Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

× La frontière s'étendait à perte de vue, de chaque côté de moi les arbres immenses aux feuilles colorés veillaient sur les secrets de mon territoire, de notre territoire... Les secrets cachés, les secrets enfouis. Les pactes scellés, peut-être à cet endroit-même, où je posais mes pattes. Les paroles prononcées, les larmes versées et les promesses dignes et insouciantes. Peut-être des adieux déchirants, des absences insoutenables et des dires voilés de noir emportés par la brise automnal au petit matin. Qui était passé là ? Des ancêtres, des proches, de singuliers personnages venus d'ailleurs, d'autres saisons, du monde des humains même, ou d'au-delà des montagnes ; les montagnes qui bordent notre terre entière, Four Seasons. Et ces arbres. Qui avaient poussé puis étaient tombés, pour laisser leur place à de plus jeunes pousses. Ceux-là semblaient déjà vieux pourtant ; qu'avaient-ils vu ? Etait-ce possible de leur demander ? Pourquoi ne racontaient-ils pas ? Combien de récits tragiques avaient-ils en mémoire ? Oh, s'ils savaient. Quel nombre de loups voudraient connaître une parcelle de ce stock d'images en tous genres ? Les curieux, bien entendu. Comme moi. Ou ceux qui sont en quête de vérité. De lumière dans le noeud noir de leur famille. Comme moi... Au fond je voulais tourner le dos à cette frontière et courir. Courir loin, très loin, jusqu'à ce que je sois épuisé. Ne pas la voir. Pourquoi je voudrais la voir ? Partir, nous laisser tous en m'ignorant royalement, plus que les autres. Est-ce que j'étais là quand elle s'est cassée ? Non. Est-ce que j'aurai préféré y être ? Non. J'aurai cédé dans cette lutte contre moi-même. Je me serai couché à ses pattes en lui disant de ne pas s'en aller, j'aurai pleuré certainement. Pour en venir au même point ; elle serait partie. Les mêmes parents. Les mêmes origines. Le même sang. Et elle n'était même pas venue. Pas un au revoir, pas une parole m'étant destinée qu'elle aurait transmis par le biais de nos parents. Parents morts, à présent. Si ça se trouve, elle n'était même pas là quand ils s'étaient fait tués. Elle était tranquillement dans son petit monde d'indépendante, à se lécher la patte pendant qu'ils agonisaient. Ces pensées inutiles parviennent toujours à me donner les larmes aux yeux. Je ne parvenais pas à me comprendre moi-même. Et contre toute attente, je me retrouvais là. Qu'est-ce que j'attendais au juste ? Qu'Ita arrive toute de regrets animée ? Qu'elle vienne en marchant doucement comme si elle volait, comme à son habitude ? Qu'on reprendrait cette foutue vie de famille comme avant ? Qu'on serait comme on aurait du être ? Avant que toutes ces choses nous empoisonnent ? Alors qu'est-ce que je foutais ici ? A attendre un miracle ? Ben rien. Au lieu de chercher un truc utile à faire je glande au bord de la frontière. Donc je me lève, et je m'éloigne. Avant d'attendre des bruits de pas. Qui flottent, qui sont légers, comme ceux d'Ita. Tout à coup de je redeviens le niais et borné que je suis au fond de mon être, et je m'arrête dans l'espoir de l’entrapercevoir. Mais ce n'est pas elle, non. Arrive à petites foulées régulières comme un automate, une louve, que je ne connais pas. Une louve blanche avec de longues et soyeuses oreilles, qui avance subrepticement, qui s'approche avec ses pattes assez courtes d'une allure plutôt rapide. Je ne suis pas sûr qu'elle m'ait remarqué. L'occasion de changer l'air de mon esprit, peut-être. Je reste immobile et j'écoute. Je me rends compte que ses pas sont trop organisés et assurés pour qu'ils s'agissent de ceux de ma soeur. Je m'en serai sûrement rendu compte si j'étais resté stoïque et que j'avais attendu de voir qui venait, au lieu de me précipiter sur la première hypothèse me venant au cerveau en entendant ces légères pattes fouler le sol humide et... Eh bien poisseux.

~Je marche toujours tout droit, écoutant le chant des vents qui m’accompagnent.
Je ne sais pas où je vais, n’y pourquoi mais je continue à marcher. Je m’arrête un instant, et contemple la beauté des arbres. Tous ces arbres, ils doivent être si vieux.
Le vent remue leur belle chevelure orangée. L’Orange est une si belle couleur. Je les envie. Eux, avec leur tronc épais, sont paisiblement plantés là. Ils sont sans cesse doucement caressés par le vent. Et moi, les vents m’aide, me pousse vers les autres.

~Mais je ne veux pas ! Si c’est pour qu’on me déchire le cœur encore une fois, jamais.
Je secoue la tête. Je préfère oublier tous ça. Je reprends ma marche d’un pas rapide et assuré. Le sol est humide, je n’aime pas trop ça. Un léger dégout me fait faire une grimace. C’est vrai que cela change de mon habitude. Là-bas, sur la colline, l’herbe était bien sèche et fraiche. M’enfin bon, je suppose que c’est partout pareille sur le territoire de l’Automne.

~Pourquoi je reviens dans un clan ? Et pourquoi dans celui de l’Automne ? Parce que ma mère y était, avant ? Et mon père, y était-t-il avant ?
Je ne le connais même pas ! Je secoue la tête une seconde fois. Je ne voulais penser à rien. Je voulais enterrer tous ces souvenirs, qui remontaient sans cesse dans ma tête. Je lève la tête et regarde le ciel. Puis j’aperçois une silhouette, là-bas.

~Qui est-ce ? Un loup de l’Automne ? Je m’arrête de marcher. Les vents s’agitent autour de moi. Pourquoi ? Ils ont peur ? Je préfère ne pas m’en occuper.
Je m’approche de lui doucement. Je l’observe. C’est un loup de taille moyenne, pas encore adulte. Comme moi. Je me méfie. Je préfère rester loin, pour l’instant.

~Je n’aime pas la compagnie. Mais malgré cela, les vents me poussent vers lui.
° Mais arrêter ! ° Je pensais, mais les vents m’avait entendu, j’en suis sûr. J’eu la confirmation lorsque que la brise se fit plus légère. Le loup Automnale est Marron et beige. Je le regarde. Lorsque je plante mes yeux dans les siens, je me sens mal à l’aise. Il faut dire que ses yeux bleus étincelants sont . . . assez agréable à contempler.

~Je suis à bonne distance du loup, et j’attends, toujours en le fixant.