Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Nous avancions au hasard, mais je savais bien qu'il nous fallait trouver un nouveau lieu de vie, une tanière. J'avais dors et déjà décidé que ce serait pret d'un point d'eau, car cela nous permettrait justement d'avoir de quoi nous désaltérer juste à coté ... et moi de faire des plongeons en partant du ciel. Peut-être même de patiner en hivers sur la surface gelée, chose qui me rappelerais ma terre natale. Car ici, plus de neige, mais des pousses vertes et des fleurs de toute les couleurs. J'aimais les fleurs autant que la neige, il y en avait à la tanière de maman. C'était sans doute ma part de printannière. Je sentais déjà mes poils d'hivers tomber, à moins que ce ne soit mon imagination.

Nous arrivâmes alors à un immense lac à la surface calme. Bordés d'arbres, l'endroit était abrité, mais dégagé au dessus du lac, parfait pour les décollages et les atterissage. Je ne perdais pas de vue ma nature aerienne. Voler ferait moins partie de mon quotidien, mais je ne pourrais jamais m'en passer. Et Calion le savait.

Il avait peut-être remarqué que j'observais l'endroit avec intéret, je ne dissimulais pas mon agitation ni mon enthousiasme. J'étais tout excitée par cette nouvelle liberté. Et cet endroit me paraissait parfait.

Je m'arrêtais et me tournais vers lui:

-Je crois que j'aimerais vivre ici, annonçais-je avec un grand sourire. Si ça ne te dérange pas.

L'idée même de partager une tanière avec Calion, de dormir, de manger, de vivre à ses côtés me plongeais dans une euphorie croissante. Je remuais la queue comme un louveteau. J'avais l'impression que ces manies de petits me poursuivaient, mais elles étaient pour moi la meilleure représentation de la bonne humeur et de l'insouciance. Pour moi, ce n'était pas un mal.

Melinya et moi avions quitter le territoire hivernal après qu'elle eut envoyé un message à son père à l'aide du vent. Les terres neutres se dessinaient à mesure que nous avancions dans ce décor qui nous était tout deux plus ou moins inconnu. Nous arrivâmes finalement devant un lac, le lac des murmures, là où j'avais combattu le monstre de l'eau. Repenser à se monstre me fis frémir, heureusement Melinya était parti dans sa contemplation de l'endroit si bien qu'elle ne remarqua pas mon tremblement.

"Je crois que j'aimerais vivre ici. Si ça ne te dérange pas. "

Melinya me regardait en agitant la queue de droite à gauche comme font les louveteaux tandis qu'un large sourire illuminait son visage. Si ça ne me dérange, rien ne me dérangerais dans ce quelle choisirait pour nous, même si allait voulait aller vivre sur la lune je la suivrais. Cette réflexion me fit sourire, moi, celui qui a l'habitude d'être le leader, celui sur lequel les autres se fient, voilà que je m'abandonnais entièrement à ma belle hivernale.

- Je te suivrais même si tu voulais vivre sur la lune, alors si c'est endroit te convient il me convient aussi. Tant que tu restes avec moi.

J'accompagnais mes dernières paroles d'un tendre baiser sur le museau de ma bien-aimée.

"Je te suivrais même si tu voulais vivre sur la lune, alors si c'est endroit te convient il me convient aussi. Tant que tu restes avec moi."

