Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Et si l'on avait dit à Viehrs que les choses allaient se compliquer dès qu'ils eurent posées leurs pattes sur la surface rocheuse de l'île, l'albinos aurait très certainement déclaré forfait. Il était érudit et friand de connaissances, mais pas tant de dangers inutiles pour lesquels il aurait facilement pu envoyer quelque sbire à sa place. Enfin, avant, probablement. A présent, lui-même n'était pas plus éminent qu'un simple sbire. Et c'est pour cela que lui-même se tenait sur cette île dont la beauté était somme toute...Particulière. Ca n'était pas hideux, disons le nous clairement, le soleil éclairait les pierres d'une jolie couleur ambrée, attrayante pour ses yeux et l'état de la végétation lassait dégager une impression de nature sauvage et impitoyable, non sans rappeler par instant le Canyon hivernal, la neige en moins. De fait, l'endroit aurait pu être tout à fait appréciable, s'il n'était pas balayé de part et d'autre par des vents affreux qui frappaient la fine et souple carcasse de l'albinos. Immédiatement, il se mit à craindre plus que tout que ses lunettes ne s'envolent.

S'asseyant tranquillement, Viehrs resserra sa natte dans ses ornements dorés pour éviter que toute son élégance ne s'en aille. Il regarda les deux louves, qui avaient l'air de grandes copines, tour à tour et déclara, d'un ton cynique :



Il était clair qu'ils allaient devoir monter le long de cette fichue côte rocailleuse, et qu'il allait devoir mettre ses griffes à rude épreuve...Quelle douce balade de santé.

Les deux louves étaient clairement complices et ni l'une, ni l'autre, n'en dévoila plus sur leur relation auprès de l'automnal blanc. Avec le vent violent, il était difficile d'entendre clairement les réponses de ses deux comparses sans que l'hermaphrodite ne reste attentif, les oreilles à l'affût du son de leurs voix. Viehrs n'aimait pas qu'on l'empêche d'avoir des informations, surtout qu'il ne voyait pas ce qu'il pouvait bien y avoir à cacher sinon de la pudeur, mais à sa propre surprise, il n'insista pas. La chose lui paraissait, au fond, futile, et l'hermaphrodite avait déjà assez d'énergie à mettre dans leur petite grimpette côtière, pour en plus en gâcher à tirer les vers des truffes des deux louves. La jeune Keridwen, définitivement la plus énergique du groupe, le vouvoya pour retourner la question à son attention, ce qui le fit tiquer du sourcil. Il ignorait pourquoi la jeune, qui n'était ni son apprentie, ni quiconque de proche, le vouvoyait. Viehrs, lui, ne vouvoyait jamais personne excepté les Alphas. De fait, l'animal était social et avait toujours considéré que le tutoiement se prêtait mieux aux rencontres et au tissage de lien. Néanmoins, les circonstances avaient tant changé depuis qu'il avait adopté cet état d'esprit, que le vouvoiement lui plût et lui arracha un très rapide sourire sincère. Les marques de respects devenaient si rare à son égard que Viehrs savait les apprécier. Respect qu'il n'eut évidemment pas de la part de sa chère Asmodia, qui sans le qualifier directement d'odieux personnage, n'en pensait clairement pas moins. Oh! Si ça venait d'Asmodia, Viehrs ne pouvait avoir d'autres réactions que de lever les yeux au ciel en poussant un soupir dramatique. L'un et l'autre se chicanaient tant, à chacune de leur rencontre, qu'il lui en fallait plus qu'une simple taquinerie pour se vexer des dires de la louve à la chevelure rouge. L'albinos ajouta simplement, aimant avoir le dernier mot :




Lança t-il, l'air railleur, à l'attention d'Asmodia. Il ajouta presque immédiatement après, malmené par une bourrasque de vent plus violente que les précédentes.



L'albinos se tut alors et entreprit de les suivre, fermant de nouveau la marche. Le chemin était abrupt et à cause du vent qui les malmenaient, Viehrs était forcé d'abîmer ses griffes dans la roche pour éviter toute glissade. Le chemin n'était pas agréable et Viehrs faillit plusieurs fois écorcher ses coussinets sur des rochers tranchants. Il restait vigilent et sage, veillant du regard à ce que ses compagnes de route ne glissent pas, auquel cas elles l'auraient emporter lui avec elles dans leur chute ( et Viehrs préférait tout autant les laisser chuter toute seules.).

Heureusement, leur ascension était là encore régulière et ininterrompue, les menant de plus en plus haut sur cette île rocailleuse. Balayant la côte de son regard carmin, l'albinos admira un instant le panorama qui s'étendait si loin qu'il en avait presque le vertige. Un petit caillou porté par le vent frôla son visage, le sortant immédiatement de sa contemplation. Il se trouve que les deux louves, avançant juste devant lui, soulevaient parfois des petites roches avec leurs pattes arrières qui roulaient jusqu'à notre pauvre Viehrs, auquel cela ne plût guère. Pestant entre ses crocs, il lança, conscient que sa plainte se perdrait probablement dans le vent :