Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Urang fut éveillée par les premiers rayons de l'aube venus réchauffer de leurs faisceaux sa fourrure de soie. Cela faisait trop peu de temps qu'elle était sortit de sa gangue et son pelage avait la même douceur que celle d'un louveteau. La chaleur ainsi prodiguée à son corps encore endormi l'aurait presque incitée à dormir plus longtemps mais c'était sans compter le louveteau qui, dans son sommeil, ne cessait de s'agiter.

Depuis sa convalescence la toute jeune louve ne manquait pas de constater son malaise croissant lorsqu'il se trouvait en présence du jeune arbre. Cette gêne ne semblait disparaître qu'une fois que ce dernier s'éloignait de la grotte. Au départ elle avait pensé que les jours de privations et le manque de forces en étaient la cause sauf qu'elle semblait s'être trompée.

En ce début de matinée il lui fallait donc voir pour trouver un autre lieu non loin de cette antre à laquelle elle se sentait liée. La chose était d'autant plus simple que la louve ne pouvait plus tourner en rond dans l'attente que son ancien hôte s'éveille car rien ne lui avait laissé supposer cela ; les dégâts semblaient plus important qu'elle ne l'avait imaginé. C'est donc en retenant un soupir de frustration qu'elle se leva de la couche de sable où ils avaient dormis. Son regard d'azur se posa sur le louveteau, lui tirant un sourire. Il dormait à point fermé alors autant le laisser dormir encore un peu, la journée serait longue, rien ne pressait.

Sortant de la grotte, Urang prit note de ce qui l'entourait. La mer s'était retirée pour laisser une impressionnante bande de sable blanc, l'odeur iodée lui emplissant les poumons et la faisant frissonner. Pas de pluie pour venir gâcher la journée et aucun danger en vue pour l'instant. Confiante, la louve pouvait donc se permettre d'aller tenter sa chance vers les mares d'eau salée pour leurs rapporter de quoi déjeuner. Il faudrait toutefois qu'elle pense à trouver une meilleure source de protéines pour les prochains jours.

D'un pas souple, elle descendit le sentier étroit qui menait à la plage quelques mètres plus bas, appréciant enfin le contact du sable sous ses coussinets. Les trous d'eau se trouvaient à une quinzaine de mètres de la falaise, entourés de nombreux rochers que venaient recouvrir la mer lorsque la mer reprenait ses droits. Voilà qui la réveillerais de bon matin.

Quand le sable laissa place aux rochers elle entreprit de fouiller la première mare de regard, rien, pas l'ombre d'une nageoire où d'une pince. La prochaine serait la bonne ! Plus déterminée, elle poursuivit sa quête car il leur faudrait de l'énergie pour fouiller les grottes bordant la falaise.

Elle venait de repérer un mouvement dans le second point d'eau lorsqu'une boule de couleur brunes attira son regard vers la plage. Avec un sourire la louve s'assit.

-Eh bien, quelqu'un est bien matinal aujourd'hui.

« Un rayon de soleil m'a réveillé. Il était si insistant sur mes paupières que j'ai dû abandonner et me lever. »

Malgré cette réponse une ombre sembla passer brièvement sur les traits du louveteau, une absence que la louve ne pourrait combler, elle le sentait bien. Il y avait des choses que l'on ne remplaçait pas. Au moins pouvait-elle tenter de lui montrer qu'il n'était pas seul et qu'elle ne disparaîtrait pas. Urang n'avait pas besoin de demander ce qui était advenu des parents du louveteau, la catastrophe parlait d'elle même. Chacun portait son lot de chagrin. Elle rit doucement de la description de ce réveil forcé.

-Mère nature est parfois très taquine, mais il y a toujours une raison à chaque choses.

La joie revint bien vite, Koishi semblant recouvrer toute son énergie et sa joie. Les avantages de la jeunesse sans doute, elle s'en étonnait chaque jours. Cette capacité à se relever et à avancer avec plus de curiosité que de jugeote... mais n'était-elle pas elle-même ainsi depuis qu'elle possédait son propre corps ? La question du louveteau remit en place ses pensées vagabondes.

« Que fais-tu ? Qu'est-ce qui est prévu pour la journée ? »

Tant d'excitation enchanta la louve, renforçant sa conviction qu'il leur fallait un meilleur lieu de vie où il pourrait s'épanouir sans les interférences du végétal étrange. Se relevant donc elle s'étira brièvement avant de faire le tour du point d'eau peu profond, aucun risque pour le louveteau de se retrouver coincé dedans.

-Je voulais voir pour nous trouver de quoi nous remplir l'estomac dans un premier temps, sinon nous allons être bien ennuyés lorsque nous explorerons les quelques grottes que j'ai aperçut dans la falaise. Je me disais qu'il était temps de trouver une meilleur grotte puisque tu sembles avoir reprit des forces. A deux nous trouverons sans doute celle qui sera idéale qu'en penses-tu ?