Super ! Il ne nous restait plus qu'à creuser ou trouver une tanière. J'humais l'air, à la recherche d'une odeur indiquant que la terre était ouverte quelque part. Il n'y avait pas l'air d'y avoir de grotte dans le coin.
Une brise tiède secoua mes plumes. Moui, c'était vrai, pas la peine de prendre une tanière pour la saison chaude. Mais je voulais quand même un endroit intime. Tant pis pour nos poils si nous devions creuser, de toute façon, le lac était là pour qu'on se lave aussi.
Restait à creuser la terre au bon endroit, un endroit sec et chaud où la pluie ne viendrait pas abimer le terrain. J'étais une novice en la matière et ne savais pas trop comment choisir. En terres hivernales, il y avait pas mal de grotte et avec la neige, il était déconseillé de creuser une tanière.
Après quelques minutes le nez au ras du sol à tourner en rond entre les arbres, je finis par m'assoir en poussant un soupir et levait vers Calion des yeux plein d'espoir. J'avais presque l'impression de mendier son aide, mais n'en avait pas vraiment honte. Je savais qu'il ne m'en tiendrais pas rigueur, qu'au contraire, il serait ravis de m'aider, peut-être même attendait-il que je le lui demande.

-Comment sait-on où creuser une tanière ? Tu crois qu'on peut en trouver une déjà toute faite ?

J'avais envie d'un lieu de vie suffisement spacieux pour pouvoir y déplier completement mes ailes tout en gardant de la place pour Calion. En réponse à cette pensée, j'étendis mes ailes dans un long étirement. Plusieurs heures sans voler, j'avais l'impression de les avoir engourdies.

Je suivais Melinya qui se promenait en humant l'air, je la laissais faire un moment. En fait, jusqu'à ce qu'elle s’assoit devant moi en soupirant. L'hivernale, non la neutre, j'avais encore du mal à croire qu'elle avait quitté son clan pour moi, leva les yeux vers moi.

"Comment sait-on où creuser une tanière ? Tu crois qu'on peut en trouver une déjà toute faite ? "

Melinya étira ses ailes et je pouvais presque l'entendre soupirer, elle voulait voler c'était bien évident. Je levais la tête pour regarder l'horizon, je me demandais où trouver une tanière près du lac, j'avais ma petite idée, mais je devrais aller visiter.

- Je pense que je sais où nous pourrions nous installer. Va voler, je sens que tu en meurt d'envie, tu pourras facilement me retrouver des airs de toute façon.

Je n'attendis même pas sa réponse avant de me mettre à trotter vers l'endroit qui selon moi allait être idéal. Un bruissement d'aile derrière moi m'indiqua que Melinya avait belle et bien pris son envol. J'accélérais le pas tandis que le sol s'inclinait légèrement, avoir une tanière à un point plus élevé que le lac serait préférable. Je repérais enfin ce que je cherchais, une légère entaille dans les herbes devant moi, l'endroit sentait le renard à plein nez. Je disparu sous les herbes pour déboucher dans la tanière abandonner par ses précédents occupants, l'endroit était assez spacieux pour que ma belle puisse étendre complètement ses ailes sans me pousser dehors.

"Je pense que je sais où nous pourrions nous installer. Va voler, je sens que tu en meurt d'envie, tu pourras facilement me retrouver des airs de toute façon."

J'étais décidement incapable de lui cacher quoi que ce soit. Il parti dans le sens opposé et je bondit en ouvrant les ailes avant de dépasser les cimes des arbres. Il me fallut pour cela les replier par moment et prendre appui sur des branches suffisemment solides pour supporter mon poid. Le vent m'accueilla avec une grosse bourrasque et m'emmena plus en haut. Il me laissa ensuite redescendre en piquée et retrouver mon équilibre avant de me porter en sur place à quelques mètres au dessus des arbres les plus hauts. L'avantage de mon pouvoir, c'est qu'il m'épargnait les sur-places difficiles pendant lesquels il fallait battre des ailes dans une position inconfortable.
J'apperçut un éclair cuivré disparaitre dans l'herbe. Et plongeais à nouveau avec la confiance de la jeunesse et de l'experience. J'étais plus en sécurité dans les airs où je savais que mon ami de toujours m'aiderais en cas de pépin. Je pouvais donc me permettre tous les risques.

