférant jouer à l'inaccessible. Avec désinvolture, elle passa sa langue sur le bout d'une de ses pattes, feignant une envie soudaine de se toiletter. Puis elle l'amena en haut de sa tête pour remettre consciencieusement sa mèche en place, à savoir plus en arrière de son crâne. Un geste fort bien exécuté aux yeux de l'automnal, qui était ravi rien que de regarder une jolie louve. Celle-ci daigna lui accorder un coup d'oeil nonchalant au loup brun, plus quelques mots plus ou moins forcés :

« -Vous aussi je suppose. Comment vous appelez-vous au juste ? »

Continuant son petit lavage, elle reprit son petit jeu, à savoir ignorer littéralement Mekki. Ça ne le dérangeait pas, tôt au tard il parviendrait à briser sa petite coquille d'intouchable. Il se contenta de lui sourire, tout en paraissant embêté de cette attitude dédaigneuse. Pas question qu'il lâche l'affaire, l'appât était bien trop réjouissant pour qu'il abandonne maintenant. Après tout il s'agissait d'une automnale, en plus. Il pouvait bien se révéler être son prince charmant ! Il rejeta sa frange blonde en arrière -et pour une fois, par nécessité- qui lui tombait devant l'oeil, son fin sourire aux lèvres.

- En effet. Mon nom est Mekki. Maintenant que je me suis humblement présenté, puis-je vous tutoyer, chère inconnue mais non moins ravissante ?

Après un regard de tombeur en coin, il porta celui-ci sur la prise de la belle. Un lièvre. Qui gisait encore dans son sang, il en déduisit qu'elle venait de le chasser elle-même. Sans doute était-elle chasseuse, quoique ce fut étonnant qu'elle ne s'en prenne pas à de plus gros animaux. En fait pas tant que ça, Mekki ayant ignoré la saison actuelle qui réduisait largement le champs des possibilités. C'était qu'elle ait réussi à attraper un lièvre en automne qui était stupéfiant, finalement. Il observa longuement le lapin, en pleine réflexion. Reportant son attention, et toute son attention sur la louve noire à l'allure mélodieuse. Il pouvait dire qu'il avait fait là une sacrément bonne rencontre. Il passa aussitôt à autre chose que sa question, reprenant son vouvoiement.

- Belle proie. Vous étiez faites pour vous rencontrer.

Un fugace et sauvage sourire se dessina sur son visage calme et pensif, mais il disparut assez vite, le loup ne souhaitant pas perdre cette occasion de rencontre amoureuse bêtement.

- Sans vouloir aucunement vous offenser. Permettez-vous que j'y goûte un peu avec vous chère demoiselle ?

A ces mots plus ou moins sous-entendus -n'est-il paaas- il approcha son museau de l’appétissant cadavre à la si délicieuse chair et renifla, yeux fermés, la langue se déplaçant délicatement de gauche à droite sur ses babines, ce repas qui lui serait très agréable à manger si l'inconnue automnale venait à le partager avec lui. Il espéra sincèrement que la charmante créature se déciderait à s'ouvrir un peu à lui ; au moins à lui tenir une discussion viable et plaisante.

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Un petit up Léy-chou =3