Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Le simplet n'était pas explorateur et n'avait, dans ce domaine, aucune aptitude qui lui fut utile. Il n'était ni discret, ni téméraire et, si l'on était parfaitement honnête, il était bien trop sot. Cela n'aurait su en rien l'handicaper, en temps normal, mais, bien qu'il n'en fut pas encore conscient, cela aurait aujourd'hui bien des conséquences. Et ce, autant pour le simple Adriel, que pour tous les clans que Four Seasons.

Récemment, le printemps avait fait sa venue sur les terres de Four Seasons. Du moins, c'était ce qu'on disait. C'était ce qu'on disait car c'est habituellement à ce moment-là que les neiges se mettaient enfin à fondre, et que la vie revenait peu à peu sur toutes les terres de Four Seasons. Habituellement, les fleurs jaillissaient et tous les paysages étaient de nouveaux recouverts de verdures et de fleurs à fruits. Cette année, pourtant, quelque chose clochait. On n'en parlait pas ouvertement, le sujet était tabou et cela, Adriel l'avait bien compris. On osait simplement dire que le printemps était "timide", alors qu'il aurait dû être puissant et vibrant. Tout ce qu'Adriel comprenait, c'était que si la neige avait bien fondu, la saison semblait tout de même déréglée. Les jours étaient toujours aussi courts et les températures restaient basses. Sur tout Four Seasons, le temps était maussade et le soleil peinait à se montrer. De ce fait, et sans que la magie Fourseasonienne n'ait rien pu y faire, la faune et la flore se retrouvaient pris dans un entre-deux parfois discret, parfois chaotique. On voyait les ours, par exemple, oublier de sortir de leur hibernation alors que les arbres se recouvraient de fleurs. Ou encore les proies toujours aussi peu nombreuses, alors que plus un flocon de neige ne recouvrait le sol. En somme, quelque chose n'allait définitivement pas.

Si l'on posait la question au simple Adriel, guérisseur de son espèce, il répondait avec un sourire empreint de gentillesse que le printemps n'était qu'à son début, que son apogée finirait par triompher et qu'il ne s'en inquiétait pas outre mesure. Pourtant, il peinait à trouver certaines plantes médicinales qui ne poussent qu'au retour du printemps et certaines maladies hivernales étaient encore présentes alors qu'elles auraient dû disparaître. Mais enfin, il restait hors de toute inquiétude, là où ses congénères n'étaient pas si sereins. Sans parler, tous partageaient cette aura de doute qui planait sur cet étrange printemps aux allures givrées.

Le guérisseur estival ne rejoint cette inquiétude générale que lorsqu'il posa ses pattes sur le sable de la Mer Intérieure du territoire estival. Il s'y était aventuré pour trouver les ingrédients d'un remède, qu'il était forcé d'aller chercher jusqu'à l'horizon lointain. Il faisait jour et pourtant, la mer était froide. Le sable ne réchauffait pas ses coussinets et le sable était rendu si compact qu'il s'accrochait à ses coussinets et rendait ses pas lourds et ardus. Adriel n'était pas agile et encore moins acrobate. Néanmoins, il était estival et habitué à progresser sur ce genre de terrain, habituellement, rien ne pouvait le surprendre sur cette plage!

Rien, à part une plaque glissante de verglas juste sous ses pattes. Prit totalement par surprise, Adriel, qui n'avait même jamais marché sur la neige, se ratatina inévitablement, toutes ses pattes se dérobant sous lui. Tombant lourdement sur le côté, non sans pousser un petit glapissement de douleur, le pauvre guérisseur roula et roula. Jusqu'à être arrêté brusquement dans sa glissade par un large coffre fait de métal et de bois vermoulu. Heureusement, ses cornes avaient empêché sa tête de s'encastrer directement dans l'objet, mais cela n'empêcha pas notre cher Adriel de se trouver parfaitement sonné.

Une fois qu'il fut quelque peu remis de ses péripéties, le grand mâle vint poser ses grosses pattes maladroites sur l'étrange coffre. Voilà une chose bien étrange.... Encore plus étrange que cette satanée plaque de verglas ! Ni une, ni deux, le voilà tentant d'ouvrir le lourd coffre avec ses petites cornes pointues. En son sein, étaient de multiples objets étranges, des objets brillants en métal, d'autres en pierres, mais surtout, au milieu de ces artefacts était posée une carte. Une carte endommagée et humide sur laquelle étaient dessinés d'étranges formes et inscrites des inscriptions parfaitement indéchiffrables pour le sot estival. Son cerveau en était parfaitement retourné. Il n'était clairement pas le candidat adéquat pour découvrir de tels objets, auxquels ils ne comprenaient rien, mais il savait au moins que cela devait forcément signifier quelque chose. Quelque chose d'important. De très, très important.

Adriel se sentit soudainement prit d'un sentiment de précipitation et d'inquiétude. Rien de tout ça n'était normal, mais lui tout seul était incapable d'agir. Sans y réfléchir plus longtemps, et n'en étant probablement pas capable, le mâle aux longues oreilles attrapa entre ses crocs la carte et fit demi-tour aussi vite que possible.

Et ainsi le sot de l'été s'en alla prévenir de sa trouvaille, sans que lui importe le clan d'origine de tous ceux à qui il dévoila les informations qu'il avait été le premier à trouver. Mais comprenait-il seulement ce qu'il venait de déclencher ?