J'atteris pret de l'entrée d'une grotte. Des effluves fortes envahirent mes narines sensible et j'éternuais. Que les renards sentaient !
Mais je voyais Calion à l'interieur. Avant d'entrée, j'ouvrit mes ailes et dans un mouvement, amena le vent à l'interieur, créant un courant qui fit ressortir la poussières et les toiles d'araignées ... et surtout l'odeur. Ce nettoyage terminé, j'entrais dans ce que j'avais deviné comme notre nouvelle tanière. Je sentis tout de suite la chaleur, l'entrée était plus étroite que l'espace interieur, préservant une température moyenne agréables. Dans quelques jours, nos deux corps y auraient ajouter quelques degrés. Mon poils d'hivers aurait intéret à tomber. J'étendis mes ailes ... parfait, Calion avait de la place.

Je souris à mon loup et repliais mes ailes pour m'allonger. Il était temps de prendre un peu de repos.
De l'entrée, nous pouvions voir le lac et sa surface lisse.

-C'est parfait, dis-je d'une voix apaisée.

Enfin chez moi. Mon vrai chez moi. Loin de toutes préoccupations superflues, de frontières stupides et de clans aigris.
Je me retournais, me calant sur le dos, les ailes étendues dans un par-terre de plumes.

Un fort courant d'air de courte durée entra dans la tanière et chassa instantanément la forte odeur de renard. Surement une intervention de Melinya, intervention agréable dois-je dire parce que sans l'odeur de renard la tanière était bien plus accueillante. Quelques instant plus tard, la louve entra dans la tanière et étendit grand les ailes pour vérifier par elle même qu'elle ne m'écraserait pas ni ne me mettrait à la porte avec ses appendices couvert de plumes. Elle replia adroitement ses ailes pour s'allonger sur le sol en regardant à l'extérieur, la vue était très belle en effet.

"C'est parfait"

Je m'attendais à cette réponse et je ne pu m'empêcher de sourire. Melinya se retourna pour se retrouver sur le dos, ses ailes formant un tapis de plumes. Ce qu'elle pouvait être belle étendu comme ça devant moi, je ne pu me retenir de m'avancer pour l'embrasser, je devais veiller à ne pas marcher sur ses ailes tout de même et l'exercice s’avéra plus facile que ce que j'aurai cru. S'en suivirent une succession de preuves d'amour que le père de ma bien-aimé aurait tout à fait désapprouvées compte tenu de leur possible conséquence. J'étais maintenant allongé à côté de Melinya la regarder, ce qu'elle pouvait être belle.

- Je t'aime.

Il n'y avait rien d'autre à dire, rien d'autre à faire qui exprimerait mieux mes sentiments envers elle.

Quelques semaines plus tard ...

Je me sentais vraiment étrange ces derniers temps. J'avais parfois des nausées, mal au ventre, même à la tête et l'impression permanente d'être balonnée. J'avais même pris un peu de ventre. Pourtant, mon comportement alimentaire était resté le même, je n'avais pas passé trop de temps dans l'eau fraiche du lac.
Mais au delà de tous ces symptômes, celui qui me dérangeait le plus était ma toute nouvelle maladresse en vol. Je n'arrivais plus à décoller aussi légèrement qu'avant, mes atterissages étaient plus lourds. Si bien qu'un jour, je me foulais la patte.

-Je ne comprend pas, dis-je à Calion. Je n'arrive plus à gérer mon poid comme il faudrait. Et ces nausées n'arrangent rien.

J'étais rentrée en boitillant dans notre tanière où il m'avait rejointe suite à une partie de chasse.
Je lui présentais ma patte meurtrie pour qu'il neutralise la douleur à l'aide de son souffle froid. J'étais clouée au sol, contre ma volonté. Rien ne pouvait être pire pour moi.
Pour me consoler, le vent vint délivrer un très léger courant d'air tiède et doux.

Melinya semblait tracassé ces derniers temps, elle ne m'avait parlé de rien, surement par soucis de ne pas m’inquiéter, mais je voyais facilement la majorité de ses symptômes. Il n'y avait rien d'inquiétant pour le moment, même que ces derniers me laissaient envisager la plus heureuse des "maladies". La belle louve était sorti voler ce matin et je partis à la chasse de mon côté, les proies étaient abondantes et facile à attraper ce printemps et je ne mis pas beaucoup de temps à revenir chez nous.