Tout en parlant, la louve avait fait le tour de la mare. Oui, il y avait effectivement quelque chose caché sous une avancée de roche, un poisson couleur sable avec des bandes plus foncé couleur argile, assez gros pour intéresser la chasseuse.

-Mais d'abord, tentons de déjeuner ! Veux-tu tenter ta chance avec celui-ci ?

Avec Urang Samaria

Face à tant d'énergie, comment ne pas sourire ? Comment rester de marbre ? La louve ne le pouvait tout simplement pas, ce petit parvenait toujours à chasser les craintes qui habitaient son esprit, pour l'instant tout du moins. Elle avait pris note de son interrogation et elle était en train d'y réfléchir en l'observant imiter ses mouvements quand elle perçut son trouble.
Urang était bien jeune, elle n'avait pas l'expérience d'une mère ; elle finit donc par se demander si elle agissait bien. Il ne fallait pas qu'elle aille trop vite avec le petit, il fallait qu'elle bride l'agitation qui l'habitait.

-Je peux te montrer comment il faut s'y prendre si tu veux, tu ne risques rien dans cette mare-ci, l'eau n'est pas assez profonde pour être un danger. Le plus gros risque ici, c'est la marée, il faut toujours avoir un œil sur la mer mon petit. Elle donne beaucoup si l'on sait où chercher, mais elle peut reprendre bien plus si tu te laisses aller à l'inattention.

Disant cela, elle avait tourné son regard vers la barrière encore lointaine de rochers que viendrait recouvrir la mer dans quelques heures. Ils avaient du temps devant eux, elle pouvait se permettre de lui montrer une petite astuce, un vague souvenir d'un passé qui n'était pas le sien. Étrange impression que celle-ci d'ailleurs ! Mais avant de descendre l'interrogation du louveteau lui revint.

-Pour te répondre au sujet de la grotte et bien, j'avais pensé que tu te sentais mal à cause de ce qui s'était passé. Je me disais qu'une fois remis sur pied cela passerait. Mais, maintenant, je sais que c'est autre chose. Je tiens beaucoup à cet arbre oui ; finit-elle par dire après un court silence, mais il ne se passera rien pour l'instant, je peux le sentir au fond de moi, c'est étrange de dire cela je sais. Alors autant faire en sorte que nous nous sentions mieux tout les deux. Toi, tu as besoin d'un environnement plus saint et moi, et bien, j'ai besoin de m'occuper pour chasser les soucis.

Avec un regard espiègle, elle ajouta :

-Et puis, je suis aussi curieuse que toi et je n'ai pas envie que tu ailles farfouiller sans surveillance ! Maintenant attention à toi !

Le regard pétillant, la louve prit le louveteau dans sa gueule et descendit dans la petite mare où elle déposa précautionneusement le petit sur un rocher affleurant l'eau. S'il descendait, il aurait pied, mais elle le laisserait prendre l'initiative.
Les ondes provoquées par son entrée dans l'eau semblaient avoir dérangé le poisson qui fit le tour de sa prison pour revenir bien vite à son abri de fortune.

-Il peut y avoir plusieurs techniques pour attraper les poissons dans ces mares. Certains, les plus énergiques, vont simplement agiter l'eau en tout sens pour faire sortir le poisson et l'attraper. C'est une méthode plus dépensière en énergie. Mais, si tu es suffisamment patient, tu peux simplement rendre son refuge plus désagréable.

Joignant le geste à la parole, la louve remua le fond sable de sorte que les grains dorés finissent par emplir l’abri du poisson. Le gobie ainsi dérangé finit par sortir bien malgré lui sous la lumière matinale, entreprenant de lent cercle dans l'eau salée. Urang n'avait toujours pas bougée, elle observait les mouvements de sa proie.

-A ce moment là tu n'as plus qu'à avancer sans faire trop de vagues, lentement, et le poisson finira par passer à ta portée. Oh ! Et attention, il y a une légère différence entre ce que tu vois ici et ce qui est là-dessous. Après quelques essaies, tu comprendras vite de quoi je veux parler.

Le museau à fleur de l'eau, Urang attendit patiemment que le poisson se calme dans un coin. Son instinct semblait guider ses mouvements et bientôt elle put approcher une patte sur le flanc de l'être aquatique. Une caresse qui ne fit pas fuir la proie, mais qui la condamnait déjà. Avec rapidité, la louve enfonça le museau dans l'eau, ressortant avec sa prise matinal. Le pauvre gobie alla choir à côté du louveteau.

-Celui-ci est pour toi mon chéri, il y a d'autres mares où nous pouvons regarder et où tu vas pouvoir t'amuser en apprendre un peu avant que nous allions explorer.