Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

J’avale ma portion du jour, lentement pour en profiter au maximum, mais pas trop pour pouvoir partir rapidement en exploration. L’insomnie m’a longuement tenue éveillée hier soir, et je n’ai pas su dormir avant tard dans la nuit… Entraînant un réveil assez tardif. Le soleil est déjà bien haut dans sa montée, et si je veux atteindre la plage, avoir le temps d’explorer, puis revenir, pas question pour moi de trop tarder ici.

Je termine donc mon repas, récupère un petit sac en tissu que j’enfile autour de mon cou, salue quelques amis et connaissances au passage, puis entame ma route en direction du nord. J’ai pu entendre pas mal de choses intéressantes des premières expéditions effectuées par là bas : l’abondance de petits trésors, de denrées alimentaires, mais aussi de passages menant plus loin dans l’étendue d’eau – peut-être vers une crique pleine de poissons, ou encore vers l’archipel qu’on aperçoit au loin… Quoi qu’il en soit, je veux voir et découvrir tout cela de mes propres yeux.

Mes pattes me portent rapidement au travers de la forêt, on entend quelques oiseaux chanter… En effet, ceux-ci semblent être (re)venus sur l’île depuis quelques temps. Ils sont encore trop peu nombreux et un peu petits pour nous nourrir convenablement, mais c’est un beau message d’espoir pour tous.
L’immense clairière où trône le grand promontoire est l’étape suivante sur la route menant jusqu’à la plage. Je ralentis mon rythme car le soleil cogne davantage ici, et on a vite fait de prendre chaud. Plusieurs survivants sont présents, éparpillés un peu partout et ramassant fruits, baies et herbes.
A nouveau, je salue du regard quelques cueilleurs avec qui je crois avoir déjà échangé, sans en être trop certaine cependant.

Arrivant à la lisière, je reprends ma course rapide, et plus j’avance, plus je sens la brise marine et l’odeur de la mer. On entends même quelques mouettes hurler… Cependant le plus difficile reste à faire. Car si nous n’avions pas trouvé la plage jusqu’à présent, c’était pour une raison très précise. J’essaie de me souvenir des paroles des explorateurs et de ceux ayant découvert le moyen d’accéder au nord… Un petit passage devrait se trouver quelque part dans ce mur de pierre.
Après plusieurs allers-retours infructueux, je tombe la patte la première dans une étroite cavité cachée dans le sol et recouverte de lierre. Je m’y enfonce, rampe pendant quelques mètres puis arrive de l’autre côté du mur.

Le soleil se reflétant sur le sable blanc m’éblouie pendant plusieurs longues secondes. Je prends une grande bouffée d’air et me roule dans le sable. Qu’est ce que ça fait du bien ! Je reste ainsi couchée là longtemps, profitant de la fraîcheur de la mer, et de la chaleur du soleil sur ma fourrure.

Finalement, je me lève et m’élance à grandes enjambés dans l’eau tiède. C’est la première fois que je me baigne dans une si grande étendue d’eau. D’où je viens, il n’y a que de la terre à perte de vue et quelques rivières. Je me sens libre et heureuse, et à cet instant précis, j’oublie pourquoi je suis là et la situation actuelle du groupe. Je nage, plonge et regarde de petits poissons vadrouiller entre mes pattes.

Je me retourne finalement et constate que quelqu’un est présent sur la plage, regardant dans ma direction… Depuis combien de temps est-elle là… Je me sens gênée, mais pas autant que si ça avait été un inconnu, car je reconnais avec enthousiasme la chasseuse Artémis. Je la salue d’un petit hurlement avant de la rejoindre sur la plage.

- Oh bonjour Artémis ! Que viens tu faire par ici ?

Je m’ébroue puis lui adresse un sourire.

La grande louve me regarde quelques secondes, silencieuse, avec ses beaux yeux de jade. Puis m’adresse à nouveau un grand sourire avant de me saluer.

« Bonjour, Jenn ! À dire vrai, je voulais voir s’il était possible de traverser pour aller explorer les autres îles là-bas, aujourd’hui, mais la marée ne le permet pas, alors je me suis rabattue sur la récolte de mollusques et d’algue en attendant de trouver mieux dans le coin. Et toi ? Tu profites d’une petite baignade ? »

Je tourne le regard en direction des quelques rochers que la chasseuse m’indique, et en effet, la barrière rocheuse faisant office de passage est bien trop recouverte par l’eau pour nous permettre de traverser… Dommage une prochaine fois peut-être.
Quelques mouettes piaillent un peu plus loin sur la plage, rompant le silence et l’harmonieux son des vagues allant et venant sur le sable clair. Elles semblent se battre un poisson échoué sur l’étendue sableuse, et l’odeur éveille en moi de petits gargouillis. Il est vrai que le repas de ce matin était plutôt menu… Je soupire, ne sachant pas quand sera mon prochain véritable repas.

« Est-ce que tu voudrais bien m’aider à chercher des ressources plus consistantes que ces quelques mollusques ? Peut-être qu’on pourrait trouver du poisson ! Qu’en dis-tu ? »

Soit elle sait lire dans mes pensés, soit elle a tout aussi faim que moi. Dans les deux cas la proposition me semble tout à fait alléchante. Je lui adresse donc un grand sourire plein d’enthousiasme et n’attends pas sa permission pour débuter la pêche… Cependant mon manque de connaissances dans ce domaine refrène rapidement ma course. Où faut il se positionner ? Comment attrape t’on un poisson dans une si grande étendue, lorsqu’aucun bord n’est présent pour coincer la proie ?
Je me retourne vers Artémis, le regard plein d’interrogations. Une fois de plus, celle-ci semble être capable de lire dans ma tête, car elle m’indique du bout du museau un bout de plage où des rochers forment un genre de crique. Je pars en courant, mais suis rapidement rattrapée par la louve qui a de bien plus grandes pattes que moi. Nous arrivons au niveau des pierres. Elles sont imbibées de la chaleur du soleil et la sensation est si agréable que j’en oublie pendant quelques secondes notre objectif. Ce n’est que le bruit de la louve rentrant dans l’eau qui me tire de ma rêverie. Le niveau lui arrive à peine à mi patte, mais c’est suffisant pour que les poissons puissent y nager.

Je m’approche de la mer, et constate avec joie que de gros poissons aux écailles d’argent nagent paisiblement à cet endroit. De cette façon, impossible de les attraper, mais il faudrait trouver un moyen de les forcer à rentrer dans la petite baie. A nouveau, je me retourne vers Artémis.

- Tu as une idée de comment procéder ?