"Je ne comprend pas. Je n'arrive plus à gérer mon poid comme il faudrait. Et ces nausées n'arrangent rien. "

Melinya boitait, elle avait du ratée son atterrissage même si cela ne lui arrivait jamais et je m'empressais de lui engourdir la patte en soufflant délicatement dessus. Malgré la blessure de ma compagne, je ne pouvais m'empêcher de sourire. Je dois dire que ces derniers temps j'avais tendance à entendre ce que je croyais être de petits proies en permanence dans mon esprit, mais je venais de faire le lien être les symptômes de ma belle et ses voix mystérieuses. Je m'approchais d'elle et posais ma patte sur son ventre en lui souriant.

- Tu ferras la plus belle des mères de cette terre...

Ce dé n'est pas existant.

Calion me répondit comme à son habitude, de manière légèrement détournée:

"Tu ferras la plus belle des mères de cette terre..."

J'écarquillais les yeux. Moi ? Mère ? J'en restais interloquée. Moi, encore louveteau dans ma tête, devenir maman. Je ne savais pas comment réagir. La coutume voulait que ce soit un heureux évènement, mais je ne savais pas si j'étais prête. Au lieu de bonheur, je sentis la peur et l'angoisse me serrer les entrailles.
Des petits, cela impliquait des soins et une attention permanente, des précautions. Moi je n'étais qu'une jeune louve écervelée, naïve et irréfléchie. J'étais loin d'être un exemple de raison et j'aspirais à la liberté, à vivre loin de toute contrainte. Comment trouver le temps de voler avec des petits dans les pattes ?
Je ne détestait pas les enfants, en étant encore un peu une moi même, mais m'en occuper jour et nuit...

Je sentis à peine la patte chaleureuse de Calion sur mon ventre. Il devait sans doute percevoir mes pensées me tourmenter. Je ne refusait pas ces petits, les siens, les notres. J'avais juste peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas pouvoir concilier vie de mère avec liberté.
Cette simple patte foulée m'interdisait tout vol supplémentaire et mon ventre ne me permettrait bientôt plus de me déplacer correctement à patte non plus. A moins qu'il n'y ai que peu de petits, auquel cas mon ventre n'enflerait pas trop et j'aurais juste à me faire assister davantage du vent pour éviter les atterrissages dangereux.

-Tu les entends ? Demandais-je à Calion d'un ton incertain. Tu pourrais dire combien ils sont ?

Bien que je n'avais aucun concept du monde humain et des echographies, je réalisais l'avantage indéniable de savoir avant la mise bas à quoi s'attendre. Rien que le fait de le savoir m'aiderais à surmonter mes craintes.

"Tu les entends? Tu pourrais dire combien ils sont?"

Melinya était inquiète, elle n'aurait pu trompé avec ce ton de voix incertain. Ma grande gamine de compagne n'était pas très rassuré par cette idée, pourtant si belle. Je réfléchissais à sa demande, bien sûr que je les entendais, mais serais-je capable de dire combien ils sont? Je me concentrais sur leur petites voix, ils ne disaient rien de bien précis, mais j'arrivais à distinguer deux tons bien différent en plus de l'esprit de Melinya que je sentais tout prêt. Je souris à Melinya en déposant un petit baiser sur son front.

- Je dirai qu'ils sont deux et à l'impression de calme qui me vient d'eux je te dirai qu'ils sont bien.

Je souris à Melinya et m'assis devant elle.

- N'ai pas peur, tu seras à la hauteur.

Calion maintenait son sourire. Il voulait me rassurer.
Il prit le temps de se rendre compte avant de déposer un baison sur mon front en concluant:

"Je dirai qu'ils sont deux et à l'impression de calme qui me vient d'eux je te dirai qu'ils sont bien."

Ils étaient donc suffisemment formés pour avoir un échos de pensée. Ils vivaient.
Mon loup me souris à nouveau et je fixais mon ventre. Tout à coup il prenait à mes yeux une place différente, grace à son précieux contenu.

"N'ai pas peur, tu seras à la hauteur."

Deux, mon ventre n'étais pas si gros alors. Le vent tomba dans la tanière, j'étais rassurée, il n'avait plus aucune raison de chercher à me réconforter. Mais je devrais toujours attendre de soigner ma patte. Cette foulure n'était pas grâve, mais il ne s'agissait plus de moi à présent, je devais rester en forme aussi pour ses deux petites vies dans mon ventre.
En parlant de ventre, la faim commençait à me tirailler. Je n'attendis pas l'accord de Calion pour me servir un morceau de sa proie. Il devrait donc chasser pour 4 maintenant, jusqu'à ce que les petits soient nés et qu'on puisse se relailler.
Heureusement que je n'étais pas trop grosse pour continuer à bouger et à me déplacer, il était hors de question que je passe mon temps couchée.

Je me demandais quand même comment nous ferions lors de la mise bas. J'aurais tant voulu que maman soit là pour m'assister... Mais je n'allais pas demander à Meneldil, elle était aussi inexpérimentée que moi. Non, ce que je voulais, c'était une présence féminine réconfortante.
La réponse me vint tout de suite. Blue. Je savais qu'elle n'avait jamais eu de petit, qu'elle n'en voulait pas et qu'elle n'avait pas plus d'experience que moi dans le domaine, mais ce n'était pas cela le plus important. Le plus important était qu'elle était mon amie, un peu comme une tante. En plus, elle habitait le territoire neutre, elle ne serait donc pas difficile à trouver. Je ne savais pas où était sa tanière, mais j'aurais voulu qu'elle sache où se situe la notre afin qu'elle puisse venir de temps en temps nous rendre visite, quand l'envie lui prenait.

Je fis part de mon idée à Calion:

-J'aimerais que Blue soit au courant, pour notre tanière et pour les petits. Comme ça, au cas où ...

La dernière fois que je l'avais vu datait de nos combats contre les monstres élémentaires.

Melinya sembla rassurée et le vent tomba, je le remerciais silencieusement d'être toujours là pour la louve. Ma compagne se servit un morceau de la proie fraîche que j'avais chassé tout juste ce matin, il me faudrait chasser plus dans les prochaines semaines histoires d'arriver à nourrir quatre loups.

"J'aimerais que Blue soit au courant, pour notre tanière et pour les petits. Comme ça, au cas où ..."

La demande de Melinya me prit au dépourvu, je n'avais aucune idée où trouver Blue et le seul moyen que j'avais de la prévenir était télépathique, mais je devais trouver les mots pour bien lui expliquer. J'envoyais un court et précis message à la louve bleue, en espérant qu'elle comprenne facilement et qu'elle ne s’inquiète pas pour rien.

- Tu veux aussi que je mettes ta famille au courant...

Quelques minutes s'écoulèrent. Je voyais Calion concentré, l'air ailleur, surement en train d'envoyer un message télépathique.

-Tu veux aussi que je mettes ta famille au courant...

Je réfléchis. J'étais d'accord pour prévenir mon frère et mes soeurs, mais papa ... Comment réagirait-il ?

-Je crois que je devrais les prévenir moi même. Enfin, avec l'aide de mon vieil ami.

Comme pour répondre à son évocation, le vent vint joyeusement m'ébourrifer les poils et les plumes. Il se concentra ensuite en un petit tourbillon dans lequel je délivrais un premier message.

-A l'attention de Meneldil, Midnight et Maedhros, dis-je.

Le petit tourbillon se dispersa pour envoyer mes paroles à leurs destinataires.
J'envoyais un message légèrement différent, à la fois doux et ferme à mon père. Pour qu'il comprenne que, même si ces petits n'étaient pas prévus, j'aimais Calion et que j'étais heureuse d'attendre ses petits. Que je ne voulais pas qu'on mon père en veuille à Calion, qu'au contraire ils devraient être amis.

Ma tâche terminée, je posais ma tête entre mes pattes avant et fermait les yeux. Tout cela m'avait fatiguée et j'avais besoin de repos. J'attendais aussi la visite de Blue, espérant qu'elle viendrait après avoir reçu le message de Calion.

Blue restait depuis quelques temps à proximité de sa tanière. L'enfant lui avait bien fait comprendre que son don devait permettre aux autres de se rassurer quant au sort de leurs proches passés de l'autre côté. Elle ne doutait pas qu'avec l'apparition des monstres il y avait du avoir des morts. Elle ne sortait donc que très peu de sa tanière. Cependant, elle sentait une odeur étrangère autour du lac. Toujours la même, celle de loups. Elle ne voulait absolument pas faire la connaissance de ses "nouveaux voisins" et les évitait donc avec un soin maniaque. Elle poursuivit donc sa petite vie pendant des semaines, faisant comme si elle ne voyait pas qu'elle n'était plus la seule résidente du lac. Elle songeait que cela allait toujours se dérouler ainsi, elle n'allant pas les chercher et eux lui fichant une paix royale lorsqu'elle entendit une voix dans sa tête. Elle connaissait parfaitement cette sensation et ne connaissait qu'un seul loup sur Four Seasons capable de lui faire parvenir ses mots ainsi.

"Je suis avec Melinya, elle a perdu sa mère et va bientôt avoir des petits. Elle a besoin de toi. Nous nous sommes installés près du Lac des Murmures."

Elle se releva vivement. Si la louve ailée avait besoin d'elle elle n'allait pas rester ici une minute de plus. Il fallait qu'elle aille la voir même si elle ne savait pas encore en quoi elle pourrait bien lui être utile. Elle sortit en courant de sa tanière. Faisant fi de toute sa prudence habituelle.
La solitaire avait entendu parler de la mort d'Herenya, ou plutôt, elle avait croisé l'esprit de cette dernière un soir alors qu'elle s'entraîner à aller toujours plus loin de son corps sous sa forme astrale. Elle fut surprise d'apprendre que c'étaient eux ces voisins qu'elle n'avait pas voulu allé voir. Elle savait parfaitement où ils logeaient pour éviter soigneusement le périmètre. Elle courait vite sans cependant s'essouffler. Elle savait gérer son effort. Elle parvint assez vite au lieu de vie du couple. Elle ralentit et se mit à trottiner vers l'entrée. Elle s'annonça d'une voix vaguement inquiète, ce qui équivalait presque de la panique chez elle.

- Melinya ? C'est moi. Je suis venue dès que j'ai reçu le message de Calion. J'entre.

Ce dernier mot avait été prononcé avec fermeté. Ce n'était en aucun cas une question ou une demande. C'était une simple remarque. Elle s'efforça de calmer son cœur qui battait si fort. Ce n'était pas la peine d'inquiéter sa petite protégée. Lorsqu'elle fut dans la tanière toute trace d'inquiétude avait disparu de son attitude. Elle avait déjà vu des louves mettre bas. Ce ne serait pas une première pour elle. Mais pour Melinya oui. Elle était trop jeune pour avoir du soutenir une de ses semblables. La louve couleur nuit salut Calion d'un bref hochement de tête et se rapprocha immédiatement de la louve ailée dont le ventre était déjà passablement enflé.

- Alors, comment ça se passe pour l'instant ? Je ne suis pas experte mais j'ai déjà assisté à ça quand j'étais .... pendant l'Avant.

Elle ne voulait pas avoir à prononcer le mot "humains". Elle avait pris l'habitude de parler de l'Avant à voix haute. Elle savait que Melinya comprendrait. Elle savait d'où elle venait.

La louve bleue ne tarda pas.

"Melinya ? C'est moi. Je suis venue dès que j'ai reçu le message de Calion. J'entre."

Elle avait vite trouvée. Sa mine était inquiète. Je lui souris pour la rassurer. Hormis cette foulure, j'allais bien.
Après un bref salut à Calion, elle vint à mon chevet. Je n'étais pas particulièrement souffrante ni habituée à autant d'inquiétude de la part de Blue.

"Alors, comment ça se passe pour l'instant ? Je ne suis pas experte mais j'ai déjà assisté à ça quand j'étais .... pendant l'Avant."

J'hochais la tête d'un air entendu. Cela datait un peu, mais j'étais rassurée qu'elle ai déjà l'experience des mise bas. Bien que celle-ci serait dans quelque jours.
A présent, j'appréhendais plus sereinement la mise bas. Je savais que ce serait douloureux et long, mais j'aurais tout le soutiens nécéssaire.

-Calion a put déterminer combien ils sont grace à son pouvoir. Il y en a deux.

Deux, ce nombre qui avait suffit à me rassurer. Seulement deux, ce n'était pas trop pour voler et réduirait sans doute le temps de la mise bas et sa difficulté.

J'observais Melinya envoyé son message à sa famille à l'aide de son ami le vent, elle dicta deux messages différents, l'un pour ses frères et soeurs et l'autre pour son père. Je dégueulis difficilement, son père était loin de me porter dans son coeur alors je préférais ne pas imaginer sa réaction de savoir que j'avais mis sa fille enceinte. Je chassais vivement ses pensées, pas question de me préoccuper l'esprit avec cela, je préférais me concentrer sur le moment présent. Après j'allais bientôt être... père, ce mot sonnait bien dans mes oreilles et je n'arrêtais pas de sourire en y pensant.

Blue fit soudainement son apparition, tout à mes pensées je ne l'avais pas entendu arriver. Elle s'avanca vers ma compagne en me saluant d'un bref signe de tête. J'écoutais d'une oreille distraite la conversation entre les deux louves si bien que quand je me remis à l'écoute attentive je fus légèrement perdu.

- ...son pouvoir. Il y en a deux.

Il me fallut un instant pour comprendre se petit bout de phrase prononcé par ma douce. Je me mis finalement à sourire tout en restant dans mon coin, j'avais un peu l'impression d'être de trop en ce moment.

-Calion a put déterminer combien ils sont grace à son pouvoir. Il y en a deux.

Blue adressa l'un de ses rares sourires à sa petite protégée. C'était l'une des seules à avoir droit à ces marques d'affection. La solitaire s'étonnait encore d'avoir fondu devant Melinya alors qu'elle était encore jeune et qu'elle avait tant de mal à supporter les louveteaux qu'elle trouvait parfaitement insupportables. A croire qu'elle l'avait pensé réellement différente. Elle ne pensait pas s'être trompée. Elle coula un regard vers Calion qui ne semblait pas vraiment prêter attention à elles. La louve couleur nuit espérait simplement qu'il prendrait soin de sa nouvelle petite famille. Mais elle ne se faisait pas trop de soucis de ce côté ci, ce qu'elle connaissait du loup devenu neutre lui plaisait plutôt. Et puis, ils ne vivaient pas loin les uns des autres. S'il y avait le moindre problème elle pourrait venir les aider ou eux venir à sa rescousse. Ce qui semblait plus improbable. Quoiqu'un "client" trop entreprenant n'était pas à exclure.

- Tu auras deux enfants parfaits tu verras, tout se passera bien. Et puis, Calion est là pour t'aider. Tu n'es pas seule c'est le plus important.

Blue se garda bien de mentionner sa famille. Elle savait pour la mort d'Herenya mais n'était pas au courant pour le reste de sa situation familiale. Autant rester silencieuse donc. Elle ne tenait pas à la froisser en prononçant une parole mal venue ou qu'elle aurait mal interprétée. Elle était venue ici pour l'aider pas pour l'accabler de reproches ou de mauvaises pensées. Elle était habituée au silence alors ne rien ajouter de plus ne la dérangeait pas en soit. Mais elle savait que sa protégée l'avait faite venir ici pour qu'elle la distrait. Même si elle était loin d'être la louve la plus désopilante de tout Four Seasons. Mais, avant tout, elle avait besoin d'un petit renseignement. D'un petit mouvement de tête elle désigna le ventre rond de la louve ailée.

- Il n'y en a plus pour longtemps n'est-ce pas ? Tu veux que je restes ici jusqu'à la naissance ou tu préfères que je retourne dans ma tanière. Elle n'est pas très loin de la votre. Je suis étonnée que tu ne sois pas venue me voir d'ailleurs.

Le couple aurait pu en dire autant d'elle mais bon, un peu de mauvaise foi n'avait jamais tué personne. Sinon elle serait déjà morte c'était certain, même si elle s'évertuait à être aussi franche que possible.

"Tu auras deux enfants parfaits tu verras, tout se passera bien. Et puis, Calion est là pour t'aider. Tu n'es pas seule c'est le plus important."

Je souris avec un mélange de tendresse et de lassitude. Elle répétait les mots de Calion. Mais c'était vrai, je n'étais pas seule. Je n'étais jamais seule, d'ailleur. Le vent était là. Et aussi, les autres éléments. Car si le vent avait une conscience, alors les autres éléments aussi, sans aucun doute. Par contre, ils restaient muets et insensibles à sa présence.

"Il n'y en a plus pour longtemps n'est-ce pas ? Tu veux que je restes ici jusqu'à la naissance ou tu préfères que je retourne dans ma tanière. Elle n'est pas très loin de la votre. Je suis étonnée que tu ne sois pas venue me voir d'ailleurs."

Cette pique me blessa un peu et je fis la moue.

-On ne pouvait pas deviner et toi aussi tu aurais pu nous rendre visite. Je suis sure que tu avais remarqué notre présence... Passons. Je pense qu'il n'est pas nécéssaire que tu reste tout le temps, après tout, Calion et moi avons des moyens de communication à distance plutôt rapides. L'un de nous te préviendra le moment venu.

Je pensais surtout à Calion, car je doutais être en état d'envoyer un message via le vent, mais celui-ci saurait trouver une solution pour prévenir Blue quand même si Calion était absent. Parti chasser, par exemple.
Et puis, je savais que la solitaire, malgré mon affection pour moi, aurait du mal à vivre en permanence avec deux autres loups. Elle préférait rester tranquille, c'était sans doute la raison qui l'avait empecher de venir nous voir plus tôt. Elle avait du penser qu'il s'agissait d'autres loups.

Je poussais soudain une exclamation de surprise et me tournais vers mon ventre. La sensation se reproduit, ce n'était sans doute pas une contraction. Non, c'était ...

-Ils bougent ! Enfin, l'un des deux, me corrigeais-je.

Je soulevais mon aile pour leur permettre de toucher, de sentir à leur tour. S'ils le souhaitaient et si les petits se décidaient à recommencer. Blue avait dit "pour bientôt", donc ma foulure aurait juste le temps de se soigner que les petits seraient nés. J'espérais que l'un des deux aurait des ailes. Je pourrais ainsi lui apprendre à voler avec l'aide du vent. J'espérais que ce dernier lirait les mêmes liens avec ces petits qu'avec moi, pour que je les sache protégés.
Mes ailes ... Je les tenais de maman. Il fallait absolument que l'un des petits héritent de ce présent merveilleux. Que la mémoire de maman perdure.
Je poussais un soupir malgré moi en regardant mes plumes frôler la paroie de la tanière. Notre famille s'était divisée. J'allais en créer une autre avec Calion. J'étais à la fois nostalgique et heureuse.